TdM


Guy Laflèche, Université de Montréal

TGdM

  • Prologues
  1. Le texte imprimé et le texte électronique
  2. L'« ILE » des simoniaques, un bel exemple
  3. Le copyright et le droit d'auteur, CONTRE !
  4. Historique des sites littéraires sur la toile
  5. Droit de reproduction sur la toile, POUR !
  6. La bibliothèque électronique de Google, POUR !
  • IMEC / Laflèche

    Mise en demeure de l'IMEC

IMEC / Laflèche
Ref. Cabinet Pierrat (Paris)

Droits de reproduction sur la toile
(copyrights sur le Web)
dans les sites personnels sur les oeuvres littéraires

IMEC / Laflèche - Réf. Cabinet Pierrat (Paris)

Droits de reproduction sur la toile :
Le grand jeu de l'IMEC


Table


      À titre de lecteur, de professeur et de spécialiste de l'oeuvre de Céline (1), j'ai protesté auprès de l'Institut « Mémoire de l'édition contemporaine » (IMEC). L'Institut venait de retirer, sans raisons ni explications, au site Céline d'Infonie la permission de reproduire gratuitement les photographies dont l'Institut gère aujourd'hui les droits. J'ai toujours été respecteux des droits d'auteur et de reproduction, mais cela ne saurait m'empêcher de protester contre son inverse, ce qui me paraît être une exploitation exagérée des droits de propriété intellectuelle, avec ce qui me paraît une inqualifiable attaque contre une entreprise entièrement et gracieusement vouée à l'admiration du plus grand romancier du XXe siècle. Si tel n'est pas le cas, que l'IMEC s'explique.

      J'ai donc protesté par courrier électronique, dès la lecture du texte de Marc Laudelout, lancé sur le site Céline, avec les protestations légitimes de David Desvérité.

      Par retour de courrier électronique, surprise ! j'ai reçu rien de moins qu'une MISE EN DEMEURE du Cabinet Pierrat de Paris au nom de l'IMEC. Vous vous rendez compte ? Un Cabinet d'avocats à la Cour ! Tout ce qu'il y a de plus fesses serrées, forcément, dont on imagine tous avec quel sérieux fut présentée la note à l'IMEC.

      Combien coûte à l'IMEC une lettre d'avocat ? Le Cabinet Pierrat fait-il, comme les paires de lunettes à Montréal, dans le « deux pour une » ? Une à David Desvérité et une autre à Guy Laflèche pour le même prix (puisque c'est à peu près le même texte, exactement au même moment). Cela dit, je réserve mes plaisanteries pour la prochaine étape de mes protestations, comme je le dirai plus loin.

      J'ai aussitôt répliqué à l'IMEC et expédié le dossier aux cinq journaux parisiens suivants : le Canard enchaîné, le Figaro, Libération, le Monde et le Nouvel Observateur. Je n'ai malheureusement ni les moyens ni le temps de lancer la campagne de presse correspondant à l'inqualifiable incartade de l'IMEC, mais j'aurai tout de même fait au moins un effort pour sensibiliser la presse de Paris sur le comportement de l'Institut français.

      Le 31 mai 2001, j'ai trouvé, le temps de publier le dossier dans mes fichiers télématiques, comptant bien les faire connaître sur la toile. Les lecteurs auront été nombreux à protester contre l'IMEC. L'objectif est fort simple : que ses dirigeants rendent compte de leurs décisions et de leurs comportements dans cette affaire.

      Les documents qui suivent se trouvent dans l'ordre inverse de leur rédaction, sauf en ce qui concerne la pièce maîtresse qui justifie pour moi maintenant le dossier, la MISE EN DEMEURE du Cabinet Pierrat que m'a adressée l'IMEC. Ce n'est pas souvent qu'on reçoit à Montréal une lettre d'avocat de Paris. Et il est encore plus exceptionnel certainement -- et scandaleux -- que j'en reçoive une, à titre de professeur, de la part d'un Institut français qui n'a pas daigné répondre autrement aux protestations d'un professeur de l'Université de Montréal.

      Mon objectif est toujours de protester contre le comportement de l'IMEC vis-à-vis du site Céline d'Infonie, espérant encore forcer l'Institut à revenir sur sa décision.

      Mais mon objectif est également de forcer le président ou le directeur de l'IMEC à me présenter ses excuses au nom de son Institut. Tant que je n'y parviendrai pas, ce sera une honte pour l'IMEC, objet de d'une amusante dérision, que rien ne peut m'empêcher de prendre de haut, avec le plus grand sérieux. Du moins jusqu'à ce que je me fâche pour de bon. Car si la direction de l'IMEC met trop de temps à me présenter ses excuses, je pourrais bien changer de ton !... de sorte que ses dirigeants et leur Institut !... sans plus de soin... ni de prudence !... seront !... modestement, peut-être !... mais, très entièrement !... très précautionneusement !... recouvert de ridicule !

31 mai 2001.


Mise en demeure de l'IMEC
adressée au professeur Guy Laflèche
par le cabinet Pierrat de Paris

Message électronique (succinct !)

Date : Thu, 29 Mar 2001 15:17:39 +0200
From : Perrine Guigon

To : lafleche@ERE.UMontreal.CA
[auj. guy.lafleche@umontreal.ca]
Subject : IMEC/ Laflèche

      Je vous prie de bien vouloir trouver ce document en pièce jointe.

Le document joint

Université de Montréal
Monsieur Guy LAFLECHE
C.P. 6128, succ, Centre Ville
Montréal, Quebec
Canada H3J 3J7

Et par email

Paris, le 28 mars 2001

LETTRE RECOMMANDÉE AVEC ACCUSÉ DE RÉCEPTION

Nos refs : IMEC / Laflèche
EP / PG

      L'Institut Mémoires de l'Édition Contemporaine dont je suis le conseil me remet un dossier qui laisse apparaître un grave litige vous concernant.

      En effet, d'après les pièces en ma possession, il apparaît que le site Internet « perso.infonie.fr/garp01 » a reproduit sans l'autorisation de l'IMEC certaines photographies de l'écrivain Céline, extraites de la collection Pierre Duverger et Lucette Destouches dont l'IMEC gère les droits d'exploitation.

      Or, je vous rappelle que l'article L. 122-4 du Code de la Propriété Intellectuelle précise que « toute représentation intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite. Il en est de même pour la traduction, l'adaptation ou la transformation, l'arrangement ou la reproduction par un art ou un procédé quelconque ».

      En conséquence, c'est en toute légitimité et à bon droit que mon client a adressé une facture à Monsieur David Desverité, en sa qualité de webmaster de ce site, pour la reproduction des photographies litigieuses sur son site Internet.

      Cependant par courrier en date du 19 mars dernier adressé à l'IMEC,vous avez contesté la légitimité des démarches de l'IMEC dans des termes outranciers.

      Outre le caractère particulièrement infondé de votre intervention, je me permets de vous préciser qu'en cas d'exécution de vos menaces, je me verrais contraint d'engager à votre encontre toutes mesures judiciaires nécessaires à la sauvegarde des droits de mon client.

      En effet, je me permets de vous rappeler que la loi française est compétente dès lors que l'infraction est réalisée sur le territoire français.

      En conséquence, je vous mets en demeure de cesser tout agissement préjudiciable à l'égard de mon client.

      À défaut d'une réponse satisfaisante sous huitaine à compter de la réception de la présente, mon client m'a donné instruction très ferme de prendre à votre encontre toutes mesures propres à assurer la sauvegarde de ses droits.

      Vous devez de ce fait considérer cette lettre comme une mise en demeure de nature à faire courir tous délais, intérêts et autres conséquences que la loi et les tribunaux attachent aux mises en demeure.

      Je suis à la disposition de votre avocat pour tout entretien qu'il pourrait souhaiter avoir.

      Je vous indique par ailleurs, que je fais tenir copie de la présente à l'Université de Montréal.

      Je vous prie de croire, Monsieur, à l'expression de mes salutations distinguées.

Emmanuel PIERRAT
Avocat à [l]a Cour

Commentaire

      Mes amis parisiens m'ont immédiatement transmis l'adresse postale du Cabinet Pierrat. Mais seule la version papier, reçue plus de deux semaines plus tard, comprend les coordonnées du bureau d'avocats, dont l'essentiel se résume comme suit :

Cabinet Pierrat : Emmanuel Pierrat et autres, avocats à la Cour;
Perrine Guigon, juriste;
91, boul. Raspail, 75006 - Paris.


La réponse du professeur Guy Laflèche à l'IMEC

De Lafleche Guy

Date : 1 avril, 2001 22:27
A : perrine.guigon@...
cc : guy.lafleche@UMontreal.CA
Sujet : IMEC/LAFLECHE (2)

Montréal, le 30 mars 2001

Institut Mémoires de l'Édition contemporaine (IMEC),
9, rue Bleue,
75009 Paris, France.

a/s Maître Emmanuel Pierrat, avocat,
Cabinet Pierrat, Paris

a/s Mme Perrine Guigon,
perrine.guigon@...

cce guy.lafleche@umontreal.ca

LETTRE RECOMMANDÉE AVEC ACCUSÉE DE RÉCEPTION

Monsieur Emmanuel Pierrat,
Avocat du cabinet Pierrat.

Maître,

      Je reçois à l'instant votre mise en demeure du 28 mars 2001, par votre courrier électronique du 29 mars (29/03/2001 15:17:39), qui m'est adressé par Mme Perrine Guigon, de votre cabinet. Malheureusement, ce courrier électronique ne comprend pas d'autres adresses ou coordonnées que l'adresse électronique de Mme Guigon aux bons soins de laquelle je vous adresse la présente, dont je prends copie conforme électronique (cce guy.lafleche@umontreal.ca).

      Je suis actuellement en congé sabbatique et dans l'impossibilité de récupérer rapidement la lettre en recommandé que vous m'avez adressée à mon bureau à l'Université de Montréal. Je vous serais donc extrêmement reconnaissant de bien vouloir m'adresser par retour de courrier électronique vos adresses et coordonnées, soit le nom légal, l'adresse postale et les numéros de téléphone de votre cabinet de Paris. Je vous signale en passant que si vos adresses et coordonnées ne figurent pas sur votre envoi électronique et comme par ailleurs le message de madame Perrine Guigon n'est ni signé ni même adressé, cela devrait indiquer que vous n'accordez pas beaucoup d'importance aux envois électroniques, alors même que la seule pièce de moi que vous avez dans vos dossiers est précisément un message électronique. Par conséquent, sans préjudice du présent message électronique, je vous en adresserai copie conforme par Lettre recommandée dès que j'aurai l'adresse postale de votre cabinet.

      Votre mise en demeure en date du 28 mars dernier et toutes ses allégations concernent un seul et unique objet, soit le message électronique que j'ai adressé à l'IMEC le 19 mars 2001 et dont je porte copie en appendice de la présente. Comme vous le dites vous-même dans votre envoi, cette lettre était adressée à l'IMEC et n'est donc pas encore du domaine public. De plus, cette lettre du 19 mars était adressée aux bons soins (« a/s ») de Madame Hélène Favard qui devait bien entendu la faire tenir à une autorité compétente de l'IMEC si elle ne se jugeait pas telle et je suis en droit de croire que cela a été fait.

      Dois-je comprendre que votre mise en demeure constitue la réponse de l'IMEC à mon courrier électronique du 19 mars ? Si tel est bien le cas, je vous serais reconnaissant de bien vouloir me donner le nom, le titre, l'adresse postale et les coordonnées téléphoniques et électroniques de la personne en autorité de l'IMEC avec laquelle je puis correspondre à ce sujet ? -- celle probablement dont vous détenez votre mandat.

      Je ne pense pas que l'IMEC puisse procéder dans l'anonymat (2) alors que je me suis précisément identifié par mon nom, mon titre et mes coordonnées dans le message qui est l'objet de votre mise en demeure. Même une entreprise privée ne procéderait pas de cette manière devant les protestations et les questions d'un professeur d'université.

      À titre d'avocat vous devez comprendre, j'imagine, que les recours judiciaires ne peuvent nullement s'appliquer à un message électronique du domaine privé adressé à l'IMEC et auquel aucune personne en autorité n'a encore donné suite. Il serait donc impérieux que j'obtienne réponse à ma lettre du 19 mars, notamment pour savoir si j'y donnerai suite et comment, ce que je ferai évidemment en fonction des informations dont je disposerai, décision que je prendrai dans une huitaine, soit le 10 avril 2001, date que je porte à mon agenda (3).

      Je m'attends donc à ce que vous transmettiez la présente à l'IMEC, puisque c'est à l'Institut que je l'adresse par vos soins. J'imagine qu'une personne en autorité pourra répondre enfin aux questions que j'ai posées le 19 mars et qui sont toujours sans réponse. On pourrait résumer les choses de la façon suivante : y a-t-il un intellectuel à l'IMEC ? (4). Y a-t-il à l'Institut une personne en autorité à laquelle je puisse adresser mes questions et mes protestations ? Poser la question, c'est bien entendu y répondre : vous voudrez bien transmettre la présente à cette personne en autorité et me donner son nom, ses titres et ses coordonnées par retour de courrier électronique. S'il survenait un jour, ce qui est bien improbable, un conflit juridique entre moi et l'IMEC ou l'un ou l'autre de ses responsables, vos services d'avocat pourraient être requis par l'IMEC, mais d'ici là, ce ne saurait être le cas.

      En effet, ma lettre privée à l'IMEC en date du 19 mars ne contient aucune des allégations de votre mise en demeure.

      Jamais ni d'aucune manière je n'ai contesté la légalité et le droit le plus strict de l'IMEC d'exiger toutes les sommes qu'il désire du site Céline d'Infonie pour la reproduction de treize photographies de la collection de Pierre Duverger et de celle de Lucette Destouches, qui sont gérées par l'IMEC. Pour moi, les droits d'auteur appartiennent rigoureusement aux auteurs et à leurs ayants droit et il en est évidemment de même du droit de propriété des documents. À titre de professeur d'université, à titre d'auteur et à titre d'éditeur, je suis un farouche et inconditionnel défenseur du respect absolu des droits d'auteur, titres de possession et copyrights. J'ai d'ailleurs, sans y penser une seconde puisque cela est pour moi tout naturel, reconnu et déclaré clairement, sans l'ombre d'un doute, tous les droits de votre client dans la lettre qui figure en appendice, votre seule pièce au dossier IMEC/Laflèche (excusez, je vous prie, mon ironie sarcastique) et dont voici un extrait tout à fait pertinent : « L'IMEC, que vous représentez, détient [c'est clair, n'est-ce pas ?, cher maître] les photos d'archives qui étaient utilisées jusqu'à maintenant sur le site d'Infonie ». Cette affirmation claire et nette de mon message du 19 mars découle évidemment de mon attitude respectueuse du strict et absolu respect des copyrights.

      Par conséquent, il est outrageant que vous me prêtiez de manière non fondée des propos ou des pensées contraires que vous ne sauriez appuyer d'aucun passage de mon message électronique. Bien au contraire, il est évident que si j'interviens dans cette affaire, c'est précisément parce que je reconnais tous les droits de propriété de l'IMEC et des ayants droit des collections de Pierre Duverger et de Lucette Destouches. Si les droits sur les photographies en question ne vous appartenaient pas, ou aux ayants droit au nom desquels vous agissez, je ne pense pas qu'elles auraient été retirées du site Céline d'Infonie et, a fortiori, je n'en serais pas à interroger la démarche de l'IMEC en m'apprêtant à protester publiquement à ce sujet, comme je le ferai dans une huitaine, ce qui est mon droit le plus strict (mais je reviendrai longuement sur mes libertés de pensée, de parole et d'action).

      Il est donc tout à fait évident et je tiens à le redire clairement ici, comme je le rappellerai dans toutes mes interventions publiques à ce sujet : non seulement je reconnais toute la légalité des droits d'exploitation gérés par l'IMEC, mais jamais ni d'aucune manière je n'ai ni ne saurais encourager la reproduction illégale de ces photographies sous quelque forme que ce soit, par qui que ce soit et à quelque moment que ce soit. Laisser croire aussi peu que ce soit que je pourrais penser, dire ou favoriser le contraire relève de la diffamation à mon endroit. J'espère, Maître Pierrat, que vous êtes maintenant conscient de la gravité de vos accusations, calomnies et allégations infondées.

      Toutefois, ce n'est pas de vous, mais de l'IMEC que j'attends des excuses d'ici une huitaine. L'Institut voudra bien me les offrir avec celles qu'il me doit du simple fait de m'avoir adressé une mise en demeure sans raison ni fondement, comme nous le conclurons plus bas, car je pense que vous serez, maître Pierrat, dans la triste situation de l'expliquer aux responsables de l'IMEC. Mais j'imagine que cela fait partie des aléas du métier.

      Par ailleurs, autre allégation de votre mise en demeure, j'aurais employé dans ma lettre du 19 mars 2001 des « termes outranciers ». Il s'agit, là encore, d'une grave accusation sans fondement et vraiment surprenante dans une mise en demeure. Je vous mets moi-même en demeure, si je puis dire, je vous mets au défi de me citer précisément les passages de mon message qui sont en cause et de me dire en regard de quelles accusations, comme je viens de le faire pour le propos diffamatoire que constitue le sixième alinéa de votre lettre qui dit que j'aurais « contesté la légitimité des démarches de l'IMEC », ce qui est faux, calomnieux et diffamatoire, surtout après votre exposé de l'article L.122-4 du Code, ce qui laisse croire par association que j'y contreviendrais ou favoriserais son infraction, ce qui est proprement scandaleux et, j'oserais dire, malhonnête. Je crois toutefois, cher maître, que vous avez dû être mal inspiré par le ou les responsables du dossier à l'IMEC et que cela ne peut tenir à votre analyse juridique du dossier ! du dossier, c'est-à-dire de ma lettre qui se trouve en appendice. Mais nous en sommes ici à vos fausses allégations de « termes outranciers ». De quels passages de ma lettre s'agit-il et à quel propos ?

      Quittons un instant le vocabulaire juridique pour parler plus précisément du contenu de ma lettre du 19 mars à l'IMEC adressée aux bons soins de madame Favard. Et commençons par elle. Est-elle insultée d'être désignée sous le titre de fonctionnaire ou des attributs (la lenteur à répondre : elle ne m'a encore pas répondu !) que j'attribue à la fonction ? Dans ce cas, il lui suffit de me le dire (et vous pouvez évidemment le faire en son nom) et je reformulerai ce passage de mon message avant d'en faire un document du domaine public ou de le développer en un texte d'opinion destiné à la presse ou aux communications sur l'internet.

      J'ai par ailleurs employé à tort et je m'en excuse le mot de « rétorsion » pour qualifier la démarche de l'IMEC offrant au coût de près de dix milles francs français par année (10.000 FF/annuel) au site Céline d'Infonie le droit de produire les treize (13) photographies en cause. Vérification faite au Larousse, ce n'est pas le mot juste pour exprimer le fait de demander pour un service un montant évidemment trop élevé en une circonstance donnée précisément pour refuser de rendre ou d'offrir ce service. En système capitaliste (et comme Américain, je suis bien placé, je crois, pour savoir de quoi je parle), cela signifie simplement qu'on refuse de faire des affaires. Je me permets donc de vous signaler en passant que ce comportement n'est pas propre à rendre service aux ayants droit dont l'IMEC a pour fonction, devoir et responsabilité de gérer les droits d'auteurs. Cela me paraît d'ailleurs beaucoup plus grave, que la rétorsion, surtout si celle-ci n'est pas faite à bon droit.

      Si j'ai bien compris le message qu'on lisait sur le site Céline d'Infonie il y a trois semaines (mais je constate à l'instant qu'il ne s'y trouve plus), le responsable du site, monsieur David Desvérité avait compris les choses tout autrement. La preuve en est qu'il parlait du « racket » auquel le livrerait l'IMEC, ce qui bien sûr, est une très mauvaise interprétation. Comme vous le savez évidemment, tout aussi francophone que moi, le mot anglais s'empoie en français pour désigner le fait de faire des profits vraiment exagérés dans des circonstances données. On le dit tous de son boulanger lorsqu'il augmente le prix de son pain de cinq cents ou centimes : un vrai racket ! Et, à mon avis, le mot serait tout à fait approprié si l'IMEC entendait vraiment obtenir près de dix milles francs par années pour la reproduction de ses treize photographies sur le site Céline d'Infonie. Ce serait évidemment une transaction commerciale vraiment fabuleuse et le simple fait d'imaginer que cela puisse être le prix vraiment désiré par l'IMEC du site Céline serait en effet assez hallucinant pour scandaliser le public à bon droit. À moins que l'IMEC puisse prouver sans l'ombre d'un doute que ces prix seraient exigés par les ayants droit du site Céline d'Infonie (et dans ce cas, j'imagine que les dirigeants de l'IMEC refuseraient aussitôt de continuer à gérer des demandes aussi dommageables pour l'image de leur Institut dans la circonstance), les ayants droit, dis-je, s'en prendraient eux-mêmes à l'IMEC pour des demandes aussi surprenantes ici, pour un site entièrement conçu et réalisé par un artiste bénévole. D'après ce que je comprends, jusqu'à mieux informé, cela signifie tout simplement que l'IMEC refuse purement et simplement que ces treize photographies ne paraissent sur le site d'Infonie. Ce que l'IMEC désire, ce n'est évidemment pas, à mon avis, faire de l'argent, mais dans les faits, qu'il le veuille ou non et pour des raisons que j'ignore, l'Institut s'en prend évidemment à plus petit que lui, au site Céline d'Infonie, en lui refusant à toutes fins utiles la possibilité de reproduire toute photo dont l'IMEC détient les droits.

      À ce propos, aussi bien faire tout de suite deux remarques. D'abord, s'il s'agissait vraiment du prix dont l'IMEC comptait réellement vendre le droit de reproduction de ses photos, cela aurait plusieurs significations, dont la première serait de réserver ses services aux très grandes entreprises commerciales. C'est son droit le plus strict. Mais il faut alors expliquer à quels sites internets ou à quelles entreprises médiatiques il compte les vendre à ce prix. Ensuite, s'il s'agit simplement d'écarter, comme je le crois, d'interdire l'accès de son matériel au site d'Infonie, alors je me permets d'ajouter ici qu'un individu peut agir ainsi dans le privé, mais certainement pas un commerçant et encore moins un organisme public ou semi-public. Si l'IMEC refuse de voir ses photographies utilisées par le site Céline d'Infonie, alors il serait plus simple, plus sage et plus convenant de le dire. Mais il faudrait probablement aussi que l'Institut s'en explique publiquement. Bref, le mot « rétorsion » ne correspond nullement à tout cela, mais je trouverai sûrement le mot juste, un mot qui exprimera également ma réprobation ou mon désaccord, mais qui dans aucun cas ne saurait être outrancier.

      En ce qui concerne enfin l'expression de « coup de cochon » pour décrire le comportement des Éditions Gallimard vis-à-vis du site Céline d'Infonie, je la maintiens avec d'autant plus de plaisir qu'elle exprime à la fois la réalité et le fond de ma pensée, personne n'ayant aucun respect pour les mauvais coups faits sans qu'on ait d'autre compte à rendre que le droit ou le pouvoir de les faire. C'est la force des puissants, des tyrans ou des imbéciles. Il arrive souvent qu'Hydro-Québec, cher Maître, ait le droit strictement légal de couper le chauffage en plein hiver à une pauvre famille et elle ne le fait jamais car ce serait criminel. Il est évident et absolument hors de doute que les Éditions Gallimard, dirigées par monsieur Antoine Gallimard, avaient, ont et auront toujours le droit le plus strict d'empêcher le site Céline d'Infonie de reproduire les quelques extraits textuels qui permettaient d'illustrer l'oeuvre de Louis-Ferdinand Destouches dit Céline, lui qui précisément a souvent été victime des actions les plus légales à son endroit. C'est leur droit de se tirer dans le pied, cela ne fait absolument, je vous le répète, aucun doute. Alors ? C'est ce que l'on appelle précisément et techniquement, même si cela n'est pas dans l'ordre du vocabulaire juridique du Code civil, un coup de cochon. Vous avez déjà assisté à cela ? Moi oui, et je l'ai raconté dans mon livre intitulé Vues d'Argentine (Laval, Singulier, 1983, p. 18). L'histoire se passe à Sayil, au Mexique. Un cochon était là, autour de nous, lorsque tout à coup, sans raison, de la manière la plus inattendue, inexplicable et complètement cochonne, c'est bien le cas de le dire, il a foncé sur mon fils et l'a jeté dans la boue rouge. Il s'est tout de suite fait traiter de sale cochon, bien entendu. Mais à la différence du cochon en question, les Éditions Gallimard peuvent parler, s'exprimer et s'expliquer. Comme elles n'en font rien, fonçant sur le site Céline d'Infonie sans plus de raison et de bon sens que le cochon de Sayil, je crois que ma comparaison est tout à fait justifiée et l'expression « coup de cochon » se trouve employée ici dans son sens strict le plus juste. En tout cas, même si cela ne vous concerne pas du tout, vous en avez gracieusement l'explication simple, sincère et franche, ce qui pourrait vous servir à expliquer aux responsables de l'IMEC que l'expression pourrait s'appliquer tout aussi justement au comportement de l'Institut, dans une huitaine, si ses responsables ne s'expriment pas mieux que notre cochon de Sayil.

      Le site Céline d'Infonie est orchestré gracieusement par monsieur David Desvérité. Pour ma part, je l'utilise pour présenter à mes étudiants l'oeuvre de Louis-Ferdinand Destouches de manière efficace, alors qu'ils lisent évidemment ses oeuvres publiées aux éditions Gallimard. Il ne fait pas de doute que de nombreux utilisateurs de l'internet prennent connaissance de l'oeuvre de ce grand romancier du XXe siècle sur ce site d'Infonie, qui présente sa vie, son oeuvre et sa critique de manière tout à fait remarquable, pour le grand public, alors même que le site est fréquenté par de nombreux spécialistes comme moi, qui y trouvent le complément indispensable du Bulletin célinien par ses annonces au jour le jour des actualités céliniennes (travaux en cours, colloques et conférences, dernières parutions, etc.). Je pense donc qu'il est essentiel de vous en proposer une brève description, étant donné que c'est lui qui est visé par les démarches et décisions de l'IMEC, de sorte que l'on puisse évaluer à leur juste mesure ces décisions et démarches, de même que l'importance et la légitimité de mes propres questions et critiques adressées à l'Institut. Le site s'intitule « Louis-Ferdinand Céline, 1894-1961 » et se consulte gratuitement à l'adresse suivante :

< http://perso.infonie.fr/garp01/ >,
aujourd'hui : < http://www.lfceline.fr.st/ >.

      Le site a été créé en mars 1998 et dès le mois de juin suivant, son adresse sur l'internet figurait en page d'identification du Bulletin célinien (no 188, juin 1998, p. 2). Comme tous les spécialistes de l'oeuvre de Destouches le savent, ce bulletin d'information indispensable a été fondé et est toujours dirigé par Marc Laudelout à Bruxelles :

courriel : celinebc@skynet.be;
Adresse : B.P. 70/B.1000 Bruxelles 22 / Belgique.

La liaison entre le bulletin de M. Laudelout et le site Céline d'Infonie est publique et bien connue, puisque les deux initiatives se complètent mutuellement. Chose certaine, le site (comme le bulletin) est un formidable instrument de promotion de l'oeuvre de Céline : on peut le voir aux statistiques affichées par Infonie sur le site qui n'a pas compté moins de quarante milles (40.000) visiteurs depuis sa création; il est visité ou utilisé par 40 à 50 personnes par jour en moyenne et une fois jusqu'à 132 (le 26 janvier 2001); en janvier 2001, il a compté 1950 entrées. Or de ces entrées, environ vingt-cinq pour cent (25%) de ses internautes sont des fidèles. Vraisemblablement de très nombreux spécialistes qui viennent s'informer de l'actualité célinienne et de nombreux admirateurs du romancier français, dont la plupart des oeuvres se trouvent aux éditions Gallimard.

      Or le 22 avril 1999, le responsable du site a été mis en demeure de soustraire vingt-cinq brefs extraits de textes dont les droits sont détenus par Gallimard. En fait, les éditions Gallimard ont tenté en pratique de faire fermer le site en prétendant faire interdire la publications de tous les textes publiés sur le site. Les éditions Gallimard ont dû s'en tenir, évidemment, comme c'est leur droit le plus strict (vous prenez bonne note, maître Pierrat de cette reconnaissance des droits et copyright de l'éditeur par le sous-signé). Il s'agissait de six (6) brefs extraits présentant le Voyage, quelques extraits d'autres oeuvres et de correspondances; plus important pour les chercheurs (car dans tous les autres cas, le but était simplement de présenter sommairement l'oeuvre au public et d'attirer à l'écrivain de nouveaux lecteurs), le site diffusait également quelques courts textes épuisés, qu'on ne peut trouver en librairie et qu'on ne peut consulter qu'en bibliothèque). Je peux vous présenter une liste détaillée de ces vingt-cinq textes (aucun d'eux, évidemment, ne concernait les pamphlets de Céline qu'il est interdit de publier de quelque façon que ce soit, je dois insister sur ce point très important). Dans tous les cas, il ne s'agissait nullement pour le site Céline d'Infonie de faire quelque profit que ce soit et encore moins de priver les éditions Gallimard et les ayants droit de l'oeuvre de Céline du moindre droit d'auteur ou du moindre profit. Bien au contraire, il est évident que le site Céline d'Infonie consiste précisément à faire la promotion de « leur » auteur (leur auteur entendu au sens juridique et légal de la propriété littéraire de telles ou telles de ses oeuvres, car du point de vue culturel et artistique, l'oeuvre de Céline n'appartient à personne - car en ce sens, elle appartient à la littérature française et pour bien dire à la littérature occidentale du XXe siècle -, comme je l'écrivais dans mon message du 19 mars, ce qui est évidemment tout autre chose que les droit de propriété et de publication qui appartiennent, eux, incontestablement aux seuls ayants droit : et quelle chance pour Gallimard et ses ayants droit de pouvoir gérer une part aussi importante de notre patrimoine littéraire). Comme je l'ai exprimé avec un peu de virulence plus haut, le moins que l'on puisse dire est que la maison Gallimard ne rendait pas service à son propre auteur en ne collaborant d'aucune manière à un site internet qui en fait la promotion gratuitement.

      En effet le site conçu, produit et dirigé par David Desvérité est le seul entièrement consacré à l'oeuvre du romancier. Sa simple présentation, en page d'accueil, est à elle seule une réussite remarquable. Elle situe en moins de deux écrans aussi bien l'impact idéologique des essais pamphlétaires de l'auteur que l'importance littéraire, stylistique et artistique du romancier, du dramaturge et du créateur. Le site présente une à une les oeuvres de Céline, en produisant les pages couvertures des ouvrages. La présentation se complète d'une bibliographie essentielle. Tout cela est propre à séduire le grand public pour lui faire connaître et apprécier une oeuvre à sa juste valeur, propre en tout cas à la faire lire, pour que chacun puisse la juger ensuite personnellement et en parler en connaissance de cause.

      Or, le site ne s'adresse pas qu'au grand public. Il comprend également une description des ressources mises à la disposition des étudiants et des chercheurs, une présentation des principaux fonds d'archives sur l'oeuvre et fait la liste des travaux et recherches des universitaires (sans que le dépouillement ne soit complet, évidemment, mais en indiquant les ouvrages où l'on trouvera ces dépouillements exhaustifs). Enfin, permettez que je le répète, le site est mis à jour très régulièrement et présente aux chercheurs l'actualité célinienne.

      Monsieur David Desvérité fait tout cela, mais il fait plus encore : c'est non seulement un technicien d'informatique remarquablement doué qui peut réaliser un site vraiment de niveau professionnel (le site comprend son compteur, ses données statistiques et un moteur de recherche), mais c'est également un excellent rédacteur, de sorte que le site donne des présentations, des analyses et des exposés sommaires d'une très grande qualité, notamment du point de vue du style et de la rédaction française. Il faut le dire et le redire : non seulement on trouve fort peu de sites littéraires de cette qualité sur l'internet, mais ce site est entièrement au service de l'oeuvre de LOUIS-FERDINAND CÉLINE et de ses lecteurs et chercheurs.

      Exemple de compétence et de probité intellectuelle, réussite technique et artistique hors du commun, on doit ajouter pour finir que c'est peu de dire que David Desvérité le fait gratuitement sans en tirer aucun profit monétaire : il est évident qu'il doit y investir avec son temps une part de ses deniers. En ce monde de concurrence pour faire toujours et tout le temps le plus d'argent possible, il me semble que David Desvérité a droit à notre reconnaissance, à notre admiration et même à toute l'aide que nous puissions lui apporter. Notamment en l'imitant et en renonçant à un peu de notre temps, de nos profits et même de nos intérêts financiers pour le récompenser, lorsque cela est possible et ne nous coûte pas trop cher. Voilà d'ailleurs pourquoi je me porterai toujours à la défense de sa création, particulièrement contre ceux qui, probablement bien involontairement, nuisent à son travail ou en tout cas, et pire encore, refusent de l'aider aussi peu que ce soit sans raisons. Je peux me tromper complètement, mais jusqu'à mieux informé je crois que ce pourrait être le cas de l'IMEC, peut-être parce que ses responsables ou ses fonctionnaires connaissent mal la nature et la fonction du site Céline d'Infonie, telles que j'en achève la description que j'estime juste, précise et méritée. Appuyer les efforts de David Desvérité, c'était en tout cas le seul objectif de mon message électronique adressé à l'Institut le 19 mars dernier et qui me vaut aujourd'hui une mise en demeure de me taire. Je ne sais pas qui écrivait récemment, s'inspirant de Céline, que tout se paye dans notre monde, le mal comme le bien et que le bien, forcément, c'est plus cher... Eh bien l'Institut ne me fera pas taire d'une mise en demeure infondée et sans objet ! On devrait commencer à comprendre pourquoi. Mais il y a encore d'autres raisons.

      Le travail de David Desvérité est consacré à Céline ! Quelle chance. Comme vous le savez, l'oeuvre de Destouches nous interpelle tous, pour la raison très simple que le romancier français le plus important du XXe siècle certainement a aussi été un propagandiste ou du moins un extraordinaire intervenant en faveur de l'idéologie raciste française qui a précédé immédiatement la dernière guerre mondiale, pensée qui a été directement reliée à l'idéologie nazie qui a conduit aux camps de concentration et à la tentative d'extermination physique des Juifs. Que le plus grand romancier français de notre siècle ait pu partager et propager des idées qui ont conduit à la pire ignominie et au plus grand génocide dont nous avons encore tous devant nous aujourd'hui le souvenir des derniers survivants, voilà un sujet extrêmement difficile et qui exige donc la remarquable compétence de monsieur Desvérité. Pour cette raison encore, oeuvrant sur Céline, il a droit à toute mon admiration, non seulement à titre de spécialiste de l'oeuvre de Destouches, mais également et tout simplement comme citoyen responsable de notre Occident. Qu'il n'ait pas droit à l'aide et à l'appui du financier et commerçant Antoine Gallimard, c'est une chose; qu'il ait droit à des procédés qui me paraissent contraires aux missions de l'Institut « Mémoires de l'Édition Contemporaine », c'en est une autre - dont l'IMEC devrait s'expliquer s'il ne veut pas qu'on puisse lui prêter de mauvaises intentions.

      Le point où j'en suis est fort simple : l'IMEC exige près de dix mille francs pour que le site en question continue à utiliser des photographies appartenant à ses collections; David Desvérité les a retirées aussitôt; non sans protester. Avec courage. Je compte à mon tour protester et j'ai commencé par adresser mes questions et annoncer mes intentions aux responsables de l'IMEC. Je ne pense pas que cela soit interdit. C'est actuellement là où nous en sommes au moment où je reçois votre mise en demeure. Mise en demeure de quoi ? De me taire ? De ne pas protester ? De ne pas manifester ?

      Justement, ni au Québec en Amérique, ni en France au coeur de l'Europe de l'Ouest, nous ne vivons actuellement sous un régime dictatorial comme à l'époque de l'URSS, à ce que je sache. Or vous m'écrivez pourtant, de Paris, ce qui est proprement hallucinant, que vous comptez engager contre moi des mesures judiciaires (lesquelles ? de quoi serais-je accusé ?) en cas, dites-vous, « d'exécution de (mes) menaces » ? Menace, c'est le mot que vous employez. Je ne comprends pas.

      « Menace » est un peu fort dans une lettre d'avocat, il me semble. Je proteste en privé et demande des explications à l'IMEC avant, AVANT de protester publiquement, s'il y a lieu, précisément parce que je suis assez responsable pour demander le point de vue de l'Institut - et au lieu de m'expliquer ce point de vue et de profiter de l'occasion pour m'exposer sa position dans cette affaire... l'IMEC tenterait de m'enlever mon droit le plus strict à la liberté de pensée, d'opinion et d'action ? Vous vous rendez compte, j'imagine, du ridicule de la situation, car heureusement le Cabinet Pierrat n'a pas le pouvoir du KaGéBé. N'est-ce pas pourtant les mêmes objectifs et les mêmes méthodes ? Je ne parle pas de vous, bien entendu, mais de l'IMEC qui tenterait de m'intimider de la sorte.

      Les responsables de l'IMEC me permettront à ce propos une petite parenthèse. Copie de la mise en demeure de votre avocat Emmanuel Pierrat en date du 28 mars 2001 est adressée à l'Université de Montréal : « Je vous indique par ailleurs, que je fais tenir copie de la présente à l'Université de Montréal », m'écrit l'avocat dans sa mise en demeure. Pourquoi ? On vient de parler de la dernière guerre et de ses nazis. Il me paraît donc approprié de faire un petit pas de plus pour en venir à l'Occupation et à la Résistance. L'idée que nous nous faisons, en Amérique, de cette pénible période de l'histoire moderne de la France est bien représentée dans notre imaginaire par la valeur de l'héroïsme et du courage absolu de celui qui, jamais, ne trahira, même sous la torture. C'est l'horreur absolue de la délation. Et bien entendu, le personnage honni de cette représentation dramatique de l'histoire est celui bien connu du mouchard. Moucharder, dénoncer, aviser les « autorités » des actions des individus qui ne partagent pas nos idées, ce sont là des comportements auxquels il ne faut jamais céder, comme nous l'apprenons à nos enfants. J'imagine qu'il en est de même partout aujourd'hui dans le monde occidental, précisément en regard du courage et de la force de caractère que nous ont enseignés les résistants de la France occupée.

      Qu'une dénonciation à mon employeur me vienne donc de fonctionnaires d'un Institut français par mise en demeure d'un Cabinet d'avocats français, voilà qui est pour moi vraiment inattendu et qui fera sûrement les délices scandalisées de la presse lorsque cette affaire sera publique. Cela dit, je ne sais pas si une telle action est acceptable en France, alors qu'elle est inadmissible en Amérique où comme vous devriez le savoir tout professeur jouit d'une totale liberté de pensée, de parole et d'action. Après tout, peut-être que, pour des fonctionnaires de l'IMEC, cela ne tombe pas sous le sens, mais ce n'est pas le lieu ni le temps de s'interroger à ce propos. Nous avons en effet d'autres chats à fouetter.

      La huitaine. D'après le plan de mon exposé, voilà le dernier sujet à traiter avant d'en venir à mes protestations proprement dites, soit ma lettre du 19 mars. Lorsque vous serez à votre bureau lundi, vous ne serez pas sans remarquer que je vous aurai répondu par retour de courrier électronique. J'espère que vous en prendrez bon exemple. Bien entendu, rien de vous oblige à me transmettre vos coordonnées par courriel, ni à me transmettre les coordonnées du responsable du dossier à l'IMEC. Encore moins de me mettre en contact avec une personne responsable en autorité de l'IMEC qui pourrait répondre à mes questions. Ces trois demandes sont soumises à votre bon vouloir et à la bonne volonté de votre... « client » (mais l'IMEC n'a-t-il pas des fonctions sociales et culturelles, et peut-être même un mandat politique ?). Il est encore plus évident que l'IMEC n'a aucun compte à me rendre (mais peut-être des comptes à rendre ?) et qu'aucune personne responsable en autorité n'est tenue de prendre contact avec moi au sujet de la présente qu'en revanche vous êtes bien entendu forcé de lui transmettre. Cela dit, dans une huitaine ce sera à mon tour de prendre acte de la réaction de l'IMEC.

      Actuellement, toutes les informations que je détiens sur cette affaire me viennent du site Céline d'Infonie, de même que du Bulletin célinien, et jusqu'à preuve du contraire je n'ai aucune raison de les mettre en doute. Avec la réception de votre mise en demeure, je ne peux pas dire que ma modeste intervention (c'était le TITRE de mon message du 19 mars, comme vous le voyez à votre dossier : « modeste protestation ») aura permis à l'IMEC de m'exposer son point de vue.

      Permettez-moi donc de vous exposer mon propre point de vue. Après avoir lu attentivement le site de l'IMEC sur l'internet : je peux en conclure que l'Institut n'est nullement une entreprise commerciale. Au contraire, ses objectifs sont de servir de trait d'union entre des archives privées d'une part et des chercheurs et créateurs de l'autre. « La politique de constitution des fonds de l'Institut est fondée sur la volonté d'enrichir les recherches dans le domaine de l'histoire du livre et de l'édition d'une part, dans celui de la création littéraire et intellectuelle d'autre part » (fichier : presentation). Son programme de mise en valeur des archives est évidemment remarquable (fichier : expo) et il ne fait pas de doute que ses activités et ses publications sont très importantes. En revanche, on en conclura facilement que l'IMEC ne peut avoir pour objectif d'obtenir 10.000FF/an d'un site comme celui d'Infonie.

      Voici plutôt ce que je propose. (1) Premièrement, le site Céline doit prendre acte et l'IMEC bien indiquer que son entente avec le site Céline d'Infonie est tout à fait exceptionnelle. Je n'en connais pas encore l'historique, mais il faut expliquer (par exemple et si tel est le cas) que les photographies ont pu être prêtées AVANT que l'IMEC n'en prenne la gérance, de sorte que treize photographies sont prêtées gracieusement au site par l'IMEC de manière exclusive, exceptionnelle et privilégiée. (2) Il doit être clairement indiqué que ces photographies sont sous copyright de l'IMEC, produite sur le site avec son autorisation et qu'elles ne peuvent être reproduites ou utilisées sans l'autorisation de l'IMEC. (3) Il va de soi qu'un lien conduira du site Céline d'Infonie au site IMEC, mais non à l'inverse, bien sûr. (4) En compensation, par exemple, le site Céline d'Infonie présentera un fichier faisant la promotion de l'« Exposition Louis-Ferdinand Céline » de l'IMEC, il présentera une description sommaire des 27 panneaux de l'exposition, comprenant une centaine d'illustrations et de documents; un de ces panneaux pourrait être représenté, avec la possibilité d'agrandir d'un clic ses documents (mais avec une faible résolution, évidemment). On expliquerait comment il est possible de s'adresser à l'IMEC pour obtenir cette exposition remarquable à l'occasion d'un colloque ou d'une série de conférences. (5) S'il le désire, l'Institut rédigera un texte bref et concis pour indiquer que le site Céline d'Infonie, auquel collabore déjà activement le Bulletin célinien, est un site complètement indépendant de l'IMEC. (6) Si un différent survenait ayant trait à l'utilisation des photos sur le site ou la teneur ou le contenu du site, l'IMEC serait en droit de retirer en tout temps son droit de reproduction, mais normalement on devrait s'attendre à un délai assez long et je suggérerais une année.

      Pourquoi cette entente ne serait-elle pas possible ? Il s'agit de faire connaître et apprécier l'oeuvre de Louis-Ferdinand Destouches, tout simplement; pour David Desvérité, il s'agit de partager sa passion et son savoir faire pour qu'en profitent les lecteurs, les futurs lecteurs, les étudiants et les passionnés de l'oeuvre célinienne. Il ne s'agit évidemment pas d'une entreprise commerciale. Il s'agit, tout simplement, d'une oeuvre de création. Tous ceux qui aiment l'oeuvre de Céline doivent favoriser ce travail.

      En revanche, l'IMEC y trouve aussi son compte. L'Institut se voit déjà avantageusement présenté sur le site Céline d'Infonie aux chercheurs du monde entier. Les treize photographies qu'on y trouverait illustrent en trois clins d'oeil l'extraordinaire richesse des collections de l'IMEC. Je ne vois pas pourquoi l'IMEC se priverait d'une promotion aussi juste qu'avantageuse. Et ce n'est pas tout : n'est-ce pas précisément le premier rôle de l'Institut que de faire cette promotion et la diffusion de ces documents ?

      En effet, ce sont les ayants droit des collections de Pierre Duverger et de Lucette Destouches qui seront les premiers à tirer profit de cette promotion et de cette diffusion. Je me permets de supposer, en effet, que ces gens-là n'ont pas déposé leurs collections auprès de l'IMEC pour autre chose et je ne pense pas qu'ils puissent être heureux qu'on entrave de quelque façon une diffusion qui est entièrement favorable à leurs documents. S'ils cherchaient le profit, j'imagine qu'ils auraient vendu leurs collections; s'ils voulaient en empêcher la diffusion, ils ne les auraient pas déposées à l'IMEC.

      Bref, il me semble que la production des treize photographies sur le site Céline d'Infonie ne peut qu'être profitable à tous. L'IMEC doit donc absolument expliquer pourquoi tel n'est pas le cas. Autrement, tout le monde en viendra aux mêmes conclusions que moi, à savoir que le site Céline d'Infonie est victime de l'Institut, pour des raisons inconnues. Et dans ce cas, nous avons tous le droit et même le devoir de protester. J'imagine que l'IMEC a un président ou un p.-d.-g., un directeur administratif et des chercheurs regroupés en assemblée délibérante. Ils doivent tous être saisis de la démarche de leur Institut vis-à-vis du site Céline d'Infonie et rien ne m'empêchera de protester dans les termes les plus virulents possibles (mais jamais outrageants, sachez-le bien). Bref, il faut absolument que l'IMEC reconsidère sa position et change d'attitude et je compte bien intervenir pour que le plus grand nombre possible de professeurs et de chercheurs interviennent aussi dans ce débat.

      Maintenant que j'ai terminé mon exposé, je pense qu'il est très important de vous signaler qu'une MISE EN DEMEURE, du strict point de vue juridique, implique des consignes claires. Mon exposé jusqu'ici vous aura fait la preuve, j'espère, que toutes les allégations contenues dans votre mise en demeure sont inexactes, fausses et même dans un cas franchement diffamatoires. Cela dit, s'il y a mise en demeure, je voudrais bien savoir de quoi. Le droit le plus strict qui est à la base de tous les systèmes juridiques n'est-il pas de savoir de quoi l'on est accusé ? (et précisément, au Québec, notre droit est justement le droit français, sauf pour les affaires criminelles qui relèvent de la Common Law britanique - mais je ne pense que je sois encore accusé de meurtre !). Votre mise en demeure est beaucoup trop large pour être recevable. Vous me dites, par exemple, que je dois « cesser tout agissement préjudiciable à l'égard de (votre) client », mais ne me dites nulle part de quoi il s'agit. La seule action que j'ai posée jusqu'à maintenant, vous ne le contesterez pas, est d'écrire à l'IMEC. En quoi cela serait-il « préjudiciable » (c'est votre accusation) à l'Institut ? Imaginez un instant, maître, qu'un juge vous demande de répondre à cette question. Considérez-vous qu'il est illégal de protester contre les décisions de l'IMEC ? Est-il illégal de demander des comptes à ses dirigeants au sujet des politiques qu'ils adoptent ?

      Il ne fait absolument aucun doute que je peux revoir la formulation de mes protestations en germe dans ma lettre du 19 mars 2001 si l'on me précise ce qui ne convient pas à l'IMEC. Je peux même cesser toute protestation et ne faire absolument aucune action publique si l'IMEC m'expose son point de vue et me convainc de la pertinence de ses décisions, dont pour l'instant je ne connais encore rien, je vous le répète, n'ayant que le point de vue du site Céline d'Infonie et du dernier numéro du Bulletin célinien.

      Reste maintenant la question épineuse de la mise en demeure proprement dite. Je viens en effet de vous expliquer précisément pourquoi les allégations de votre lettre ne tenaient à rien et en quoi votre mise en demeure ne me mettait même en demeure de rien du tout. Cela dit, je reçois tout de même de la part de l'Institut Mémoires de l'Édition Contemporaine (IMEC) une soi-disant lettre de mise en demeure de la part d'un cabinet d'avocats de Paris. Professeur d'Université responsable, je n'entends pas que les choses en restent là. Une mise en demeure de l'IMEC à l'encontre d'un professeur de l'Université de Montréal ! J'attends donc des explications et excuses de la part des responsables de l'Institut et à deux niveaux. Je demande d'abord des excuses formelles de la part de ses dirigeants, excuses qui seront également adressées à mon Université. Ensuite, je demande à savoir qui a pris cette décision et pourquoi : on appelle cela des explications.

      Sans aucun préjudice de mes droits, je peux dire que je n'envisage aucune contre-action judiciaire. Je pense simplement alerter l'opinion publique sur le comportement des responsables ou des fonctionnaires de l'IMEC. Vous imaginez comme moi le titre de l'entrefilet de Libération, du Monde et du Devoir : « Un professeur de l'Université de Montréal reçoit une mise en demeure de se taire par les services juridiques de l'Institut Mémoires de l'Édition Contemporaine »... En tout cas, dites-vous bien que le fonctionnaire ou le responsable qui a pris la décision vous remettre la pièce constituant votre dossier IMEC/Laflèche risque de s'en mordre les doigts.

      Tout ce qui précède, cher monsieur Pierrat s'adresse à votre client, évidemment. Puis-je vous dire qu'il neige actuellement à Montréal ? Le vendredi 30 mars, c'est vraiment désespérant. Heureusement que j'ai pris l'après-midi pour vous rédiger la présente, cela m'a un peu distrait de la vraie vie. Ce n'est pas très juridique, comme remarque, je le sais, mais je peux faire un petit effort : non seulement votre mise en demeure est la première reçue dans ma famille depuis au moins 82 ans, qui est l'âge de mon père, mais tous sont absolument ébahis que j'en reçoive une... et qu'elle me vienne de Paris ! Comme je ne fais pas métier d'avocat, j'imagine qu'il ne m'est pas interdit de vous adresser cet ultime alinéa et même de vous offrir une poignée de main, car cela me déplaît suprêmement d'avoir dû parfois être un peu sévère avec vous et votre Cabinet dans la présente.

      Puis-je encore, excusez-moi tous, transformer le dernier alinéa qui précède en un pénultième  ? Je voudrais encore offrir mes salutations à madame Perrine Guigon, qui est tout de même en première ligne. Sans rancune, puis-je vous dire, Madame, que vous m'avez adressé le message le plus court que je n'ai jamais reçu ? « Je vous prie de bien vouloir trouver ce document en pièce jointe ». Je l'ai aussitôt détruit, bien entendu. C'est une règle élémentaire du courriel de ne jamais ouvrir un document attaché s'il n'est pas clairement identifié. C'est en apercevant vingt minutes plus tard, au moment de sortir de ma boîte électronique, le titre de votre message portant « IMEC/Laflèche » que je l'ai récupéré. Comme j'avais une bonne quinzaine de messages dans ma boîte électronique, quelle chance ! Cela ne me concernera plus, mais ce serait peut-être une bonne idée de signer vos messages, ce qui est d'autant plus facile que votre ordinateur a déjà en place une routine pour cela. Mme Guignon, Maître Pierrat et responsables de l'IMEC, je vous prie tous de bien vouloir accepter l'expression de mes meilleurs sentiments,

__gl>-

Guy Laflèche


Le message de protestation initial du professeur Guy Laflèche

19 mars 2001

a/s Madame Hélène Favard, IMEC,
helene.favard@imec-archives.com,
Institut Mémoires de l'Édition Contemporaine,
imec@imec-archives.com

cc celinebc@skynet.be

Chère madame Favard,

      Je suis professeur de littérature française à l'Université de Montréal. Je suis particulièrement intéressé par l'oeuvre de Louis-Ferdinand Destouches, dit Céline. Chaque année, au moins une séance de mon cours sur le roman français porte sur son oeuvre et mes étudiants connaissent le site internet INFONIE, remarquable, sur lui, en dépit du formidable coup de cochon dont il a été victime de la part du propre éditeur des ayants droit de l'auteur.

      Vous vous doutez peut-être, chère madame, qu'un auteur comme « Céline » n'appartient ni à ses ayants droit, ni à ses éditeurs, ni à personne.

      L'IMEC, que vous représentez, détient des photos d'archives qui étaient utilisées jusqu'à maintenant par le site d'INFONIE. Je ne peux croire que vous réclamiez des milliers de francs pour en interdire dorénavant la parution sur ce site, au lieu d'en faire la promotion (et des documents et de votre Institut et de Céline). Il est impérieux que l'IMEC s'entende avec le responsable du site d'INFONIE, monsieur Desvérité, pour qu'il obtienne de votre part les droits que l'IMEC détient sur ces documents.

      Cela est non seulement impératif, mais également urgent. Je sais très bien que, liée à l'IMEC, vous ne pouvez probablement pas réagir rapidement. Mais je ne suis pas non plus très patient, étant donné l'incurie dont profite les fonctionnaires sous la loi de l'inertie, une des plus grandes forces de désattaction universelle. Je vous propose donc l'échéancier suivant :

1) Vous me répondez avant dix jours, soit avant le jeudi 29 mars (je porte la date à mon agenda). Autrement, sans accusé de réception de votre part, je me mets au travail.

2) Je mettrai immédiatement en ligne sur l'internet la présente, accompagnée de tous les renseignements que je pourrai trouver sur l'IMEC.

3) Je lancerai un développement du présent message sur la liste électronique BALZAC de l'Université de Montréal qui rejoint plus d'un millier de spécialistes de la littérature française à travers le monde (5).

      Ce sont, (2) et (3), des choses simples que je peux faire rapidement, en moins d'une soirée chaque fois. Par la suite, il me faudra plus d'énergie et d'imagination (6).

      À votre place, je ne miserais pas trop sur la force d'inertie et je ferais en sorte que l'IMEC s'entende dans les jours qui viennent avec le responsable du site Céline d'Infonie ou pour le moins que vous preniez contact avec lui et que toute menace de rétorsion (7) soit annulée. Je vous serais surtout très reconnaissant de prendre contact avec moi à ce sujet.

      En espérant soit des explications, soit votre compréhension, je vous prie d'accepter l'expression de mes meilleurs sentiments,

__gl>-

Guy Laflèche

lafleche@ere.umontreal.ca
[mon adresse est aujourd'hui: guy.lafleche@umontreal.ca]

GUY LAFLECHE,
Professeur titulaire,
Études françaises,
Université de Montréal,
C.P. 6128, succ. Centre-ville,
Montréal, Québec,
Canada H3J 3J7


L'appel du Bulletin célinien
auquel répondait le professeur Laflèche

Extrait du Bulletin célinien
20e année, no 219, avril 2001, p. 3-4.

      L'IMEC réclame 10.000 FF du site Céline

      Comme chacun sait (c'est signalé tous les mois en deuxième page du Bulletin [célinien]), nous réalisons également sur l'internet un site entièrement consacré à Céline. L'entreprise est complètement bénévole. Due essentiellement à David Desvérité, un passionné de Céline, elle propose un panorama complet de tout ce qui concerne l'oeuvre et l'écrivain. Ce site fait l'unanimité dans la presse spécialisée et sur le Web : « Du grand art » (Hachette.Net, septembre 1998) ; « Un bon site sur cet auteur controversé » (L'Officiel du Net, mars 1999) ; « Intelligent sans être intellectuel, cultivé sans être universitaire, ce site est un point de passage incontournable pour tous ceux qui s'intéressent à l'auteur du Voyage au bout de la nuit » (www.auteurs.net), etc.

      On se souvient que les éditions Gallimard s'étaient déjà montrées menaçantes en exigeant que tout texte de Céline soit retiré du site. La manoeuvre n'était pas très élégante puisqu'elle consista à faire pression sur le fournisseur d'accès (Infonie) afin que le webmestre obéisse aux ukases gallimardiens. Étonnant acharnement à mettre des bâtons dans les roues de ceux qui ont pour seul but de mieux faire connaître une oeuvre et un écrivain. C'est d'autant plus étonnant qu'en principe, Gallimard devrait se féliciter qu'un site fasse ainsi une publicité non négligeable et entièrement gratuite pour l'un de ses grands écrivains.

      Aujourd'hui, c'est l'IMEC (Institut Mémoires de l'Édition Contemporaine), situé à Paris, qui nous réclame de l'argent pour des photographies qui sont sur le site et dont il gère les droits d'exploitation. Sur le plan juridique, on ne contestera pas cette exigence. L'internet obéit aux mêmes lois que la presse écrite, et si des clichés appartenant à untel ou untel sont reproduits, on ne voit pas pourquoi on serait exonéré du versement de droits de reproduction. Sur le plan moral, il en va peut-être autrement. Il nous semble que tous les admirateurs et défenseurs de l'oeuvre célinienne devraient se réjouir de l'existence d'un site comme celui-là, et donc faire une exception à la loi commune qui consiste à exiger de l'argent pour tout et pour n'importe quoi. L'IMEC gère les droits de deux collections photographiques : celle de feu Pierre Duverger, et celle de Lucette Destouches. Dans le premier cas, c'est d'autant plus navrant que notre ami Duverger nous avait accordé le droit de reproduire toutes les photographies lui appartenant. Aujourd'hui, Mme Geneviève Duverger a cédé à l'IMEC le droit d'exploiter ses clichés. Conséquence : nous nous voyons retiré le droit de reproduire sur le site les seules et uniques photographies en couleurs de Céline. On n'ose imaginer ce que le regretté Pierre Duverger en aurait pensé, lui qui soutenait notre initiative et qui venait à nos réunions annuelles. Exemple ; la page d'accueil s'ouvre sur une magnifique photo de Céline prise durant l'été 1960, à Meudon. L'IMEC réclame la somme de 1.250 F pour la reproduction (annuelle) de cette photo ! Les autres photographies appartiennent à la collection Lucette Destouches. Une dizaine d'entre elles sont reproduites sur le site : l'IMEC exige la somme de 8.000 F si l'on veut les y maintenir. Triste constat : c'est au nom de l'ayant droit de Céline que cet argent nous est réclamé. Qu'en aurait dit l'écrivain ? Et il faut, pénible coïncidence, que cette offensive ait lieu l'année du quarantième anniversaire de sa disparition...

      Il ne s'agit d'ailleurs pas uniquement de photos de Céline, mais de photos de proches. Ainsi, deux photos de sa fille Colette en 1926 (1.100 F), des parents de l'écrivain (900 F), d'Edith Destouches, la première femme de Céline (550 F), etc. Tous ces prix s'entendent hors TVA. Au total, la facture s'élève à près de 10.000 FF ttc.

      Il est clair que le webmestre du site n'est pas en mesure de payer cette somme car il s'agit, répétons-le, d'une initiative sans aucun but lucratif. Et l'accès même au site est gratuit, c'est-à-dire qu'il ne dispose d'aucune source de revenus, ni publicitaire, ni autre. David Desvérité a donc décidé de retirer ces photos du site, non sans faire connaître aux internautes la nouvelle attaque dont sa réalisation est l'objet. Nous en faisons autant pour les lecteurs du Bulletin.

      Tout cela est profondément affligeant. Le fait que les tentatives de dialogue demeurent sans réponse l'est tout autant. Pas d'état d'âme apparemment, de l'autre côté. Fric first, comme l'eût dit Céline. N'était-il vraiment pas possible, en accord avec les détenteurs de ces photographies, de faire une exception pour ce site entièrement consacré à l'écrivain, et dont tout le monde s'accorde à reconnaître la qualité ? Poser la question. c'est, en quelque sorte, y répondre. Sauf si l'on considère, comme le disait Céline, que tout se paie, le bien comme le mal. Et que le bien, c'est beaucoup plus cher, forcément...

Marc Laudelout,

Les coordonnées suivantes suivent l'article.

Adresse du site Céline sur l'internet :
< http://perso.infonie.fr/garp01/ >

< http://www.lfceline.fr.st/ >

Adresse de l'IMEC qui gère, par ailleurs, un important
fonds documentaire sur Céline : 9, rue Bleue,
75009 Paris. Tél.: (33) 1.53.34.23.23.
Fax : (33) 1.53.34.23.00. Site : www.imec-archives.com/


Sommaire de l'affaire en quelques questions

      Voici le communiqué de presse que j'ai adressé aux journaux parisiens avec le dossier de l'affaire. Il résume assez bien le corps de cet ouvrage pour ceux qui se contenteront de la feuilleter.

Montréal, 13 avril 2001
Revu et corrigé le 23 juillet 2005

? Les questions ¿?¿

1. Qu'est-ce que le Bulletin célinien ?

      Périodique d'information mensuel fondé en 1982 et dirigé par Marc Laudelout. Il rend compte de l'actualité littéraire, éditoriale et universitaire sur l'écrivain français Louis-Ferdinand Destouches, dit Céline. Ses coordonnées sont les suivantes :

Adresse postale : B. P. 70 / B. 1000 Bruxelles 22 / Belgique.
Coût de l'abonnement : 45 euros (la revue compte environ 500 abonnés).
Courriel : celinebc@skynet.be où l'on rejoint M. Marc Laudelout.

2. Qu'est-ce que le site « Louis-Ferdinand Céline » ?

      Site internet gratuit lancé sur la toile en 1998 par David Desvérité. C'est le complément multimedia du Bulletin célinien, même si les deux instruments d'information et d'animation sont indépendants. Le site présente la vie et les oeuvres de Céline au grand public (éditions, manifestations et spectacles) et informe les spécialistes de l'actualité célinienne (publications savantes, conférences et colloques).

      Site internet :

< http://www.lfceline.fr.st/ >.

      Coût : gratuit et sans publicité payante. Le site compte environ cinquante visiteurs par jours, dont 25% d'habitués; la majorité de ces habitués sont vraisemblablement des spécialistes de l'oeuvre. Courriel : lfc@infonie.fr où l'on rejoint M. David Desvérité.

3. Les Éditions Gallimard ?

      La célèbre maison d'édition détient les droits sur la plupart les oeuvres dites « littéraires » de Céline. Elle a tenté de faire fermer le site Céline d'Infonie, le 22 avril 1999, en prétendant détenir tous les droits sur tous les textes et faisant pression sur le serveur Infonie. Le site a d'ailleurs été fermé durant quelques jours.

4. Qu'est-ce que l'IMEC ? (8)

      L'Institut Mémoires de l'édition contemporaine (IMEC) a été fondé en 1988. L'institut est un trait d'union entre de nombreux fonds d'archives privés et le monde de l'art, de la création et de la recherche. L'IMEC gère en particulier les fonds d'archives privés de grandes maisons d'édition.

      En mars 2001, répondant aux demandes du responsable du site Céline d'Infonie, l'IMEC a adressé une facture pro forma de 10.000 FF pour le droit annuel de maintenir les treize photographies du site dont il gère les droits.

      Monsieur David Desvérité protestant sur son site a reçu une mise en demeure du cabinet Pierrat au nom de l'IMEC. Le professeur Laflèche de l'Université de Montréal ayant protesté d'un message électronique auprès de l'IMEC a également reçu, le 29 mars 2001, une mise en demeure du même cabinet d'avocats parisien de la part de l'IMEC, avec copie à son employeur, l'Université de Montréal.

      Voici les coordonnées de l'IMEC :

Site < http://www.imec-archives.com/ >.
Téléphone : (33) 1.53.34.23.23.
Télécopieur : (33) 1.53.34.23.00.
Adresse postale : 6, rue Bleue / 75009 Paris.
Courriel : paris@imec-archives.com.
Voir < http://www.imec-archives.com/contact/ >.

5. Qui est Guy Laflèche ?

      Professeur au département des études françaises de l'Université de Montréal depuis 1973, j'enseigne notamment le roman contemporain. L'un de mes cours porte actuellement sur le « roman expérimental ». Je suis l'auteur de deux articles spécialisés sur Louis-Ferdinand Céline, l'un sur son style, l'autre sur son idéologie raciste (1974 et 1976, réédités en 1992).

Téléphone : 514-343-5612 (boîte vocale à Montréal).
Son cv : < http://mapageweb.umontreal.ca/lafleche/ >.
Courriel : guy.lafleche@umontreal.ca.

? Questions pour la presse ¿?¿

      Contrairement à celles qui précèdent, ce sont toutes pour l'instant des questions sans réponse.

1. Y a-t-il un intellectuel à l'IMEC ?

      Qui sont les dirigeants de l'Institut Mémoires de l'édition contemporaine ? Qui est son président ? Combien de responsables y trouve-t-on ? Aucun d'entre eux ne peut-il prendre contact avec le professeur Laflèche pour lui expliquer la politique de l'Institut et sa démarche vis-à-vis du site Céline d'Infonie ? Est-ce que l'IMEC ne peut défendre ses politiques autrement que par mises en demeure juridiques ?

2. Quels sont les objectifs de l'IMEC en regard du site Céline d'Infonie ?

      L'Institut comptait-il vraiment obtenir près de 10.000 FF par année du site Céline d'Infonie, comme l'ont pensé apparemment David Desvérité et Marc Landelout ? L'IMEC voulait-il faire fortune ? L'Institut voulait-il simplement empêcher le site Céline d'Infonie de continuer à diffuser les photos dont les droits lui appartiennent, comme le croit plutôt Guy Laflèche ? L'IMEC voulait-il nuire au site et par contrecoup au Bulletin célinien, voire à la diffusion de l'oeuvre de Louis-Ferdinand Céline ? L'Institut ne pouvait-il, au contraire, faire une exception précisément pour le site Céline d'Infonie qui présentait avantageusement la richesse de ses archives sur le romancier ? En tout cas, la question se pose : quels sont les objectifs de l'IMEC dans cette affaire ?

3. L'IMEC est-il intervenu auprès d'autres sites sur la toile ?

      L'IMEC a-t-il déjà pris d'autres initiatives juridiques sur l'internet ? ou l'action visant le site Céline d'Infonie est-elle la première et la seule à ce jour ?

      En effet, la question se pose : d'autres sites sur l'internet ont-il été victimes de la médecine de l'IMEC ? Si la réponse était non, alors pourquoi celui-là est-il frappé ?

4. Est-ce qu'on répond aux protestations par une mise en demeure ?

      Est-il habituel, est-il normal qu'un professeur fasse l'objet d'une mise en demeure à la suite d'une lettre de protestation privée ? -- avant même qu'un responsable en autorité, s'agissant d'un organisme public, ne réponde à ses questions et protestations. Est-ce habituel en France qu'un débat soit judiciarisé avant même d'être commencé ? Qui a pris cette décision à l'Institut ? À quel niveau a-t-elle été prise ? Et pourquoi donc ?

5. Une mise en demeure de faire quoi, au juste ? de se taire ?

      La lettre d'avocat du Cabinet Pierrat était une soi-disant « mise en demeure ». Mais je ne comprends toujours pas de quoi j'étais mis en demeure. De ne plus posedr de questions ou de me taire, de ne plus protester ? Est-ce qu'on peut mettre quelqu'un en demeure de se taire sans autres précisions ?

      Ma réplique étant restée sans réponse à ce jour, et comme je ne crois avoir rien à me reprocher dans mon message électronique du 19 mars, je ne vois aucune raison de cesser de protester. Bien au contraire.

      Le droit de parole, le droit de manifester, le droit de protester doit être garanti par la Constitution de la République française et ne peut pas, me semble-t-il, ne pas être inscrit au Code civil français.

      En conséquence, je crois que le président ou le directeur de l'Institut Mémoires de l'édition contemporaine (IMEC) me doit des excuses, comme il doit des explications au public.


Notes

(1) « Louis-Ferdinand Céline », dans Guy Laflèche, Polémiques, Laval, Singulier, 1992, p. 23-72.

(2) Voir plus loin, la n. (4).

(3) En fait, j'ai laissé tout le temps à l'IMEC de réagir. C'est le 31 mai 2001 que j'ai publié le présent dossier sur la toile et le 5 juin 2001 que j'ai lancé ma campagne de protestation par courriel avec l'appel promis au groupe de discussion Balzac. Cf. n. (5)

(4) Jusqu'ici et jusqu'à preuve du contraire, il n'y a aucun intellectuel à l'IMEC, c'est-à-dire une personne en autorité ayant la compétence de répondre à mes questions et protestations. Cela est évident. Mes coordonnées sont publiques, mais aucun responsable de l'IMEC n'a encore pris contact avec moi à ce jour.

(5) Le modérateur de Balzac-L est Christian Allegre. « Balzac » est un groupe de discussion et d'information sur la littérature française, fondé par Michel Pierssens. Le site est hébergé par le département des études françaises de l'Université de Montréal. Il compte plusieurs centaines d'abonnés, dont plusieurs peuvent relancer les messages, comme cela a été le cas pour celui-ci des sites de François Bon à remue.net, Alexandre Gefen à fabula.org, Thierry Guichard au site électronique du « Matricule des Anges », Laurent Margantin à d'autres espaces, Patrick Rebollar sur litor, Jean-Marc Warszawskia au Bulletin électronique rEm. J'ai lancé mon appel le 5 juin 2001. Le voici :

Chers amis, bonjour ! -- Je vous ai déjà signalé l'attaque de la maison Gallimard contre le site « Louis-Ferdinand Céline ». Nous avons été nombreux, comme on peut le lire sur le site, à trouver que l'action de Gallimard contre un site littéraire d'une rare qualité (sur un auteur qui ne s'y prête vraiment pas !) n'était pas raisonnable, puisqu'au contraire Gallimard, où nous achetons tous les romans de Céline, devrait offrir son aide à l'auteur bénévole du site, David Desvérité, de même qu'au Bulletin célinien, dirigé par Marc Laudelout, qui en est le principal partenaire. -- Les droits d'auteur et les droits de reproduction ne sont ici nullement en cause, puisqu'il s'agissait d'illustrer le site de quelques très brefs extraits des romans que nous achetons tous (je le répète) dans les collections de Gallimard et de textes inaccessibles actuellement en librairie. Honte à Gallimard. -- Or voilà qu'on remet cela. Il faut dire que Gallimard fait partie, mais ce n'est probablement qu'un hasard, du Comité de direction de l'IMEC, l'Institut « Mémoires de l'édition contemporaine ». Le site Céline diffusait treize photographies de Céline, avec l'accord du propriétaire d'une bonne partie d'entre elles, avant son décès, l'autre partie appartenant à la succession Destouches, dont les administrateurs étaient liés d'amitié à ce site jusqu'ici. Tout à coup, on se demande pourquoi !, l'IMEC réclame 10 000 FF par année pour ces photos ! -- Professeur à l'Université de Montréal, spécialiste et fanatique de l'oeuvre de Louis-Ferdinand Destouches dit Céline, j'ai protesté énergiquement auprès de l'IMEC : d'accord ! dis-je en substance, les droits de gérance et de reproduction des photographies du site Céline d'Infonie vous appartiennent, absolument personne ne le conteste, mais ne pourriez-vous pas, tout de même, agir de manière non seulement civilisée, mais essayer de vous entendre avec David Desvérité, le responsable du site qui fait justement la plus extraordinaire publicité à vos collections?... -- J'ai ajouté que si l'on ne répondait pas favorablement à ma requête ou si on la laissait sans réponse j'allais faire appel à vous, de la liste Balzac. Je commencerais à lancer ainsi une campagne de soutien au site Céline d'Infonie contre l'IMEC sur l'internet. -- Vous ne le croirez pas, mais la réponse est venue cinq jours plus tard: j'ai reçu, à titre de professeur à l'Université de Montréal, une MISE EN DEMEURE du Cabinet Pierrat de Paris, avec copie à mon Université ! Une mise en demeure de me taire, de ne pas faire appel à vous, je ne sais trop... J'ai répondu aussitôt, aux bons soins des avocats de Paris. Je n'en ai encore reçu aucune réponse. -- Je crois qu'il y a là un comportement scandaleux qui doit être dénoncé. Vous trouverez facilement tout le dossier de l'affaire que j'ai mis en orbite dans mes fichiers à l'adresse suivante [où on les lit actuellement] :

< http://mapageweb.umontreal.ca/lafleche/co/im.html >.

Je vous serais extrêmement reconnaissant faire connaître le présent message et encore plus, bien entendu, de protester auprès de l'IMEC, et par solidarité pour un professeur, et surtout pour défendre un site responsable de très grande qualité sur l'un des grands romanciers français du XXe siècle orchestré bénévolement, comme le Bulletin célinien, par des chercheurs, des animateurs, des écrivains et des artistes qui méritent tout notre soutien, David Desvérité et Marc Laudelout. -- Pensez-y : au coût où a été payé l'inestimable manuscrit de Voyage au bout de la nuit ces dernières semaines, ne serait-il pas raisonnable qu'un important site internet de la littérature française, qui est justement consacré à l'auteur de ce manuscrit-là, mérite un peu l'aide (toute modeste) des gros et des riches qui profitent des textes et des photos de l'auteur maudit? -- En espérant que vous ne serez pas indifférents à mon appel, je suis tout à fait prêt à discuter avec vous de toutes les implications de cette affaire. Je pense en effet qu'après quelques échanges des plus engagés d'entre vous sur Balzac nous pourrions mettre en place une action commune responsable qui permettrait honorablement à l'IMEC (et peut-être même à Gallimard !) d'en venir à une entente profitable avec le site Céline. -- Bien cordialement, -- Guy Laflèche, Université de Montréal.

(6) Le présente publication est évidemment une nouvelle étape de ces développements et je ne la regrette pas. La meilleure façon de protester contre le comportement irresponsable ou du moins inexplicable et inexpliquée de l'IMEC contre le site Céline d'Infonie était bien d'étudier la question des copyrights et droits d'auteur dans les sites personnels sur la toile. Ce qui m'amuse, actuellement, c'est d'imaginer les prochaines étapes, à commencer par les nouveaux prologues de mon ouvrage. Sans compter que chacune de ces étapes compte et reste en place, comme mon premier constat à ce sujet sur la toile. Il s'intitule :

Le supplice du carcan

Vous partagez notre indignation contre le comportement de l'IMEC dans cette affaire ? Alors joignez-vous à nous en m'adressant vos coordonnées. -- En effet, à ces interventions publiques sur la toile se sont évidemment ajoutées de nombreuses communications privées. -- Je comptais établir une liste de ces intervenants de sorte que nous puissions lancer quelques interventions communes contre la politique de l'IMEC vis-à-vis du site Céline d'Infonie. Ma première idée était toute simple : trouver les moyens de lancer une pétition dans la presse écrite auprès des intellectuels. Le titre : « Y a-t-il un intellectuel à l'IMEC ? ». -- Puis on m'a proposé mieux : ouvrir tout simplement un nouveau site internet sur ce thème à intervalle régulier. Par exemple, un site tous les deux mois durant un an. Six sites de front, à travers le monde, pour exposer et dénoncer les « politiques » (sic) de l'IMEC. L'idée n'était pas trop mauvaise. -- Finalement, il y avait bien mieux à faire pour quelques années : rien. Rien d'autre que de laisser agir les présents fichiers, c'est-à-dire l'exposé publique des turpitudes de l'IMEC dans cette affaire. -- On appelle cela le supplice du carcan ! et toc ! puisque vous en demandez, il me semble, ah ! il me semble qu'on peut bien s'en amuser, un peu !... et pas qu'un peu ! tout de même !... en imaginant qu'il y a peut-être à l'IMEC... mais rien n'est moins sûr !... évidemment... quelques intellectuels et forcément... s'il s'en trouvait !... bien bas... bien bas dans l'échelle du pouvoir qui doivent trouver... les pauvres malheureux !... que leur institut a belle allure !... tel qu'il est épinglé, ici !... et c'est partout ! vous me contredirez pas, la toile, n'est-ce pas ? avec son cabinet d'avocats à la Cour... on peut imaginer... facile... ah ! faut pas beaucoup d'imagination !... qu'il y en a pour une bonne décennie à voir le présent fichier « IMEC/Laflèche » sur la toile, moi je le dis... vous pensez bien ! en toute modestie ! je dure... ptuf ! ptuf ! des décennies que je devrais hypothétiser ! et modeste on peut pas plus ! une décennie à la fois... à moins, bien entendu ! que l'Institut... français, eux les Français qui parlent pourtant tout le temps ! pas très amérindiens, américains, états-uniens, canadiens, ces gens-là en général, ni québécois, le mot n'assonne pas ! ah ! alors pourtant qu'ils se tiennent en général plus cois encore, eux, je veux dire nous ! alors que modeste à ne pas me vanter de ma modestie moi, moi qui vous parle, pas un autre, que les autres ! bref, les pas bavards de l'Institut s'expliquent publiquement... voyons : comme s'ils pouvaient s'expliquer en catimini ! mais oui ! pour que personne connaisse leurs raisons, profondes !... insondables... que l'Institut change sa politique, une politique ça !... vis-à-vis du site Céline de David Desvérité.. et surtout, permettez, cela me concerne ! directement, tellement que j'insiste, modestement que j'insiste, pour que son président ou directeur me présente, et formellement ! ses excuses ! plates, ses plates excuses... ah ! alors... bien entendu !... je triompherai ! ouf ! moi qui n'ai pas le triomphe facile... et pas qu'un peu, mais malheureusement, malheur est bon, c'est son mauvais côté, je retirais probablement en conséquence ces fichiers... ce qui serait aussi, surtout !, bien dommage, car je dois pas être le seul à qui cela plaît beaucoup de voir l'IMEC et ses conseillers juridiques au carcan, car il faut bien le dire ! faut être honnête, un peu... tout de même, la « mise en demeure », eux qu'ils disent, qu'ils m'ont adressée, contre mes si petites, toutes petites, minuscules protestationnettes, eux qui peuvent se payer des Cabinets d'avocats à la Cour, leur fait une si belle tête, particulièrement en « rendu émotif », là, je confirme, pas qu'un petit turbin, même pour de si belles tronches, allez !... allez mes braves !... souriez ! !... tandis que nous sommes tous morts de rire... ah ! pas vous ?... quel rigolo scandale, mémoire contemporaine, c'est la mienne, ici, là, partout comme Dieu qu'elle est la toile, mais positif, scandale tout de même. -- 16 juin 2001/ 18 janvier 2002.

(7) Je m'excuse encore d'avoir employé ce mot inadéquat de « rétorsion ». Il vient de ce que j'avais compris à ce moment que la facture de l'IMEC était effective, s'appliquant à l'année écoulée, alors qu'il s'agissait d'une facture pro forma. Explication n'est pas justification. Le mot était tout à fait inadéquat et injuste -- mais on ne doit pas oublier que je l'employais dans une missive privée. Toutefois, puisqu'il n'y a pas crime économique ou fraude commerciale, mais bien délit intellectuel, alors c'est grave, très grave, plus grave. Il ne s'agit donc pas de rétorsion, mais bien de torsion, de contorsion et, disons les choses comme elles sont, puisqu'il s'agit du sens étymologique, d'un comportement à vous donner des coliques.

(8) Au moment d'éditer ce fichier, je me rends compte que le site de l'IMEC a été mis à jour depuis la dernière fois que je l'ai visité. Probablement après janvier 2003 (il n'est pas daté). On y trouve maintenant le nom de son directeur ! de manière aussi discrète qu'anodine, à la suite des membres du Conseil d'administration.

Saisie du 7 mars 2003 :

< http://www.imec-archives.com/presentation5.asp >.

[Remarque : je n'actualise pas ces données, car cette saisie de 2003 a plus de chance de représenter le Conseil d'administration au moment des faits. On trouvera les membres du Conseil d'administration et les responsables de l'IMEC au 20 juin 2005 à l'adresse suivante :

< http://www.imec-archives.com/imec/organisation.php >]


   Président : Christian Bourgois, éditeur,
   Marie-Louise Audiberti, écrivain,
   Roger Chartier, directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales,
   Claude Cherki, président directeur général des Éditions du Seuil,
   Jean-Marie Doublet, directeur général du Cercle de la Librairie,
   Claude Durand, président directeur général des Éditions Fayard,
   Pascal Fouché, historien, directeur du développement du Cercle de la Librairie,
   Antoine Gallimard, président directeur général des Éditions Gallimard,
   Almuth Grésillon, directeur de recherche au CNRS,
   Jacqueline Lévi-Valensi, professeur d'Université (Amiens), présidente de la Société des études camusiennes,
   Jean Lissarague, président du Centre français d'exploitation du droit de Copie,
   Paul Otchakovsky-Laurens, président directeur général des Éditions P.O.L.,
   Bertrand Tavernier, cinéaste,
   Directeur : Olivier Corpet.


      Directeur, deux points, Olivier Corpet. Aucune adresse électronique.

      D'ailleurs on n'en trouve aucune dans tout le dossier de l'IMEC, sauf celle de l'ineffable madame Hélène Favard :

< helene.favard@imec-archives.com >

. [Cette seule adresse personnelle
est maintenant disparue du site de l'IMEC, au profit d'une adresse anonyme :]

Aujourd'hui (20 juin 2005) : < paris@imec-archives.com >
Voir < http://www.imec-archives.com/contact/ >

C'est en lui écrivant que je me suis retrouvé avec une mise en demeure, ne l'oublions pas, alors qu'elle ne m'a jamais répondu. Autrement, plus ineffable encore -- cf. n. (42) --, il y a bien un certain André Derval responsable de la collection Céline de l'IMEC, dont l'adresse nous est parvenue dans le cadre de ses turpitudes aux Bulletin célinien. Il me semble tout de même que l'Institut devrait indiquer sur son site les noms, fonctions et coordonnées (électroniques) de ses dirigeants et fonctionnaires. Ce serait la moindre des choses pour un organisme public jouissant de l'appui financier de l'État. Le site n'a jamais offert aucune autre adresse électronique que celle à laquelle j'ai adressé mes protestations au directeur le 19 mars 2001, celle d'Hélène Favard qui devait les lui faire suivre, évidemment.

      D'où mon introduction :

Lettre ouverte au directeur de l'IMEC .

Index des noms propres

Audiberti, Marie-Louise -- (8)
Bon, François -- (5)
Bourgois, Christian -- (8)
Chartier, Roger -- (8)
Cherki, Claude -- (8)
Corpet, Olivier -- (8)
Doublet, Jean-Marie -- (8)
Durand, Claude -- (8)
Fouché, Pascal -- (8)
Gallimard, Antoine -- (8)
Gefen, Alexandre -- (5)
Grésillon, Almuth -- (8)
Guichard, Thierry -- (5)
Laflèche, Guy -- (1)
Lévi-Valensi, Jacqueline -- (8)
Lissarague, Jean -- (8)
Margantin, Laurent -- (5)
Otchakovsky-Laurens, Paul -- (8)
Rebollar, Patrick -- (5)
Tavernier, Bertrand -- (8)
Warszawskia, Jean-Marc -- (5)

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