2 Les règles de présentation
d'une étude littéraire
Il découle de ce paradoxe qu'il faut être
attentif et sensible à ces variations. Qu'il s'agisse d'un
travail présenté dans le cadre d'un cours universitaire,
d'un rapport préparé pour une compagnie ou un organisme,
d'un article présenté au comité de rédaction
d'une revue ou d'un livre soumis à un éditeur, la question
se pose toujours de la même façon : vous devez
adopter les règles qui vous seront présentées
maintenant dans tous les cas où on ne vous en propose pas
d'autres et chaque fois que vous n'en connaissez pas de
meilleures. Et attention. Un universitaire connaît ce
principe fondamental : on ne discute jamais des règles
de présentation qui sont imposées par un professeur ou un
éditeur, car cela fait précisément partie de son
métier que de s'en informer et de les appliquer
scrupuleusement.
La stricte régularité. Voilà le
deuxième principe de base de la présentation
matérielle. Une fois que l'on a adopté une
règle de présentation, on l'applique partout et toujours
« de la même manière » dans un travail, sans
jamais y déroger. C'est la nature même de la
règle. Par conséquent, chaque fois qu'on se
trouve
devant une situation qui n'est pas prévue par les règles
d'édition auxquelles on tente de se conformer, il suffit
d'inventer sa propre règle qu'on applique à son travail,
du début jusqu'à la fin.
2.1 Le matériel
Un travail de recherche se présente
dactylographié : c'est un tapuscrit (jeu de
mot sur
manuscrit, soit le texte tapé à la machine). Il
faut donc une machine à écrire. Celle-ci peut ou non
être contrôlée par un ordinateur ou posséder
une mémoire intégrée. Si elle est
contrôlée par un ordinateur, on l'appelle une
imprimante. Aussi bien dire tout de suite que si c'est un
ordinateur qui contrôle la machine, c'est à l'auteur qu'il
revient de contrôler l'ordinateur ! Il est inutile de
tenter d'expliquer qu'on ne pouvait pas se conformer à telle
règle de présentation importante parce que l'ordinateur ne
peut pas le faire ou en a décidé autrement. Il faut
plutôt se trouver une simple machine à écrire,
manuelle, qui sera très obéissante et qui ne prendra pas
d'initiative ! D'ailleurs, une bonne vieille machine à
écrire permettra de faire quelques corrections de détail
sans avoir à relancer l'imprimante au moment de l'ultime lecture
de son travail.
2.1.1 Le papier, les feuilles de papier
On utilise du papier blanc, sans cadre, non
ligné; du papier de type papier à lettre (Roland
Bond, 8 M d'épaisseur, par exemple, maximum 10 M), 21,5 par 28 cm
(8 pouces et demi par onze). Les feuilles sont imprimées au
recto seulement. Le tapuscrit est « broché »
de
la façon suivante : les feuilles qui le constituent sont
agrafées dans le coin supérieur gauche (jamais de
trombone) : elles ne sont pas mises dans un cahier (chemise
de carton ou autre), ni sous cellophane ou dans une autre reliure.
On ne met dans un cahier qu'un travail de cinquante, cent pages ou
plus : il s'agit de textes qu'on se propose de ranger sur les
rayons d'une bibliothèque, ce qui n'est pas le cas des travaux et
rapports plus courts qui seront probablement mis dans un classeur.
2.1.2 La machine à écrire
ou l'imprimante
On remet toujours une copie originale du travail (jamais
une photocopie). Le travail est évidemment imprimé
en noir (on n'utilise jamais le rouge de certain ruban de machine
à écrire). Le bon sens le plus
élémentaire dit qu'on doit remettre un
« propre », c'est-à-dire un texte imprimé
correctement, avec un ruban encore de très bonne
qualité; les caractères de sa machine à
écrire ou ceux de son imprimante à marguerite se nettoient
avec une brosse à dent et du diluant à peinture; des
cartouches d'imprimante neuves (par rapport à celles
utilisées pour les brouillons) se gardent en réserve pour
l'impression finale, soit les rubans (pour les machines à
poinçon ou à marguerite) ou les réservoirs d'encre
(pour les machines à jet d'encre ou au laser).
Pour effacer et corriger, on peut utiliser tout le
matériel qui se trouve en papeterie et qu'on peut souvent
fabriquer à meilleur compte. Toutefois on ne fait pas plus
de trois corrections ponctuelles sur une page et ces corrections se font
nécessairement à la machine (en collant un mot ou un
groupe de mots sur un autre dans le corps de la ligne par exemple), sauf
dans le cas de très exceptionnelles fautes d'accord qu'on peut
corriger au feutre noir.
2.1.3 Le système de traitement de
texte
L'ordinateur qui contrôle l'imprimante grâce
à un traitement de texte présente de très grands
avantages, bien entendu. Celui, en particulier, de pouvoir
corriger très facilement. Cela dit, on produira une aussi
bonne présentation matérielle avec une simple machine
à écrire. Il suffit de bien préparer
l'entrée ou la frappe du texte, en sachant qu'on travaillera dans
l'ordre inverse de celui qui utilise un ordinateur. Alors que
celui-ci entre d'abord le texte et le corrige ensuite, à la
machine à écrire on fait simplement le contraire, ce qui
n'est pas plus difficile. Par exemple, on dactylographie toutes
ses notes une première fois, avant d'entreprendre la frappe du
texte, de sorte qu'à chaque page, on peut compter le nombre de
lignes nécessaires à ses notes infrapaginales au fur et
à mesure que les appels de note sont en place.
Tous les systèmes de traitement de texte font les
mêmes genres d'opérations : ils permettent
d'entrer le texte, comme on le fait à la machine à
écrire, c'est la moindre des choses; mais ils
découpent aussi automatiquement les lignes et même les mots
en fin de ligne. Ils ont ensuite deux catégories de
fonctions : d'abord des commandes permettant de manipuler le
texte en s'y déplaçant (effacement, copie,
déplacement d'un fragment, par exemple, ou recherche de
chaînes de caractères); ensuite des commandes de mise
en page (choix des caractères, ajustement des marges, pagination,
etc.). Les systèmes de traitement de texte se classent en
deux catégories très différentes qui correspondent
à peu près aux deux grands genres d'ordinateurs, soit IBM (ou
PC) et Macintosh. Les logiciels du premier groupe, WordPerfect par
exemple, sont conçus selon les habitudes de la composition ou de
la typographie, tandis que les seconds, Write par exemple,
obéissent aux principes de la photocomposition ou de la
photographie; les premiers sont « manuels », les
seconds
« visuels »; on trouve plutôt les premiers
dans
les secrétariats et les imprimeries, les seconds dans les agences
de publicité. Cela dit, même en passant de l'un
à l'autre, vous n'en verrez probablement pas la différence
fondamentale, puisqu'il s'agit de les utiliser dans un seul but, le
contrôle d'une imprimante pour l'édition d'un texte.
2.2 La mise en page
La mise en page commence par établir simplement la
longueur d'un texte en fonction des dimensions des marges et du choix
des caractères et de l'interligne. Le principe de base
consiste à produire un objet du type « cahier » et
non
un livre ou un journal. Contrairement aux autres imprimés,
le cahier se lit généralement de loin, de 35 à 40
cm des yeux, généralement placé à plat sur
une table devant laquelle on est assis. Il s'agit de la
catégorie des textes traditionnellement produits à la
machine à écrire. Il faut donc en respecter les
conditions d'utilisation, sous peine de produire des aberrations (comme
le choix d'un caractère du type times, conçu pour le
journal, comme son nom l'indique, et que l'on utilise aussi pour le
livre lorsque l'on désire un caractère serré, mais
qu'on ne saurait choisir pour imprimer un rapport sous la forme d'un
cahier sans produire une évidente disproportion).
2.2.1 Le choix du caractère
typographique
Les caractères des machines à écrire
classiques sont de deux types, soit de « gros » ou de
« petits » caractères, pour la correspondance d'une
part, pour les rapports d'autre part. Le premier,
généralement le pica, comprend 10 caractères au
pouce (soit 10 cpi, « characters per inch »),
c'est-à-dire que le « corps » du
caractère est de 12 points (mesure d'imprimerie qui compte 12
points dans un pica, du même nom que le type de caractère
dont il vient d'être question, et environ deux picas et demi dans
un centimètre, soit 30 points). Le second, normalement le
caractère élite, compte 12 caractères au pouce, il
est donc plus petit et il mesure en effet 10 points. C'est celui
que l'on doit préférer dans notre domaine, puisqu'il est
tout simplement économique, permettant de regrouper une
information maximale sur la page.
Il suit que le choix du caractère, pour une
imprimante, sera du même genre : en cas de doute, il
faut prendre le caractère le plus simple et qui se trouve sur
à peu près toutes les machines modernes, soit le courrier
(ou un caractère équivalent), en petit caractère de
machine à écrire, soit en 10 points (ou 12 cpi, 12
caractères au pouce : attention le 10 cpi donne la
mesure contraire, le gros caractère en 12 points).
Une fois le caractère choisi, tout le texte est de
ce caractère unique : page de titre, pagination et
notes, par exemple. Il faut donc donner la commande à tout
le « document » informatique et non seulement au
« texte » qu'il contient. En outre, depuis la fin
du
XVIIe siècle environ, les pages de titre des livres ne sont plus
de véritables affiches miniatures ou des placards
publicitaires : par conséquent, on fera bien de ne pas
mettre en oeuvre les possibilités remarquables des programmes des
ordinateurs en ce domaine.
2.2.2 Les marges, la justification, les
coupures de mot
On choisit les marges les plus petites possibles dans le
format du cahier. En haut et à gauche : 2,5 cm;
à droite et en bas : 2 cm. Avec ces marges et un
caractère de type courrier en 10 points, on obtient 28 lignes par
page et 80 frappes (caractères ou espaces) par ligne.
Encore faut-il mettre en marche le système de
coupure de mot en fin de ligne que possèdent
généralement les programmes de traitement de texte ou les
mémoires des machines à écrire modernes (car
autrement, il y a trop d'espace entre les mots et la ligne ne comptera
plus 80 frappes). A propos des coupures de mot, il est bon de
connaître les règles suivantes, très
simples : on n'isole jamais une syllabe muette (muet-/ te) et
à plus forte raison une lettre (a-/ mitié); on ne
découpe jamais un nom propre; enfin les règles de la
composition (préfixes, suffixes, etc.) ont
préséance sur le découpage arbitraire en syllabes
(extra-/ ordinaire et non extraor-/ dinaire).
La justification des lignes consiste à les aligner
sur les marges de gauche et de droite. Dans un rapport de
recherche, contrairement aux livres et journaux, on a le choix de
justifier ou non la marge de droite. On peut
préférer ne pas justifier le texte à droite pour
lui donner un cachet classique ou artisanal; ou au contraire, on voudra
le justifier pour lui donner l'autorité
de l'« imprimé ».
Mais si l'on décide de justifier les
lignes du texte sur la marge de droite, toutes les parties du texte
doivent se faire selon cette mise en page, les notes, les citations
à simple interligne et la bibliographie par exemple. Et
même chose, bien entendu, si l'on choisit au contraire de ne pas
justifier le texte sur la marge de droite.
2.2.3 Types et corps de caractères
Italique OU souligné. On utilise soit
l'italique, soit le souligné (particulièrement dans le cas
d'une machine à écrire classique), l'un ou l'autre, jamais
les deux dans le cours d'un même travail.
Caractères gras. Ils sont
réservés aux titres et sous-titres (mais il n'y en aura
aucun dans votre dissertation, je le rappelle) et ne s'emploient jamais
dans le texte, sous aucun prétexte (sauf dans les dictionnaires
et les manuels).
On utilise si possible les guillemets français
(« ») de préférence aux guillemets anglais
(" "). Malheureusement, les premiers ne se trouvent pas sur
les machines à écrire classiques.
Le tiret est représenté par deux traits
d'union successifs (--), si l'imprimante ne peut le produire, comme
c'est le cas de la machine à écrire.
Dans un rapport, généralement, on n'utilise
pas l'« o dans l'e », mais simplement les deux lettres
à la suite (« coeur »).
Il faut savoir respecter la distribution des espaces selon
les règles de la dactylographie (et non de
l'imprimerie) : on ne met pas d'espace devant les
ponctuations (sauf devant les ponctuations expressives); on laisse
un espace et un seul après les ponctuations faibles, la virgule et
le point d'abréviation, de même qu'après les
parenthèses et les crochets (virgule + espace); on laisse
deux espaces après les ponctuations fortes (point + espace +
espace), soit après (.), (;), (:), (!), (?) et
(...). On peut, si l'on veut, laisser un espace devant les
ponctuations expressives (:), (!) et (?), mais
à la condition de pouvoir utiliser l'espace insécable ou
obligatoire, si l'on utilise un traitement de texte, pour ne pas que la
ponctuation se retrouve en tête de ligne). Enfin, on peut
mettre ou non un espace à l'intérieur des
parenthèses, crochets et guillemets français, soit un
espace après l'élément d'ouverture et un avant
l'élément de fermeture (toujours, bien entendu, à
la condition de pouvoir utiliser l'espace insécable).
2.2.4 Interlignes, alinéas,
retraits et lignes blanches
Dans les rapports traditionnellement
dactylographiés, l'interligne peut être double ou simple. En
double interligne, visuellement, chaque ligne typographique est suivie
d'une ligne blanche, contrairement au simple interligne, où le
texte s'imprime à toutes les lignes. Si l'on distingue le
texte de l'étude de tout ce qui l'entoure, le paratexte, on dit
que le texte est à double interligne (sauf les citations en
retrait), tandis que tout le reste est à simple interligne.
Cela signifie que la page de titre, les sous-titres,
les notes infrapaginales
et tout ce qui suit le texte proprement dit, la bibliographie
par exemple, tout le paratexte donc, est à simple interligne.
Le texte d'une dissertation de dix à quinze pages
est continu. C'est-à-dire qu'il ne comporte aucun
sous-titre et, s'ils étaient permis, il en faudrait le moins
possible : les sous-titres, qui caractérisent le texte
journalistique, sont contradictoires avec le texte discursif qui marque
lui-même ses divisions et ses transitions, notamment parce qu'il
est fait pour être lu du début à
la fin, contrairement
au texte strictement informatif ou scolaire, où le lecteur
et l'élève doivent pouvoir localiser les seules
informations qui les intéressent.
Généralement, on ne laisse aucune ligne en
blanc entre les alinéas (puisqu'elles ne sont pas
nécessaires, il n'y a aucune raison de perdre cet espace);
à la rigueur, on peut séparer d'une ligne blanche
l'introduction, les deux ou trois parties du texte et la conclusion
(total : trois ou quatre lignes).
Si le texte est suivi d'appendices, d'une bibliographie,
voire d'une table des matières (la table ne se trouve
généralement pas dans les dissertations de quinze à
vingt pages), ces annexes suivent immédiatement le texte,
à simple interligne, sans aller à la page suivante, les
unes à la suite des autres. Si le texte proprement dit
s'achève au premier tiers de la page, par exemple, on laisse de
trois à cinq lignes blanches (comptées à simple
interligne), on porte le sous-titre « bibliographie » en
gras
ou souligné, au centre de la page, suivi de deux lignes blanches,
puis la bibliographie commence à simple interligne. La
justification de cette mise en page est assez simple : un
rapport de recherche de la dimension d'une dissertation n'est pas un
livre, ni même un petit livre. C'est un texte qui a la forme
d'un article de revue ou d'un chapitre dans un ouvrage
collectif : on y verra que généralement les
bibliographies suivent les textes auxquels elles se rapportent, sans
aller à la page.
2.2.5 En-tête ou page de titre
Pour un court texte, comme c'est le cas des trois premiers
exercices remis dans ce cours, on ne fait pas de page de titre. On
se contente d'un simple en-tête, comme on le fait en
général pour les travaux de moins de dix pages.
Dans le FRA MILLE, l'en-tête convenu est le
suivant. Il tient sur trois lignes que l'on place à la
marge du haut, aligné à gauche. Chaque ligne
comprend un renseignement essentiel : nom + adresse + date,
soit :
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