bibliographie
littéraire de la
Nouvelle-France
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Bibliographie littéraire de la
Nouvelle-France
Guy Laflèche
Bibliographie littéraire de la Nouvelle-France,
Laval, Singulier (coll. « Les cahiers universitaires du
Singulier »,
no
2), 2000.
Complementum II, auteurs (2)
1984, HÉBERT, Léo-Paul,
Histoire ou Légende ? Jean-Baptiste de La
Brosse, Montréal, Bellarmin, 546 p. [2683
Cette biographie du missionnaire et linguiste
de l'innu compte parmi les quelques rares chefs-d'oeuvre de
l'analyse sérielle sur la Nouvelle-France. Rarement
aura-t-on vu un historien et biographe rassembler, classer et
présenter aussi rigoureusement les documents sur son
« sujet » pour les laisser à
l'interprétation du lecteur.
2018, LAMBERT-BRÉTIÈRE,
Renée, « Une grammaire innue du XVIIIe
siècle », Littoral (Sept-Îles),
no 13, p. 79-85. [2684
2014, MELANÇON, Robert,
« Joseph-François Lafitau, Moeurs des sauvages
américains comparées aux moeurs des premiers
temps (1724) », Monuments intellectuels de la
Nouvelle-France et du Québec ancien : aux origines
d'une tradition culturelle, éd. de Claude Corbo, Presses
de l'Université de Montréal, 2014, 396 p.,
p. 107-117. [2685
*2014, GASBARRO, Nicolas,
Joseph-François
Lafitau : il viaggio della vita, Milan, Il
sole 24 ore (coll. « La compagnia de
Gesù », no 8), 207 p. [2686
L'auteur présente l'ouvrage de Lafitau
comme un voyage culturel et anthropologique à travers les
civilisations, dans une perspective théologique.
2014, VALLÉE, Andréanne,
« Dans le sillage du père Joseph-François
Lafitau : les Avantures de Claude Le Beau »,
Jesuit Accounts of the colonial Americas : intercultural
transfers, intellectual disputes, and textualities, éd.
de Marc André Bernier, de Clorinda Donato et de
Hans-Jürgen Lüsebrink, University of Toronto Press,
ix-464 p., p. 404-417. [2687
L'article reprend des
« commentaires » déjà parus dans
l'édition de 2011, no 1340 (cf.
p. 414, n. 1).
2016, MCMURRAN, Mary Helen,
« Rethinking superstition : pagan ritual in
Lafitau's Moeurs des sauvages », Mind, body,
motion, matter : eighteenth-century british and french
literary perspectives, éd. de M. H. McMurran et d'Alison
Conway, University of Toronto Press, vi-293 p.,
p. 110-136. [2688
2017, GASBARRO, Nicola, « l'Invention
pluriculturelle de Dieu en Nouvelle-France : un récit
des relations complexes entre sociétés
indigènes et missionnaires jésuites »,
titre trompeur, puisque les missionnaires en question
désignent le seul Lafitau, Présences,
résurgences et oublis : du religieux dans les
littératures française et
québécoise, éd. de Gilles Dupuis, de
Klaus-Dieter Ertler et d'Allesandra Ferraro, Frankfurt am Main,
Peter Lang, 260 p., p. 45-59. [2689
L'article, rédigé dans le style
et les perspectives de Michel de Certeau, ne porte que sur les
Moeurs de Lafitau. Et l'ouvrage livresque est
considéré comme l'oeuvre d'un
« missionnaire ».
2006, OUELLET, Réal, « les
Écrits de la Nouvelle-France : l'inscription du sujet
scripteur [sic] dans son texte », De Québec
à l'Amérique française : histoire et
mémoire, sur Paul Lejeune et le baron de Lahontan,
éd. de Thomas Wien, de Cécile Vidal et d'Yves
Frenette, Québec, Presses de l'Université Laval,
404 p., p. 29-47. [2690
2008, BERTHIAUME, Pierre,
« Anamorphose de "Bon Sauvage", ou Jean Chrysostome,
Adario, Zakara et Igli », Écrire des
récits de voyage (XVIe-XVIIIe siècles) :
esquisse d'une poétique en gestation, actes du colloque
de York University (Toronto) organisé par M.-C. Pioffet et
Catherine Broué, édition de Marie-Christine Pioffet,
avec la collaboration d'Andreas Motsch, Québec, Presses de
l'Université Laval, 638 p., p. 347-357. [2691
La dénonciation ambiguë de la
propriété (« le tien et le
mien ») par le Sauvage des trois auteurs, l'Adario de
Lahontan, le Zakara de Jean-Henri Maubert de Gouvest et l'Igli de
Jean Joubert de la Rue.
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Note critique
À mon avis, toutefois, le rapprochement
dénature l'oeuvre de Lahontan et, particulièrement,
ses Dialogues. Jean Chrysostome est probablement
évoqué, nommé et peut-être même
cité par Igli, mais il n'a évidemment rien à
faire dans l'oeuvre de Lahontan, ni lui ni son personnage
n'étant des « philosophes ». Il faut
comprendre en effet que Lahontan est un contestataire anarchiste de
l'idéologie, de toutes les pensées et des
institutions européennes. Ce sont justement les Philosophes
du siècle qui s'ouvre qui vont reprendre ses sujets, son
personnage et ses formes discursives et narratives, pour s'en faire
une arme de combat au service de leur pensée
révolutionnaire. Imaginer aussi peu que ce soit que tel est
déjà le cas de Lahontan, c'est non seulement trahir
l'oeuvre d'un franc-tireur, mais lui enlever son principal
intérêt.
Il faut dire qu'il s'agit malheureusement du
premier défaut des études sur l'oeuvre de Lahontan et
qu'il s'explique facilement par notre tendance naturelle à
mettre de l'ordre où précisément il n'y en a
pas. On peut mettre au défi les chercheurs qui oeuvrent sur
Lahontan de faire simplement le « plan » d'un
des Dialogues avec Adario : ils verront vite que c'est
strictement impossible; ils ne pourront, tout au plus,
qu'énumérer des idées et des opinions qui
n'obéissent à aucun système de pensée.
Du point de vue de l'analyse littéraire de l'oeuvre, il
s'agit d'une exceptionnelle réussite, puisque cela
correspond rigoureusement à la structure de la
majorité de nos conversations, d'un côté, et
à la radicale contradictoire du discours philosophique, de
l'autre. Contre-épreuve : nos chercheurs pourront
constater que les « dialogues » des philosophes
qui emprunteront la formule à Lahontan sont, tout le
contraire, des catéchismes.
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2009, CARTMILL, Constance,
« l'Ensauvagement comme stratégie
rhétorique dans trois relations épistolaires de la
Nouvelle-France : La Potherie, Lahontan et
Charlevoix », Métis Histories and
identities / Histoires et identités
métisses, hommage à Gabriel Dumont, éd. de
Denis Gagnon, de Denis Combet et de Lise Gaboury-Diallo, Winnipeg,
Presses universitaires de Saint-Boniface, 440 p.,
p. 305-323. [2692
2010, HARVEY, David Allen, « the Noble
Savage and the savage noble : philosophy and ethnography in
the voyages of the baron de Lahontan ». French
Colonial History, vol. 11, no 1, p. 161-191.
[2693
*2013, DÖLLING, Corinne M.,
« Mes amis sauvages » : Die
Reiseberichte Louis-Armand de Lahontans als Dokumente der
Frühaufklärung, Akademische Verlagsgemeinschaft
München, 248 p. [2694
2014, OUELLET, Réal, « Louis
Armand de Lom d'Arce, baron de Lahontan, Dialogues avec un
Sauvage (1703) », Monuments intellectuels de la
Nouvelle-France et du Québec ancien : aux origines
d'une tradition culturelle, éd. de Claude Corbo, Presses
de l'Université de Montréal, 2014, 396 p.,
p. 93-104. [2695
2017, LE BORGNE, Françoise,
« "Prendre langue" auprès des Sauvages : les
enjeux de la parole amérindienne dans l'oeuvre du baron de
Lahontan (1702-1703) », Penser l'Amérique : de
l'observation à l'inscription, éd. de N.
Vuillemin et de T. Wien, Oxford University Studies in the
Enlightenment, Voltaire Foundation, xiv-264 p.,
p. 83-103. [2696
Survol de l'oeuvre de Lahontan (ou
plutôt de sa vie et de son oeuvre), toujours du point de vue
de Lahontan lui-même, privilégiant le thème des
langues amérindiennes, mais sans prétendre
l'étudier en tant que tel.
*2018, NICKEL, Beatrice, « Kolonien
und globalisierung : interkulturelle begegnungen und
wahrnehmungen von kulturlandschaften in der literatur des 18
jahrhundests », Kultur - Landschaft - Raum :
dynamiken literarischer inszenierungen von kuturiandschaften,
éd. de Marina Ortrud M. Hertrampf et de Beatrice Nickel,
Tübingen, Stauffenburg, 286 p., p. 81-103. [2697
2008, Gelléri, Gábor,
« Le Beau et le vrai : esthétique du livre
de voyage vue par les comptes rendus », Écrire
des récits de voyage (XVIe-XVIIIe siècles) :
esquisse d'une poétique en gestation, actes du colloque
de York University (Toronto) organisé par M.-C. Pioffet et
Catherine Broué, édition de Marie-Christine Pioffet,
avec la collaboration d'Andreas Motsch, Québec, Presses de
l'Université Laval, 638 p., p. 149-158. [2698
Le « livre de voyage »
désigne ici les Aventures de Claude Lebeau et ses comptes
rendus sont ceux des Mémoires de Trévoux
(octobre 1738, p. 1945-1953) et de Pierre Granet dans ses
Réflexions sur les ouvrages de littérature
(1738, 5e feuille, vol. 6, p. 97-109).
1014, VALLÉE, Andréanne,
« Dans le sillage du père Joseph-François
Lafitau : les Avantures de Claude Le Beau »,
Jesuit Accounts of the colonial Americas : intercultural
transfers, intellectual disputes, and textualities, éd.
de Marc André Bernier, de Clorinda Donato et de
Hans-Jürgen Lüsebrink, University of Toronto Press,
ix-464 p., p. 404-417. [2699
L'article reprend des
« commentaires » déjà parus dans
l'édition de 2011, no 1340 (cf.
p. 414, n. 1).
2018, OUELLET, Réal,
« Pathétique et ethnographie dans la Nouvelle
Relation de la Gaspesie (1691) », les
Récollets en Nouvelle-France : traces et
mémoire, éd. de Paul-André Dubois,
Québec, Presses de l'Université Laval, x-560 p.,
p. 267-277. [2700
2006, OUELLET, Réal, « les
Écrits de la Nouvelle-France : l'inscription du sujet
scripteur [sic] dans son texte », De Québec
à l'Amérique française : histoire et
mémoire, sur Paul Lejeune et le baron de Lahontan,
éd. Thomas Wien, de Cécile Vidal et d'Yves Frenette,
Québec, Presses de l'Université Laval, 404 p.,
p. 29-47. [2701
2013, ANDRÈS, Bernard,
« l'Humour "sauvage" : notes sur l'esprit des
Montagnais en 1634 », Cahiers des dix, no 67,
p. 1-23. [2702
2014, ABÉ, Takao, « the
Missionary réductions in New France : an
epistemological problem with a popular historical
theory », French Colonial History, no 15,
p. 111-133. [2703
Très pertinente analyse critique de la
désignation de « réduction »
appliquée à quelques villages amérindiens sous
la gouverne des jésuites de Nouvelle-France, dont le plus
important aura été Sillery.
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Note critique
C'est à Paul Lejeune que nous devons
les quatre occurrences désignant le Paraguay dans les
écrits de la Nouvelle-France, trois dans les RJNF (dans sa
Relation de 1632, JR, 5: 32, sur « le père d'un
jeune homme des Paraquais »; dans sa Relation de 1637,
JR, 12: 220; et sa Relation de 1638, JR, 15: 126) et une fois
encore dans sa correspondance (MHNF, 4: 55) — et chaque fois
avec l'orthographe « Paraquay ».
L'évocation est généralement liée
à la patience qu'il faut avoir vis-à-vis des
conversions en Nouvelle-France et les espoirs qu'on place dans
l'évangélisation de la Huronie. Le mot
« réduction » ne vient apparemment
jamais dans les RJNF ni sous la plume de Lejeune
(cf. « Mission colonies (reductions) »
à l'index de Thwaites, JR, 73: 45). Or, c'est à la
supposée « réduction » de Sillery
que les historiens associeront le phénomène. Takao
Abé étudie très minutieusement la question,
pour en venir à la conclusion qu'il s'agit d'une très
vague comparaison... de l'historiographie, qui ne correspond
à aucun projet missionnaire des jésuites.
Si l'on voulait prolonger et confirmer
l'analyse de Takao Abé, on pourrait recourir à
l'ouvrage de Guillermo Furlong, Misiones y
sus pueblos de
Guaranies (Posadas, imprimerie Lumicop [pour les
jésuites de la province de Misiones], 2e éd., 1978,
791 p.). On y verra vite combien T. Abé a raison, tant
il est évident que les réductions du Paraguay n'ont
jamais eu aucun équivalent en Nouvelle-France et sont sans
aucun rapport avec le petit village de Sillery.
Reste une question toute simple. Paul Lejeune
désigne « la Relation de ce qui se passe au
Paraquais » (JR, 12: 220). À remarquer la coquille
« Paraquais », qui se trouve bien dans le titre
de l'ouvrage :
Jacques Rançonier (1600-1636),
Relation des insignes progrez de la religion chrestienne, faits
au Paraquai, province de l'Amerique meridionale, & dans les vastes
regions de Guair & d'Uruaig, nouvellement découvertes par
les peres de la Compagnie de Jesus, és années 1626 &
1627 envoyée par le père Nicolas Durán au
général Vitelesci, traduite du latin (parue à
Anvers, 1636) au français, Paris, Sébastien Cramoisy,
1638, xi-163 p. [2704
La reprise du titre en tête du texte
porte correctement
« Paraguai », mais à première vue
la coquille fait la preuve que Lejeune désigne bien cet
ouvrage.
Or, la désignation de l'ouvrage dans la
Relation de 1637 soulève une question difficile. Cette
Relation du « Paraquai(s) » est bien de
1638 : l'Avertissement en tête de l'ouvrage
désigne deux fois 1637 comme l'« année
dernière ». En revanche, l'Approbation du
provincial Estienne Binet est datée du 22 décembre
1635. Pour que Lejeune puisse avoir connu l'ouvrage au plus tard
au printemps 1637, il faut imaginer qu'il en ait reçu une
copie manuscrite. Or, chez les jésuites du XVIIe
siècle, cela est fort plausible. Mais l'explication peut
être plus simple. Lejeune devait savoir que l'ouvrage
était en cours de traduction, mais avait en main l'original
latin, qui porte lui-aussi la coquille sur sa page de
titre !
[Jacques Rançonier, édité
par Nicolás Durán-Mastrilli], Litterae annuae
provinciae Paraquariae (sic) societatis jesu..., Antverpiae,
Joannis Meursil, 1636, 168 p. [2705
À la lecture de cet état
présent de 1627, énumérant les missions
jésuites d'Argentine et d'Uruguay, personne ne peut avoir
une idée concrète de ce qu'étaient les
réductions du Paraguay, réductions qui
s'étaient pourtant
développées depuis un siècle à ce
moment. Puisque c'était la « source »
de Paul Lejeune, on peut présumer qu'il n'en savait donc
rien. D'ailleurs, les ouvrages historiques commencent à
peine à paraître (en espagnol) à ce
moment : la Conquista espiritual [...] del Paraguay
d'Antonio Ruiz de Montoya paraît en 1639. Mais il faudra
attendre le XVIIIe siècle pour que l'on ait une idée
concrète de ce qu'avaient été les
réductions, soit par exemple la publication des oeuvres
manuscrites de José Cardiel : la Carta y
relación de las misiones del Paraguay (1747), par
exemple; voir la réédition de la
réécriture de cet ouvrage et l'introduction
d'Héctor Sáinz Ollero : José Cardiel,
« Breve Relation... », sous le titre las
Misiones del Paraguay, Madrid, Historia 16, 1989,
205 p.
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2014, FERRARO, Alessandra, « les
Récits personnels de Marie de l'Incarnation ou De
l'écriture autobiographique
détournée », Francofonia (Florence),
vol. 34 (no 1), no 66, p. 177-191. [2706
L'article comprend une étude de la
réécriture de la lettre de Marie Guyart-Martin de
l'Incarnation sur la mort de Marie de Saint-Joseph (au printemps
1652, Oury, bg. 77, lettre 140, p. 436-473) par Paul
Lejeune au chapitre 10 de la Relation de 1652 de Paul
Ragueneau (JR, 38: 68-164). Cf. no 2625.
2015, LOPENZINA, Drew, « Le Jeune
dreams of moose : altered states among the Montagnais in the
Jesuit Relations [sic] of 1634 », Early
American Studies (University of Pennsylvania), vol. 13,
no 1, p. 3-37. [2707
Le rêve (impératif)
amérindien tel qu'il est présenté par
Champlain, puis analysé par Lejeune dans sa Relation de
1634. Le surtitre de l'article vient d'un épisode
(largement humoristique) où Lejeune oppose au rêve
funeste de Mestigoït (qui annonce la famine, la maladie et la
mort du missionnaire) celui qu'il a fait peu de jours auparavant
où il voyait deux originaux, annonçant donc le
succès de la chasse ! (JR, 7: l18). Cela dit,
l'étude du rêve est largement le prétexte d'une
lecture critique de la relation, voire d'une critique de
l'entreprise civilisatrice du missionnaire.
2016, LE BRAS, Yvon, « Du Canada aux
"Îles de l'Amérique" et à la "Terre
Ferme" : l'Amérindien dans les Relations des
jésuites Paul Lejeune, Jacques Bouton et Pierre
Pelleprat », Textes missionnaires dans l'espace
francophone, vol. 1, Rencontre,
réécriture, mémoire, éd. de Guy
Poirier, Québec, Presses de l'Université Laval,
viii-184 p., p. 7-21. [2708
Rapprochements, sur la figure de
l'Amérindien, entre les relations de Paul Lejeune et la
Relation de la Martinique (1635) de Jacques Bouton (Paris,
Cramoisy, 1640, rééd. de Y. Le Bras et de R. Ouellet,
PUL, 2012) et la Relation (1651-1654) de Pierre Pelleprat (Paris,
Cramoisy, 1655, rééd. dirigée par R. Ouellet,
PUL, 2009).
2017, DEROME, Robert, les Portraits du
père jésuite Paul Le Jeune, confusions et
conversions... < rd.uqam.ca/LeJeune/ >. [2709
« Portraits de Le Jeune, confondus
avec Régis, convertis en Charlevoix gauche, en charlevoix
droite, puis en Marquette ! ». Une formidable
aventure iconographique qui commence avec la gravure de Paul
Lejeune par René Lochon en 1665.
2017, LAFLÈCHE, Guy, Paul Lejeune,
missionnaire de Nouvelle-France, le premier linguiste et
grammairien de l'innu, Laval, Singulier, 320 p. [2710
2017, LE BRAS, Yvon, « "Hiverner avec
les Sauvages..." : la mission volante de Paul Lejeune, premier
supérieur jésuite de Québec »,
l'Errance au XVIIe siècle, « Errances en
Nouvelle-France », articles sélectionnés du
45e colloque de la North American Society for seventeenth-century
french literature (Québec, 4-6 juin 2015), édition de
Lucie Desjardins, de Marie-Christine Pioffet et de Roxanne Roy,
Biblio 17, vol. 216, 472 p., p. 71-116,
p. 89-96. [2711
Repris succinctement dans l'article
suivant.
——, « le Journal du voyage
du père Paul Lejeune sur la rive sud du
Saint-Laurent »
(dans sa Relation de 1634), Littoral
(Sept-Îles), no 13, 2018, p. 88-91. [2712
Illustre et relance les conclusions de
l'étude de G. Laflèche en tête de son
édition de la Relation de 1634 en 1973 (bg. 1018).
2018, ANDERSON, Emma, « "the Road not
taken", re-examining Pierre-Anthoine Pastedechouan and the
recollets », les Récollets en
Nouvelle-France :
traces et mémoire, éd. de
Paul-André Dubois, Québec, Presses de
l'Université Laval, x-560 p., p. 207-224.
[2713
Pastedechouan est certes le produit de
l'apostolat des récollets qui le conduisent en France
où il résidera cinq ans. Mais, avec son retour, en
1632, il devient le professeur d'innu de Paul Lejeune et son
personnage principal dans ses Relations de 1633 et de 1634.
2019, LE BRAS, Yvon, « la Parole
amérindienne dans les Relations de Paul Lejeune, premier
supérieur jésuite de Québec »,
Voix autochtones dans les écrits de la
Nouvelle-France,
éd. de Sandrine Tailleur, d'Émilie Urbain
et de Luc Vaillancourt, Paris, Hermann (coll.
« République des lettres »),
372 p., p. 251-264. [2714
L'article ne met pas en contexte les extraits
choisis, de sorte qu'ils ne peuvent pas être
évalués rigoureusement. Par exemple, de bons mots de
collégiens (pris de la Relation de 1639) sont
présentés comme significatifs la « parole
discordante de l'Autre » (p. 260).
2016, BROUÉ, Catherine, « le
Premier Établissement de la foy, une oeuvre
collective supervisée ? étude de la
réécriture d'un passage de l'Histoire du
Canada », Études littéraires,
« Autour de Gabriel Sagard », éd. de
M.-C. Pioffet, vol. 47, no 1, p. 77-96. [2715
Le texte le plus drôle jamais paru dans
le domaine des études littéraires sur la
Nouvelle-France. Le plus désolant ? Mais non, il faut
garder le moral et savoir rire.
L'article, comme on va le lire ci-dessous, ne
concerne pas l'Histoire du Canada, puisque l'extrait choisi
ne correspond à aucun passage du Premier
Établissement. Pire encore, Catherine Broué ne
pouvait mener l'étude proposée par le titre de son
article sans que son point de départ ne soit la section que
Serge Trudel consacre à Sagard comme source du Premier
Établissement dans son étude de
genèse : chap. 2, « Les sources de
l'information événementielle »,
section 1.2, « L'Histoire du Canada de
Gabriel Sagard (1636) » (bg. 1058, p. 111-117).
S'agissant du sujet à l'étude, ces conclusions
devaient nécessairement être reprises pour pouvoir
être développées. Bref, voilà un
inutile exercice de scolastique, le commentaire de texte, à
mille lieues de la recherche scientifique. En revanche, les
« hypothèses » vraiment farfelues qu'on
trouve dans ce pensum doivent être vivement
dénoncées. L'expérience montre,
particulièrement dans les études littéraires
de la Nouvelle-France, que ce sont souvent les idées les
plus sottes qui se répandent le plus vite !
Il faut aller plus loin et dénoncer
cette propagande moliniste (je m'amuse !) qui fait la
promotion d'un obscur traité sur la prédestination
d'un certain Hyacinthe Lefebvre. Une scandaleuse horreur. Voici
par exemple deux titres impies, du Discours quatrième du
traité : « Dieu veut prédestiner tous
les hommes » (p. 81) et « Dieu fournit aux
hommes les moyens nécessaires à leur
prédestination » (p. 84). Manifestement,
Catherine Broué nous présente le plus candidement du
monde une belle et vieille dissertation savante qui ne faisait pas
la différence entre le Père Éternel et le
Père Noël. De très nombreuses âmes
sensibles pourraient aujourd'hui être victimes de cette
pensée, on ne peut plus néfaste, digne des Soldats du
Christ, qui n'avaient pas encore compris que Jésus avait
ordonné à Pierre de remettre son épée
au fourreau. On doit tous être scandalisés de ce
comportement immoral de Catherine Broué. Cela dit, le
moment de la grâce victorieuse de l'intelligence de la
pensée janséniste n'est pas encore venu pour elle et
nous devons prier que la Divine Miséricorde ne lui tienne
pas rigueur de son aveuglement. Serge Trudel et moi, dans Un
janséniste en Nouvelle-France, disons-le, quod
debuimus facere facimus : servi inutiles sumus.
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Note critique
Catherine Broué ignore les conclusions
établies depuis pas moins de quinze ans sur le Premier
Établissement de la foi de Valentin Leroux et tripote
les anciens travaux de Raphaël Hamilton de 1976 ! (ce
n'est pas d'hier : bg. 1057), pour nous présenter
à nouveau un « ouvrage collectif »...
Mais tout cela, et bien d'autres idées vraiment
surprenantes, se greffe sur une non-étude. En effet, on a
d'un côté deux éditions synoptiques en annexe,
qui n'ont tout bonnement pas lieu, d'où découlerait
un « commentaire de texte » sur les
supposés « rapports » entre
l'Histoire du Canada (HC) et le Premier
Établissement de la foi (PEF). Or, ces textes ne
concordent pas du tout. Il faut se reporter à la
thèse de Serge Trudel (bg. 1058, p. 264), qui fait
autorité dans le dépouillement des sources du PEF
(ici, vol. 1, p. 30-35), pour savoir que la source de
l'extrait n'est pas Sagard, mais le militaire anonyme qui a
préparé pour Valentin Leroux le mémoire
intitulé Histoire chronologique de la
Nouvelle-France (HCNF, bg. 128). La conclusion de Serge
Trudel est claire et nette et ne fait aucun doute : la source
de ce passage du premier chapitre du premier volume de PEF
étudié ici est, je cite, « HCNF,
p. 88-92 ». C'est clair, il me semble. L'HC n'a
absolument rien à faire en l'occurrence. Et on ne manquera
pas d'être surpris de trouver dans le second annexe de
l'article la source de l'extrait du PEF édité dans...
le premier annexe ! Bref, cet article n'a pas sa place dans
un recueil consacré aux oeuvres attribuées à
Gabriel Sagard, puisque Catherine Broué choisit un extrait
de PEF dont l'HC n'est pas la source, alors même que Serge
Trudel a déjà identifié très
précisément les nombreux passages du PEF dont l'HC
est justement la source ! Le sujet de l'article se trouve
donc là, dans cette thèse, que C. Broué n'a
pas su utiliser adéquatement.
Oh ! ce n'est pas tout. Non seulement cet
article n'a aucune valeur parce qu'il est mal informé, mais
il est de lui-même une remarquable entreprise de
désinformation. Commençons par l'HCNF dont il vient
d'être question, car il s'agit de l'affabulation la plus
follement délirante de l'article. On sait que ce manuscrit
avait été intempestivement attribué au
récollet Sixe Le Tac par Eugène Réveillaud en
1888, ce qui est d'autant plus surprenant que le mémoire
destiné à Valentin Leroux est très
volontairement et explicitement anonyme, tandis que l'auteur
s'identifie clairement comme un militaire en poste à
Québec au cours de l'hiver 1689-1690. La préface
toute
simple présente la situation sous le titre
« Lettre de l'auteur à un de ses amis ».
Comme le manuscrit se trouve aux Archives des récollets de
Saint-Denys à Versailles, Réveillaud s'est convaincu
qu'il devait être l'oeuvre d'un récollet (ce que
dément la lecture du texte). Lorsqu'il lit, en tête
de la Lettre, que « le pays est stérile en
affaires de guerre dont je fais profession »..., il
écrit (p. 1, n. 1) « la phrase est
ingénieusement calculée pour faire croire que
l'auteur de l'histoire était un officier de
l'armée... » ! Cela dit, tout le monde a
droit à l'erreur et nous sommes en 1888. Voilà
« une petite mise en scène pouvant faire croire
qu'un militaire en est l'auteur », réécrit
avec la plus belle naïveté Catherine Broué, en
2016 ! (p. 83). Oui, en 2016 ! C'est à
mourir de rire, puisque l'on sait depuis longtemps, très
longtemps, qu'aucun récollet ne peut avoir
rédigé ce mémoire, c'est impossible; il
s'agit d'un manuscrit, d'un manuscrit anonyme !
alors pourquoi la désignation de la profession de l'auteur
serait-elle une « mise en scène » ?
Non seulement il n'y a aucune raison de reprendre
l'« hypothèse » justifiée
de Réveillaud, en 1888, en ce qu'il croyait, lui,
connaître le véritable auteur du mémoire, Sixe
Le Tac, mais, aujourd'hui, en 2016, évidemment, il ne
s'agit plus d'une hypothèse, mais d'une toute simple faute
d'attribution. Maintenir aujourd'hui (en 2016, il faut le
répéter ! tant cela est hallucinant) la
justification d'une hypothèse qu'on sait totalement fausse
est évidemment risible. R-i-s-i-b-l-e. Nous sommes ici
dans un exercice d'humour blanc, un sommet encore jamais atteint
dans les études littéraires sur la
Nouvelle-France.
L'HCNF est l'oeuvre d'un militaire de
Québec, qui tient à l'anonymat, pour des raisons qui
apparaissent évidentes à la lecture du manuscrit,
manuscrit destiné à Valentin Leroux, qui en fera le
canevas du premier tome de son PEF. Catherine Broué ne sait
pas cela ? N'importe quel lecteur du Janséniste en
Nouvelle-France le sait.
Mais il n'y a pas que la rigolade. Catherine
Broué doit être plus sévèrement
corrigée encore sur un autre point qui, celui-là, ne
relève pas de l'anachronisme, mais de la
(mé)connaissance. Elle s'est en effet mise en frais
d'étudier une question relative au jansénisme dont
elle n'a manifestement aucune idée. Tout le monde ne peut
pas avoir étudié sérieusement la pensée
janséniste et personne n'est forcé de comprendre
quelque chose à l'essai qui s'intitule justement Un
janséniste en Nouvelle-France, ouvrage qui expose
pourtant très précisément la pensée
janséniste de Valentin Leroux. Sa pensé s'exprime et
dans une lettre de lui publiée par Chrestien Leclercq dans
sa Nouvelle Relation de la Gaspésie (NRG), lettre de
1679, et dans son PEF de 1691. L'affaire est aussi simple
qu'amusante, pour ne pas dire hilarante. Catherine Broué
nous sort un ouvrage de Hyacinthe Lefebvre intitulé
Traité de la prédestination ou Extraits du livre
de vie contenant les moyens nécessaires pour être du
nombre des Bienheureux (Paris Thierry, 2 vol., 1678 et 1679),
ouvrage qui « présente un vocabulaire commun avec
certains passages » du PEF ! (p. 85). On
trouvera des dizaines, des centaines d'ouvrages sur la
prédestination et il sera très difficile de ne pas
leur trouver un « vocabulaire commun » !
Et d'en citer des extraits au hasard pour bien nous montrer que
Valentin Leroux s'inspirait certainement de cet ouvrage, s'agissant
de deux récollets ! En plus, on pouvait s'y attendre,
ses commentaires des extraits du livre de Lefebvre montrent qu'elle
ne comprend pas les textes qu'elle cite, exactement comme Leclercq
ne comprenait pas la Lettre de Leroux qu'il recopiait...
D'ailleurs les « commentaires » de Catherine
Broué sont souvent assez difficiles à suivre. Il
suffit de poser simplement les thèses en présence.
L'ouvrage de Lefebvre sur la prédestination est
contradictoire avec la pensée janséniste dès
son titre. Pour un janséniste, il n'y a, par
définition, aucun « moyen » de se porter
au nombre des élus, s'agissant d'une prérogative
exclusivement divine. Il faudrait travailler à sa
« Prédestination » pour éviter la
« Réprobation » ? L'un des plus
extraordinaire moyen proposé par Lefebvre est de recourir...
à l'intersession de la Sainte Vierge ! Vous imaginez
un instant le grand Arnauld, Pascal et notre Leroux adeptes des
chapelets en rosaires ? Du point de vue janséniste,
l'ouvrage de notre bon père Lefebvre est évidemment
une épouvantable niaiserie. Et, pour nous, tout
l'intérêt est là : la pensée
janséniste de Valentin Leroux est contradictoire avec celle
de son confrère Hyacinthe Lefebvre, alors qu'elle est
posée dans sa lettre de 1679, éditée dans la
NRG en 1691, puis développée dans son PEF, toujours
en 1691. Et cette réflexion est d'une remarquable
originalité, puisque jamais la pensée
janséniste n'avait encore été appliquée
aux missions, aux missionnaires; elle est aussi de toute
beauté; et, enfin, elle n'a aucun rapport avec aucun
traité sur la « prédestination »,
notamment celui de Lefebvre qui n'a rien de janséniste.
L'article de Catherine Broué prouve,
avec une magistrale naïveté, qu'elle ne comprend rien
à tout cela. Voilà bien la preuve que l'ignorance
peut être donnée à tous (comme la grâce
efficace des molinistes !) et qu'on devrait toujours se
méfier de ses prétentions.
Nous sommes ici en face d'un piètre
amalgame qui multiplie les affabulations. Exemples ?
Lefebvre a publié deux de ses ouvrages à Lyon, la
seconde édition du PEF en 1692 se fait à Lyon, quelle
coïncidence ! même s'il s'agit de trois
éditeurs différents (p. 85). « Or,
voici que l'attribution du [PEF] à Valentin Le Roux [sic]
perd tout à coup de sa pertinence » : et
vous ne savez pas pourquoi ? parce que
« l'hypothèse voulant que Valentin Le Roux, auteur
incontesté de sa lettre dans l'ouvrage tout aussi
incontesté de Chrestien Leclercq, soit également
l'auteur incontestable des deux tomes du [PEF] ne peut tenir si la
lettre attribuée à Le Roux dans Leclercq n'est pas de
Le Roux ! » (p. 86-87). Vous n'avez pas
compris ! Relisez ! Vous ne comprendrez pas plus. En
vérité, les concepts « de grâce et de
prédestination » dans le PEF ne sont pas
« jansénistes par essence »
(p. 87), comme on le voit à leur expression dans le
livre de Lefebvre. Et C. Broué de nous citer un passage de
la
lettre de Leroux « parfaitement congruent avec les
concepts exposés par Hyacinthe Lefebvre »
(p. 87). Conclusion : « en bref, les
thèmes traités chez Lefebvre pourraient avoir servi
à la rédaction de la "lettre de Le Roux" »
(p. 87). Mais on ne saurait en conclure que Lefebvre est en
fait l'auteur du PEF, car Leroux pourrait « avoir eu
l'occasion de compulser [sic] l'ouvrage » de Lefebvre
avant la rédaction de PEF (p. 87), qui est, sachez-le,
une oeuvre collective (p. 88). Etc. Nous sommes en plein
délire.
Cela dit, dans toute cette bouillie pour les
chats molinistes, il faut en venir à l'essentiel, car on se
trouve donc devant exactement trois situations
caractéristiques. Celle du récollet
janséniste (Leroux) et celle du récollet moliniste
(Lefebvre), puis celle du bon père Leclercq et de Catherine
Broué qui ne comprennent absolument rien à ces
questions de polémiques théologiques.
Mais revenons-y, et lourdement, puisqu'il faut
ici faire preuve de nécessaire pédagogie. Catherine
Broué trouve donc ce bel extrait des Extraits (bis) de
Lefebvre qui distingue fort bien nos grâces
« efficace » et
« suffisante ». Je vous recopie l'extrait du
bon père Lefebvre cité par notre belle âme,
Catherine Broué : « Quoy que Dieu donne sa
grâce à toutes les âmes, ce n'est pas en la
mesme manière, sa grâce assiste autrement quand elle
est offerte que quand elle est reçue, car lors que Dieu
offre sa grâce elle assiste en inspirant, lors que l'homme
l'accepte, elle assiste en coopérant, elle nous inspire sans
nous, mais elle ne nous aide pas sans nous. Ainsi quand elle
inspire elle s'appelle prévenante, excitante &
suffisante. Quand nous coopérons, elle se nomme
convertissante, effective & efficace »
(Broué, p. 85-86, Lefebvre, 1: 274, dans son fameux
chapitre « De la grâce efficace avec un
coeur persuadé » !). Et Catherine
Broué, qui n'a jamais lu les Provinciales (ou n'y a
rien compris), de faire dans la nuance : « La
marge, toutefois, est mince entre la prédestination
janséniste et la conception de la prédestination
telle que l'explicite Lefebvre, approuvée par
Rome » ! (p. 86, « approuvé
par Rome » !). Non, ce n'est pas du tout une pure
sottise ni l'expression spontanée d'une rare
ignorance : c'est tout bonnement un bel effort
d'oecuménisme... C'est à mourir de lire/rire,
évidemment . Catherine
Broué ne se doute pas que la « grâce
efficace » est une absurdité, pour les
jansénistes, et notamment pour Valentin Leroux, s'agissant
de la grâce d'être damné, selon le bon mot du
Grand Arnould. Catherine Broué n'a aucune idée de ce
qui constitue la pensée janséniste. Elle ne peut en
voir la radicale expression par Valentin Leroux dans sa lettre de
1679 et son livre de 1691, ce qui prouve pourtant hors de tout
doute que les deux textes sont de la même main.
Comme on dit couramment,
« ouf ! il y en a qui ne comprennent rien à
rien ». Redisons-le, peut-être sera-t-on enfin
compris : la grâce « convertissante,
effective & efficace » du pauvre et naïf Hyacynthe
Lefebvre, c'est une monstruosité qui n'a aucun sens.
Non ! aucun Indien ne sera jamais converti, comme le croient
les jésuites qui se prennent pour Dieu le père, sans
que Dieu, le vrai Dieu, intervienne en leur faveur. Il faut
attendre le moment de sa grâce. C'est pourtant simple,
élémentaire et facile à comprendre. Valentin
Leroux est le seul et unique
« missionnaire » qui a osé
l'écrire et deux fois, en 1679 et 1691. Et tout cela a
été expliqué en long et en large dans Un
janséniste en Nouvelle-France en 2003...
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On ne trouve répertoriés ici que
les travaux portant sur le récit de voyage au Brésil.
Je suppose toutefois que les spécialistes du récit
(1578) de son Voyage (en 1556-1558) ne manqueront pas de
s'intéresser à toutes les oeuvres de l'auteur, dont
son Histoire mémorable de la ville de Sancerre
(1574). Ils se reporteront, par exemple, aux travaux
récents de la traductrice de l'oeuvre en italien, Bruna
Conconi.
2011, BRUYÈRE, Vincent,
« Postcolonial Display / early modern
disguise : looking back at the Savage », Display
and disguise, éd. de Manon Mathias, de Maria O'Sullivan
et de Ruth Vorstman, Bern, Peter Lang, (coll. « Modern
French Identities », no 95), 227 p.,
p. 67-85. [2716
*2011, CÔTÉ, Sébastien,
« Roman historique et réécriture de
Léry au Goncourt en passant par Ruffin » [J.-C.
Rufin, Brésil rouge, Gallimard, 2001], les
Réécrivains : enjeux transtextuels dans la
littérature moderne d'expression française, Bern,
Lang (coll. « Littérature de langue
française », no 17), vi-234 p.,
p. 23-37. [2717
2011, LESTRINGANT, Frank,
« l'Iconographie de l'Histoire d'un voyage faict en la
terre du Bresil (1578-1611) de Jean de Léry :
sources et fortunes », le Livre du monde, le monde des
livres, mélanges en l'honneur de François
Moureau, éd. de Gérard Ferreyroller et de Laurent
Versini, Paris, Presses de l'Université Paris-Sorbonne,
1168 p., p. 717-755. [2718
Les cinq belles et simples gravures,
très homogènes, de la première édition
(1578), les trois nouvelles, aussi complexes que frustres, de la
seconde édition (1580).
*2011, SILVER, Suzan K.,
« Cannibalism, nudity, and nostalgia : Léry
and Lévi-Strauss revisit Brazil », Studies in
travel writing, vol. 15, no 2, p. 117-133.
[2719
2012, HOULLEMARE, Marie, « Justice et
éthique dans les récits de voyage français en
Amérique au XVIe siècle »,
Éthique et droit, du Moyen Âge au siècle des
lumières, éd. de Bénédicte Boudou
et de Bruno Méniel, Paris, Classiques Garnier, 378 p.,
p. 89-101. [2720
2012, PIOFFET, Marie-Christine,
« Dialogisme et relation de voyage : premiers
éléments de réflexion tirés des
écrits de Jacques Cartier et de Jean de
Léry », le Livre du monde, le monde des
livres, mélanges en l'honneur de François
Moureau, éd. de Gérard Ferreyroller et de Laurent
Versini, Paris, Presses de l'Université Paris-Sorbonne,
1168 p., p. 701-715. [2721
Étude thématique de la parole et
de la langue autochtones dans les relations des voyages de Cartier
et l'Histoire de Léry.
2013, GANNIER, Odile, « le Tupi, le
caraïbe et le galibi sans peine : glossaires, manuels et
catéchismes à l'usage des voyageurs et missionnaires
(XVIe-XVIIe siècles) », Échos des voix,
échos des textes, mélanges en l'honneur de
Béatrice Périgot, éd. d'O. Gannier et de
Véronique Montagne, Paris, Garnier (coll.
« Rencontres », no 252), 727 p.,
p. 439-466. [2722
Comparaison des exposés de Jean de
Léry sur la langue des Tupi avec ceux de Pierre Pelleprat
(1609-1667) et d'Antoine Biet (1620-16??) sur la langue des Galibis
et de Raymond Breton (1609-1679) sur celle des Caraïbes.
2013, LAJARTE, Philippe de, « Une
écriture à hauts risques : l'Histoire d'un
voyage en terre du Brésil de Jean de
Léry », Réforme, humanisme,
renaissance, vol. 39, no 76, p. 87-105.
[2723
« Écriture à hauts
risques » ? L'auteur n'explique jamais cette expression
dans son article et il faudrait en deviner le sens, à une
toute petite allusion. Le scientificité et la
modernité de l'Histoire tiendraient à
l'observation et à l'expérience, dont il faudrait
aller au-delà.
2014, YANDELL, Cathy, « le Corps nu au
nouveau monde : métaphore et cognition »,
le Parcours du comparant : pour une histoire
littéraire des métaphores, éd. de Xavier
Bonnier, Paris, Classiques Garnier (coll.
« Rencontres », no 101), 556 p.,
p. 137-147. [2724
Dans l'Histoire d'un voyage de J. de
Léry. Image de fraîcheur et de simplicité.
2015, HATZENBERGER, Antoine,
« Par-deçà
et par-delà :
hétérotopie du nouveau monde »,
l'Hétérogène dans les littératures
de langue française, éd. d'Isabelle Chol et de
Wafa Ghorbel, Paris, L'Harmattan, 289 p., p. 31-40.
[2725
Par-deçà, c'est l'Europe;
par-delà,
c'est le nouveau monde merveilleux ou monstrueux.
2015, YANDELL, Cathy, « Cannibalism
and cognition in Jean de Léry's Histoire d'un
voyage », Memory and community in
sixteenth-century France, éd. David P. La Guardia,
Farnham, Ashgate, ix-267 p., p. 187-204. [2726
2016, LESTRINGANT, Frank, Jean de Léry
ou l'Invention du sauvage : essai sur l'« Histoire
d'un voyage faict en la terre du Bresil », Paris,
Classiques Garnier (coll. « Études et essais sur
la Renaissance », no 62), 333 p. [2727
Troisième édition. L'ouvrage a
paru en 1999 (no 2160) et avait
été réédité en 2005 (no 2204).
2018, CARPENTIER, Clément (coordination
artistique des événements et directeur de l'orchestre
symphonique), avec la prestation de Jordi Salvall, Jean de
Léry, humanisme et barbarie, catalogue de l'exposition
du Conservatoire de Caen, novembre 2017 - janvier 2018,
également au musée des Beaux-Arts et au
théâtre de Caen, 131 p. [2728
2006, KING, Donovan, Sinking Neptune (A
dramaturgical toolbox), Montréal, Optative Theatrical
Laboratories (Radical dramaturgy unit), 54 p. —
Notamment « Dramaturgical analysis »,
p. 4-30. Suivent la traduction d'Eugene et de Renate Benson
(In colonial Quebec : french-canadian drama,
1606-1966, éd. d'Anton Wagner et de Richard Plant,
vol. 4, Canada's lost plays, 1982, p. 38-43) et la
reproduction de l'édition critique de Bernard Émont
(no 1257) [2729
2011, CHAPMAN, Sara, « Chroniques du
nouveau monde : histoire des colonies françaises selon
Marc Lescarbot », Lendemains de guerre civile :
réconciliations et restaurations en France sous
Henri IV, édition de Michel de Waele,
Québec, Presses de l'Université Laval,
réimp. Paris, Herman, 2015, 266 p.,
p. 163-191. [2730
2013, WRIGHT, Kailin, « Politicizing
difference : performing (post)colonial historiography in le
Théâtre de Neptune en la Nouvelle-France and
Sinking Neptune », Studies in canadian
literature / Études en littérature
canadienne, vol. 38, no 1, p. 7-30. [2731
Relecture critique de la pièce
inaugurale de Lescarbot (1606) par le Montreal's Optative
Theatrical Laboraties, Sinking Neptune, spectacle
créé le 14 novembre 2006 (Optative.net). Relecture
critique développée par l'auteur. Revue de presse de
la performance (Dean List, the Daily New; Michael Posnet,
the Globe and mail; Carolyn Sloan, NovaNewNow.com,
etc., voir le site de l'OTL).
2014, PIOFFET, Marie-Christine, « Marc
Lescarbot, Histoire de la Nouvelle-France
(1609) », Monuments intellectuels de la
Nouvelle-France et du Québec ancien : aux origines
d'une tradition culturelle, éd. de Claude Corbo,
Presses de l'Université de Montréal, 2014,
396 p., p. 23-34. [2732
2014, TRUE, Micah, « Strange
Bedfellows : Turks, Gauls, and Amerindians in Lescarbot's
Histoire de la Nouvelle-France », French
Review, vol. 87, no 4, p. 139-151. [2733
2016, GERMAIN-DE FRANCESCHI, Anne-Sophie,
« le Nouveau Monde à l'opéra »,
Romanesques, « Opéra et
romanesque », éd. de Camille Guyon-Lecoq, Paris,
Classiques Garnier, 221 p., p. 27-41. [2734
2016, LACHANCE, Isabelle, « Guerre,
lettres et devenir historique de la Nouvelle-France dans la
Défaite des Sauvages armouchiquois de Marc
Lescarbot », Tangence, no 111, p. 131-142.
[2735
2017, LIGNEREUX, Yann, « Une errance
fondatrice aux origines de la Nouvelle-France ? les
leçons d'un égarement dans l'Histoire de la
Nouvelle France de Marc Lescarbot », l'Errance au
XVIIe siècle, « Errances en
Nouvelle-France », articles sélectionnés
du 45e colloque de la North American Society for
seventeenth-century french literature (Québec, 4-6 juin
2015), édition de Lucie Desjardins, de Marie-Christine
Pioffet
et de Roxanne Roy, Biblio 17, vol. 216,
472 p., p. 71-116, p. 73-88. [2736
L'article se mérite bien un mauvais jeu
de mot : l'errance en question est si difficile à
suivre qu'on se demande, finalement, quel est le sujet de
l'article.
1998, SAINT-ARNAUD, Daniel, Pierre Millet en
Iroquoisie au XVIIe siècle : le sachem portait la
soutane, Québec, Septentrion, 204 p. [2737
2019, BROUÉ, Catherine,
« Sous-entendus,
contradictions et silences narratifs : une
relecture du récit attribué à Marquette dans
Thévenot (1681) », Revue d'histoire de
l'Amérique française, vol. 72, no 4,
p. 61-86. [2738
« Relecture », vraiment ? La
Narration de Marquette de son Voyage de
découverte du Mississippi, avec Jolliet en 1673, a paru en
1681. Rien ne permet de changer quoi que ce soit à ces
faits qui ne font aucun doute.
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Note critique
À première vue, on pourrait dire
que
Catherine Broué ne manque pas d'imagination, mais la lecture
de cet article donnerait plutôt à penser qu'on se
trouve en face d'un cas de TDAH, tellement les hypothèses
aussi inutiles qu'incroyables se bousculent cul par dessus
tête du début à la fin du texte
époustouflant.
Thévenot publie le récit de
Marquette (exploration du
Mississippi avec Jolliet en 1673), en un volume suivant de nombreux
recueils du même genre, soit un nouveau Recueil de
voyages (Paris, Michalet, 1681, p. 1-43, pagination
indépendante, en tête du volume). Il s'agit, comme les
autres, d'une publication « érudite »;
si Thévenot tient cette copie des jésuites de Paris,
il ne s'agit manifestement pas d'une publication
« jésuite » et on ne saurait y voir
autre chose qu'un bref récit de l'exploration. Il y a
quelque chose de tordu à imaginer qu'il s'agisse, pour les
jésuites, d'assurer leur « prérogative
ultérieure sur les territoires découverts »
(p. 67)..., prérogative en regard des récollets
de La Salle ! Par ailleurs, C. Broué crée
des hypothèses romanesques pour répondre à des
questions qui ne se posent pas. De nombreux jésuites
accompagneraient Jolliet et non le seul Marquette; les explorateurs
seraient attendus dans les villages qu'ils visitaient; et ils en
visiterait de très nombreux et non quelques-uns; le voyage
se serait déroulé sur plus d'un an; les explorateurs
auraient suivi sans le dire une partie du Missouri,
après leur exploration de la rivière Des Moines;
Jolliet n'aurait jamais fait naufrage à son retour et perdu
ses journaux, avec les documents de l'expéditions; il serait
même le véritable auteur de ce texte. Bref,
C. Broué nous en apprend de belles, à l'occasion
d'une « lecture littéraire » du
document.
Il est vraiment surprenant de voir
paraître en 2019, dans la prestigieuse Revue d'histoire de
l'Amérique française, un article qui ignore les
conclusions de la remarquable analyse historique et
littéraire de Lucien Campeau, qui date pourtant de 1991
(bg. 1124).
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2018, PIOFFET, Marie-Christine, « le
Désastre de l'île aux OEufs vu par les
Hospitalières de Québec et de
Montréal », Littoral (Sept-Îles),
no 13, p. 115-117. [2739
2012, FINET, Thibault, Jean Pierron
(1631-1700), missionnaire, diplomate et peintre en
Amérique, Université de Montréal,
mémoire de maîtrise en histoire, ix-161 p.
[2740
Le missionnaire jésuite, en
Nouvelle-France de 1667 à 1678, a mené son apostolat
auprès des Agniers. Célèbre pour ses dessins
et ses peintures, il l'est encore plus pour ses
« explorations » de la Nouvelle-Angleterre,
notamment pour l'avoir visitée en habits civils, ce qui nous
vaut ce commentaire savoureux de son supérieur, Claude
Dablon, dans sa Relation de 1674 : à Boston,
« quoiqu'il fût travesti, on se doutait pourtant
bien qu'il était Jésuite à cause de la science
peu commune qu'il faisait paraître » ! (JR,
59: 72).
Thibault Finet en propose une biographie fort
bien documentée, dont le résultat est étonnant
du point de vue des vocations et de la mission personnelle des
jésuites dans la colonie française. Le
mémoire édite en effet en annexe les pièces
documentaires à la source du travail, dont les lettres de
Pierron (qui avaient été rassemblées par le
jésuite Henri Béchard en 1959). Or, c'est la
première de ces lettres (p. 117-118, original latin
traduit par Valérie Gamache), adressée au
général Goschwin Nickel, à Rome, le 13 janvier
1662), qui présente le projet du jeune séminariste
encore à ses études de théologie. Il a fait
voeu de venir onze ans en mission auprès des
Amérindiens... de la Nouvelle-Angleterre (avant de
s'imaginer en Virginie dans sa lettre suivante ! mais le
général lui ordonne de renoncer à ce second
projet, comme au premier d'ailleurs). Pourtant, onze ans en
mission, avec l'objectif de mener son apostolat en
Nouvelle-Angleterre, c'est exactement ce qu'il fera, à peu
près, sans aucun résultat, il faut dire, du point de
vue du « projet » en question, puisque c'est en
Nouvelle-France qu'il aura laissé sa marque. On ne
connaît aucun projet personnel d'aucun autre missionnaire
aussi bien réglé dans toute l'histoire des
jésuites de Nouvelle-France.
2016, HARINEN, Julie, « Jean Pierron
et les dernières années d'un projet
"civilisateur" », Catherine Tekakwitha et la peinture
missionnaire : stratégies de conversion en
Nouvelle-France au XVIIe siècle, mémoire de
maîtrise en histoire de l'art, Université de
Montréal, 2016, x-112 p., chap. 1, p. 11-45.
[2741
2014, CARTMILL, Constance,
« Métissage rhétorique et duplicité
discursive dans les relations de voyage de Pierre-Esprit
Radisson », De Pierre-Esprit Radisson à Louis
Riel, voyageurs et métis, éd. de Denis Combat, de
Luc Côté et de Gilles Lesage, Winnipeg, Presses
universitaires de Saint-Boniface, 330 p., p. 25-44.
[2742
—— Le titre de la communication au colloque à
l'origine de ce recueil, en 1970, était
« l'Inscription de l'éloquence sauvage dans
les récits de voyage de Pierre-Esprit Radisson :
modalités et enjeux ».
2014, FOURNIER, Martin, « Radisson, de
l'histoire au roman : pour une analyse complexe des
réalités humaines », De Pierre-Esprit
Radisson à Louis Riel, voyageurs et métis,
éd. de Denis Combat, de Luc Côté et de Gilles
Lesage, Winnipeg, Presses universitaires de Saint-Boniface,
330 p., p. 45-56. [2743
2016, CARSON, James Taylor,
« Brébeuf was never martyred : reimagining
the life and death of Canada's first saint », the
Canadian historical review, vol. 97, no 2,
p. 222-243. [2744
Le surtitre de l'article est trompeur, car
l'auteur ne prend nullement en considération la canonisation
de Brébeuf (1930) en regard du récit inaugural de
Ragueneau (1649). Et il en va de même du titre :
l'article ne présente aucune réinterprétation
de « la vie et la mort » du missionnaire, sinon
en traduisant en anglais les réalités et les
conceptions amérindiennes. Et les traductions sont
forcément approximatives, à peu près comme
cela se lit dans le roman de Joseph Boyden.
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Note critique
Bizarre réécriture de la
« vie » et de la « mort »
de Brébeuf sous les traits d'Echon, son nom huron, comme
« Arbre médicinal ». L'auteur ne doit
pas savoir lire le français ni maîtriser ses sources
historiographiques pour écrire que « in 1988, Guy
LaFlèche (sic) celebrated Brébeuf's "heureuse mort"
at the hands of "quelques Infidèles", while a 1993 biography
[par René Latourelle] asked whether or not Brébeuf
was a "superman" » (p. 226). Triplement ridicule.
D'abord, les fragments cités ne sont pas de Guy
Laflèche, mais de son édition de la relation de 1649
de Paul Ragueneau ! (SMC, 3: 58-59, cité par notre
savant historien p. 227, n. 5). Ensuite, cet historien
ne connaît évidemment pas le compte rendu critique de
Laflèche, en 1996 (!), du livre de René Latourelle
(« Victime du supplice du feu au XVIIe siècle, le
missionnaire Jean de Brébeuf n'est pas un
martyr », bg. 684). Enfin, du point de vue
historiographique, l'auteur ne fait pas la différence entre
le point de vue « hagiographique » des
historiens du Canada français du XIXe siècle, et
jusqu'en 1950, et celui, « ethnologique », des
historiens canadiens du XXe siècle, dont la
caractéristique principale a été de s'ignorer
mutuellement.
La partie centrale de l'article est de l'ordre
de l'affabulation d'une biographie du missionnaire en Huronie,
à partir de son nom huron, dans le cadre d'une rêverie
ethnologique qui tourne autour de la pensée magique des
Wendats, pour conclure assez vaguement, que les missionnaires
jésuites étaient des
« colonisateurs », comme si, par
définition, convertir n'était pas christianiser,
européaniser et civiliser. En revanche, la
première et la dernière partie de l'article
présentent respectivement l'attaque iroquoise de
Taenhatentaron, au matin du 17 mars 1649, et les supplices de Jean
de Brébeuf et de Gabriel Lalemant, qui se déroulent
au cours de l'après-midi (Lalemant ne mourra que le
lendemain). Ces deux textes sont dignes de Joseph Boyden (the
Orenda, Toronto, Hamish Hamilton, groupe Pinguin Canada, 2013),
aussi bien du point de vue du contenu mythofictif que de leur style
romanesque, la narration accumulant les invraisemblances, .
Si le romancier J. Boyden nous a
inventé, parmi bien d'autres fantaisies (car j'ai beaucoup
apprécié les hosties empoisonnées par le
missionnaire désespéré, chap. [26],
« This is my body, which is for you »,
p. 459-462), a inventé, donc, un guerrier huron qui
épouse (de sa propre autorité) sa captive iroquoise,
dont il a massacré les parents, ce qui peut se justifier
dans un roman populaire, J. T. Carson imagine que l'armée de
« mille » guerriers « Mohawks and
Senecas » (sic) comprend des femmes, des épouses
et des soeurs (sic)... pour faire la cuisine ! Une
armée tapageuse que les habitants du village de
Taenhatentaron n'ont même pas entendu venir, ces imprudents
n'ayant pas eu la bonne idée européenne de poster des
sentinelles...
En plus, ce discours est appuyé
d'avalanches de « références »
disparates à la toute fin de chacun des cinq premiers
alinéas, et de nombreuses autres, ce qui n'a aucun sens dans
un exposé scientifique. Et le discours en question est
parsemé de belles reformulations en anglais de noms
supposés amérindiens. Exactement comme dans le roman
de Joseph Boyden.
Et la Canadian historical review de
frapper la page couverture du numéro d'une belle
reproduction de la gravure de Huret sur la carte de Bressany en
1657.
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2017, CLAIR, Muriel, « le Manuscrit
de 1652 sur les martyrs jésuites canadiens en
deçà d'une perspective hagiographique et
ethnologique », Penser l'Amérique : de
l'observation à l'inscription, éd. de N.
Vuillemin et de T. Wien, Oxford University Studies in the
Enlightenment, Voltaire Foundation, xiv-264 p., p. 43-55.
[2745
Présentation et lecture du
Mémoire touchant la mort et les vertus des pères
Isaac Jogues, Anne de Nouë, Antoine Daniel, Jean de
Brébeuf, Gabriel Lalemant, Charles Garnier, Noël
Chabanel et un séculier, René Goupil, éd.
de Paul Ragueneau, Manuscrit de 1652 (bg. 212).
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Note critique
L'étude, ou plutôt la
présentation générale, du Manuscrit de 1652
(comme aussi son édition manuscrite officielle, soit le
Manuscrit de 1653), conduit à la conclusion qu'à
l'opposé des RJNF, destinées à la publication,
cet ensemble disparate n'a pas de portée hagiographique ni
ethnologique; au contraire, il présenterait la
réalité brute de la mort des missionnaires
jésuites en Iroquoisie et en Huronie, de 1643 à 1649.
C'est tout à fait juste, puisqu'il s'agit d'un amalgames de
textes narratifs et de mémoires factuels donnés hors
contexte. On ne trouve là rien d'homogène. Par
exemple, le recueil juxtapose des extraits des RJNF et des textes
qui en ont été à la source, comme le
Narré de Buteux sur la Vie, le supplice et l'assassinat
d'Isaac Jogues, le tout accompagné de la première
partie du texte autobiographique de Jogues sur sa captivité
à Ossernonon. Et il faut préciser :
et cetera !
Mais Muriel Clair fait elle-même une
lecture brute de la pièce d'archives qu'elle n'évalue
pas correctement. Elle imagine que le recueil aurait
été réalisé pour les familles (toutes
en France !), les confrères jésuites, voire la
« population locale » (p. 45). Tel n'est
pas le cas. Il s'agit au sens strict d'une
« pièce d'archives », un ensemble
documentaire destiné rigoureusement aux archives des
jésuites de la Nouvelle-France, à Québec (je
souligne : non pas d'une pièce qu'on garde en
archives, mais qu'on produit pour y être conservée).
Le recueil est édité par le supérieur Paul
Ragueneau et réalise de fait l'enquête priliminaire
pro domo. L'enquête épiscopale en
béatification est lancée dès l'année
suivante, avec le Manuscrit de 1653, comme elle sera
relancée, avec le même manuscrit, en 1763. Les deux
opérations ont évidemment tourné court, mais
le document, original de Québec, réécrit,
constituera la pièce maîtresse du procès en
béatification qui se terminera positivement en 1925 (mais
à ce moment, ce ne sont plus des martyrs jésuites
qu'on destine à la canonisation, mais les « saints
Martyrs canadiens »).
C'est sur cette base que le recueil peut
être analysé. Il n'a jamais été
destiné à la lecture; on y trouve les sources
principales des rédactions de Jérôme Lalemant
dans sa Relation de 1647; tandis que des chapitres entiers sont
arrachés des relations de Paul Ragueneau, si je puis dire;
tout cela devient des « documents »
destinés à enregistrer et à authentifier les
portraits
ou les Vies de ces missionnaires et les descriptions les plus
factuelles possibles de leur mort. La pièce d'archives doit
préserver la mémoire des faits et en garantir
l'autenticité. Elle n'a aucune autre fonction. Il est donc
naturel que Muriel Clair trouve que le document, dans son ensemble,
est « illisible », sans valeur hagiographique
ni ethnologique, en particulier. Il faudra attendre sa publication
en 1925 pour que les historiens remettent peu à peu ces
textes très divers en contexte.
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2017, PASCHOUD, Adrien, « Du
récit à la gravure : les missions
jésuites de la Nouvelle-France à la lumière du
martyrologe de Matthias Tanner », Penser
l'Amérique : de l'observation à l'inscription,
éd. de N. Vuillemin et de T. Wien, Oxford University Studies
in the Enlightenment, Voltaire Foundation, xiv-264 p.,
p. 27-41. [2746
Le titre ne correspond pas au contenu de
l'article. L'auteur n'étudie nullement les missions
jésuites de la colonie française, mais simplement une
notice du compilateur Matthias Tanner présentant les
martyres de Jean de Brébeuf et de Gabriel Lallemant, avec la
gravure correspondante. Le surtitre convient encore moins, car
même après lecture de l'article, on ne sait pas ce que
désigne ici le mot
« récit » : s'agit-il du portrait
qui se dégage de la notice de Tanner ou celui qui lui
viendrait du mémoire de Christophe Regnault ? L'auteur
suppose en effet, de la manière la plus anachronique, que le
mémoire de Regnault serait la source de la notice de Tanner
et de sa gravure.
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Note critique
Manifestement, Adrien Paschoud est un lecteur
de livre de poche. Cela peut suffire aux critiques
littéraires. Mais dans le cas des travaux de recherche, il
faut apprendre à travailler en bibliothèque.
Justement, Matthias Tanner n'est pas, lui non plus, un savant
chercheur, mais un « compilateur ». À
la suite de nombreux autres (Alegambre et Nadasi, par exemple), il
a produit une somme considérable énumérant les
martyrs jésuites des origines à ses jours, un
fabuleux ouvrage illustré de 550 pages (SMC, 1: 170,
no 360). Il s'agit, on s'en doute, d'un ouvrage de
vulgarisation populaire, dont la source principale, sur la
Nouvelle-France, est le livre de
Ducreux (1664, bg. 209, p. 547-555, que Tanner recopie
encore textuellement). Par ailleurs, il faudrait confronter
l'ouvrage aux compilations d'Alagambre et de Nadasi, et de nombreux
autres, si l'on veut vraiment mener une analyse scientifique des
filiations de ces compilations populaires.
Imaginer un instant que le mémoire de
Christophe Regnault puisse être une
« source » de Tanner relève bien
évidemment de la lecture de livres de poche, Adrien Paschoud
ayant trouvé abruptement le mémoire dans la petite
anthologie de Gilles Thérien (1996, bg. 206).
Manifestement, il ignore tout de ce mémoire découvert
en 1885, par un heureux hasard. Cela a été alors un
événement considérable (SMC, 1: 166-167, nos
331-336, et 275-277) dans le développement du mythe des
saints Martyrs canadiens. Or, cela a été
également une avancée considérable pour
l'étude littéraire de la Relation de 1649 de Paul
Ragueneau, puisqu'on découvrait ainsi une source importante
dans la rédaction de ce chef-d'oeuvre (SMC, 3: 107, Ts2,
avec l'annotation du chap. 10, p. 171-258, qui suit pas
à pas l'utilisation et souvent la réécriture
de ce texte). — Je signale que la référence
à SMC, 3: 190 (p. 38, n. 30) est aberrante :
il s'agit manifestement d'une addition éditoriale fautive.
Et pour double cause ! A. Paschoud ignore
complètement cet ouvrage, c'est évident, tandis que
ses éditeurs ont tenté maladroitement de faire bonne
figure.
Je pense qu'il n'y a rien à tirer de
cet article, même en ce qui concerne l'analyse de l'ouvrage
populaire de Tanner. Je ne vois pas trop l'intérêt
d'étudier une seule des quatre notices et des quatre
gravures portant sur les martyrs jésuites; je ne vois pas
ce que l'on peut tirer d'un si petit corpus d'un ouvrage
« monumental », sans tenir compte, je l'ai dit,
de la série des ouvrages dont il fait partie (voir la
bibliographie, SMC, 1: « Les livres »,
p. 80-227).
Abruptement, l'auteur nous sort pour finir une
page construite sur une citation de seconde main, soit la citation
de Louis Hennepin par Gilbert Chinard. Nous sommes encore un peu
dans l'ordre du livre de poche, si je puis dire ! La citation
de G. Chinard est exacte : Hennepin, les Nouveaux
Voyages (1698, bg. 119, p. 146). Sauf que ce texte
n'est pas du récollet Hennepin, mais du
« récollet janséniste » Valentin
Leroux dans le Premier Établissement de la foi dans la
Nouvelle-France (1691, bg. 133, vol. 1: 283), qui
l'attribue à Joseph Le Caron, dont il invente les fameux
Fragments de 1624 construits à partir de la Relation de 1634
de Paul Lejeune. Non, cet extrait incendiaire ne représente
nullement la pensée des récollets, comme le dit
Adrien Paschoud. Il s'agit d'une composition du janséniste
anti-moliniste Valentin Leroux reprise tout innocemment par Louis
Hennepin, qui n'en comprend pas la signification (cf. Marc
Rochette, bg. 877).
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2004, GODDARD, Peter, « Two kinds of
conversion ("medieval" and "modern") among the Hurons of New
France », the Spiritual conversion of the
Americas, éd. de James Muldoon, University Press of
Florida, viii-273 p., p. 57-77. Voir no 2458. [2747
On comprend tout de suite, évidemment,
que la pensée médiévale est celle des
récollets, tandis que les jésuites seront les
modernes. Le problème qui se pose toutefois, c'est que les
récollets n'ont jamais eu de mission huronne comparable
à celle des jésuites. Joseph Le Caron accompagne
Champlain en Huronie durant l'hiver 1615-1616. Après cette
« mission exploratoire », la mission huronne
des récollets est lancée en 1623; les
jésuites s'y joignent en 1626; et cette mission prend fin
en 1629. Au total, le personnel missionnaire récollet se
résumera aux séjours de Le Caron (1623-1624), Viel
(1623-1625), Sagard (1623-1624) et La Roche d'Aillon (1626-1628).
Cela n'a aucune commune mesure avec la mission jésuite qui
se développera sur plus de 15 ans (1635-1650) et comptera
des dizaines de missionnaires. De plus, le Grand Voyage,
avec son « dictionnaire » huron, et
l'Histoire du Canada ne se comparent pas aux RJNF sur la
Huronie (d'ailleurs très peu utilisées ici). Bref,
la présentation de l'« attitude
missionnaire » des récollets en Huronie,
idéaliste, opposée au pragmatisme des jésuites
conduit à une cascade de questions forcément sans
réponse.
2009, KAUPP, Dorothée, « "Nos
premiers missionnaires" : l'histoire des récollets dans
les ouvrages franciscains au Canada (XIXe-XXe
siècle) », Études d'histoire
religieuse, vol. 75, p. 25-38. [2748
2016, HEBBINCKUYS, Nicolas, « les
Échos de Marc Lescarbot dans l'oeuvre de Gabriel
Sagard », Études littéraires,
« Autour de Gabriel Sagard », éd. de
M.-C. Pioffet, vol. 47, no 1, p. 23-37. [2749
2017, LAFLÈCHE, Guy, « Comme
les interprètes, les récollets ont baragouiné
l'innu durant dix ans », Paul Lejeune, missionnaire de
Nouvelle-France, le premier linguiste et grammairien de l'innu,
chap. 3, « Le baragouinage », Laval,
Singulier, 320 p., p. 77-105. [2750
2018, BERTHIAUME, Pierre,
« Recollecta strategica : une architectonie
indicale », les Récollets en
Nouvelle-France :
traces et mémoire, éd. de
Paul-André Dubois, Québec, Presses de
l'Université Laval, x-560 p., p. 299-315.
[2751
L'article étudie les textes
publiés sous les noms de Gabriel Sagard (1632 et 1636) et de
Chrestien Leclerc (deux en 1691), avec l'Histoire
chronologique rédigée par un militaire à
Québec en 1689-1690 pour Valentin Leroux. Il
présente ce corpus comme des « écrits des
récollets » de Nouvelle-France, comme on a des
« écrits des jésuites ». Pierre
Berthiaume étudie trois dénominateurs communs de ces
textes : la polémique anti-jésuite, la
soumission à la volonté divine et la
« primauté » de l'apostolat des
récollets. Ce dernier thème est une reconstruction
de Valentin Leroux, le PREMIER établissement de la foi
dans la Nouvelle-France (PEF), tandis que la lecture
traditionnelle des publications des récollets de la colonie
(toutes présupposées anti-jésuites) est
toujours faite rétrospectivement à partir de cet
ouvrage, le PEF donc, position qu'il partage en effet avec
l'Histoire chronologique écrite pour Leroux dans
cette perspective, ce qui ne correspond nullement à
l'Histoire du Canada, qui n'est pas anti-jésuite, et
encore moins au Grand Voyage, qui n'a rien de
polémique.
Anecdote amusante : ainsi Pierre Berthiaume
en vient-il à créditer le Grand Voyage d'une
pointe supposée « anti-jésuite »,
qu'on trouve en fait en tête de l'Histoire du Canada
(p. 8), opposant les araignées, les « envieux
et langues médisantes », qui n'ont dans cet
ouvrage rien de particulièrement jésuites, aux
abeilles récollettes (voyez l'article, p. 304).
2018, HEBBINCKUYS, Nicolas,
« Quelques exemples de scénographies viatiques
dans trois récits fondateurs de la
Nouvelle-France »,
sur le voyage de Verrazano, le premier voyage
de Cartier et celui de Jean Ribault, Scénographie du
récit de voyage et imaginaire viatique (XVIe-XVIIIe
siècles), éd. d'Isabelle Bour et de Line
Cottegnies,
Paris, Hermann (coll. « République des
lettres »), 282 p., p. 13-37. [2752
2013, GOMEZ-GÉRAUD, Marie-Christine,
« Entre savoir expérimental et science
livresque... », cf. no 2510. [2753
2014, BEAULIEU, Alain, « Gabriel
Sagard, le Grand Voyage du pays des Hurons
(1632) », Monuments intellectuels de la
Nouvelle-France et du Québec ancien : aux origines
d'une tradition culturelle, éd. de Claude Corbo, Presses
de l'Université de Montréal, 2014, 396 p.,
p. 65-74. [2754
2016, BROUÉ, Catherine, « le
Premier Établissement de la foy, une oeuvre
collective supervisée ? étude de la
réécriture d'un passage de l'Histoire du
Canada », Études littéraires,
« Autour de Gabriel Sagard », éd. de
M.-C. Pioffet, vol. 47, no 1, p. 77-96. [2755
Article sans aucun intérêt pour
l'étude des oeuvres attribuées à Gabriel
Sagard. Voir le no 2607.
2016, CÔTÉ, Sébastien,
« "Du reste il nous apprend peu de choses
intéressantes" : des (in)fortunes littéraires
de Gabriel Sagard », Études
littéraires, « Autour de Gabriel
Sagard », éd. de M.-C. Pioffet, vol. 47,
no 1, p. 129-144. [2756
Poursuit de manière très
pertinente le dépouillement d'Alain Beaulieu (ci-dessus,
2014) des références aux oeuvres attribuées
à Sagard dans les travaux du XVIIIe siècle (par
Bayle, Locke, Lafitau, Buffon, par exemple). Prolonge
également l'étude de Stéphanie Girard (2016,
ci-dessous) sur la réception de ces ouvrages dans les
histoires littéraires.
2016, GIRARD, Stéphanie,
« Gabriel Sagard dans les histoires du Canada
après la Conquête : une réception
ambivalente », Études littéraires,
« Autour de Gabriel Sagard », éd. de
M.-C. Pioffet, vol. 47, no 1, p. 109-128. [2757
Bien entendu, défoncer des portes
ouvertes, ce n'est pas très spectaculaire. En revanche,
prouver l'évidence, qui n'avait donc pas besoin de preuve,
cela peut-être gratifiant, si l'on s'adresse à des
lecteurs qui n'en savent rien. Bref, les historiens
jésuites, Ducreux, Charlevoix, jusqu'à Campeau (qui
n'occupe pas la place qui lui revient ici) ignorent, voire
dénigrent les oeuvres attribuées à Sagard; au
contraire, les historiens de l'« épopée
mystique », lui font une bonne place; tandis qu'il
prendra la vedette chez les ethno-anthropologues, du moins avec le
Grand Voyage. Tout le monde sait cela.
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Note critique
L'article commence toutefois sur deux fausses
notes.
En introduction, Stéphanie Girard parle
du Premier Établissement de la foy dans la
Nouvelle-France de Valentin Leroux (qu'elle attribue
explicitement à Chrestien Leclercq !), ouvrage,
déclare-t-elle pourtant, « dont la
paternité demeure contestée »
(p. 109). Contestée par qui ? C'est Serge Trudel
qui a découvert que Valentin Leroux était l'auteur du
PEF, dans sa thèse de 1997 (bg. 197). Guy
Laflèche et S. Trudel ont ensuite consacré un essai
à cette découverte spectaculaire, l'étudiant
de plusieurs points de vue (études de sources, statistique
lexicale, bibliographie matérielle et analyse de son
inspiration rigoureusement janséniste) : Un
janséniste en Nouvelle-France, en 2003 (no 2104). Depuis, personne, absolument
personne, n'a contesté cette découverte
extrêmement importante dans l'historiographie de la
Nouvelle-France. Cette « paternité »
n'a donc jamais été contestée depuis
près de vingt ans; affirmer le contraire, qui n'est pas
vrai, c'est soit de l'ignorance, soit de la désinformation
(malveillante), ou les deux.
Par ailleurs, contrairement à ce que
laisse croire le titre de son ouvrage (Historiae Canadensis, seu
Novae Franciae), Francois Ducreux n'a jamais eu l'intention de
rédiger une histoire du Canada (« auteur de la
première histoire de la Nouvelle-France en
latin » !), ni une histoire des missions de la
Nouvelle-France, mais bien une histoire de la mission
jésuite dirigée à partir de Québec, qui
commence en 1625. Dans sa « Préface »,
il dit quelques mots de la mission jésuite d'Acadie, puis de
celle des récollets de Québec.
« L'histoire des missions de la Nouvelle-France
commence réellement pour lui en 1625, avec l'arrivée
des premiers jésuites » (p. 109, n. 2).
C'est faux. C'est l'histoire des missions jésuites
(je souligne !) de Nouvelle-France qui commence en 1625,
à Québec, ce qui est incontestable, incontestablement
vrai.
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2016, HEBBINCKUYS, Nicolas, « les
Échos de Marc Lescarbot dans l'oeuvre de Gabriel
Sagard », Études littéraires,
« Autour de Gabriel Sagard », éd. de
M.-C. Pioffet, vol. 47, no 1, p. 23-37. [2758
L'auteur ignore que les sources du Grand
Voyage (mais pas de l'Histoire) ont été
identifiées et étudiées par Ugo Piscopo dans
sa traduction italienne commentée du Grande Viaggio nel
paese degli Huroni en 1972 (bg. 71), rapprochements qui
ont été plagiés et édulcorés par
un assistant de recherche pour se retrouver dans l'édition
de la « Bibliothèque
québécoise » (1990), mais dont Jack Warwick
(pourtant co-auteur, avec Réal Ouellet, de cette
édition commentée) n'a tenu aucun compte dans son
édition critique (1999).
Un état présent des
études de sources du Grand Voyage devrait donc tenir
compte du chapitre « le Fonti dell'opera »
(p. 81-93, analyse qui se poursuit au fil de l'annotation),
qui caractérise la réécriture de Lescarbot par
Sagard, sans compter celle de Cartier, Champlain et... Jean de
Léry ! par les deux auteurs.
2016, MURVAI, Peter, « "Qui harangue
le mieux est le mieux obey" : la parole "sauvage" dans
l'Histoire du Canada de Sagard », Études
littéraires, « Autour de Gabriel
Sagard », éd. de M.-C. Pioffet, vol. 47,
no 1, p. 65-76. Cf. no 2511. [2759
2016, PARÉ, François, et Sarah
Reilly, « Indices de l'enfance et de la filiation dans
les écrits ethnographiques de Gabriel Sagard »
(étude des chapitres 12 et 13 du Grand Voyage),
Études littéraires, « Autour de
Gabriel Sagard », éd. de M.-C. Pioffet,
vol. 47, no 1, p. 51-64 [2760
2016, PIOFFET, Marie-Christine,
« Gabriel Sagard, l'insoumis : une
archéologie d'une historiographie
polémique », Études
littéraires, « Autour de Gabriel
Sagard », éd. de M.-C. Pioffet, vol. 47,
no 1, p. 39-50. [2761
2016, POIRIER, Guy, « Charlevoix,
lecteur de Sagard », Études
littéraires, « Autour de Gabriel
Sagard », éd. de M.-C. Pioffet, vol. 47,
no 1, p. 97-107. [2762
Le lecteur de l'analyse ne manquera pas de
s'interroger : et si les critiques de Charlevoix
vis-à-vis de Sagard, et même des récollets en
général, étaient justifiées ?
L'auteur, lui, ne se pose jamais la question.
2018, BERRY, Lynn, « Gabriel and the
hummingbird », les Récollets en
Nouvelle-France :
traces et mémoire, éd. de
Paul-André Dubois, Québec, Presses de
l'Université Laval, x-560 p., p. 239-251.
[2763
2018, KELLMAN, Jordan,
« Récollet Naturalism and the colonial order in
seventeenth-century New France », les Récollets
en Nouvelle-France : traces et mémoire, éd.
de Paul-André Dubois, Québec, Presses de
l'Université Laval, x-560 p., p. 225-238.
[2764
Étudie la spiritualité
séculaire des franciscains, dans l'oeuvre de Hennepin, mais
surtout et principalement dans le Grand Voyage de Sagard.
2018, PIOFFET, Marie-Christine,
« Réécrire les mémoires des missions
récollettes : l'exemple singulier de l'Histoire du
Canada signée par Gabriel Sagard », les
Récollets en Nouvelle-France : traces et
mémoire, éd. de Paul-André Dubois,
Québec, Presses de l'Université Laval, x-560 p.,
p. 253-166. [2765
On lira cet article si l'on est
intéressé à la personne de Marie-Christine
Pioffet, qui propose encore une « critique
littéraire » sur les deux oeuvres
attribuées au frère Gabriel Sagard. Il ne fait pas
de doute qu'il soit le rédacteur du Grand Voyage
(1632), oeuvre du père Joseph Le Caron, je le
répète, car on ne revient pas d'un séjour de
quelques mois en Huronie avec une somme pareille, tandis qu'il
faudrait une « étude littéraire »
(on serait loin alors de la « critique »),
notamment une étude de genèse et de rédaction,
pour évaluer son éventuelle participation à la
rédaction de l'Histoire du Canada (1636). Et ce
rédacteur, s'il a poursuivi une ébauche de
développement de Sagard, est unique, comme le montre
l'uniformité dans la rédaction des additions et
développements, généralement faits à
partir des RJNF.
2018, GIRARD, Stéphanie, et
Marie-Christine
Pioffet, « Samuel de Champlain, Gabriel Sagard
et les mémoires des missions récollettes en
Nouvelle-France »,
Textes missionnaires dans l'espace
francophone, éd. de Guy Poirier, vol. 2,
« L'envers du décor », Québec,
Presses de l'Université Laval, 196 p., p. 11-30.
[2766
Les auteures envisagent quelques passages de
l'Histoire du Canada (1636), attribuée
à Sagard, qui seraient des répliques à de
supposés critiques de Champlain à l'égard des
récollets dans sa Relation de 1632.
2019, PIOFFET, Marie-Christine (avec la
collaboration de Peter Murvai), « Comment disent les
Amérindiens ? Gabriel Sagard et les langues
autochtones », Voix autochtones dans les écrits
de la Nouvelle-France, éd. de Sandrine Tailleur,
d'Émilie Urbain et de Luc Vaillancourt, Paris, Hermann
(coll. « République des lettres »),
372 p., p. 233-250. [2767
Chapelet de commentaires insignifiants sur des
vocables pris ici et là des oeuvres des récollets
attribués à Sagard, le GV et l'HC.
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Note critique
S'agissant de vocables hurons et montagnais,
on peut s'amuser de l'ignorance commentant comme un mot huron un
vocable montagnais parfaitement transparent, Ca
Iscoueouacopet (p. 241) : ka,
« celui-qui », iskueu, « de
femme », akup,
« vêtement », -et, participe
présent = « qui porte un vêtement de
femme », « qui porte une robe »,
« qui porte une soutane », « un
récollet ». L'information doit être de
Joseph Le Caron. Le mot est pris pour un vocable huron, de sorte
que son analyse est de l'ordre de l'élucubration. Avec, en
note un retour au montagnais, au sens de « je retrousse
ma robe » ! Tandis que la
« périphrase huronne » manifesterait le
« mépris » (p. 241, toujours) des
Hurons pour les récollets. Que cette bouilli pour les chats
vienne le plus sérieusement du monde dans une publication de
la Chaire de recherche sur la parole autochtone de
l'Université du Québec à Chicoutimi prouve
hors de tout doute que des linguistes des langues
amérindiennes devraient y participer et qu'on devrait se
méfier des « critiques
littéraires » qui ont l'art d'improviser au fil de
la plume.
Par ailleurs, je ne vois pas de raison de lire
de telles improvisations inspirées, toujours ici et
là, des savantes analyses du spécialiste des langues
iroquoïennes, Johm Steckley. Est-ce que la Chaire sur la
parole amérindienne ne pourrait pas donner la
parole au spécialiste sur la parole
iroquoienne ?
Pour finir, disons que ce n'est pas avec cet
article qu'on comprendra que les récollets ont
baragouiné les langues amérindiennes durant dix ans
(no 2750, p. 78-105
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2015, GUÉRETTE, Yves, « "Si le
Seigneur ne bâtit maison" : passions et
passion », comparaison des spiritualités de Marie
Guyart de l'Incarnation et de Catherine Simon de Longpré de
Saint-Augustin, éd. de Raymond Brodeur et de Gilles
Routhier, Québec, Novalis, 355 p., p. 141-157.
[2768
Cf. no 2658.
2017, FERRARO, Alessandra,
« Récits auto/biographiques de religieuses dans la
littérature de la Nouvelle-France (Marie de l'Incarnation et
Catherine de Saint-Augustin) », Présences,
résurgences et oublis : du religieux dans les
littératures française et
québécoise, éd. de Gilles Dupuis, de
Klaus-Dieter Ertler et d'Allesandra Ferraro, Frankfurt am Main,
Peter Lang, 260 p., p. 31-44. [2769
Voir no 2639.
Le récit de Hans Staden sur ses deux
séjours au Brésil et sur sa captivité chez les
Tupinambas accompagne et précède les relations de la
« Nouvelle-France » du Brésil, notamment
celles de Thevet et de Léry. L'impact de cette publication
(et de son iconographie) a été tel qu'il est
nécessaire d'en tenir compte dans la chronologie des
premières relations de voyage au Brésil.
Les études ethno-anthropologiques sur
les Tupinambas (et les tribus apparentées, amies ou
ennemies) sont nombreuses. Voir la bibliographie de J.-P. Duviols,
no 1302 . J'enregistre ici les
analyses susceptibles de se rapprocher des études
littéraires (essentiellement à partir de l'article de
Patricia Gravatt).
1991, NEUBER, Wolfgang, Fremde Welt in
europäischen horizont : zur topik der deutschen
amerika-reiseberichte des frühen neuzeit, Berlin, Schmidt.
[2770
1995, MENNINGER, Annerose, Die Marcht der
Augenzeugen : Neue Welt und kannibalen-mythos
(1492-1600), Stuttgart, Steiner. [2771
1996, MENNINGER, Annerose, « Hans
Stadens "Wahrhaftige Historia" : zur genese eines bestsellers
des reiseliteratur », Geschichte in Wissenschaft und
unterricht, vol. 47, no 9, p. 509-526. [2772
« On ne s'intéresse pas ici
à établir si Staden est réellement l'auteur de
l'ouvrage qu'il signe. Un certain nombre de critiques pensent que
[Johannes] Dryandet [1500-1560], professeur de médecine
à Marbourg et auteur de la préface du livre de
Staden, serait l'auteur du récit de voyage ».
Voir les travaux de Neuber et de Menninger désignés
ci-dessus. Note de P. Gravatt, 2008, p. 264, n. 3.
Par ailleurs, A. Menninger présente un dépouillement
des sources d'Hans Staden. Voir plus bas l'article de 2001.
1999, GASIOR, Bonnie, « Stereotype and
religion as theorical strategies in Hans Staden'Verdadera
Historia de un país de salvajes : desnudos, feroces,
y caníbales », Romance Languages
Annual, vol. 10, p. 595-599. [2773
2008, GRAVATT, Patricia, « les Voyages
de Hans Staden au Nouveau Monde », Écrire des
récits de voyage (XVIe-XVIIIe siècles) :
esquisse d'une poétique en gestation, actes du colloque
de York University (Toronto) organisé par M.-C. Pioffet et
Catherine Broué, édition de Marie-Christine Pioffet,
avec la collaboration d'Andreas Motsch, Québec, Presses de
l'Université Laval, 638 p., p. 263-277. [2774
2000, WHITEHEAD, Neil L., « Hans
Staden and the cultural politics of cannibalism »,
Hispanic American Historical Review, vol. 80,
no 4, p. 721-751. [2775
Le titre rend bien compte de l'objet de
l'article, présentant le cannibalisme sous l'angle d'une
pratique, voire d'une politique culturelle. Voir toutefois
l'article suivant, en ce qui concerne l'évaluation de
l'Histoire véritable.
2001, SCHMÖLZ-HÄBERLEIN, Michaela, et
Mark Häberlein, « Hans Staden, Neil L. Whitehead,
and the cultural politics of scholarly publishing »,
Hispanic American Historical Review, vol. 81,
nos 3-4, p. 745-751. [2776
Cette virulente critique de l'article de Neil
L. Whitehead est en même temps une présentation des
travaux d'A. Menninger dont l'auteur (qui prépare avec son
collègue Michael Harbsmeier une nouvelle édition et
une nouvelle traduction anglaise du récit de Staden) n'a
tenu aucun compte, en plus de présenter Staden comme le
premier écrivain sur les Tupinambas.
2015, HATZENBERGER, Antoine,
« Par-deçà
et par-delà :
hétérotopie du nouveau monde »,
l'Hétérogène dans les littératures
de langue française, éd. d'Isabelle Chol et de
Wafa Ghorbel, Paris, L'Harmattan, 289 p., p. 31-40.
[2777
Par-deçà, c'est l'Europe;
par-delà,
c'est le nouveau monde merveilleux ou monstrueux.
2015, MASSON, Peter, « André
Thevet, Pierre Belon and Americana in the embroideries of
Mary Queen of Scots », Journal of the Warbury and
Courtauld Institutes (London), vol. 78, p. 207-221.
[2778
Pierre Belon du Mans, l'Histoire de la
nature des oyseaux, Paris, 1555; Thevet, ses
Singularités, Paris, 1558... Voilà des
gravures américaines qui se retrouvent dans les broderies de
la reine d'Écosse ! Premier exemple illustré
(p. 210-211) : le toucan, oiseau d'Amérique.
« Illustration » des rapports entre la France
et l'Écosse, où Thevet joue un rôle important,
à travers un réseau de nombreux contacts
diplomatiques.
2016 DOUTRELEPONT, Charles, « Pour une
célébration mariale de 1711 : deux cantiques de
jésuites sur un air d'opéra », Textes
missionnaires dans l'espace francophone, vol. 1,
Rencontre, réécriture, mémoire,
éd. de Guy Poirier, Québec, Presses de
l'Université Laval, viii-184 p., p. 55-81.
[2779
*2017, BROUÉ, Catherine,
« Écriture et réécriture de
l'exploration de la Louisiane : le cas des Dernières
Découvertes de l'Amérique septentrionale de M. de la
Sale mises au jour par le chevalier de Tonti
(1687) », Odysseys/Odyssées : travel
narrative in french / récits de voyage en
français, éd. de Jeanne Garane, Leiden et Boston,
Brill et Radopi, x-243 p., p. 42-59. [2780
L'article impliquerait La Salle, Hennepin,
Pierre Boucher, François de Callières, Charlevoix et
Nicolas Denys.
2018, HEBBINCKUYS, Nicolas,
« Quelques exemples de scénographies viatiques
dans trois récits fondateurs de la
Nouvelle-France »,
sur le voyage de Verrazano, le premier voyage
de Cartier et celui de Jean Ribault,Scénographie du
récit de voyage et imaginaire viatique (XVIe-XVIIIe
siècles), éd. Isabelle Bour et Line Cottegnies,
Paris, Hermann (coll. « République des
lettres »), 282 p., p. 13-37. [2781
2016 DOUTRELEPONT, Charles, « Pour une
célébration mariale de 1711 : deux cantiques de
jésuites sur un air d'opéra », Textes
missionnaires dans l'espace francophone, vol. 1,
Rencontre, réécriture, mémoire,
éd. de Guy Poirier, Québec, Presses de
l'Université Laval, viii-184 p., p. 55-81.
[2782
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