Réplique à la mise au point de l'Association
En écho à la réplique du
directeur du
printemps, voici cet automne celle de l'Association des
étudiants du Département des études
françaises de l'Université de Montréal,
l'AEDEFUM. Encore un scandale. Pourquoi ? Tout simplement
parce que du printemps à l'automne, on a droit à une
répétition de la défense pro domo qui
réussit à ne tenir aucun compte du présent
répertoire consacré à l'analyse critique de la
prétendue Réforme.
Il s'agit pour les membres de l'Association de
se justifier, tout
bonnement, et, comme tout bon politicien, en ignorant la critique.
Opération de charme et de rhétorique, affaire de
demi-vérité et surtout l'art de ne pas
répondre aux questions et aux critiques.
La « Réplique » de
l'Association
étudiante prend la forme d'un dossier sur la Réforme
dans le Pied, le journal des étudiants du
département. Je le reproduis intégralement et le
commenterai ci-dessous. Tel quel, je dois préciser
qu'à mon avis, dans le cas particulier de ce dossier du
moins, le Pied me paraît le journal de l'Association
et non celui des étudiants. Aucun directeur ni aucun
comité de rédaction n'y est nommément
désigné. Toutefois, en éditorial,
Pierre-Olivier
Brodeur présente ainsi le dossier du volume 2,
no 1 (septembre 2004), du strict point de vue de
l'Association, évidemment :
« L'année dernière fut
mise en branle une
réforme complète [sic] du programme, jugé
obsolète (1). La chute du nombre de
nouveaux inscrits (2) ainsi que la grogne de
plusieurs étudiants et professeurs, surtout quant au fameux
FRA 1004 (le « cours de fiches » ou
« cours des 80 livres » ou, plus simplement, la
« grosse chienne ») dont l'évaluation
est problématique (3). Ce cours a donc
été aboli, ce qui a soulevé une vague de
protestations au département (4). Afin
d'essayer (je dis bien « essayer » !) de
jeter un peu de lumière dans ce débat des plus
obscurs, le Pied vous propose trois courts textes ayant pour
but d'expliquer cette réforme d'une importance capitale pour
la survie du département (5) ».
La vérité est plus
prosaïque : il s'agit
de supprimer le programme de lectures pour attirer plus
d'étudiants au département, ce qui correspond selon
moi et la majorité des étudiants de notre
département à une détérioration
considérable de notre programme, le tout
réalisé dans l'improvisation. Et je peux, moi,
utiliser le passif, étant donné que j'ai
été le principal agent de l'accusation
suivante : cette prétendue Réforme est faite
avec la complicité et l'accord unanime des
représentants étudiants qui, en outre, se sont
opposés à ce que je consulte les étudiants
qu'en principe ils représentent !
L'accusation est claire et c'est pour la
cacher que le dossier est
mis en place. Bref, il s'agit de justifier et de défendre
une prétendue Réforme que des représentants
étudiants auraient dû normalement combattre avec la
dernière énergie.
En tout cas, le moins que l'on puisse dire est
que Pierre-Olivier
Brodeur tourne autour du pot de telle sorte que personne ne
comprenne la seule question qui importe du point de vue d'une
association, soit la belle unanimité dont ses dirigeants ont
fait preuve pour supprimer le programme de lectures, ce qui est
évidemment injustifiable de la part de
« délégués » ou de
« représentants » en regard des
résultats de la consultation que j'ai menée. La
consultation, la parole aux étudiants, pas un mot
là-dessus,
faut le faire — car si le journal étudiant devait
rendre compte d'une chose, c'est bien de cela.
Voici donc les trois textes (chacun
correspondant à une page
du dossier) qui réussissent magistralement à noyer ce
beau poisson, comme si la question était de savoir ce que
pensent les représentants (qui pensent comme la
direction !) pour qu'on oublie ce que peuvent penser les
représentés, c'est-à-dire les
étudiants. Et moi, comme quelques autres.
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Dossier Réforme
Mise au point [?]: Réforme 2005
Le comité des études de premier
cycle, de concert
avec (6) les membres de
l'A.É.D.É.F.U.M., a élaboré un nouveau
programme d'études pour le B. A. spécialisé en
études françaises. La proposition du dit
comité fut votée majoritairement à
l'assemblée départementale en date du 28 juin 2004.
La mise en application de ce programme est prévue pour
septembre 2005, et sa structure se compose ainsi (7) :
I. Bloc des cours obligatoires (24 crédits)
II. Blocs des cours à option (54 crédits)
A. Blocs fondamentaux (36 crédits)
B. Blocs complémentaires (18 crédits)
IIII. Bloc des cours au choix (12 crédits)
Les cours obligatoires de première
année totalisent
15 crédits et sont conçus pour permettre à
l'étudiant d'acquérir des bases en Études
littéraires (3 cr.), Grammaire (3 cr.),
Histoire littéraire (3 cr.), Histoire de la
langue française (3 cr.) et Analyse de texte
(3 cr). Le FRA 1004, Programme individuel de
lectures, est aboli; la liste de lectures est en partie
maintenue (8) et les oeuvres qui la
composaient seront redistribuées uniformément dans
quatre des cinq cours obligatoires (9), dont
celui d'Analyse de textes (qui remplace le FRA 1012,
à l'origine nommé Études de textes). La
question du découpage historique et générique
sera évidemment prise en compte dans cette
redistribution (10). Pour leur part, les
cours de deuxième année accordent une place
prépondérante aux problématiques
méthodologiques concernant l'analyse de textes, tant au
niveau théorique que pratique. Le FRA 2001,
Programme de lectures critiques, transformé en cours
atelier, sera donné en alternance tout au long de la
deuxième année avec le FRA 2000,
Théories et méthodes critiques. Il repose
principalement sur des exercices de mise en application des
approches théoriques (11). À
la session d'hiver, un cours de trois crédits qui aborde la
dimension historiographique de la littérature est
dispensé.
Les cours à option ne sont plus
répartis en fonction
des siècles et des périodes, mais sont
distribués dans différents blocs portant les
intitulés suivant : « Histoire des
littératures et du théâtre »,
« Poétique et parcours de lecture »,
« Théories », « Langue
française et philologie », « Pratiques
d'écriture »,
« Intermédialité et
interdisciplinarité », « Études
culturelles », « Métiers de
l'édition et de la culture », « Langues
et littératures anciennes et
étrangères ». Les trois premiers blocs,
dits fondamentaux, impliquent le choix d'un nombre minimum et
maximum de crédits à suivre tandis que les sept
autres font l'objet de choix personnels (12). Les orientations Dramaturgie et Francophonie,
qui avaient été créées en 2001,
parallèlement à l'orientation Fondamentale, sont
maintenues et des cours spécifiques sont offerts pour les
inscrits.
Le nombre de cours
« Hors-programme » demeure
le même (9 crédits), par contre le nombre de cours du
« Bloc Y » est réduit à 3
crédits. Cette dernière modification est jugée
nécessaire afin de permettre aux étudiants de
choisir plus de cours portant le sigle FRA ou faisant parti des
nouveaux blocs du programme.
Ève Messier, présidente
Marie-Claude Primeau,
déléguée aux affaires
académiques.
Pour plus d'information sur les
détails de ce programme
:
etudesfrancaises@hotmail.com
Le point de vue de l'Asso
Depuis le début de la session d'automne
2003, le
comité des études de premier cycle a travaillé
activement à la réforme du programme du
Baccalauréat spécialisé en études
françaises. Deux membres de votre association
étudiante, Ève Messier, présidente, et
Marie-Claude Primeau, déléguée aux affaires
académiques, étaient présentes
(appuyées par Kathrine Sylvestre et Catherine Gendreau) aux
réunions de ce comité à titre de
représentantes étudiantes (13). Le contenu de ces réunions et des deux
journées d'études, qui rassemblèrent tous les
professeurs du Département, fut discuté au cours de
l'année lors des réunions du Conseil exécutif
de l'A.É.D.É.F.U.M. (14).
L'association étudiante a tenté, dans le meilleur de
ses moyens, de bien représenter la communauté
étudiante et de faire valoir ses intérêts
auprès des professeurs (15). Voici
donc les grandes lignes de notre position face à cette
réforme.
La réforme du nouveau programme a
été
conçue pour donner une plus grande liberté aux
étudiants qui n'avaient pas auparavant beaucoup de marge de
manoeuvre dans leurs choix de cours, dans un ancien programme
souvent jugé trop rigide (16). Le
nombre de crédits obligatoires sensiblement
diminué (17) permet ainsi à
l'étudiant de façonner un programme (18) à son image et de choisir ses cours
selon ses intérêts, sans pour autant que sa
connaissance générale et panoramique de la
littérature française en soit affectée (19). La diminution des cours obligatoires permet
aussi de s'inscrire à plus de cours à option (20), et de choisir dans une banque de cours
renouvelée, qui compte nombre de nouveaux libellés
tels que « Parodie et pastiche »,
« Rhétoriques du corps »,
« L'art de la critique », « Mythe et
littérature », « Littérature et
photographie : regards croisés » ou «
Littérature et journalisme ». De plus, la
création d'un bloc « Métiers de
l'édition et de la culture » offrira la
possibilité de suivre plus d'un stage au cours des trois
années de baccalauréat (21).
La disparition de l'ancienne séparation
des corpus par
siècle et par territoire relève de ce désir de
liberté mais aussi d'une vision de la littérature
plus ouverte, moins catégorisée (oui : (12)).
L'objectif du programme n'est plus de lire le plus possible et de
couvrir tous les corpus (22), mais de
favoriser une lecture féconde, plus en profondeur (23), sans toutefois perdre de vue sa dimension
historique. Ne plus valoriser la quantité, mais la
qualité des lectures. Ce fameux Programme individuel de
lectures, le FRA 1004, rebaptisé au cours des
années
par les étudiants « le cours de
fiches », ne nous semblait pas être le meilleur
outil pour lire autrement. La liste des oeuvres, classées de
façon un peu obsolète par genres, siècles et
auteurs, non seulement donne une vision fausse de
totalité, mais constitue un moyen inefficace pour lire de
façon constructive. Elle appelle à une lecture
superficielle des oeuvres au programme (24),
et l'évaluation inadéquate qui en découle
souvent ne peut que le refléter. Durant nos années
de bac, nous avons pu observer autour de nous la frustration des
étudiants face au côté aléatoire de ces
évaluations, leur profond sentiment d'injustice face
à l'inégalité des exigences des
différents professeurs (25).
Les problèmes d'évaluation des
fiches (25) et la faiblesse de la valeur formative (24) des lectures du FRA 1004 expliquent
pourquoi les crédits alloués à ce
cours (26) ont disparu du nouveau programme.
Toutefois, nous avons eu vent de moult échos qui criaient au
scandale (27), affirmant que le
Département d'études françaises voulait
supprimer la lecture de son programme. Ce qui ne peut être
plus faux (28). La liste de lectures, qui
sera passablement remaniée, sera redistribuée dans
les cours obligatoires de première et deuxième
années, ainsi que dans quelques cours à
option (29). Ces lectures encadrées
et informées permettront de ventiler l'évaluation
dans le choix de nouveaux cours rendus possible par la
libération (30) des six
crédits du FRA 1004. Soyez assurés que la lecture ne
disparaîtra pas du Département, ce n'est qu'une
structure différente qui l'encadrera, et elle ne sera que
plus représentative de la fécondité (31) de la littérature française.
A.É.D.É.F.U.M.
Association des étudiant(e)s du
Département
d'études françaises de l'Université de
Montréal
Contre la Réforme (*)
Qu'est-ce qu'une réforme? Une
réforme est un
ensemble de mesure visant à modifier, pour
l'améliorer, un programme ou une structure quelconque.
Étrangement, cette définition ne s'applique tout
simplement pas à l'exercice auquel se livre actuellement le
département d'études françaises. En effet,
les changements apportés au programme sont d'une telle
ampleur que l'on est en droit de considérer cette
« réforme » comme l'élaboration
d'un programme carrément nouveau. Et pire que
l'ancien (32).
Au centre des changements effectués se
trouve l'abolition du
FRA 1004, « Programme individuel de
lectures ». Il semblerait que ce cours, qui constitue le
noyau central du B. A. spécialisé en études
françaises, ne permette pas une « lecture
approfondie » des oeuvres. Certes, il n'est pas possible
de s'attarder beaucoup sur un texte précis lorsqu'il y en a
79 autres à lire. Mais si les lectures faites sont si
superficielles, comment se fait-il donc que l'immense
majorité des étudiants juge ce cours essentiel
à leur développement littéraire ?
(*) (33). Tout simplement
parce qu'en tant
que programme individuel de lecture, il permet à
l'étudiant d'acquérir une grande autonomie ainsi
qu'une approche originale des oeuvres littéraires. Avant
d'entrer au département, je n'avais jamais lu activement
(c'est-à-dire crayon à la main). En relisant mes
fiches dernièrement, j'ai pu me rendre compte de l'immense
progrès en terme d'analyse littéraire que ce cours
m'a fait accomplir, progrès autonome qui aurait
été impossible si mes lectures avaient
été dirigées (34).
Mais plus grave encore (35), l'abolition du
FRA 1004 ne peut que nuire aux étudiants qui, contrairement
à ce que prétendent certains, se retrouveront avec
une charge de travail beaucoup plus importante qu'auparavant. Ils
perdent en effet 6 crédits qui leur étaient
attribués simplement pour lire à la maison. Or, le
comité sur la réforme nous indique que la liste de
lectures sera en partie maintenue. Est-ce à dire que les
étudiants, aux prises avec deux cours de plus (qui viendront
remplacer les 6 crédits du FRA 1004), devront lire
autant? Qu'ils auront une charge de travail semblable mais moins
de temps libre?
Ces deux questions sont difficiles à
répondre, car
personne ne sait combien d'oeuvres seront maintenues, dans quels
cours elles seront distribuées, si elles feront l'objet
d'évaluation ou non. Et c'est certainement le
côté le plus dangereux de cette réforme qui,
malheureusement, semble caractérisée par
l'indécision et l'obscurantisme. À moins d'un an de
la mise en place du nouveau programme, il semble que nul ne sait
exactement en quoi il consistera.
(*) Voir la page de Guy
Laflèche à
ce sujet,
http:_//_www.mapageweb.umontreal.ca/lafleche/po/li
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Commentaires critiques
(*) En post scriptum à
l'éditorial du numéro suivant de la revue,
Pierre-Olivier Brodeur
s'identifie comme l'auteur du texte :
« ERRATA : Dans le dernier numéro,
l'auteur de l'article « Contre la
réforme » a omis de le signer. Cet auteur
c'était moi ». On comprend dès lors
pourquoi le plaidoyer n'est pas fort fort. Non pas parce que
Pierre-Olivier Brodeur ne l'est pas, bien au contraire (surtout si
la stratégie est de noyer le poisson !), mais tout
simplement que son objectif, dans ce texte, n'est nullement de
défendre le programme et de s'opposer à la
prétendue Réforme. Il s'agit pour lui de
« représenter » les opposants, qui sont
pourtant majoritaires, de manière artificielle,
évidemment, en jouant au « texte
d'opinion ».
Par contraste, on voit bien maintenant que le
texte de
l'Association des étudiants est anonyme... Il s'agit d'un
écrit de fonctionnaires, on va vite le comprendre, fort bien
rédigé.
(1) Vous remarquerez le passif qui frappe ce
jugement critique : il implique que ce sont les
étudiants qui portaient ce jugement et qu'ils ont
contribué pour cette raison à lancer la
Réforme. Ce n'est pas une menterie, car ce n'est pas ce qui
est dit.
(2) Voilà l'expression de l'agent de la
phrase passive : l'administration. En général,
les béni-oui-oui intériorisent si bien la
pensée de ceux qu'ils encensent qu'ils en inversent les
rôles. Ici, le porte-parole de l'Association n'exprime
évidemment pas le point de vue des étudiants, pour
lesquels le Programme de lectures est jugé essentiel
à 70%, mais bien celui de l'administration qui s'occupe des
clientèles étudiantes qu'il ferait fuir.
(3) Point de vue de l'Association et d'une
minorité d'étudiants qu'on fait d'ailleurs
témoigner en style direct (ce qui est interdit, en droit
comme en morale : on n'a pas le droit de faire
témoigner les absents, surtout qu'on fait ici parler
anonymement de manière vulgaire des non-témoins).
D'où le
court-circuit entre le Programme et son évaluation, la
« grogne » (des professeurs
réformateurs ?!) étant reportée de l'un
à l'autre pour justifier implicitement la Réforme qui
le supprime. Après mes explications, cette faute de logique
devrait maintenant être interdite.
(4) Avec son beau « donc », la
phrase est rédigée de telle manière que tout
le monde
comprenne que la vague de protestation n'était pas
justifiée, puisque tout jusqu'ici avalise le point de vue de
l'administration, de la direction et de l'association.
(5) Pierre-Olivier Brodeur écrit vraiment
bien. Il faut une explication de texte serrée pour voir
tout ce qu'il laisse entendre, à savoir que le dossier
tentera de justifier la Réforme dans la mesure du possible,
car il s'agit d'une question vraiment difficile. Ce n'est pas ce
qu'il dit, évidemment (car alors on ne le croirait pas),
mais c'est la pensée qu'il impose à son lecteur dans
cette phrase, puisqu'on en est à une Réforme
« capitale » (sic) pour la
« survie » (sic) du département, rien de
moins !
(6) « De concert avec » ? Pas
du tout. Le Comité des études est constitué
d'un nombre statutaire de membres, dont deux représentants
étudiants; le Comité prépare les propositions
qui sont soumises à l'Assemblée du département
pour adoption, assemblée qui comprend elle aussi ses
représentants étudiants. Justement, contrairement
aux professeurs, les étudiants sont à tous ces
niveaux des délégués ou des
représentants élus pour défendre les
intérêts de leurs commettants. Or, toute cette
dernière année, les
« représentants » étudiants, sur
cette question de la prétendue Réforme, sont
restés complètement silencieux au cours de ces
Assemblées jusqu'au moment, comme on dit, de
« voter comme le bos ». Les
représentants étudiants, cette année, en
Assemblée départementale, n'ont jamais soulevé
la moindre objection ni la plus petite observation lors de la
discussion des propositions qu'ils ont purement et simplement
avalisées — même lorsque je les ai
accusés de
nuire à ceux qu'ils représentaient, leur
précisant qu'ils devraient bien devoir rendre compte de leur
position. Je rappelle, méchamment, que 70% des
étudiants consultés depuis considèrent que...
(7) Cette proposition ne correspond pas à un
programme, mais au cadre général d'un programme.
C'est cette structure et ses composantes qui sont décrites
et énumérées dans ce premier texte, qui
reproduit en la justifiant la proposition du Comité des
études, c'est-à-dire celle de la Direction. Si l'on
ne connaît pas la structure actuelle du programme de cours
axée sur deux programmes de lectures, la Liste de lectures
des oeuvres littéraires en première année et
des textes critiques en deuxième, on ne peut rien comprendre
à la portée de la proposition. Or, c'est ainsi et
pour cela qu'elle a été conçue : on
cache qu'il ne
s'agit pas d'une réforme du programme, mais bien d'un
changement de programme dont le premier effet est de supprimer le
Programme individuel de lectures.
(8) Entourloupette que j'ai longuement
« expliquée » : comment peut-on la
répéter encore ?
On vient de voir que le Programme individuel de lectures est
aboli par ricochet, sans que cela ait été
étudié, proposé et voté. Et on
s'empresse de proclamer que si le peigne est détruit, on
garde toutes ses dents.
(9) Entourloupette également
dénoncée ici : j'ai expliqué que
c'était tout bonnement impossible. C'est la
répartition (sic) des dents du peigne entre les poches. Il
faut donc faire la liste de ces oeuvres : le bon sens le plus
élémentaire dit qu'on doit savoir quelles oeuvres
seront associées à quels cours, combien il y en aura,
comment l'étudiant trouvera le temps de les lire puisqu'on
supprime le programme de lectures et qu'on lui ajoute ainsi deux
cours (qui forcément comprendront leur lot de lectures) et,
puisqu'on y est, comment ces lectures seront évaluées
dans ces cours, étant donné que la difficulté
de l'évaluation était le point de départ du
raisonnement conduisant à la Réforme. Ah
misère... J'ai commencé ma note avec le mot
« poche » qui est aussi un adjectif. Il me
semble qu'après tout un été, il ne faut pas
être trop poche pour simplement comprendre les arguments
exposés ici, de sorte qu'il ne devrait plus être
possible de rejouer les entourloupettes de l'année
dernière.
(10) Toujours la même entourloupette,
même si c'est incroyable : qui fera ce miracle et
comment ? Le Comité ne propose évidemment pas
la liste des 15 ou 20 oeuvres qu'il faut associer à chacun
des quatre cours, pour la bonne raison que c'est impossible. Bref,
il est évident que pour répéter tout cela, il
faut forcément ignorer les objections à ces
justifications, car elles ne constituent en rien des
éléments d'un programme : ce sont là des
voeux pieux qui avaient cours lors de l'assemblée du 28
juin ! Il y a tout un répertoire qui a
été mis en place depuis, chers auteurs de la Mise au
point de septembre ! Vous ne l'avez pas lu ? Dire que
plus de cent vingt étudiants y ont collaboré...
(11) Rien de cela ne change quoi que ce soit
à la structure de l'enseignement en deuxième
année. Or, là est le problème, puisque les
étudiants liront maintenant les textes critiques... sans
connaître les oeuvres consignées actuellement dans le
Programme de lectures et dont des morceaux de la Liste se
retrouveront, paraît-il (29), dans des
cours de deuxième
année, ce que la présente « Mise au
point » ignore pour ne pas mettre en évidence
l'absurdité de cette hypothèse qui veut que les dents
du peigne soient fermement maintenues en place sans le peigne.
(12) Tout cela est la catastrophe d'un naufrage
annoncé, qui s'explique par la tendance
« littérature comparée ».
Cet enseignement (s'il n'est pas du niveau des
études
supérieures s'adressant à des chercheurs qui
connaissent bien au moins une des littérature de leur
langue) consiste tout simplement à couper les oeuvres de
leur ancrage socio-culturel pour en faire des objets de devoirs
scolaires artificiels. Malheureusement (!), les
littératures sont nationales et toujours datées. Une
analyse critique du corps enseignant actuel du
département des études françaises de
l'Université de Montréal explique facilement
l'ostracisme socio-politique dont est victime, avec ce Nouveau
Programme, l'enseignement des littératures
française, québécoise et (ce qui est encore
plus caractéristique) « francophones ».
Ce désengagement historique de l'actuelle pratique de
« littérature comparée » est
d'abord et avant tout un phénomène politique qui se
répercute forcément dans l'engagement des
professeurs, dans la mise en place de leurs cours et dans
l'établissement du programme d'études. Inutile
d'inverser le raisonnement : il ne s'agit pas de mettre en
place un
programme « québécois » ou
« national » de l'enseignement des lettres
françaises à l'Université de Montréal.
Il faut au contraire s'assurer que cet enseignement ne soit pas
détourné de sa fonction au profit d'un programme
d'enseignement des littératures aseptisées de leurs
dimensions nationales. C'est ce que réussit la tendance
« littérature comparée » dans le
changement de programme que le coup de force actuel impose aux
étudiants qui l'appuient sans comprendre qu'ils en sont les
premières victimes.
Le principe est simple : toute
littérature est nationale.
C'est la condition littéraire. Un corpus littéraire
se lit et s'analyse d'abord, nécessairement et par
définition, à partir de sa situation historique, ses
périodes, ses genres. Relisons :
« Les cours à options ne sont plus répartis
en fonction des siècles et des périodes,
mais... ». C'est le meilleur moyen d'aseptiser
l'enseignement de la littérature québécoise et
de tuer la valeur de la littérature française,
exactement comme c'était le cas jusqu'à
récemment dans l'enseignement des professeurs
français en « mission » dans les
colonies. Il me semble qu'à l'Université de
Montréal, on pourrait se passer de cela.
(13) Voilà qui est un peu plus clair et
juste que ce qu'on lisait en tête de la section
précédente : deux représentantes ont
« assisté » aux réunions du
Comité des études et en ont avalisé les
propositions, sans plus.
(14) On aimerait avoir copie des documents qui ont
pu être préparés à cette occasion. En
tout cas, je peux témoigner que jamais l'association n'a
pris contact avec moi, notoire opposant à l'abolition du
Programme individuel de lectures, avant de s'opposer
à mon initiative de consulter les étudiants. Il me
semble qu'une des grandes questions qui aurait dû les
préoccuper était celle de l'évaluation du
programme de lectures. Est-ce qu'on pourrait connaître leurs
avis (pluriel) sur ce sujet ? — Abolition du
Programme
individuel de lectures...
(15) Bravo. C'est bien. Des représentants
sont d'ailleurs élus précisément pour cela.
— Abolition du Programme individuel de lectures...
C'est
bien, n'est-ce pas ce que vous avez obtenu et défendez
toujours ? Comme dit l'éditorialiste du Pied,
c'est « obscur » et on aurait besoin d'un peu
de « lumière dans ce
débat ». Enfin, bref, pour
« bien représenter la communauté
étudiante et [...] faire valoir ses intérêts
auprès des professeurs », vous avez demandé
et obtenu l'abolition du Programme individuel de lectures.
Je n'ai qu'une seule toute petite question : pourquoi ne
l'écrivez-vous pas ?
On remarquera que c'est la première
fois (et la seule) que
je vise précisément ceux qui représentent
l'autorité de l'Association et j'espère qu'on m'en
saura gré. Mais j'espère aussi que ce ne sera pas le
cas des étudiants ainsi représentés.
(16) Faux. Le Programme individuel de
lectures (FRA 1004), comme son nom l'indique, ne
correspond à aucun cours, à aucune présence en
classe. Il vaut pourtant six crédits, soit deux cours
« obligatoires » qu'on remplace par deux
cours à option supplémentaires. Si on ne comprend
pas ce programme individuel que l'on fait mine de compter
comme « cours obligatoire », le nombre de cours
obligatoires est toujours exactement le même, soit un total
de 24 crédits. Mais le programme comprend maintenant
deux cours à option de plus. Parfois, je me demande si des
étudiants de lettres savent compter !
(17) Pas diminué du tout.
(18) Oui, avec deux cours à option de plus,
trois en fait, puisqu'on devra maintenant choisir un cours de moins
hors programme, ce qui n'est pas forcément une bonne chose.
Dieu a créé l'homme à son image, sauf qu'il
doit travailler, lui, l'homme. Comme l'étudiant du Nouveau
Programme créé aussi à son image : on va
le faire suer, le pauvre ! Vraiment baveux.
(19) Rhétorique de voeux pieux. En
revanche, le Programme individuel de lectures est aboli. Et
ce n'est pas à lui que s'applique cette belle phrase.
À son abolition.
(20) Non, non : la suppression du programme
de lectures force maintenant l'étudiant à prendre
deux cours à option de plus.
(21) Des cours renouvelés et des cours
nouveaux, on en trouve périodiquement des dizaines comme
ceux-là depuis la création du département.
Souvent, d'ailleurs, ce sont les étudiants et leurs
représentants qui en amènent la création.
Est-ce que l'un ou l'autre de ces cours auraient été
suggérés cette fois-ci par l'association à la
suggestion des étudiants ? Cela dit, cela dit, cela
n'a rien à voir avec notre sujet. Pigeons au hasard deux de
ces cours : « L'art et la critique » et
« Mythe et littérature », ajoutons-les
au programme de n'importe quel étudiant; voilà ce
qui remplacera maintenant son programme de lectures. Hum!... Je
serais le professeur de l'un de ces cours que j'en serais
vraiment désolé. Déprimé.
(22) Ridicule. Jamais cela n'a été
le sens et la fonction du Programme individuel de lectures.
L'avis des étudiants qui ont suivi ce programme est
largement d'accord à ce sujet.
(23) Je m'excuse, mais il faut tout de même
prendre en considération la critique avant de
répéter des âneries. J'ai expliqué, et
tous ceux qui ont suivi le programme sont largement unanime aussi
à cet égard, que le programme de lectures n'est pas
là — comme c'est le cas de tous les autres cours
— pour
favoriser la lecture approfondie, mais bien pour prendre
connaissance du corpus littéraire des lettres
françaises sur la base de 80 oeuvres choisies
individuellement dans le vaste corpus de la Liste de lectures,
corpus ouvert. Et je m'excuse d'insister, mais je pense que je
pourrais faire comprendre à un collégien du
secondaire la différence entre le fait de prendre
connaissance, de faire une première connaissance, d'avoir un
premier contact avec une oeuvre et en faire une lecture
« approfondie ». En tout cas, des
spécialistes d'études littéraires comprennent
cela facilement. Comme il s'agit d'un « argument de
comité », je peux dire qu'il est vraiment
ridicule. L'opposition de la
« qualité » et de la
« quantité » des lectures n'est
manifestement pas de mise s'agissant d'un programme de lectures.
D'ailleurs, laissez-moi dire le fond de ma
pensée :
pour exprimer ces objections ridicules (tout « argument
de comité » qu'il s'agisse), cela signifie tout
simplement que l'on ne sait pas lire. Avec l'expérience que
j'ai, je confirme : bien plus de la moitié des oeuvres
de nouveaux auteurs que je lis au fil des ans ne valent pas autre
chose qu'une lecture superficielle ! Par ailleurs, je ne l'ai
pas assez bien expliqué ? toute première
lecture est forcément
« superficielle ».
(24) « La liste des
oeuvres, classées de
façon un peu obsolète par genres, siècles et
auteurs, non seulement donne une vision fausse de
totalité, mais constitue un moyen inefficace pour lire de
façon constructive ». L'adjectif
« obsolète », doit être un
adjectif significatif de la tendance « littérature
comparée », certainement. Jamais, il me semble,
un étudiant de notre département n'écrirait
cette phrase. C'est rigoureusement impossible. Il s'agit donc
d'un « argument de comité »
intériorisé par les représentants
étudiants. Il serait dépassé,
vraiment ?, de classer les oeuvres d'une Liste de lectures
« par genres, siècles et
auteurs » ? Je suis mort de rire,
évidemment. Et une « liste » de
lectures donnerait une « vision fausse de
totalité » ? — et ici, c'est syntaxiquement
qu'il
faut admirer le style « littérature
comparée » ! Pour le contenu, c'est encore
à mourir de rire : établir une
« liste de lectures », pour un
« spécialiste » de littérature
comparée, c'est très dangereux, car cela donne
l'impression, évidemment fausse (!), que tout
n'échapperait pas à la liste et qu'on doive y voir,
forcément, un palmarès. Ce qu'il y a de grave, dans
cet argument angélique, c'est précisément la
complaisance pour l'ignorance, établie d'avance. Il ne fait
pas de doute que la connaissance des littératures
(forcément nationales, je me permets de le
répéter), n'est pas l'objectif de ces adeptes des
grandes oeuvres et de celles qui nous tombent sous la main. Il ne
leur vient pas à l'esprit qu'une Liste de lectures est
forcément un instrument, un instrument de découverte.
En tout cas, une Liste de lectures est « un moyen inefficace pour lire de
façon constructive ». Textuel. Bref,
absolument aucun étudiant formé dans notre
département ne peut avoir ces arguments
« littérature comparée », qui
constituent forcément des arguments de comité. Comme
on le voit, ces représentants étudiants se
défendent comme ils peuvent, avec les idées des
autres. Ce ne sont pas de bonnes idées.
Bon d'accord, je me suis laissé
emporter, depuis ma note précédente (avec plaisir
d'ailleurs : permettez que je m'amuse un peu !). Car de
deux choses l'une, ou bien les auteurs de ce texte ne savent pas de
quoi ils parlent (peu probable), ou bien ils reprennent de vieux
arguments de l'année dernière (auxquels j'ai
précisément répliqué) pour sauver la
face. On ne peut pas confondre la fonction d'un programme de
lectures portant sur quatre-vingts oeuvres et un cours, qui permet
d'approfondir quelques oeuvres. Il n'est pas logique d'abolir un
programme parce que ce n'est pas un cours !
(25) Encore et toujours la confusion entre un
programme et son évaluation. Toutefois, si l'on veut dire
que c'est la nature d'un programme de lectures que de ne pouvoir
être évalué, alors on a un gros problème
de compétence ! Une part importante de mon travail
consiste à aider mes étudiants à dresser des
listes de lectures et à évaluer ensuite leurs
dossiers lectures.
(26) Les « crédits alloués
à ce cours ont disparu » : serait-ce un
exercice de style humoristique qui consisterait à reprendre
les expressions de la Direction du département ? On
dirait du Molière façon Précieuses
ridicules. On ne dit plus « abolition du programme
de lectures », mais « disparition des
crédits alloués à ce cours » !
« "Épiler", dites-vous, mais quelle
vulgarité. —
N'est-il pas nécessaire, dites-moi un peu, de bien pommader
le
museau de ce Nouveau Programme et d'y retirer aussi par pincette de
quelques coups secs les six poils alloués à cette
naissante moustache, ma chère Magdelon ? — Pour
moi,
j'aime terriblement les énigmes de quelques oeuvres qu'on
lira profondément (= lentement), valorisant non la
quantité mais la qualité (= lisant peu) et
autrement, oui, autrement » — Lire
autrement ? — Mais oui, Magdelon, nous ferons des
lectures
dirigées, « encadrées et
informées » ! — Oh ! ce sera la
liste
de lectures épilée de ses lourds et fastidieux
crédits. — Mais c'est ce que je te disais depuis le
début, Magdelon, toujours grossière avec ton
"épilation" : les « crédits
alloués à ce cours ont disparu ».
(27) Au lieu de ces « moult échos
qui criaient au scandale », ce serait plus simple et plus
efficace d'en venir au présent répertoire... Comme
cela, on ne ferait pas trop facilement dire des niaiseries à
l'écho, comme de se plaindre du fait de « vouloir
supprimer la lecture du programme ».
(28) Maintenant, c'est explicite, et
jusqu'à la fin de la section, c'est bien le
rhétorique de la Mise au point de la Direction qui est
reprise, proche du mot à mot. Jusqu'au pathétique de
la dernière phrase.
(29) Encore ? Donc des morceaux de la Liste de
lectures seront distribués en deuxième
année ? Et... dans des cours à option ?!
N'importe quoi. C'est ce qu'on lisait, il est vrai, justement,
dans la Mise au point de la Direction.
(30) Point d'exclamation ! On abolit un
programme de lectures qui est l'équivalent de deux cours
dont le temps était consacré à la lecture; on
remplace ce programme par deux cours; et on ose
sérieusement parler de la « libération des
six crédits » du programme !
(31) « Littérature
française » : lapsus évident de ceux dont
s'inspirent nos auteurs. Peu importe. Excusez-moi de briser
l'élan de cette
bien belle phrase, mais il me semble que la fécondité
(sic) de la littérature française (comme de quelques
autres) devrait impliquer
qu'on lise plus, pas moins. À la fécondité
devrait correspondre la quantité, alors qu'il s'agit de
militer pour la qualité de la rareté. Pour que la
phrase soit plus profonde et en même temps moins creuse, je
pense qu'il faudrait mettre plutôt facondité:
« ... la facondité de quelques oeuvres et
extraits
soigneusement choisis de la littérature
française » et de quelques autres.
(32) Je ne pense pas qu'on puisse montrer que le
nouveau programme est mauvais, pire que l'ancien, d'abord parce
qu'il n'est pas encore mis en forme et ensuite parce qu'on ne
pourra le juger qu'à l'épreuve, si par malheur il
remplace le programme actuel. En revanche, justement, on peut
faire la preuve que le programme actuel du département des
études françaises est excellent, aussi bien en
pratique qu'en théorie, ce qui s'explique par le fait qu'il
est le fruit d'un demi-siècle d'expérience, de
nombreuses réformes et d'ajustements constants, annuels. Il
n'y a aucune raison d'en changer. La prochaine réforme,
comme toutes les autres, devrait venir des nouveaux professeurs,
sous la poussée des étudiants. Certainement pas des
administrateurs dont l'objectif est d'augmenter la
« clientèle ».
(33) Voilà ce qu'il faut reprocher à
cet excellent article anonyme : il permet aux membres de
l'Association de s'exprimer en ignorant totalement la critique,
puisqu'elle se trouve précisément
« représentée » par ce
« texte d'opinion » qui
« symbolise » le point de vue adverse. Ce que
cache cette rhétorique jésuite de la
disputatio, c'est précisément l'information
représentée ici par une allusion et une
référence aux présents fichiers.
Aussi bien du point de vue de l'information
journalistique que de
la responsabilité intellectuelle et morale, il fallait
nécessairement rendre compte de la consultation des
étudiants que j'ai réalisée, du fait que
l'Association s'y soit autoritairement opposée et, bien
entendu, de ses résultats. Là — et avec
l'analyse
critique qui en découle — devait commencer le
débat.
Autrement, on n'a que ce que l'on trouve ici,
un faux débat,
où le « Point de vue de l'Asso » et le
« Contre la Réforme » s'ignorent
respectivement. Ce qui, bien entendu, est le seul et unique
objectif, réussi, de l'exercice. On appelle cela noyer le
poisson.
(34) Évocation de deux des nombreux
bienfaits du Programme individuel de lectures,
l'expérience de la constitution et de la maîtrise de
vastes corpus de lectures et l'expérience personnelle
(forcément) de la lecture préalable à toutes
les formes de l'étude littéraire. Par ailleurs, je
pense qu'il est très juste d'opposer comme l'auteur la
lecture personnelle et la lecture dirigée, d'autant qu'il le
fait mieux que moi dans mon argumentaire, en mettant l'accent sur
l'autonomie et la nécessaire liberté dans
l'acquisition d'une culture littéraire.
(35) « Mais plus grave
encore... ». C'est bien un étudiant qui
rédige ces deux derniers alinéas ! Avec la
valeur du diplôme délivré par le
département de l'Université de Montréal
(fortement associée à la Liste de lectures dans le
milieu de l'enseignement au Québec), ces deux derniers
alinéas seraient propres à toucher directement les
étudiants qui risquent d'être victimes des
Réformateurs. Malheureusement, un « futur
étudiant » n'existe pas, puisqu'il n'existe pas
encore. Même les étudiants actuels sont difficiles
à mobiliser, pour la raison inverse qu'ils ne seront jamais
touchés par la Réforme. C'est donc le public qu'il
faut sensibiliser à la question, avec l'aide des
étudiants (anciens et actuels) de notre département
qui connaissent bien la question et peuvent l'exposer de
manière percutante et efficace.
Ce n'est pas le cas de ces deux alinéas
avec leurs arguments
qui ne sauraient mobiliser personne. Il faut donc
réécrire tout cela : le cadre de programme qui
a été adopté repose sur des propositions qui
n'ont pas été débattues de manière
transparente et des projets qui ne sont même pas
formulés, de sorte que l'on a pris des décisions non
éclairée impliquant des engagements dont personne ne
connaît actuellement la portée. D'où les deux
alinéas qu'on va lire maintenant. Conclusion : il
semble que les Réformateurs n'aient pas fait un travail
compétent. Ils doivent s'expliquer publiquement ou refaire
leurs devoirs. Voilà la question qui doit être
posée aux représentants étudiants. On
n'attend pas d'eux une défense de la Réforme
appréhendée présentée comme leur
« point de vue ». On attend une analyse
globale de la situation dont les résultats, s'ils sont
compétents, devraient les conduire à défendre
le Programme individuel de lectures et par conséquent
la structure actuelle du programme de cours dont il est le
noyau.
Il me semble que le mot d'ordre devrait
être le mien, tel que
je le défends vis-à-vis des professeurs depuis le
printemps dernier : on veut une réforme, une
amélioration du programme, et non un autre programme. Il
faut défendre vigoureusement le Programme individuel de
lectures et exiger que ses modes d'évaluation soient
étudiés et revus, comme le demande la majorité
des étudiants.
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