Les interventions du redoutable polémiste (nous le sommes tous) restent généralement sans réplique, malheureusement, ses victimes n'éprouvant pas le besoin qu'on mesure davantage la justesse de la critique et c'est bien dommage, cela nous permettrait de rire encore un peu, car si le polémiste est intervenu, c'est évidemment parce que ce n'était pas drôle du tout. La formule : polémique = réplique (pamphlétaire (sans réplique)).
L'éléphant de porcelaine L'arpenteuse du racisme La brouillonnologue de la CGMM Notre critique et sa poésie
Les fulminations de Dominique Deslandres, de René Latourelle et de Robert Toupin contre le « Mythe contemporain Laflèche »

Polémiques II

Guy Laflèche,
Université de Montréal

La Liste de lectures

Résultats de la consultation

Pour 70% des étudiants du département, ce cours est essentiel !
De même, 70% considèrent que
le nombre de 80 oeuvres n'est pas trop élevé.

Le « trafic de fiches » est un mythe.


 

Résultats de la consultation

      Voici les résultats de la consultation des cent premiers répondants au questionnaire : ce nombre a été atteint le mercredi 23 juin 2004 et j'ai entrepris de compiler les résultats le vendredi suivant. — Aujourd'hui, dimanche le 28 juin, je compte 116 répondants, mais je m'en tiens aux cent premiers, de sorte que les « données brutes » correspondent aux « pourcentages », sans avoir à calculer de proportions.

      On trouvera dans la section « Méthodologie de la consultation » l'analyse de l'établissement et du traitement de ce corpus en fonction des règles des sondages et consultations.

      Je rappelle sommairement la liste des questions :

  1. Refus de répondre
  2. L'année où le programme de lectures a été suivi
  3. — Étudiants/étudiantes
  4. Est-ce que le nombre d'oeuvres est trop élevé ?
  5. Les fiches ! comment le cours a-t-il été évalué ?
  6. Ce cours a-t-il été pour vous inutile, important ou essentiel ?
  7. Quelles autres questions devrait-on poser ?

Refus de répondre

Refusez-vous ou ne pouvez-vous répondre à cette consultation, alors que vous avez suivi ce cours? — Oui ou non. Inutile de passer à la suite si vous répondez oui ! (;=)).

      Six (6) étudiants ont retourné le questionnaire sous le titre « Pas de réponse ». Deux avant, quatre après l'intervention du directeur (le 4 juin). De ces deux premiers refus, le premier est justifié (« faute de temps ») et correspond bien à un refus de répondre, tandis que le second ne l'est pas, de sorte que je ne sais pas si le répondant a ou non suivi le cours (c'est à la suite de ce message que j'ai reformulé la question pour indiquer que la consultation ne s'adresse évidemment pas... à ceux qui n'ont jamais suivi ce cours).

      Ces six répondants ont été remplacés par six autres, de sorte que le corpus n'est pas de 100, mais de 106 messages, dont 100 répondants, les cent premières personnes qui ont accepté de répondre au questionnaire. Cela correspond à un refus de répondre de 6/106, soit un taux de 5,6%, ce qui est évidemment négligeable. En effet, lorsque j'ai conçu mon questionnaire, j'imaginais que le taux d'insatisfaction vis-à-vis du Programme individuel de lectures était à ce point élevé que de très nombreux étudiants refuseraient de répondre à un questionnaire où ils seraient identifiés, même si je garantissait la confidentialité des réponses. Dans mon esprit, il s'agissait donc d'un « sondage » qui s'évaluerait au taux des répondants. Mais à partir du moment où le taux de participation atteint presque les 95%, il ne s'agit plus d'un « sondage », mais bien d'une forme de « consultation ».

L'année où le programme de lectures a été suivi

En quelle année (par exemple 2001-2002) avez-vous suivi le Programme individuel de lectures et précisez son sigle (FRA 1004) et le nombre de crédits (6 crédits). Les étudiants de Sciences de l'éducation suivent ce cours sous un autre sigle (FRA 1003) : il s'agit d'une demi-liste de lectures (3 crédits); pire encore, des étudiants de Baccalauréat en Sciences humaines le suivent... en troisième année ! (FRA 1012, 3 cr., avec suppression en pratique des FRA 2000/2001, paraît-il).

      Ont suivi le FRA 1004 de 6 crédits : 95
Ont suivi le FRA 1003 de 3 crédits :  5

      Les 100 étudiants ont suivi le cours en :

1989-1990 : 1
1992-1993 : 1
1994-1995 : 2
1995-1996 : 1
1996-1997 : 2
1997-1998 : 2
1998-1999 : 6
1999-2000 : 13
2000-2001 : 13
2001-2002 : 23
2002-2003 : 23
2003-2004 : 13

      À supposer que tous les étudiants qui ont terminé leur baccalauréat cette année 2003-2004 avaient suivi ce cours en 2001-2002, cela signifie que (12 + 22 + 23 =) 57% des répondants sont des étudiants de baccalauréat et 43% d'anciens étudiants de baccalauréat, dont une proportion importante probablement sont actuellement aux études supérieures.

Corrélation du taux de satisfaction en fonction du temps

      Est-ce que le taux de satisfaction augmente avec le temps ? si je puis dire ! Oui, mais cela est bien loin d'inverser les proportions : si les étudiants considèrent de plus en plus que ce cours leur a été essentiel, c'est qu'ils étaient déjà une très forte proportion à le penser dès le départ.

      Voici d'abord les résultats bruts en fonction des années :

1989-1990 :  essentiel = 1
1992-1993 :  essentiel = 1
1994-1995 :  essentiel = 2
1995-1996 :  essentiel = 1
1996-1997 :  essentiel = 2
1997-1998 :  essentiel = 1  important = 1
1998-1999 :  essentiel = 6
1999-2000 :  essentiel = 10  important = 3
2000-2001 :  essentiel = 10  important = 3
2001-2002 :  essentiel = 11  important = 11  inutile = 1
2002-2003 :  essentiel = 13  important = 10
2003-2004 :  essentiel = 10  important = 2  inutile = 1

      Selon l'hypothèse que les étudiants de baccalauréat auraient tous suivi le cours en 2001-2002 ou après, alors, les chiffes absolus et les proportions sont les suivants :

      Pour les étudiants de baccalauréat, le cours est
  essentiel = 34 (58%); important = 23 (39%); inutile = 2 (3%).

      Pour les étudiants ayant terminé leur baccalauréat, le cours est
  essentiel = 34 (83%); important = 7 (17%).

Étudiantes/étudiants

      Si le genre des prénoms des répondants (tel que je peux l'évaluer) est un bon indice du sexe des répondants, alors notre échantillon compte :

82 étudiantes
18 étudiants

      Je profite de l'occasion pour préciser que dans le présent fichier tous les étudiants sont désignés au masculin (notamment pour ne permettre d'identifier personne), le genre non marqué, parce que je ne soupçonne aucune corrélation entre le sexe des répondants et les réponses aux questions. Ce qui est tout à fait normal, au niveau où se situe mon questionnaire.

      Dans les questions proposées à la section 6, de même que dans les commentaires, je n'ai pas effacé les accords en genre. J'ai parfois pensé que les commentaires des étudiants étaient plus féroces que ceux des étudiantes. Mais je ne pense pas que cela puisse se démontrer ou se confirmer. En revanche, je suis actuellement en contact avec quelques étudiants pour discuter de la situation et préparer la suite de nos interventions, pour ou contre, indistinctement. Les proportions sont nettement de 2/3 d'étudiantes pour 1/3 d'étudiants. Ceux-ci paraissent donc pour l'instant beaucoup plus actifs et engagés. Cela dit, la plus active de nous tous est une femme. Ça au moins, c'est logique.

Est-ce que le nombre d'oeuvres est trop élevé ?

Trouvez-vous que le nombre d'oeuvres à lire (quatre-vingt titres) est trop élevé en fonction des 6 crédits alloués? (ou quarante titres pour trois crédits). Répondez par oui ou non.

Oui : 28
Non : 72

Les fiches ! comment le cours a-t-il été évalué ?

      Malheureusement, je n'ai pas posé ici les bonnes questions et correctement, celles de savoir si l'on était satisfait des modes d'évaluation et ce que l'on proposerait à ce sujet. Mais les commentaires ont été tellement nombreux qu'on verra vite que dans l'ensemble les étudiants sont satisfaits de la méthode dite des « fiches », qui consiste à évaluer le programme dans le cadre du cours Études de textes (FRA 1012, 6 crédits), généralement à l'aide d'un contrôle des fiches au cours d'un ou deux examens oraux, tandis que dans quelques cas il s'agit explicitement d'un « contrôle continu », ce qui paraît être largement le cas de manière implicite.

Évaluation. Vous avez probablement été évalué en présentant des «fiches de lecture» dans le cadre de votre cours FRA 1012, Études de textes. Selon certaines allégations (dont je n'ai aucune confirmation, ni la moindre preuve, je dois dire), il y aurait un lucratif marché de fiches ! Mes questions...

      Évidemment, lorsque j'ai formulé cette introduction (que j'ai dû d'ailleurs très vite reformuler à ma courte honte ! s'agissant évidemment d'allégations), j'étais persuadé de l'existence d'un tel trafic. Avec plus de cent témoignages, je peux maintenant affirmer qu'il s'agit d'allégations sans aucun fondement et que c'est aux Réformateurs d'en faire la preuve. On le verra clairement aux témoignage spontanés. Le mythe d'un fabuleux et lucratif trafic de fiches de lecture tient en fait à une pratique répandue, mais très restreinte, qui consiste à s'aider d'ouvrages de références ou de sites internets, voire de l'expériences de ses amis, pour rédiger quelques-unes de ses « fiches de lecture ».

      Ici, deux remarques complémentaires s'imposent.

      Il s'agit d'un phénomène extrêmement localisé qui est lié aux fameuses « fiches » et, bien entendu, au temps que l'on peut consacrer à chacune des quatre-vingt oeuvres du programme de lectures. Que l'on cherche de l'aide pour remplir sa fiche sur les Poésies de Stéphane Mallarmé, cela me surprendrait un peu moins que dans le cas d'un des recueils de Lamartine.

      En revanche, le mythe du trafic de fiches est, évidemment, une grossière insulte aux examinateurs qui connaissent leurs étudiants tout au long de l'année dans le cadre du cours d'Étude de textes. Et peu importe ! Si je dois évaluer les lectures d'un étudiant, je ne pense pas que sa « fiche » sur le Rouge et le noir puisse remplacer sa lecture de l'oeuvre après ma première question s'il ne l'a pas lue, qui sera suivie forcément de son bafouillage.

      Cela dit, il faut aussi comprendre que les étudiants puissent se prêter plus ou moins facilement à l'expérience de la « Liste de lectures » et que plusieurs qui y ont mis tellement de temps et d'énergie se persuadent (avec raison) qu'on évalue fort mal un travail auquel ils sont convaincus que peu d'autres ont consacré autant d'efforts. Et il est évident qu'il y a en effet peu d'étudiants qui considèrent (comme moi  à mon âge !) que ce cours est un cadeau et que, s'il doit se payer par une note « injuste », ce devrait être le moindre des soucis de tous ceux qui en tireront une culture littéraire qui n'a pas de prix. Je dirais même que la payer par un peu d'humilité, c'est la moindre des choses.

      Mais cela semble venir avec le temps, comme on l'a vu à la fin de l'analyse des réponses à la question précédente.

4a. Avez-vous été évalué essentiellement sur des fiches de lecture? Oui ou non.

Oui : 34
Non : 66

      Le nombre de « oui et non » (classés « non », évidemment) est tellement élevé que les 34 étudiants qui répondent « oui » se contredisent très généralement à la question 4c, expliquant que leurs fiches servaient de point de départ ou d'appui à un examen oral. Comme on le verra aux commentaires spontanés relatifs à cette question, les étudiants qui s'opposent à la rédaction des fiches et à ce qu'elles servent à l'évaluation sont vraiment une toute petite minorité.

      Comme je n'ai jamais de ma vie fait de « fiches de lecture » et qu'on me paierait cher pour en faire, j'ai été très surpris de cette réaction. Mais je crois comprendre maintenant, n'ayant jamais participé à l'évaluation du programme de lectures, qu'il s'agit non pas de « fiches », mais d'un « formulaire » représentant le point de départ de dossiers de lectures. — Sauf que dans mon esprit les notes et dossiers de lectures sont tellement personnels qu'il y a quelque chose de très artificiel à les réduire à des fiches ou à des formulaires. Mais les commentaires des répondants prouvent hors de tout doute que j'ai tort et qu'il n'y a pas de mal à ce que la pédagogie commence mal.

4b. Si oui ou si vous avez fait des fiches pour l'évaluation : toutes vos fiches étaient-elles personnelles? Oui ou non.

— Malheureusement, dans la première version de mon formulaire, la question se formulait ainsi :

Si oui : toutes vos fiches étaient-elles personnelles? Oui ou non .

      Il suit que de nombreux étudiants n'ont pas répondu à la question, sauf si elle est en corrélation avec la question précédente, ce qui est alors systématique (si on répond « oui » à 4a, alors on répond à 4b). Quoi qu'il en soit, les résultats sont les suivants :

      Six (6) répondants disent que leurs fiches ne sont pas toutes personnelles, trois précisant avoir utilisé les fichiers internets; un la compétence de son conjoint.

      Quarante-cinq (45) répondants précisent (s'ils répondent « oui » à la question de savoir s'ils ont été essentiellement évalués par des fiches) ou tiennent à préciser que toutes leurs fiches étaient entièrement personnelles.

      J'ai pris contact avec tous les répondants qui évoquaient de quelque manière que ce soit une pratique étendue de copie de fiches, voire de trafic (2 cas, 2%) : il appert que le trafic relève du mythe, et la copie plus ou moins systématique, de l'exception. Puisque 6% des répondants disent que leurs fiches ne sont pas toutes personnelles, il est plus que probable que la proportion soit en fait de plus du double (mettons au moins 15%), mais je n'ai absolument aucun moyen de la chiffrer. Si l'on me demande mon avis à titre de pédagogue, je dirai que cette proportion est nécessairement négligeable et que je ne comprends vraiment pas comment des professeurs même ont réussi à faire de ces allégations un argument pour la suppression du programme.

4c. Si non : quel a été le mode d'évaluation : présentation d'un dossier (de lectures), examen oral (appuyé ou non par vos «fiches» de lecture ou d'autres documents), examen écrit (explication de texte, sommaire d'un groupe de vos lectures sur une période ou dans un cadre donné). Répondez en quatre ou cinq mots seulement.

      Vous demandez quatre ou cinq mots à des universitaires et vous obtenez en général quatre ou cinq lignes. On trouvera ces textes dans les commentaires spontanées. Il est inutile de chiffrer les réponses qui se regroupent ainsi, comptant même ceux qui pensent avoir été évalués « essentiellement » sur des fiches de lecture :

1) L'étudiant est évalué sur la présentation de ses fiches de lecture lors d'un examen oral.

      Curieusement, les proportions sont souvent inverses ! 40% pour les fiches, 60% pour les réponses orales — ou exactement l'inverse, donc. Les proportions varient (par exemple, 30%/70% et 50%/50%), parfois considérablement : 10% pour l'examen des fiches et 90% pour l'oral (mais pas l'inverse). La réponse la plus courante se trouve dans la question : « un examen oral appuyé par les fiches de lecture », sans autres précisions.

2) Un petit nombre de répondants, environ 15%, attestent d'autres formes d'évaluation : contrôle continu dans le cadre du cours d'Études de textes; remises périodiques de fiches; deux examens oraux; présentation de dossiers de lecture; oral sous forme d'explication de texte, avec droit d'utiliser ses fiches de lecture pour le préparer.

Ce cours a-t-il été pour vous inutile, important ou essentiel ?

Essentiel : 68
Important : 30
Inutile : 2

      Ces deux derniers étudiants comptent parmi les cinq qui ont suivi le cours FRA 1003 de 3 crédits (pour un total de 40 oeuvres et non 80) des Sciences de l'éducation. L'un répond simplement A, l'autre « pas très important mais pas inutile non plus », réponse comptée pour A en bonne méthodologie.

      Il faut attendre le cent onzième (111e) répondant pour trouver un étudiant d'études françaises qui considère que ce cours a été pour lui « un mélange de (a) et de (b) », de sorte que sa réponse puisse être comptée pour A, inutile.

      Bref, 68% des répondants pensent que ce cours a été pour eux essentiel. Si l'on s'en tient aux seuls étudiants du département des études françaises, il suit que plus de 70% d'entre eux considèrent que ce cours est essentiel.

Quelles autres questions devrait-on poser ?

      Lorsque j'ai lancé mon courriel, je pensais obtenir quelques réponses qui me permettraient de convaincre mes collègues et les représentants étudiants de prendre en main ce « sondage »; d'ailleurs, je leur en ai vite adressé copie, de sorte que c'est pour eux je posais cette question. J'ai vite compris deux choses.

      D'abord que je n'aurais l'aide de personne dans cette entreprise ! c'est le moins qu'on puisse dire.

      Ensuite, que la question permettait à une majorité des répondants d'exprimer de manière simple et objective leur appui au Programme individuel de lectures, ceux notamment qui répondent strictement et objectivement, sans aucun commentaire, aux questions qui leur étaient posées.

      On lira ces formulations souvent très incisives sous le titre :

Les bonnes questions selon les répondants

      Cela dit, il est fort difficile de limiter des universitaires en Lettres aux réponses oui ou non et a, b ou c... Les commentaires ont dont été très nombreux au fil des cent messages qui représentent ici les résultats de la consultation (et la méthodologie explique comment j'ai dû gérer ce phénomène). En revanche, on trouvera tous ces commentaires, encore plus incisifs que les « bonnes questions », dans le fichier suivant :

Commentaires spontanés des répondants


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