Dans les jours qui ont suivi la publication du
second article de Vincent Larouche — c'était alors
deux à zéro —, le Devoir, qui n'a pas
rendu compte de l'information, nous présentait l'agenda de
sa journaliste vedette pour son festival annuel de Cannes, ce
printemps (30/3/2016). Une belle liste de films qu'on ne verra pas
à Montréal avant 18 mois, avec la grande nouvelle que
Woody Allen ouvrira le festival et que Xavier Dolan, certainement,
en sera. J'ai protesté auprès de la rédaction
du journal pour son silence volontaire sur la nouvelle importante
sortie dans la Presse et qui n'est tout de même pas un
fait divers, d'autant qu'une contre-poursuite de deux millions et
demi de dollars est une bonne occasion de faire connaître sa
version des faits. Pourtant, la nouvelle de la Presse a
tout de suite été reprise dans Ici
Radio-Canada
(29/3/2016), à la suite d'une entrevue de la
ministre Mélanie Joly par Alain Gravel : on n'avait
reçu aucune demande d'aide du FFMM à Ottawa à
ce moment.
Mario Girard a pris le relais de Vincent
Larouche, toujours dans la Presse, trois jours plus tard
seulement, le 1er avril, avec une entrevue de Serge Losique, dans
sa chronique intitulée « Une 40e année
symbolique pour le FFM ». Fidèle à son
habitude, Serge Losique veut tout ignorer des difficultés de
son festival (comme naguère des critiques qu'on lui
adressait). Il parle plutôt avec enthousiasme de sa
programmation en cours. Trente films sont à ce moment
sélectionnés, un hommage au cinéma turc
s'élabore et, contrairement aux prédictions de
mauvais augures, une section du cinéma chinois est
déjà en place. Mario Girard, qui a reçu la
primeur d'un documentaire inédit qui tartine Poutine, n'en
fait pas moins le tour des difficultés du FFMM, journalisme
oblige. Il n'a pu obtenir de nouvelles informations de la SODEC,
bien entendu, mais pas non plus de la ville de Montréal; il
a tout de même interrogé la municipalité pour
informer les Montréalais, ce qui constitue un bel effort
journalistique : « le moment n'est pas encore venu
de discuter (sic) publiquement de ce dossier », lui a
fait dire l'ineffable Manon Gauthier, responsable de la culture,
dont on avait pu apprécier la célèbre
logorrhée du 20 juin 2014 dans le Devoir.
Finalement, c'est une excellente nouvelle que nous apprend Mario
Girard : en avril, la SODEC de Monique Simard n'a pas encore
imposé à Manon Gauthier ce qu'elle doit faire et ce
qu'elle doit dire au sujet du FFMM 2016... C'est
déjà ça.
La journaliste, le fonctionnaire, la victime :
Nathalie Petrowski
Jean E. Fortier
Ezio Carosielli
La journaliste manipulée
le gestionnaire manipulateur
et une victime des manipulations
Voici le chapitre le plus inattendu, le plus
spectaculaire et le moins réjouissant de tout cet essai sur
les aléas du FFMM. On va, dans cette affaire, de surprise
en surprise, mais jamais je n'aurais pensé trouver un os
pareil.
O. Tremblay, avec sa naïveté
impayable, a pris contact avec Ezio Carosielli et lui fait dire, ce
qu'il n'a jamais pu dire (alors qu'elle le cite pourtant en
italique et entre guillemets !), que son éventuelle
implication dans l'exploitation du cinéma Impérial
est « tombée » (!),
« à la suite des articles [sic]
publiés dans la Presse à ce sujet »
(le Devoir, 18-19 juin 2016, p. E2). Il ne s'agit que
d'un seul « article », la chronique de Nathalie
Petrowski du 12 avril 2016. Est-ce qu'O. Tremblay est
payée pour mal informer ou désinformer les lecteurs
de son journal ? En tout cas, elle n'a pas pensé
à faire autre chose que ce que N. Petrowski avait
déjà fait, comme elle l'avait écrit dans sa
chronique, téléphoner à Ezio Carosielli. Le
promoteur immobilier, qui se trouve maintenant à
gérer deux salles de spectacles et de réceptions, le
Rialto et le « théâtre St-James »
(l'ancien édifice de la banque CIBC, rue Saint-Jacques), a
confirmé à N. Petrowski qu'il était
intéressé à gérer
l'Impérial sur le même modèle, rachetant les
hypothèques qui seraient de 3,7 millions,
pour les
refinancer à un meilleur taux, et partageant ses profits
avec l'Impérial ou le FFMM; il a
confirmé ensuite à O. Tremblay, ce qui
n'était pas une grande nouvelle, que le projet était
tombé à l'eau à la suite de la chronique de
N. Petrowski.
Nathalie Petrowski, une chroniqueuse
vedette de la Presse, ne s'était jamais
exprimée jusqu'ici sur les
« déboires » du FFMM. Jamais à
ma connaissance elle n'avait pris position sur sa gérance,
sa programmation ou son financement, notamment sur les subventions
qui lui étaient refusées, alors même qu'elle a
rendu compte quotidiennement du festival en 2015, l'automne
dernier. C'est la raison pour laquelle j'ai pris contact avec
elle, le 3 septembre, pour lui présenter le présent
essai sur les aléas du FFMM. J'aurais aimé la voir
prendre la relève de mon travail d'enquête, de
recherche et d'analyse. Je ne suis, par définition, qu'un
journaliste « amateur », c'est-à-dire
que, contrairement aux professionnels, les intervenants, les
témoins ou les acteurs des faits et méfaits, surtout
ceux-ci, refusent souvent de répondre à mes
questions. C'est le cas, même de journalistes !
L'année dernière, André Duchesne, de la
Presse, par exemple, comme aujourd'hui Nathalie Petrowski
elle-même. Il
n'est donc pas difficile de comprendre qu'un journaliste
patenté pourrait relancer le travail de recherche (et j'ai
même proposé des pistes d'enquête).
Réponse : d'un côté Nathalie Petrowski me
félicite, car je « semble avoir fait un travail
colossal de recherche », mais d'un autre
côté, si elle est d'accord avec moi sur
« certains points », elle précise bien
« mais pas tous ». Elle m'en reparlera,
m'a-t-elle
écrit, lorsqu'elle aura eu le temps de me lire en
entier, après le festival.
Comme cet échange n'a pas eu de suites,
j'ai compris que nous n'étions pas sur la même
longueur d'onde. Mais je sais aujourd'hui, huit mois plus tard,
que Nathalie Petrowski est en fait du côté des
protestants et réformistes, pour le dire dans le vocabulaire
religieux de ces croyants et militants, c'est-à-dire de
mèche avec les dénigreurs et des saboteurs dont
l'objectif est d'euthanasier le président du FFMM de Serge
Losique. Elle est en bonne compagnie, nombreuse, avec la meute.
Mais, à ma connaissance, c'est la première fois
qu'elle participe à l'hallali. Il n'est jamais trop tard
pour sortir du placard.
Bien entendu, il s'agit encore d'un
événement médiatique. Tous les faits
rapportés et dévoilés n'auront jamais aucune
importance historique réelle. Bien au contraire, ils sont
insignifiants, puisqu'ils n'ont pas eu lieu. En revanche, la
chronique, elle, est un haut fait de presse. L'important,
l'essentiel se trouve dans le thème de l'article, qui est
posé avec son titre et développé dans son
introduction et sa conclusion. Le titre de la chronique du 12
avril 2016 : « FFM : le plan de la
dernière chance ». Ouverture :
« Une dernière chance, une
dernière danse [comme c'est bien écrit], une
ultime tentative pour sauver les meubles du FFM et de
l'Impérial... ». Conclusion :
« ... une chose est claire : l'heure de la
dernière chance a sonné. Il ne faudrait pas la
laisser sonner dans le vide trop longtemps ». Ça
aussi, c'est bien écrit, la cloche qui sonne et qu'il ne
faut pas laisser sonner dans le vide trop longtemps. Du bien beau
style. Sauf que, non, ce n'est pas le thème du
« sauvetage » (qui va vite se
révéler une farce sordide), mais bien celui du
« désastre ». C'est le sens strict,
stylistiquement moins beau, évidemment. La mi-avril, c'est
le moment où les responsables de la programmation,
dirigés par Serge Losique et Danièle Cauchard, se
préparent à relancer l'avant-dernière phase de
leur travail, la plus importante, celle qui va correspondre au
Festival de Cannes (dans un mois, du 11 au 22 mai). Pour la
cinquième colonne, c'est le bon moment de crier au feu et
d'annoncer aux réalisateurs et producteurs que le FFMM est
à l'agonie et qu'on ne le sauvera pas cette année
2016. La dernière chance, c'est l'extrême onction.
Tant pis pour Serge Losique, s'il ne se laisse
pas imprimer au front le signe de la croix, car, après tout,
il s'agit de sauver son « bateau ivre ». Plus
précisément, c'est toujours l'introduction de la
chronique, il s'agit d'« empêcher [le] bateau ivre,
abandonné par les gouvernements, de couler ».
C'est bien ce que crie depuis toujours la meute hillaliant. C'est
bizarre, car nous sommes quelques-uns à murmurer qu'il
s'agit plutôt d'un « vaisseau d'or » qui
« est coulé » par la SODEC de Monique
Simard. Non, ce n'est pas seulement du style, le
« vaisseau ivre » : la meute ment. On le
lit en conclusion : Serge Losique doit « s'extirper
de la gangue dans laquelle il s'est enlisé ». Un
peu moins poétique, n'est-ce pas ? C'est le passif,
comme on le dit en grammaire et en économie, « se
couler », « s'enliser », voilà
qui est propre à cacher le sabotage, dont participe cette
chronique incongrue au moment de la programmation du festival de
Serge Losique, voire la tenue du festival cet automne, ou
même son avenir, car le « plan de la
dernière chance », écrit Nathalie
Petrowski, pourrait « peut-être — je dis bien
peut-être — sauver son festival » !
Le contenu de la chronique s'articule en deux
parties mettant en scène deux personnages, Jean Fortier, le
promoteur du plan de sauvetage, et Ezio Carosielli, qui devrait le
réaliser, comme je l'ai dit, en rentabilisant (!) la
location de l'Impérial qui serait sous-utilisé. Ce
n'est pas simple ? Oui, simpliste !
La première partie de la chronique
s'ouvre, en bonne rhétorique, par la question
« Qui est donc Jean Fortier ? ». Et on a
droit à un bel auto-portrait réécrit et
signé par la chroniqueuse. En effet, dès ma
première lecture de la chronique, j'ai trouvé la
bonne question. Nathalie Petrowski nous présente ses deux
personnages, l'auteur du plan et celui qui le réalisera, un
gestionnaire et un promoteur immobilier. C'est le premier qui nous
intéresse : « Puis l'an passé,
écrit la chroniqueuse, alors qu'il avait pratiquement perdu
tous ses appuis politiques, Losique s'est tourné vers Jean
Fortier et l'a nommé président de la Fondation du
FFM ». Un instant. De qui Nathalie Petrowski
tire-t-elle
ses informations ? Certainement pas d'Ezio Carosielli,
puisqu'elle dit lui avoir téléphoné pour
obtenir confirmation de ces révélations.
Certainement pas non plus de Jean Fortier, président de la
Fondation du FFMM et, par conséquent, tenu au devoir de
réserve qu'impose cette fonction. J'ai donc écrit
à la journaliste (19 juin 2016) pour savoir qui était
son informateur, d'où elle avait tiré le contenu de
sa chronique. Comme elle a refusé de me répondre,
j'ai refait mon analyse de son « papier » pour
y trouver la réponse. Tout, dans sa chronique, est
raconté et décrit du strict point de vue de Jean
Fortier. Et il ne s'agit pas de la perspective de la narration
faite dans l'ensemble du point de vue du personnage dont il est
question, comme cela est tout naturel dans les narrations. Non, la
narratrice cède sa place (la narration) à son
personnage. C'est sa fonction de narratrice. Dans mon domaine des
études narratives, on appelle cela la
« focalisation interne radicale » : on
peut réécrire toute la chronique de
« Nathalie Petrowski » à la
première personne, celle de « Jean
Fortier ». « Qui suis-je et qu'est-ce que je
viens faire dans cette histoire ? Dans une autre vie —
plus précisément de 1998 et 2001 —, j'ai
été président du Comité exécutif
de la ville de Montréal sous Pierre Bourque. C'est à
cette époque, dans l'exercice de mes fonctions, que j'ai
rencontré Serge Losique... ». Sauf l'introduction
et la conclusion étudiées plus haut, on peut
rédiger toute la chronique du début à la fin
de cette façon.
Comme on va le voir, je l'ai même
entendue, cette chronique, dite de vive voix, par Jean Fortier
lui-même.
Mais cela n'a pas été facile. J'ai donc
réécrit à N. Petrowski pour lui annoncer
que je connaissais maintenant son informateur, Jean Fortier, et lui
demander cette fois-ci ses coordonnées (20 juin). Elle a
encore refusé de me répondre. Comme je ne suis pas
parvenu à trouver les coordonnées de J. E.
Fortier, je lui ai servi une sorte de mise en demeure (23 juin), de
sorte qu'elle m'a répondu qu'elle transmettait mon message
à Jean Fortier et qu'il me contacterait « s'il le
souhaite » ! Elle, en tout cas, c'est
évident, ne le souhaitait pas... Et pour cause.
La première raison est qu'il y a une
différence d'élocution entre l'auto-portrait de Jean
Fortier et sa réécriture par la journaliste. C'est
l'édulcoration. Jean Fortier a une qualité que
j'apprécie beaucoup : il dit sans détour, avec
une précision chirurgicale et surtout une rigueur
implacable, ses opinions et sentiments personnels. On ne peut pas
compter sur lui pour établir la moindre distance critique.
Il suit que si l'on tente de s'en tenir à ses idées,
on déformera aussi bien sa pensée que la
réalité.
Sa pensée et la réalité
ainsi déformées nous présentent donc, c'est
toute la première partie de la chronique, l'image d'un
gestionnaire qui a fait ses preuves comme élu à la
ville de Montréal où il a été
président du Comité exécutif, le poste le plus
élevé après celui du maire, de 1998 à
2001. Quatre ans. Ensuite, l'homme politique et gestionnaire
s'est lié à des fonctionnaires et politiciens propres
à servir les intérêts du FFMM lorsque Serge
Losique, l'année dernière (vers le printemps 2015),
l'a nommé à la direction de la Fondation du festival.
La journaliste nomme Mélanie Joly (ministre du Patrimoine du
Canada) et Rachel Bendayan, maintenant fonctionnaire à la
tête du cabinet de Bardish Chagger (ministre de la Petite
Entreprise et du Tourisme du Canada). La journaliste ne dit pas
à quoi cela a pu ou pourrait servir au FFMM (ça
« ne peut pas nuire », dit-elle laconiquement),
mais l'important, pour l'auto-portrait, est de comprendre que
voilà un homme qui a le bras long, « long comme
celui d'un serpent » (la plaisante image est
d'Eugène Sue, si je me souviens bien : rien de plus
long que le bras d'un serpent !). Et N. Petrowski
d'enchaîner d'un « toujours est-il
que... ».
Pas si vite. En journalisme, il n'est pas de
mise de recopier les auto-portraits. En réalité,
Jean E. Fortier est beaucoup plus intéressant qu'il ne le
dit. Il est même passionnant. D'abord, commencer son
portrait en se présentant comme l'ancien
président du Comité exécutif de la ville de
Montréal, ce n'est pas une bonne idée. Il faut
plutôt dire qu'à peine sorti des HEC, c'est tout
à fait par hasard qu'à la demande de Pierre Bourque
il remplace à la toute dernière minute un candidat
qui se désiste; par chance, il est élu; et,
à la surprise générale, la sienne en premier,
il est nommé par le maire Pierre Bourque (second mandat,
1998-2001), qui sait ce qu'il fait, au poste prestigieux qu'il
occupera durant quatre ans. Ce sera pour lui une expérience
fabuleuse dont il tirera beaucoup de profit, beaucoup de prestige,
et sur laquelle il établira toute sa carrière de
gestionnaire et aussi de communicateur. Ses qualités et ses
réussites sont aussi nombreuses qu'impressionnantes, mais
elles ne nous intéressent pas du tout. Il fait très
bien lui-même son panégyrique. C'est tout le
contraire qui nous intéresse ici. Qu'il perde
l'élection partielle, comme candidat du Parti
québécois dans Labelle en 2001, ou pour le Parti
conservateur à Ahuntsic en 2004, c'est dans l'ordre des
choses, car un politicien ne peut pas toujours gagner rapidement
une deuxième fois, surtout s'il change de niveau de
gouvernement. En revanche, il est significatif qu'il quitte
abruptement ses fonctions au Parti conservateur dans la vague de
démissions de septembre 2005. Une nouvelle démission
va bientôt suivre : en août 2013, il donne son
appui à l'équipe de Mélanie Joly à la
mairie de Montréal (et là, c'est dans ses cordes),
mais se retire ensuite de manière
« fracassante » de son équipe en pleine
campagne électorale, ce qui donne dans la parfaite confusion
(il quitte l'équipe de la perdante, disant le plus
comiquement du monde qu'il ne veut pas « diviser le
vote » !). Nous sommes aujourd'hui en avril 2016,
et le voilà qu'il abandonne maintenant l'équipe du
FFMM, avec une chronique machiavélique dans la
Presse, sous la plume de Nathalie Petrowski.
Le fait de se joindre aux perdants pour
ensuite les quitter trouve peut-être son explication dans les
conclusions de son mémoire de maîtrise soutenu
à l'École de technologie supérieure :
Étude sur l'utilisation des principes de gestion par
activités et de l'estimation paramétrique des budgets
d'investissement à la ville de Montréal (ETS, MA,
Génie de la construction, 2011, 120 p.). La recherche
consistait à synthétiser les rapports des
Vérificateurs généraux de la ville de 1998
à 2009, à la lumière de son expérience
personnelle comme président du Comité exécutif
au cours de cette période (1998-2001). Il s'agit d'un
travail critique d'une évidente rigueur scientifique qui
illustre les deux plus grandes qualités de Jean Fortier, ses
deux forces, celles du gestionnaire et du communicateur (un
discours sur la gestion des plus convainquant). Mais c'est la
partie auto-biographique de l'ouvrage qui nous intéressera
ici. Voici ce qu'il écrit au sujet des
« Élus » en conclusion de sa recherche.
« Une très faible proportion des élus de la
Ville de Montréal que j'ai côtoyés, lors de mon
mandat, se sont montré intéressés à une
quelconque rationalisation des services municipaux. Les raisons
peuvent être multiples. Dans un monde de
spécialisation où les communications et la perception
du public jouent un rôle essentiel, peu de personnes arrivent
au niveau politique de l'administration avec, à la fois, la
compétence professionnelle et l'expérience
nécessaire pour absorber la quantité
phénoménale d'information que demande la gestion
d'une grande ville » (p. 108). On ne doutera pas
qu'il ait raison. Mais le problème, autobiographique, c'est
qu'il fait partie de la « faible proportion »
de ceux qui les ont, la compétence et l'expérience
nécessaires !
Dès qu'il s'est trouvé à
la tête de la Fondation du FFMM, il a entrepris d'imaginer
une gestion efficace non seulement de la Fondation, mais
également de tout le FFMM et, par conséquent, de la
gérance de l'Impérial. On ne lui en demandait pas
tant, mais il se voit déjà au poste de Directeur
général (c'est le poste laissé vacant depuis
que Danièle Cauchard ne se consacre plus qu'à la
programmation, depuis 2014-2015). Il s'est fait accréditer
au Festival de Cannes, l'été dernier (2015), et de
retour à Montréal, il a multiplié les contacts
à tous les niveaux (hommes d'affaire, fonctionnaires et
politiciens) pour mettre sur papier un formidable plan de gestion.
Le plus extraordinaire est qu'il n'a vu aucun problème
à présenter ses projets à la SODEC de Monique
Simard, voire même à la ministre Hélène
David, pour le Québec, tout comme il l'a fait à
Ottawa, et, plus extraordinaire encore, à Gilbert Rozon et
Maxime Rémillard ! À ce point de la mise en
place du plan de gestion, il n'est pas nécessaire de
préciser que l'apha et l'oméga de ces plans et
projets pour la gestion du FFMM concernent Serge Losique.
Directeur du festival, il doit accepter le plan, et, ensuite, le
même plan veut qu'il quitte la direction au plus vite. C'est
écrit d'ailleurs dans la chronique de Nathalie
Petrowski : « Une fois la santé
financière du cinéma et du FFM rétablie, Serge
Losique pourra enfin tirer sa révérence sereinement
et laisser une nouvelle génération prendre le relais,
ce qu'il devra bien se résoudre un jour à faire,
qu'il le veuille ou non ». Vous pensez vraiment que
Serge Losique se laissera organiser sa vie avant la mort ?
Après, d'accord, si c'est vraiment nécessaire.
Donc, commencer par le commencement, c'est
l'alpha. Pour que Serge Losique mette le doigt dans l'engrenage,
il suffit de repenser la gestion de l'Impérial et de le
mettre entre les mains du promoteur immobilier et gestionnaire de
salle de spectacles, Ezio, comme l'appelle la journaliste dans sa
chronique ! (autre trait évident de la focalisation
interne radicale). « En gros, c'est cela, le plan de
Jean Fortier. C'est simple... ».
Tout cela est en effet très simple. Ce
qui est plus difficile à comprendre, c'est pourquoi, dans
quel but ce projet préliminaire se retrouve
étalé dans la Presse, alors qu'il est
évident que cela relève de la gestion privée
du FFMM et de personne d'autre. Il y aurait « des
questions juridiques, contractuelles, financières,
émotives et familiales à
régler » ? — en effet, de quoi je me
mêle ! Cela est tellement hallucinant qu'il valait la
peine d'en rassembler d'abord toutes les ficelles, comme on l'a
fait longuement jusqu'ici. Parlant ficelles, dès que l'on
sait qui les tire, la question se pose d'elle-même (je ne
fais que la formuler, tant elle s'impose) :
pourquoi ?
Avant même d'entrer en contact avec Jean
Fortier, j'avais déjà étudié et
reformulé la question qui repose sur le fait qu'il soit la
source unique de Nathalie Petrowski (car Ezio Carosielli, je l'ai
dit, n'a servi qu'à corroborer l'exposé, rien de
plus). Cinq hypothèses. Si l'on se place du point de vue
du gestionnaire, on élimine tout de suite la première
hypothèse : il est impossible que l'objectif soit de
forcer la main aux dirigeants du FFMM, puisqu'avec la publication
de la chronique il arrivera et ne pouvait se produire que ce qui
s'est passé, le rejet brutal de la
« proposition » par la direction de
l'Impérial (et c'est ce qu'a
confirmé E. Carosielli à O. Tremblay, comme
on l'a vu). La seconde hypothèse consiste à imaginer
qu'il s'agissait en fait d'agir non sur Serge Losique et ses
collaborateurs, mais d'obtenir que la presse, le public, le milieu
du cinéma, les organismes gouvernementaux, etc., montent
à la défense du « plan » et
l'imposent à Serge Losique. L'histoire des aléas du
FFMM prouve qu'un tel objectif n'avait aucune chance de se
réaliser et par conséquent d'avoir même
été envisagé. Sans compter qu'un gestionnaire
sait d'instinct qu'il ne sauvera même pas son projet de cette
manière s'il est menacé, alors qu'il s'agit ici d'en
faire la promotion. Suit, troisième objectif possible, une
sorte de Critique de la raison pure, sur le modèle de
Kant : ce serait la dénonciation sur un exemple et des
faits précis de la mauvaise gestion crasse du FFMM qui n'est
même pas capable de comprendre qu'on lui offre, avec ce
fabuleux plan, de sauver ainsi la mise. On serait au poker. Et
voilà qui s'accorderait bien avec le thème et le
contenu de la chronique. Nathalie Petrowski (en face de poker)
prétendrait que tel était également son
objectif que tout le monde ne serait pas mort de rire, en admettant
la générosité, la sincérité et
le désintéressement désarmant du
« gestionnaire ». Mais il y a une objection
importante à cette hypothèse : comment un
président de la Fondation du FFMM pourrait-il se permettre,
sans se discréditer gravement, d'utiliser de cette
manière des informations confidentielles ? Le bon sens
le plus élémentaire dit que le gestionnaire est tenu
à un devoir de réserve. D'autant plus que si tel
avait été le cas, il y avait une manière toute
simple de réaliser cet
« objectif » : il suffisait de
démissionner avec le fracas d'une conférence de
presse. Ne restait donc plus qu'une toute dernière
hypothèse, la plus dommageable pour un journaliste qui
aurait été manipulé pour la réaliser
avec sa chronique : la colère, le dépit et la
vengeance. Là, on vient de passer du poker au bridge, et
c'est beaucoup plus difficile, car il y a un mort sur la table et
on ne « joue » plus. Tout le monde peut jouer.
C'est ça, le bridge.
Dans mon esprit, bien entendu, tout ce jeu des
cinq hypothèses allait se terminer dès que je
pourrais interroger Jean Fortier qui me dira quelles avaient
été ses intentions, pourquoi il avait contacté
Nathalie Petrowski et comment il en était venu là.
Or, aussi extraordinaire que cela puisse paraître,
après une conversation de trois-quarts d'heure avec Jean E.
Fortier, je n'en sais toujours rien. Ou plutôt, comme il le
dit, il y a « un peu de vrai » dans toutes mes
hypothèses (que je lui ai soumises par écrit). Nous
sommes ici, je le rappelle, en cours d'étude narrative, dont
c'est mon métier; il s'agit d'une étude actantielle,
c'est-à-dire de l'analyse des motivations du héros.
Si
je viens d'énumérer toutes les hypothèses que
l'histoire permettait d'envisager, c'est précisément
parce que le personnage lui-même (comme on le désigne
dans les études narratives) ne connaît pas les bonnes
réponses qui le concernent, ne peut ou ne veut pas les dire,
consciemment ou inconsciemment, bref, il est dépassé
par son histoire, ce qui est fascinant. J'ai toujours pensé
que les histoires romanesques, celles des romanciers de
génie, pouvaient être beaucoup plus réalistes
que les histoires réelles. L'Éducation
sentimentale, par exemple, est un roman historique
incomparable, comme si aucun historien ne pouvait faire mieux que
Flaubert, car l'historien doit malheureusement tenir compte de la
réalité. Je me trompais, je crois, même si je
ne suis pas ici un grand historien : Dieu, comme narrateur,
peut être très fort, question roman réaliste.
Plus fort que Flaubert, on va vite le voir.
Cela ne paraît pas dans la chronique de
la Presse (sauf par sa publication, bien entendu), mais
lorsqu'il s'exprime lui-même, à la première
personne comme on dit, Jean Fortier est un formidable
communicateur. Un professeur enseigne. À ses
étudiants d'en prendre et d'en laisser. Jean Fortier, lui,
fait en sorte qu'on soit forcé d'intérioriser son
discours. D'abord, et c'est l'essentiel, il ne répond
jamais aux questions. Non pas parce qu'il s'y refuse, bien au
contraire, puisqu'il va « répondre »
longuement, précisément et avec une force de
conviction peu commune, démultipliant à la fois
l'information et l'analyse, mais aux seules questions qu'il va
lui-même
vous faire formuler. Si vos questions sont
préparée et personnelles, comme les cinq
posées ci-dessus, il y fait face avec une série de
formulations rhétoriques qu'on peut résumer avec la
déclaration « attendez ! j'y
viens ». Il y reviendra, en effet, lorsque vous aurez
reformulé votre question dans sa propre logique et qu'elle
se trouvera dans un tout autre contexte. C'est ça, l'art du
communicateur, et je donnerais une fortune pour en être un
as, comme Jean Fortier.
En toute fin de conversation, il finit par me
dire que ma cinquième et dernière hypothèse
est bonne. Je n'emploie pas, évidemment, les mots de
colère, de dépit et de vengeance. Mais il admet
d'emblée qu'il est très content de la parution de la
chronique de Nathalie Petrowski. J'insiste : c'était
une bonne façons de claquer la porte ? Oui. Et
à ma grande surprise, il insiste pour que je sache bien que
c'était le bon moyen d'« établir sa
crédibilité » auprès de ceux qui lui
ont fait confiance, à la SODEC par exemple. J'en reste sans
voix, mais ce n'est pas moi qui s'exprime. Il y a donc une partie
de la vérité qui correspond à la
colère, au dépit et à la vengeance. Je
n'aimerais pas en avoir fait la promotion dans une chronique de
la Presse. Mais Jean Fortier est très fier
d'« avoir ainsi lavé sa
réputation », grâce à Nathalie
Petrowski.
Toutefois, du début à la fin de
la conversation, il ne cesse de me contredire sur un point
essentiel : jamais il n'a pensé que la chronique de
Nathalie Petrowski pouvait d'aucune manière nuire à
son « plan de la dernière chance ». Il
va le répéter sans relâche au cours de notre
entretien. En principe, Serge Losique, la SODEC, le
Fédéral, la Ville, etc., auraient dû être
ravis du fameux plan « très bien exposé par
Nathalie ». Invraisemblable ? Non, et c'est
justement cela qui est vraisemblable. Car je finis par
établir la chronologie. Il répétera souvent
que son projet a été présenté à
Serge Losique, en présence d'Ezio Carosielli, le
vendredi qui a précédé la publication
de la chronique dans la Presse. Il s'agit, très
vraisemblablement du vendredi 8 avril 2016. Et il
répétera plusieurs fois que c'est le
« lendemain », le samedi, 9 avril, qu'est parue
la chronique. L'imprécision n'a pas d'importance, car il
n'a pas son agenda sous les yeux. On le sait, la chronique a paru
le mardi, 12 avril. Mais la fameuse réunion, elle,
a bien eu lieu le vendredi précédent, le 8
avril. Commençons par cette réunion. André
Fortier l'a préparée durant toute la semaine, avec
plusieurs appels téléphoniques à Serge
Losique. Mais la rencontre n'était pas commencée
qu'elle s'est présentée comme une fin de
non-recevoir.
Après la chronique de Nathalie Petrowski paru le
mardi suivant, André Fortier me dit avoir reçu une
« lettre d'insultes » de Serge Losique. Il ne
m'a pas eu, tout bon communicateur qu'il est. Après deux ou
trois interruptions, il a dû me dire qu'il s'agissait d'une
lettre des avocats du FFMM qui lui interdisait formellement, sous
peine de poursuites judiciaires, d'étaler à nouveau
dans la presse des « propositions non
sollicitées ».
Anecdote : quelques jours plus tard, Jean
Fortier tente de rejoindre à nouveau Serge Losique. Rien,
apparemment, à son épreuve. Il append alors que tout
de suite après la fameuse rencontre du fameux (bis)
« vendredi » Serge Losique avait pris l'avion
pour la Chine. C'est le péril jaune
cinématographique dont il fera une bonne partie de notre
entretien : « dans l'intérêt de qui
Losique fait-il tout cela ? » (25 juin 2016). Les
Chinois, c'est évident.
Coup de tonnerre : mais non, me dit-il, ce
n'est pas après la réunion du fameux
« vendredi », et donc pour la parution du
« samedi », le lendemain, que j'ai
contacté Nathalie. C'est bien avant que je lui ai
exposé la situation, m'affirme-t-il. J'en tombe des nues.
La motivation du dépit, de la colère et de la
vengeance tombe d'un seul coup ! Il s'était donc
abouché avec la journaliste en même temps qu'il
conférait secrètement avec les hommes d'affaire, les
fonctionnaires et les politiciens pour assurer la viabilité
de son grandiose plan de relance, puis le sous-plan de la
réorganisation de la gestion de l'Impérial ?
Bien entendu, cela change tout, et tout redevient encore plus
incompréhensible... Quand donc a-t-il pris contact avec
Nathalie Petrowski ? Quand et comment a-t-il commencé
à manipuler sa journaliste ? Cela s'est passé
avant, je souligne, avant la rencontre du vendredi (8 avril)
où son projet a été rejeté par la
direction de l'Impérial. En plus, m'assure-t-il, il n'est
pour rien dans
la date de la publication de la chronique, le
« lendemain », croit-il, soit en fait le mardi,
12 avril 2016. — Ce dont il se félicite, je le
répète, car la chronique de Nathalie rétablit
sa « crédibilité ». Jamais il
n'aurait pu espérer mieux que cette publication.
Tout cela est bien embrouillé ?
Mais non, c'est très éclairant. Nathalie Petrowski
a peut-être été manipulée par un
gestionnaire qui prétendait sauver l'Impérial, la
Fondation du FFMM et le FFMM tout entier, mais elle est assez
intelligente, je n'en doute pas, pour s'être laissée
manipuler. Ce qui a donné une belle chronique,
« FFM : le plan de la dernière
chance ». Tu parles !
La seconde partie de la chronique de Nathalie
Petrowski consiste à faire le portrait de fabuleux
promoteurs de l'immobilier. Avec son épouse, Luisa Sassano,
E. Carosielli a fait de nombreux investissements, notamment
dans les immeubles destinés aux garderies. Tous les deux
avocats, ils ont abandonné la pratique du droit lorsqu'ils
ont acquis le Rialto. Je ne sais pas si on y présente
encore le Rocky Horror Picture Show (eh oui !
rockyhorror.com), mais on a lu plus haut qu'ils ont ensuite
transformé une banque en salle de spectacle (la CIBC, rue
Saint-Jacques).
Deux temps, trois mouvements. E. Carosielli
a confirmé à Nathalie Petrowski qu'il était
intéressé à exploiter l'Impérial, se
proposant d'en racheter les hypothèques. Il a, par la
suite, appris à O. Tremblay que les négociations
avaient avorté à la suite de la publication de la
chronique de N. Petrowski. Voilà le sommaire qu'il faut
maintenant développer.
L'Impérial, « cinéma
et salle de spectacle » (cinemaimperial.com), est
aujourd'hui géré par le Centre cinéma
Impérial, un organisme à but non lucratif. Il est
passé de Famous Players au FFMM de Serge Losique qui l'a
lui-même cédé à cet organisme qu'il
dirige avec son fils, François Beaudry-Losique, qui en
devient le gérant (comme on peut désigner celui qui
est le Directeur général de l'organisme sans but
lucratif), après sa dernière
rénovation au coût de 5,5 millions de dollars. Le
cinéma a été réouvert pour son
centième anniversaire, le 15 avril 2013. La mission de
l'organisme est de « préserver le monument
historique et de le garder en opération ». Pour
cela, le cinéma redevient aussi le théâtre et
la salle de spectacle qu'il était à l'origine (voir
les entrevues de F. Beaudry-Losique à Ici
Radio-Canada,
à O. Tremblay, dans le Devoir, et
à Maxime Bergeron, pour la Presse, le 25 avril 2013).
À ce moment, le gérant accorde que l'Impérial
est sous-utilisé quoiqu'il s'autofinance, ce qui n'est pas
rien, étant donné les coûts d'entretien. Mais
François Beaudry-Losique se donnait trois ans pour en
développer l'utilisation tout au long de l'année, car
il devait faire face à d'importants problèmes
logistiques, d'abord parce que la salle est trop vaste, avec ses
800 places sur deux étages, pour en faire un
cinéclub; ensuite parce qu'on a dû se départir
de trois salles dans les environs immédiats, louées
ou achetées dans le but d'opérer un cinéplex
dont l'Impérial serait le centre, à cause de la
concurrence dans le même secteur (sans compter que le
propriétaire initial, Famous Player, a cédé
l'Impérial à la condition qu'il ne puisse faire
concurrence à ses propres salles de cinéma). Les
choses ne se sont pas
arrangées, évidemment, avec la décision de la
SODEC de Monique Simard de refuser sa subvention au FFMM de Serge
Losique, ce qui a eu les conséquences que l'on sait, soit
d'accumuler hypothèques sur hypothèques de
l'Impérial pour rencontrer les coûts
d'opération du festival. — Mais il s'agit là
d'une question dont je ne connais pas les implications.
Et c'est alors que Jean Fortier aurait eu
l'idée, que lui et Nathalie Petrowski trouvent
géniale, de profiter de l'expérience de Luisa Sassano
et d'Ezio Carosielli. C'est totalement faux. Ezio Carosielli
en était à sa troisième proposition à
ce moment. Ces deux dernières années, probablement
en 2014 et 2015, il avait déjà proposé son
expertise à François Beaudry-Losique. Les
discussions avec l'organisme du Centre cinéma
Impérial n'avaient pas porté fruits.
Je ne résiste pas à
présenter les approximations comptables
qu'improvise Jean
Fortier, et que la journaliste de la Presse donne pour
argent comptant. L'Impérial serait loué
« une fois tous les six mois pour une première de
film ». Il y a du ridicule dans une telle affirmation,
car Nathalie Petrowski dit ensuite « qu'il faudrait le
louer 10 soirs par mois, 12 mois sur 12 ». Pour des
« premières » ? Donc 120 fois par
année. Le taux d'occupation donné par Nathalie
Petrowski est
probablement une coquille; celui que m'a donné oralement
Jean Fortier serait actuellement, à son avis, de 60 jours
par années.
Selon Nathalie Petrowski les promoteurs le porteraient à
120, le double ! Mais comme le profit serait alors
probablement divisé par deux, rien ne serait changé
pour l'Impérial (sauf en ce qui a trait aux
hypothèques aux « taux astronomiques »).
Mais il y a maintenant une question
préalable. Est-ce que Nathalie Petrowski a tenté
d'entrer en contact avec le
gérant de l'Impérial ? Bien sûr que non,
car autrement elle n'aurait jamais publié sa
chronique aux événements inadvenus. Or, par
définition, le
directeur d'un organisme à but non lucratif est tenu de
répondre aux questions du public, du moins en ce qui
concerne les questions d'ordre public. Il a donc répondu
à deux de mes trois questions (par courriel, le 4 juillet
2016). J'ai déjà donné quelques-unes des
informations que je tiens de lui. Voici l'essentiel de sa
réponse en ce qui concerne les taux d'occupation de
l'Impérial. De 2004 à 2012, le théâtre
a été loué de 80 à 100 jours par
année; en 2015, un sommet, il a été
loué 137 jours. Comme en 2013 déjà,
François Beaudry-Losique admet qu'il serait possible de
faire mieux, sans doute, mais pas à n'importe quel prix. Sa
politique est fort simple : il doit gérer un
édifice patrimonial et il a été convenu de le
faire sans aucun risque. Inutile d'entrer dans les
détails, sauf à dire que l'Impérial ne fait
jamais de publicité ni n'organise jamais lui-même
d'événement. Or, c'est tout le contraire qui nous
intéresse, dans la perspective des jeux de poker et de
bridge de N. Petrowski, avec les cartes de Jean Fortier mises
à découvert sur la table : il est absolument
hors de question de faire de l'Impérial la vache à
lait du FFMM. F. Beaudry-Losique est clair : jamais il ne
jouera ce jeux-là. — Le Centre cinéma
Impérial et le FFMM sont deux projets différents et
indépendants. D'ailleurs, d'après son gérant,
imaginer que l'Impérial pourrait simplement aider à
financer le FFMM n'est tout simplement pas réaliste. Bref,
l'Impérial a déjà bien assez d'être et
de rester l'Impérial !
Jean Fortier et Nathalie Petrowski nous
présentent le
résultat escompté de leur « plan de
sauvetage » comme un miracle : ils nous
annoncent des « profits d'exploitation
générés par l'augmentation considérable
du volume d'affaire », de sorte que « redevenu
rentable [sic], l'Impérial pourrait aider au financement du
FFM et régler une partie de ses
problèmes ». Bref, on en ferait magiquement, je
l'ai dit, la
vache à lait du festival.
Et Nathalie Petrowski de ne rien nous dire des
« améliorations » que les promoteurs se
proposaient d'apporter à l'édifice patrimonial
classé comme monument historique par le Ministère de
la Culture et des communications du Québec en 2001 (cf.
cinemaimperial.com). Je ne pense pas que ce soit le cas du Rialto
et du théâtre St-James. L'Impérial n'aurait-il
pas une vocation historique qu'il serait hors de question de
changer ? — Bien entendu, François
Beaudry-Losique, on s'en doute, a refusé de répondre
à cette question (« je ne discuterai pas des
arguments proposés car je crois que ce sont des choses
confidentielles »). En revanche, rien n'interdisait
N. Petrowski d'interroger Ezio Carosielli à ce
sujet.
Cela dit, il y a tout de même un point
important qui militait en faveur du projet, c'est que les
promoteurs Luisa Sassano et d'Ezio Carosielli étaient
intéressés et avaient accepté de
négocier leurs service, pour la troisième fois, par
l'intermédiaire de Jean
Fortier. C'est à propos de la rénovation de la CIBC
de la rue Saint-Jacques qu'Ezio Carosielli a répondu
plaisamment aux journalistes, qui l'interrogeaient sur la
rentabilité de son projet, qu'il n'était pas un
organisme à but non lucratif ! Dès lors, les
points qui viennent d'être évoqués sont tous
essentiels et de deux points de vue, les profits respectifs de
l'organisme Centre cinéma Impérial et des deux
promoteurs vedettes. Au sujet de cette négociation, Ezio
Carosielli répond tout bonnement à Nathalie Petrowski
qu'elle est en cours et plus tard à O. Tremblay qu'elle
a avorté, journalistes qui ne lui ont posé aucune des
bonnes questions que l'on connaît maintenant et qui, en plus,
ne se sont pas demandé s'il était raisonnable que son
nom se retrouve dans la presse, sur une question qui n'est pas
d'ordre public. Et c'est ce que m'a confirmé le directeur
et gérant de l'Impérial : « Nous ne
croyons pas que des négociations peuvent avoir lieu de
façon sereine si nous lisons les détails de la
proposition de l'autre parti dans le journal — voilà
pourquoi [la direction de l'Impérial] a mis fin à
toute nouvelle discussion dans ce dossier ».
Dans tout cela, seul compte l'acte
performatif, strictement journalistique, qui déclare, encore
une fois, que le FFMM de Serge Losique est sur le point de mourir
par sa faute, sa propre faute, sa très grande faute. Les
victimes de ces manipulations auront été
ceux-là
mêmes qui n'avaient pas besoin d'être
présentés comme les sauveurs du festival, Luisa
Sassano et Ezio Carosielli, qu'on a sacrifiés à
ce nouveau dénigrement du FFMM.
Voici le printemps commencé, qui augure
bien pour l'automne de la 40e édition du Festival des films
du monde de Montréal. En effet, c'est le 27 avril 2016 que
le FFMM de Serge Losique se retrouve en position de force face aux
mauvais coups de la SODEC de Monique Simard. Devant la
contre-attaque
du Festival, la SODEC a initié au tribunal une
requête pour faire annuler la poursuite contre elle parce
qu'il s'agirait de deux causes sans rapport nécessaire et
qu'on ne saurait donc en juger dans le même procès.
Juridiquement, les trois avocats de la SODEC
(oui, trois : Mtre Martin Côté et Mtre Vincent
Olivier
Perreault du bureau Robinson et Sheppard Shapiro, et Mtre Sophie
Lisé, représentante de la SODEC) ont
plaidé pour la radiation de la « demande
reconventionnelle » (c'est la poursuite du FFMM) pour
« absence de connexité » (les deux
causes seraient sans rapport). En outre, car il n'y a rien
à l'épreuve de la SODEC de Monique Simard, les trois
avocats ont plaidé le plus sérieusement du monde que
l'action intentée par le festival, qu'il demande de
dissocier de leur cause, est « abusive » !
Comparons : la SODEC gère annuellement des milliards;
la réclamation du FFMM pour la perte de ses subventions
serait de deux millions et demi; or la SODEC, elle, réclame
un million à un festival qui tire le diable par la queue,
dans le but évident de le mettre en faillite. Et la
contre-attaque
juridique serait abusive... À mon avis, Gilbert
Rozon, juste pour rire, devrait vite engager les trois avocats de
la SODEC dans son propre festival de l'humour et du comique. Il
ferait vraiment une bonne affaire.
La cause a été entendue le 11
avril et le juge Serge Gaudet a rendu son jugement le 27 avril. Ce
jugement est la dernière pièce au dossier, qui porte
le numéro 500-17-091217-151, et qui se consulte, comme je
l'ai écrit plus haut, au guichet
1.400 du Palais de Justice de Montréal. Le tribunal rejette
la requête de séparer les deux causes et repousse du
revers de la main (en termes juridiques forts savants, bien
entendu) l'idée saugrenue (le juge ne l'a pas écrit,
mais c'est le résultat qui compte) que la contre-attaque
juridique du FFMM serait abusive. Bref, la SODEC de Monique Simard
en est pour ses frais ! — J'espère qu'en vertu
de la demande d'accès à l'information on saura avant
longtemps combien la SODEC de Monique Simard dépense en
deniers publics pour des causes perdues, dans le but utopique
d'assassiner le FFMM de Serge Losique.
Dans cette affaire, il est évident que
le FFMM vient de gagner la première manche et que cela
augure très bien pour la réalisation de sa 40e
édition de l'automne 2016. La procédure, suivant son
cours, devrait maintenant durer des mois et des années, avec
de bonnes chances pour le FFMM de remporter sa cause, ce qui sera
évidemment une catastrophe (une gifle à mon avis bien
méritée) pour la SODEC de Monique Simard. Bref,
c'est un à zéro pour le FFMM et Serge Losique a
maintenant le gros bout du bâton contre ceux qui voulaient
lui mettre des bâtons dans les roues. Et je ne doute pas
qu'il va fesser fort.
En règlement hors cour, le FFMM fera
effacer sa dette d'un million, empochera les deux millions et demi
pour ses dettes accumulées, et, cela, à la condition
bien entendu que toutes les subventions du festival soient
dorénavant reconduites sans plus de manigances. On devra
enfin comprendre que si Monique Simard gère la SODEC, pour
son malheur, c'est Serge Losique qui gère le FFMM — et
certainement pas à son détriment (il laissera un jour
en héritage un organisme totalement indépendant des
manigances des hauts fonctionnaires et petits hommes d'affaires).
Cela devrait se produire au cours du printemps ou de l'automne
2018. Entre-temps, on aura connu un fabuleux FFMM 2016. Et Serge
Losique pourrait bien s'offrir avant longtemps une spectaculaire
sortie de
scène. Et il ne faut pas se tromper de
personnage,
car Serge Losique
est bien loin de tirer sa révérence. Ce ne sera pas
avant 2021.
Pour l'instant, un point important doit
être retenu, car d'ici là, ce sont les
Montréalais qui auront été lésés
par la SODEC de Monique Simard, tout autant et même bien
plus, puisqu'ils ont
été brimés depuis deux ans, depuis 2014, par
le manque de subventions adéquates de leur festival. Cela
doit cesser immédiatement. Dans
son jugement, le juge Serge Gaudet écrit, pour rejeter
l'accusation que la cause du FFMM soit frivole :
« Les allégations du FFM, résumées
ci-dessus, et qui fondent à la fois sa défense et sa
demande reconventionnelle, semblent sérieuses et, advenant
qu'elles soient prouvées, pourraient mener un juge à
conclure que la SODEC a manqué à ses obligations
contractuelles ou légales envers le FFM et lui a
causé des dommages. En outre, les documents invoqués
par le FFM donnent lieu à croire que les versements sur le
prêts se faisaient notamment à partir des subventions
que la SODEC attribuait au FFM jusqu'en 2014. La question des
raisons ayant mené, en mai 2014, au retrait des subventions
que la SODEC versait annuellement au FFM depuis plusieurs
années se soulève donc, notamment dans le contexte de
l'arrivée en poste de Mme Simard en janvier 2014. Selon le
Tribunal, rien ne permet de penser, à ce stade des
procédures, que les allégations du FFM sont frivoles
ou manifestement mal fondées. Certes, le fardeau de la
démonstration ou de la persuasion du FFM peut être
lourd, notamment à l'égard de l'évaluation de
ses dommages en lien avec les subventions ou commandites
retirées par de tierces parties, mais cela ne rend pas pour
autant la réclamation du FFM frivole ou manifestement mal
fondée ». — Dès lors, il
apparaît que la subvention de la SODEC doit
immédiatement être versée pour l'automne 2016
et les réalisations subséquentes du FFMM,
jusqu'à ce que jugement soit rendu. Sinon, si les
allégations du FFMM viennent à être
prouvées, alors la SODEC aura causé un tort
irréparable au festival auquel les Montréalais ont
droit.
La Presse rend compte le 29 avril 2016
sous la plume de Vinvent Brousseau-Pouliot de la décision du
tribunal de la Cour supérieure de maintenir la
contre-attaque du FFMM : « Le recours du FFM peut se
poursuivre ». Ce n'est qu'un entrefilet de 10 lignes,
à peine cent mots, mais cela donne encore un point d'avance
pour la Presse contre le Devoir. Les lecteur du plus
grand journal « indépendant » de la
métropole ignorent encore tout des aléas juridiques
initiés par la SODEC. Ses journalistes attitrés aux
questions cinématographiques, comme journalistes,
ne sont pas très vite. Quatre à zéro, cela
commence à faire beaucoup.
Mais gagner par défaut ne fait pas de
soi un as du journalisme. Surtout pas dans le domaine des
questions judiciaires. Manifestement, Vinvent
Brousseau-Pouliot ne comprend pas la portée de la
« nouvelle ». En effet, il nous
présente l'affaire comme le fait anodin d'une poursuite en
cours, sans comprendre, on excusera le jeu de mot qui ne porte que
sur une lettre, qu'il s'agit d'un événement en
cour ! L'appel des avocats de la SODEC consistait
à demander à la cour si la contre-poursuite du FFMM
était, oui ou non, déraisonnable. La question, de la
part de juristes, était tout bonnement idiote, parce que la
réponse a été non.
Et le journaliste Vinvent Brousseau-Pouliot,
pas très fort en style juridique, d'ajouter que cette
réponse est restrictive, car le juge la déclare ainsi
« à ce stade des
procédures » ! Voici le texte, paragraphe 22
du jugement : « Selon le tribunal, rien ne permet de
penser, à ce stade des procédures, que les
allégations du FFM sont frivoles ou manifestement mal
fondées ». L'analyse textuelle du document
juridique conclut simplement (et impérativement) que les
« allégations » en question sont
justement l'objet de la contre-poursuite du FFMM. Ce que dit le
texte, c'est que la prétention que le FFMM a
été floué de 2.2 millions de dollars est loin
d'être frivole et mal fondée. Tu parles ! C'est
justement ce que le Bureau d'avocats du FFMM était on ne
peut plus heureux d'entendre. L'expression « à ce
stade des procédure » n'est pas une restriction,
mais tout le contraire, puisque le tribunal affirme qu'elle n'est
ni frivole ni mal fondée. Si je porte une cause quelconque
devant un tribunal, je donnerais une fortune pour que le tribunal
fasse d'emblée une telle affirmation.
Que trois avocats de la partie adverse me servent une telle
confirmation « à ce stade des
procédures », au début du procès,
laissez-moi vous dire que je serais en excellente position.
Cela dit, il faut tout de même le
répéter, la Presse gagne ce point par
défaut. Le Devoir, comme organisme de presse, est sur
ce point (bis) tellement nul, que le journal
dématérialisé de la rue Saint-Laurent n'avait
pas grand chose à faire pour gagner la manche. D'accord,
comme arbitre, je n'ai pas à juger de la manière.
Quatre à zéro.
Qui n'appréciera pas l'humour de Serge
Losique qui peut jouer avec des millions de dollars ? La
SODEC de Monique Simard a tout fait pour mettre le FFMM en
« faillite technique », puis, vraiment, en
« faillite ». Avec deux millions et demi en
perspective, dans sa poursuite contre la SODEC de Monique Simard,
le FFMM de Serge Losique peut s'offrir une extraordinaire
plaisanterie. On va le voir, avec la distribution d'un million de
dollars, évidemment gagé sur la déconfiture de
la SODEC de Monique Simard ! Un million contre deux et demi,
trois, voire quatre millions,
ce n'est évidemment rien du tout ! Bien entendu, les
journalistes qui ont tenté de tuer son festival en ont pour
leur rhume, notamment ceux qui étaient invités comme
programmeurs au Festival des films de Toronto et qui étaient
frustrés de ne pas être invités pour jouer ce
rôle au FFMM... Ce n'est qu'un exemple de tous les
frustrés qui ont inspiré les journalistes du
Devoir, encore un excellent exemple. Alors ?
Le FFMM annonce le 13 mai 2016, à
Cannes, que son festival donnera à partir de cette
année une série de bourses accompagnant ses prix. Il
s'agit de 13 prix qui recevront un total d'un million de dollars
états-uniens. Le Grand prix des Amérique recevra une
bourse de 250 000 dollars qui sera partagée
également entre son réalisateur et son producteur.
La plus « petite » bourse sera de 10 000
dollars, pour le meilleur réalisateur de fiction de la
compétition du film étudiant.
Le communiqué de presse, sur le site
internet du festival, le 13 mai, annonce la nouvelle, donne la
liste des bourses et précise que le million de dollars, qui
est donné par un sympathisant anonyme du festival, pour
marquer sa quarantième édition, sera
protégé. Étant donné les manigances de
la SODEC de Monique Simard, notamment avec la complicité de
journalistes du Devoir, le FFMM doit évidemment
prévenir les réalisateurs et les producteurs que ce
don ne sera pas détourné pour financer le festival
qui se tiendra cet automne, probablement sans subventions
gouvernementales. Le communiqué officiel précise
donc : « L'argent sera déposé dans un
compte en fidéicommis chez un notaire montréalais de
sorte qu'il ne puisse être utilisé pour autre chose
que pour la remise des prix lors de la cérémonie de
clôture le 5 septembre 2016 ».
Serge Losique est à Cannes, on s'en
doute ! car la programmation du FFMM doit être dans sa
période la plus intense. Tout doit être
déjà sur la table à dessin, dans ses grandes
lignes, mais avec la programmation d'un tel
événement, c'est toujours la
« dernière minute » qui risque de tout
relancer. Le communiqué de presse du festival est
repris par une publicité d'une page dans le
quotidien Variety qui fait l'événement
à Cannes : « First GOLDEN SCHELEM of world
cinema : 1 Million $ cash prizes in competitives
sections » ! C'est Jean-Pierre Tadros qui rend
compte le premier de l'événement spectaculaire sur
CTVM.info le samedi, 14 mai, à partir d'une entrevue
informelle avec Serge Losique à Cannes : voilà,
explique-t-il, la seconde bonne nouvelle pour le FFMM depuis
quelques semaines. D'abord la décision de la Cour
supérieure du Québec qui accepte que la poursuite de
la SODEC soit contrecarrée par celle du FFMM, comme on l'a
lu plus haut, ensuite maintenant, ce don d'un million qui permet au
festival de récompenser et d'aider concrètement ses
lauréats. Le lendemain, dimanche,
c'est Marc-André
Lussier qui annonce l'événement dans la
Presse. Il rend compte succinctement et très
objectivement de la nouvelle dans ses charmantes
« Cannoiseries » qu'il publie
quotidiennement.
En revanche, au Devoir, les lecteurs
ont droit, après tout le monde (lundi, 16 mai) à un
mesquin encadré d'O. Tremblay, qui le dicte de Cannes,
où elle rédige quotidiennement, en première
page de son journal, ses propres
« cannoiseries » . Titre de
l'encadré : « Les Chelems d'or au
FFM » (p. B7). Le texte s'ouvre ainsi :
« Étrange publicité pour le 40e FFM sur une
page entière du magazine Variety, lu par tout le
monde à Cannes et tombé sous nos yeux
écarquillés » (cela se lit p. B7, sous
nos yeux écarquillés !).
« Étrange » ? En quoi cette
publicité est-elle étrange ?
À moins qu'il s'agisse d'une nouille finie, je n'imagine
aucun journaliste qualifier
d'« étrange » une publicité qui
lance une nouvelle aussi « extraordinaire ».
C'est ça, une nouvelle... Je viens de l'écrire, une
journaliste qui trouve étrange une nouvelle, c'est
rare ! Mais non, mais non, pour la journaliste du
Devoir,
ce n'est pas une nouvelle, c'est tout bonnement une mauvaise
nouvelle ! Cet encadré n'est nullement
journalistique : c'est un texte d'opinion destiné
à dénigrer de manière totalement
injustifié le FFMM.
« Étrange, parce qu'aux dernières
nouvelles, son président Serge Losique n'avait pas
payé tous ses employés et fournisseurs pour
l'édition 2015 » (textuel). Et figurez-vous que
la journaliste s'imagine que le don anonyme est en
fidéicommis pour ne pas que des employés qui
n'auraient pas encore été payés puissent
toucher à ce don destiné aux réalisateurs et
producteurs : « Les requêtes de
remboursements devront, si on a bien compris, cogner à une
autre porte. À bon entendeur, salut ! ».
— Mais qui sont donc ces employés encore
impayés ? car s'ils ne sont pas identifiés, il
s'agit de diffamation, bien entendu. En ce qui concerne le
« bon entendeur, salut ! », il s'agit
évidemment d'un appel au boycottage d'éventuels
employés du festival cet automne prochain.
J'ai dit que la journaliste était à Cannes, pour produire son article
quotidien en première page du Devoir,
« à l'invitation du festival »...
La journaliste se reprendra sur cette question
des Grands Chelems d'or (le Devoir, 18-19 juin 2016, E2).
Elle se « reprendra » parce qu'il ne sera plus
question que des employés
« rémunérés en retard »
(ceux qui n'auraient pas été payés
disparaissent). Mais elle ajoutera à ce moment, sans donner
de source, que le financement de ces bourses serait le fait du
Groupe Gold-Finance de Hanzhou, déjà partenaire
d'affaire du FFMM en 2015, la rumeur reposant sur
l'indice non négligeable qu'une nouvelle section s'ajoutera
cette année au festival, une « Compétition
spéciale des films chinois ». Pour nous
présenter ce groupe financier chinois, elle reprend sans le
citer le communiqué de Montréal International du 26
mai précédent, à l'occasion de l'ouverture du
premier bureau de
Gold-Finance en Amérique du Nord, à Montréal.
Or, une fois n'est pas coutume, la rumeur sera confirmée par
Serge Losique lors d'un entretien avec Marc-André Lussier
dans la Presse le 19 août prochain.
Le 30 mai, le juge André Provost a
accepté l'entente entre les deux parties de reporter
à
nouveau le délai, après l'appel perdu de la SODEC.
L'audition de la cause est reportée au 10 novembre
2016. — Or, le 10 novembre, d'un commun accord des parties,
l'audition de la cause a de nouveau été
reportée.
Il est possible, voire probable qu'un
arrangement hors cour se prépare. Supposons que le FFMM
perde la cause, il perd de l'argent, le renouvellement de ses
subventions. Mais supposons, au contraire, que la SODEC de Monique
Simard soit condamnée par le tribunal : ce ne sera pas
seulement le Gouvernement du Québec, mais de nombreuses
instances gouvernementales qui devront rendre compte d'actions
illégales doublées, bien entendu, d'un comportement
profondément immoral. Sans compter tous ceux qui auront
enfin honte d'avoir privé les Montréalais des
subventions dont leur festival avait droit.
En tout cas, ce sera dans deux mois le
triomphe du 40e anniversaire du Festival de Serge Losique.
—— La cause est toujours pendante
le 5 mai 2017 (mais j'ai seulement vu le registre sans consulter le
dossier 500-17-091217-151).
C'est Embrasse-moi comme tu m'aimes
d'André Forcier qui ouvrira le FFMM 2016. Le film sera
également de la compétition. Le réalisme
magique du réalisateur opérera cette fois-ci à
la belle époque de la conscription de 1940, mettant en
scène les amours de deux jumeaux, du moins celui de la soeur
pour son frère et l'amour de celui-ci pour la copine d'un de
ses amis. Le nombre de vedettes québécoises
rassemblées par Forcier pour « jouer »
dans son film est tellement impressionnant que voilà un
double événement, la sortie du film (en salle le 16
septembre) et sa présentation en ouverture du FFMM.
Le communiqué de presse du FFMM est du
lundi après-midi 25 juillet et la nouvelle se trouve dans
tous les journaux (sauf le Devoir) le mercredi suivant,
avec, notamment, une entrevue téléphonique
d'André Forcier par Mario Cloutier dans la Presse (27
juillet).
Le lendemain, jeudi, un entrefilet du
Devoir annonce l'événement, mais en datant le
communiqué de presse du mercredi. En plus, le prote laisse
passer la brève sans sourciller : d'abord, ce n'est
pas sa faute, parce
que ce sont les journaux de la veille qui ont appris
l'événement au journaliste anonyme du Devoir,
ensuite, et là oui, c'est sa faute, à cause de
l'extraordinaire et amusant lapsus qu'on ne lit nulle part ailleurs
dans les médias : Berthes Sauvageau nourrit pour son
frère
Pierre « plus qu'un simple amour
filial » ! (28/07/1016, p. B7).
Le Devoir a l'habitude de ces petites
notes anonymes signées « Le
Devoir », dans ses pages culturelles et seulement
là. Est-ce que la politique ne devrait pas changer ?
Les brèves ont souvent un petit contenu idéologique,
polémique ou « engagé », je l'ai
souvent noté, dans le cahier des Arts et celui des Livres.
Il me semble que ces entrefilets ne devraient jamais être
anonymes, car la distance est trop mince entre la
« pure » information et l'opinion insidieuse,
c'est-à-dire anonyme. Tout entrefilet devrait donc
être signé des initiales du journaliste. Dans ce
cas-ci (qui ne porte pas à conséquence), ce pourrait
être, « A.L., Le Devoir »,
« F.L., Le Devoir » ou « M.D.,
Le Devoir » (O.T. étant en
vacances !).
Début juillet 2016 Louis L. Roquet
quitte le Conseil d'administration. Je rappelle que Michel Nadeau,
un autre important fonctionnaire de l'État, avait
également quitté le CA, à cause du refus de la
SODEC de Monique Simard de renouveler la subvention du FFMM en
2014, entraînant l'effet domino que l'on sait. Les efforts
de Michel Nadeau avaient pourtant porté fruits (voir la chronologie et son analyse plus
haut, où se trouve présenté le plan de relance
mis en place par M. Nadeau et accepté par S. Losique).
Le FFMM était sur le point de se renouveler, de se
réorganiser. Mais à partir du moment où la
SODEC de Monique Simard décide de n'en faire qu'à sa
tête pour assassiner le FFMM, Serge Losique n'en fera pas
moins, et Michel Nadeau, tout champion qu'il a été,
n'a plus rien à faire au CA. Il démissionne. Si la
SODEC de Monique Simard veut jouer aux folles, elle va jouer toute
seule. Voilà l'analyse que je n'ai jamais pu faire
confirmer, mais qui me paraît on ne peut plus probable. Or,
contrairement à Michel Nadeau, qu'il a
« remplacé » le 7 mai
2015 et qui n'a jamais tenté de justifier son
départ, Louis L. Roquet s'en explique à O. Tremblay
qui l'écrit dans le Devoir (5/08/2016, A1 et
A20) : Serge Losique ne sait pas écouter les amis
qui vous veulent du bien. D'ailleurs, Dominik Moll devrait
refaire, en plus réaliste, son film, qui ne comptait qu'un
seul ami, Harry, un ami qui vous veut du bien (2000). Il
mettra donc son titre au pluriel pour nous présenter les
innombrables amis de Serge Losique, surtout ceux du FFMM de Serge
Losique. On vient de voir le cas du « couple »
Nathalie Petrowski et Jean E. Fortier, deux grands amis du FFMM de
S. Losique qui font la paire.
Cela dit, de ces amis qui vous veulent du bien
dans cette affaire, il faut compter tous les journalistes qui ne
diront jamais un seul mot de la SODEC de Monique Simard tout au
long de l'été. L'euphémisme veut que le FFMM
de Serge Losique est « privé de subventions
gouvernementales » depuis trois ans et, qu'en
conséquence, il a perdu ses commanditaires, pour perdre
ensuite ses employés et, surtout, ses amis les uns
après les autres. Tu parles ! Comme information
journalistique, c'est vraiment on ne peut plus
objectif ! Sauf que cela correspond à la
description d'un véhicule motorisé en oubliant le
moteur...
Depuis quarante ans, le FFMM de Serge Losique
est devenu une formidable entreprise culturelle montréalaise
qui profite à Montréal, au Québec et au
Canada. Le FFMM va devoir fonctionner pour la troisième
année sans le sou. Or, ce sera un triomphe. Je l'avais
prédit et cela s'est produit.
D'abord, évidemment, ce sera une
épopée journalistique, dont voici les
événements majeurs. Sans argent, le FFMM n'imprimera
ni son horaire et encore moins son mythique programme annuel. On
lira cela sur l'internet, au fur et à mesure des
réécritures de la programmation. Le festival ne
pourra donner ses « Projections sous les
étoiles », c'est-à-dire son cinéma
de fin soirée sur la Place des festivals, importante tribune
populaire cinématographique, réalisée
l'année dernière par la famille Bashnick, qui n'a pu
être payée encore. Aucune conférence de presse
pour annoncer la programmation à deux semaines du
début du festival. Et cela ne s'arrangera pas en cours de
festival, l'organisme n'ayant aucun attaché de presse. Les
films en compétition générale et les
premières oeuvres en liste ne sont dévoilés
que le 16 août. Une quinzaine, voire dix employés
contractuels (anonymes), dont une partie du salaire a
déjà été versée,
démissionnent « en bloc », le 23
août, en pleine crise de nerfs, de peur de ne pas être
payés totalement, mais également parce qu'ils n'ont
pas les moyens de gérer
l'« ingérable », ces employés se
disant trop peu nombreux et mal dirigés. En plus de
démissionner à deux jours de l'ouverture du festival
(au lieu de n'avoir tout simplement pas accepté ou
demandé ces emplois), ils adressent leur « lettre
de démission » aux médias, dont des
extraits paraissent, notamment au Devoir (24/08/2016, A8).
La lettre anonyme est signée frauduleusement
« l'Équipe du Festival des films du
monde ». S'ajoutent les témoignages de deux de
ces employés, toujours anonymes, sous la plume
d'O. Tremblay (24 et 26/08/2016, A8 et B2) au sujet de
placotage relatif à une réunion qui n'aurait pas eu
lieu et d'une semaine de salaire encore impayée... A la
toute dernière minute, les écrans du cinéma
Forum sont refusés au FFMM de Serge Losique par
Cineplex : « Cineplex se dissocie du FFM »
(la Presse, PC, 24 août). Il n'est pas surprenant que
les versions du FFMM et de Cineplex soient assez
différentes, mais une chose est certaine, c'est Cineplex qui
a laissé traîner les discussions en longueur, alors
que le festival lui devait des arrérages et qu'il manquait
de liquidités (que Serge Losique prétend toutefois
avoir trouvées et proposées à Cineplex en
vain, à la dernière heure). Bref, les sept salles
refusées, la programmation doit être
réorganisée au seul cinéma Impérial,
des films doivent être écartés. C'est la
« confusion totale » aux bureaux du FFMM de
Serge Losique, des employés (anonymes), « en
pleine panique », sont interrogés et cités
à plaisir par les journalistes (le Devoir, la
Presse et le Journal de Montréal, notamment).
Démission, mercredi, 24 août d'Élie Castiel,
directeur de la programmation (le Devoir, 25/08/2016, B8).
Dès l'ouverture du festival, des acteurs, des
réalisateurs et des producteurs (toujours anonymes, à
la seule exception de Serena Dykman qui a retiré son film
Nana du festival) « dénoncent »
le manque de respect du FFMM de Serge Losique, où les
employés débordés n'ont pu répondre
à leurs courriers électroniques, ne les ont pas
informés au sujet de la programmation ou de l'annulation de
la projection de leur film et, pire encore, ils n'apprennent rien
de plus aux bureaux du festival, lorsqu'ils s'y présentent
en personne, alors qu'ils sont souvent venus à leur frais
à Montréal, tout heureux que leur film ait
été retenu. Même les invités et les
membres des jury n'ont souvent pas été accueillis
à l'aéroport, ni conduit à leur hôtel,
lorsque réservation il y a eu. Du jamais vu dans aucun
festival.
Il y a là deux fautes graves et fort
dommageables pour l'image de la Ville de Montréal et de ses
festivals. La première, on la connaît fort bien,
puisqu'elle se répète depuis quarante ans : le
déficit total d'information. Non seulement Serge Losique
n'est pas un bon communicateur, mais, pire, il n'a pas le sens de
la communication, il n'en perçoit même pas
l'importance. Il n'a jamais compris qu'on ne peut pas gérer
un événement culturel comme le FFMM sans avoir son
attaché de presse et un responsable des communications, avec
une équipe de professionnels gérant les relations
avec la presse. C'est pourtant essentiel, autant pour l'image du
festival que pour communiquer avec le public. Rien de cela n'a
jamais correctement fonctionné au FFMM. Mais cette
année 2016, il ne s'agissait plus de dysfonctionnement, mais
de l'absence totale de communication.
La seconde erreur impardonnable est
l'échec des négociations avec le Directeur
général de Cineplex Québec, car le FFMM ne
pouvait pas se permettre d'être en déficit de salles
de cinéma. Alors de deux choses l'une : ou bien il
fallait comprendre très vite qu'il était possible que
Cineplex ne laisse pas les écrans du Cinéma Forum et
chercher ailleurs; ou bien il fallait réorganiser
entièrement la programmation. Les deux choses se sont
faites d'elles-même, dira-t-on, mais dans la
précipitation et l'improvisation, alors qu'elles auraient
dû être organisées dans le calme, plusieurs
semaines à l'avance. Et présentées comme la
chose la plus naturelle du monde, dans le cas d'un festival de
l'ampleur du FFMM qui doit fonctionner pour la troisième
année sans subvention aucune.
« Présentées... ». On revient
à la question des communications. Mais en
réalité, la situation s'explique sûrement du
fait que Serge Losique a pris pour acquis que l'on continuerait de
lui faire confiance, c'est-à-dire
crédit !, en misant sur l'avenir
nécessairement meilleur du FFMM. Le pari a
été perdu. Mais tout n'a pas été
perdu, au contraire, puisque ce sont les festivaliers, les
cinéphiles, qui auront gagné au change, on va le
voir.
Suivent en effet deux coups de
théâtre. Raymond Cloutier ouvre le
Théâtre Outremont dont il est le directeur artistique,
au FFMM. De nombreux films qui avaient dû être
retirés de la programmation sont réinscrits dans
l'horaire présenté dès le lundi matin, 30
août. Même chose au Cinéma du Parc,
dirigé par Mario Fortin, qui projettera les films du
Festival du cinéma étudiant à partir du
lendemain, mercredi 31 août, gratuitement, en quatre
matinées.
Et voilà le moment que choisit le
Devoir pour faire état en première page d'une
Lettre ouverte de vingt et un réalisateurs étudiants.
Oui, c'est en première page du journal (le seul qui rendra
compte de l'« événement » durant
le festival, tant l'affaire est anodine et, pour bien dire,
anachronique). « FFM : Vingt jeunes
cinéastes en colère » (31/08/2016,
A1 !). L'article s'ouvre ainsi : « Une lettre
ouverte en provenance de 20 cinéastes étudiants a
été expédiée mardi [donc la veille,
mardi 30 août] au président du FFMM, Serge Losique,
avec copies conformes [sic] au maire Denis Coderre, à la
ministre fédérale du Patrimoine, Mélanie Joly,
et au ministre de la Culture [du Québec] Luc
Fortin ». La lettre, rédigée en anglais,
peut se lire aujourd'hui sur Cinetalk.net. L'objet premier de la
Lettre ouverte était de protester contre le fait que la
projection des films étudiants aurait été
annulée. Or, la journaliste O. Tremblay, qui signe
l'article, indique elle-même que le FFMM a communiqué
à la presse que les films étudiants, comme on vient
de le lire, seraient projetés au Cinéma du Parc, en
matinée, gratuitement, les 31 août, ainsi que les 1er,
2 et 5 septembre. Et la journaliste a fait confirmer la nouvelle
par Mario Fortin, le directeur du Cinéma du Parc.
Voilà un problème de réglé ? Mais
que non ! La journaliste, et je rappelle qu'on est dans un
article en première page du Devoir, va traduire et
publier de longs extraits de la lettre (pourtant obsolète)
injurieuse à l'endroit de Serge Losique. La
rédactrice de la lettre est vraisemblablement Zoé
Arthur, réalisatrice de Vancouver, dont le film a
été produit dans le cadre de ses études
à Film Production de l'University of British Columbia. Sa
signature vient en tête de la lettre. En tout cas, la ou les
rédacteurs de la lettre sont fort bien
« informés » des paliers de gouvernement
refusant de subventionner le FFMM, comme des déboires du
festival depuis trois ans, à partir du refus en 2014 de sa
subvention par la SODEC (la SODEC de Monique Simard, mais les
étudiants ne connaissent évidemment pas le
complément déterminatif). Or, d'un bout à
l'autre de la lettre ouverte, on trouve une accumulation d'injures
que la journaliste du Devoir se fait un plaisir de traduire
et de publier en première page de son journal.
Pourquoi ? Mais tout simplement parce qu'elle peut jouer les
ventriloques et répéter les accusations, injures et
sottises qu'elle a écrites sur le FFMM de Serge Losique
depuis plus de dix ans et que ces étudiants
répètent — et dans un style qu'elle ne pouvait
malheureusement pas se permettre. Répéter ceux qui
nous répètent aveuglément : une
aubaine.
Bien entendu, il s'agit d'un scandale
journalistique. Le fait d'O. Tremblay et de son journal,
le Devoir. Si quelques journalistes ont
évoqué la lettre en question (notamment Mario Girard
qui s'en est amusé dans la Presse 3/09/2016), ils se
sont bien gardés d'en publier le moindre extrait. Il s'agit
en effet d'une crise de nerfs tout à fait
compréhensible de la part de jeunes étudiants qui
contresignent à l'aveugle une lettre informée des
seules critiques à l'endroit du FFMM de Serge Losique depuis
des lustres. Ils ont été, on le comprend,
catastrophés et frustrés à leur descente
d'avion à Montréal (aucun Québécois ne
signe la lettre et je n'ai pu savoir si des cinéastes
étudiants avaient refusé de la signer). Alors, ils
en rajoutent un peu pour la presse, se disant
« humiliated and outraged » par the
« neglect, mismanagement and arrogance » de
Serge Losique qui les empêcherait de voir leur film
« on the big screen » ! Je signale que
quatre d'entre eux, Tyler Richie, Aline Hochscheid, Juan
Sebastián Martínez Mora et Chorong Kim verront leur
film non seulement sur le « big screen » du
Cinéma du Parc, mais en plus couronné d'un
prix ! Heureusement, les deux vainqueurs de la
compétition, l'une nationale, l'autre internationale,
respectivement Matthew Read et Donkey Xote (qui remportent chacun
une bourse de 10 000 $US), ne comptent pas parmi les
signataires.
« Elle laisse sa crotte et puis s'en
va, la-la la-la-laire-e ! ». Après cet
article vraiment intempestif et pour bien dire saugrenu en
première page du Devoir, O. Tremblay
disparaît de la circulation. On peut dire qu'elle boude le
FFMM si l'on se rappelle qu'au printemps elle avait publié
tous les jours sans exception sur le Festival de Cannes, en
première page, même lorsqu'elle n'avait rien à
nous apprendre. Elle nous reviendra avec une entrevue d'Isabelle
Adjani le 6 septembre, au lendemain de la clôture du
festival, qui a reçu également Willem Dafoe (prix
d'interprétation masculine dans My hindu friend
d'Hector Babenco). S'offrir Adjani et Dafoe pour son 40e
anniversaire, ce n'est pas trop mal.
Ce que je viens de résumer, c'est ce
qu'on a lu dans les journaux tout au long du FFMM 2016. Et pour la
plupart d'entre nous, tout cela a été fort amusant.
Ah ! si j'avais été le directeur des
communications du FFMM, je m'en serais donné à coeur
joie : le seul festival du cinéma au monde qui n'est
pas un Club Med cinématographique ! Car dans les
faits, ce fut tout autre chose. Je ne doute pas que le
« Marché du film » n'a pas dû
être très efficace, même si en principe il
fonctionne tout simplement tout seul. Les films n'ont pratiquement
jamais été présentés et aucun acteur,
réalisateur et producteur n'étaient là pour
répondre aux questions des spectateurs (ce qui, pour moi, ne
présente d'intérêt que dans le cas des
documentaires, mais il faut dire que je suis de la
génération des structuralistes qui ont dit non
à la formule « l'homme et
l'oeuvre » : on veut l'« oeuvre de
l'homme », rien de plus). En réalité,
donc, on a vu des films. Et c'était une merveilleuse
expérience, car chaque film n'était projeté
qu'une seule et unique fois, et sans la multiplication de dix
salles. Le choix se faisait entre le Cinéma Impérial
et le Théâtre Outremont; les films étaient
présentés en rafale, avec un respect absolu de
l'horaire. Pas de double file, celle des détenteurs de
billets et celle, angoissante, des titulaire de passeports (avec la
question de savoir s'il restera pour finir des places, des places
de choix). Et une remarquable bonne humeur de tous se retrouver
à l'Impérial ou peu nombreux à l'Outremont.
Du cinéma, quoi.
Et non seulement j'ai eu la chance de voir le
film qui a remporté le Grand Prix des Amériques, mais
pour une fois depuis longtemps je considère que
c'était un bon choix. Oui, il est exact que c'est (ou
plutôt que ce sera) un film populaire, comme le veux la
recette du FFMM, mais c'est aussi un film de très haute
qualité narrative qui amènera au cinéma un
public qui en exigera d'autres de cette trempe. Quand je parle de
qualité narrative, je n'évoque pas tout à fait
l'histoire qu'il raconte, mais plutôt l'entrecroisement de
quatre portraits. Non, cinq, car le personnage principal en vaut
deux, un grand professeur de jour, et une belle travestie de nuit.
La mise en situation est fabuleuse, car le professeur, en deuil
d'un grand amour, doit s'occuper de son vieux père,
cul-de-jatte
près de la phase terminale; or, c'est finalement la
voisine du dessous, infirmière de son état, qui va
s'en occuper, contre rémunération, non pas en argent,
mais en enseignement : le professeur doit apprendre la
constitution au mari de l'infirmière, qui est lui policier
dyslexique de son état. Vous voyez le portrait !
Enfin les quatre ou cinq portraits. Le film de Rajko Grlic
s'appelle the Constitution, du moins en anglais, car le
titre a trois mots en croate, en croate
de la Tchéquie nous
a dit le plus sérieusement du monde le sympathique
présentateur improvisé. Film de la Croatie et de la
République tchèque.
Des quelque vingt-cinq films que j'ai vus, je
n'aurais pas hésité a donner le Grand Prix de la
première oeuvre à Kali blues du Chinois Bi
Gan, pour la dextérité de sa caméra et la
qualité des images de sa petite ville natale, Kali.
J'accorde qu'Écho de Drez Zkerla qui a
remporté ce prix le méritait (en dépit de sa
facilité), mais pas cette histoire platement ordinaire de
Due euro l'ora de l'italien Andrea D'Ambrosio (second prix,
ex aequo). Mais j'ai vu aussi un autre film qui s'est
mérité, lui, un prix mérité (!), un
film tout à fait inattendu, parce que c'est un film canadien
parlé en espagnol, Más allá de lo que
queda de Peter Tharos et Basset Martin. Il gagne le second
prix du cinéma canadien, après celui d'André
Forcier, Embrasse-moi comme tu m'aimes (mais
celui-là,
on savait tous qu'il serait merveilleux avant même
de le voir). Il s'agit d'une réalisation remarquable du
point de vue strictement cinématographique, qui va du noir
et de l'ocre à la couleur, de la pluie au soleil, avec une
ouverture mortuaire très originale (notamment la chute sous
la pluie du personnage principal qui brise l'urne contenant les
cendres d'une défunte qui vont se répandre et se
perdre dans le caniveau). D'accord, le film finit trop bien, mais
cela était exigé par le déroulement
expérimental des images de l'histoire. Le documentaire
d'Alberto Romeo, Carne propria (je ne sais plus comment on
a traduit en français ou en anglais le titre du film
argentin, qui désigne l'abattage du boeuf, ce serait
peut-être
la Vraie Viande) : aussi drôle
qu'instructif, croisant l'histoire politique de l'Argentine avec
celle des abattoirs des grandes coopératives
péronistes. Je ne vais pas continuer mon
énumération pour ne pas attrister davantage ceux qui
n'ont pu participer à ce festival mémorable.
Je peux témoigner en tout cas que le
40e anniversaire du FFMM aura été en 2016 un
triomphe. Et je peux le dire cinématographiquement :
il aura été une spectaculaire variante du film de
Bill Stone, Triumph of the wall (2012). Serge Losique et
Chris Overing se ressemblent comme deux gouttes d'eau. Je ne me
souviens plus exactement combien d'années il aura fallu au
réalisateur pour enfin réussir un traveling sur
l'état final du mur de pierres sèches, mais je crois
bien que c'est trois ans. État
« final », non, car si le mur triomphe, c'est
précisément parce qu'il va se poursuivre, qu'on n'en
arrêtera jamais la construction. Trois ans que les
Montréalais sont privés injustement et
scandaleusement des subventions de leur festival. Mais cela donne
tout de même un fabuleux film : Serge Losique, le
Triomphe du festival (2016).
V
Une chaîne de démontage bien huilée
On ne change pas le cours de l'histoire,
surtout si elle est contrôlée par la SODEC de Monique
Simard. En revanche, cela ne l'empêche pas de suivre son
cours. Et de m'interroger : comment nommer le prochain
épisode ? Alors, cette année 2017, ce sera tout
simplement « Une chaîne de démontage bien
huilée ». Après cinq ans, c'est
évident, tout baigne pour les inqualifiables comploteurs.
Alors,
cinquième chapitre. Il y a cinq ans qu'O. Tremblay, sous le
titre « Financer ou pas un FFM en
déclin ? », suggérait
interrogativement qu'on cesse de subventionner le Festival des
films du monde de Montréal. À partir de janvier
2014, la SODEC de Monique Simard livrera la marchandise. Avec
l'« effet de dominos » que l'on connaît,
le FFMM a perdu toutes ses subventions et, par conséquent,
ses commandites.
Ce sera cet automne la quatrième
année que les Montréalais voient leur Festival des
films du monde privé des subventions gouvernementales
auxquelles ils ont droit. Il est certain que Serge Losique
n'abandonnera jamais le festival qu'il a fondé avant qu'il
ne retrouve ses subventions et sa santé financière.
Or, la nouvelle saison commence avec une menace de saisie du
Cinéma Impérial.
« FFM : le Cinéma
impérial bientôt saisi ? ». C'est le
titre que le journaliste Vincent Larouche donne à son
article dans la Presse, le 25 avril 2017. Les faits :
deux « prêteurs privés », Michel
Constantin (qui est aussi propriétaire d'un « parc
immobilier ») et Denis Hébert ont
prêté 3,65 millions de dollars, en décembre
2015, à l'« entreprise » de Serge
Losique, prenant en garanti le Cinéma Impérial et une
propriété en Estrie. Les créanciers
réclament aujourd'hui, en avril 2017, 4,3 millions, faute de
quoi, dans soixante jours, ils menacent de saisir le Cinéma
et la propriété. Rejoint par Vincent Larouche la
veille, le 24 avril, Michel Constantin n'a pas voulu dire ce qu'il
adviendrait de l'Impérial, si lui et son partenaire
mettaient « la main dessus ». Serge Losique,
qui revenait à peine d'un voyage en Chine ne pouvait pas
commenter l'affaire, toujours ce 24 avril, tandis que son
« entourage » croyait que les choses allaient
s'arranger.
On pourrait croire que je fais un
résumé
descriptif très objectif de l'article de Vincent Larouche,
mais tel n'est pas le cas. C'est le journaliste qui rapporte ainsi
les faits, avec l'implacable style du nouveau roman, exactement
comme Alain Robbe-Grillet peut nous décrire l'assassinat de
Dupont dans les Gommes. C'est de la mécanique
journalistique ou romanesque bien huilée. Sauf
qu'« un accident à peine visible s'est
produit » (écrit Robbe-Grillet à la fin de
sa description du quartier de tomate dans l'assiette de l'agent
spécial Wallas) : les créanciers Constantin et
Hébert, je cite, « n'en peuvent plus d'attendre
d'être remboursés ». Et on les imagine dire
à Vincent Larouche qu'ils ont des familles à nourrir,
eux aussi, tout de même, des enfants peut-être, qui ne
sont pas des minous. Dans la francophonie, hors Québec, on
dit des minets, mais on ne précise pas qu'ils sont plus
faciles à nourrir que des enfants. Voilà donc un
sentiment inattendu qui « soulève
imperceptiblement » l'émotion. C'est le genre du
nouveau roman, je l'ai dit. Vincent Larouche, ceux qui ont mis son
téléphone sous écoute le savent, est un as du
genre.
Justement, l'information est tellement
objective qu'on manque manifestement d'informations. Comment donc
Vincent Larouche a-t-il appris qu'une mise en demeure avait
été adressée à Serge Losique ?
Ah ! Est-ce que Michel Constantin a bien été
« joint » par « La Presse »
le 24 avril ? Est-ce que ce ne serait pas plutôt lui
qui aurait pris contact avec Vincent Larouche, les deux
créanciers en étant « au stade de
manifester (leur) position » ? Est-il normal ou
usuel d'informer la presse de l'envoi d'une mise en demeure ?
Est-il normal et usuel qu'un journaliste fasse état d'une
mise en demeure ? Car voilà un journaliste qui se fait
le porte-voix de créanciers. Pourquoi ? Sans compter
qu'une
éventuelle saisie est une
procédures qui ne sera
mise en oeuvre que dans des mois, voire des années. Alors
pourquoi
l'annoncer ou en faire état maintenant ?
Voilà pour la
« nouvelle ». On doit maintenant
l'évaluer. Le prêt sur hypothèque de 3,65
millions a été fait en décembre 2015; la
dette est, aujourd'hui, de « plus » de 4,3
millions, dix-huit mois plus tard. Si je calcule bien, le taux
d'intérêt devrait donc être de plus de 12%,
composé annuellement (en fait, j'étais loin du
compte : la requête à la cour précisera,
en juillet 2017, que le taux d'intérêt est de 18%
pour la première tranche
de 2,85 millions et de 15% sur le reste, soit sur 800 milles
dollars : total, 633 000$ par année, si je
calcule bien). Sans aucune subvention, le FFMM ne
pouvait sûrement même pas rembourser les
intérêts d'une année, soit
plus d'un demi-million de dollars. Est-ce que ce n'est pas
là
une situation vraiment bizarre ? Que Serge Losique ait obtenu
une somme aussi colossale pour réaliser son édition
du quarantième anniversaire, le FFMM 2016, c'est fou, mais
tout à fait compréhensible, s'agissant du coût
de l'événement, qui doit approcher les deux millions
de dollars, je suppose. Que deux riches hommes d'affaire lui
prêtent 3,65 millions, je n'en vois pas d'explication dans
les circonstances.
Reportons-nous donc au moment du prêt,
en décembre 2015, pour nous amuser à jouer avec les
gros chiffres. En novembre, Yann Béliveau de No Limit Loans
a prêté 150 000 dollars au
FFMM pour éponger une première dette de salaires
impayés; en décembre 2015, il prête encore
200 000 (Vincent Larouche, la
Presse, 5 décembre 2015). Le 3 novembre, la SODEC a
lancé une poursuite de
885 000 contre le Festival et, le 23
décembre, c'est le Festival qui contre-attaque, avec une
poursuite de 2,25 millions. Et c'est au cours
de ce mois de décembre que Michel Constantin et Denis
Hébert prêtent 3,65 millions. Or, ce prêt
correspond exactement aux déclarations d'Ezio Carosielli et
Jean E. Fortier à Nathalie Petrowski, au printemps
suivant : à ce moment, selon eux, l'hypothèque
sur le Cinéma Impérial est de 3,7
millions. Yann Béliveau est un ami qui a
prêté 350 000 à Serge Losique; et on peut
supposer que celui-ci l'a remboursé sur le nouveau et
formidable
prêt de 3,65 millions. Restaient donc 3,3 millions, en
janvier
2016. Sans subvention ni commandite depuis trois ans, cet argent
a dû servir à rembourser les dettes accumulées,
tandis que la réalisation du FFMM
2016 a dû, pour sa part, coûter beaucoup plus que ce
qui restait, sans rien rapporter,
évidemment.
Dès lors, la question se pose
d'elle-même,
doublement : pour quelle raison avoir fait ce
prêt et pourquoi en réclamer la restitution
maintenant, en menaçant de saisir le cinéma et la
propriété donnés en garanti ? Est-ce que
le promoteur Ezio Carosielli est toujours preneur de
l'Impérial, avec son hypothèque ? Est-ce qu'on
veut forcer Serge Losique à multiplier la mise, en comptant
sur ses appuis et le succès inéluctable de son
festival ? le tout doublé de la réussite de son
action en justice contre la SODEC de Monique Simard ? Ou
s'agit-il au contraire de le mettre en faillite pour que les
organismes subventionnaires remboursent les dettes gagées
sur le Cinéma Impérial ?
Mais ce n'est pas tout. Comment se fait-il
donc qu'O. Tremblay n'ait pas relancé la nouvelle dans
le Devoir ? Depuis cinq, dix, vingt ans, elle n'a
jamais laissé tomber une aiguille qui pouvait lui permettre
de picoter Serge Losique et son festival « en
déclin ». Il y a là aiguille sous
roche. Je crois savoir ce qu'il en est, mais je vous laisse
deviner, avec un indice : la journaliste picoteuse et
placoteuse a toujours eu ses entrées à la SODEC de
Monique Simard et cela doit être toujours le cas.
Alors ? Devinez !
Serge Losique revient de Chine, nous aprend
Vincent Larouche. Il sera bientôt à Cannes, pour
compléter la programmation du FFMM 2017, de cet automne.
O. Tremblay aussi, qui va nous faire tout son fla-fla
stylistique annuel, en première page du Devoir.
Ah ! le cinéma. Ce sera l'objet de la section
suivante.
C'est le 25 juillet que le journaliste de
la Presse nous apprendra que la mise en demeure s'est
transformée en une requête, déposée
à la Cour supérieure du Québec. Et Vincent
Larouche de rester aussi imperturbable que Serge Losique !
Car une autre tuile se détache au même moment du toit
du Cinéma Impérial, comme nous l'apprend le titre de
son article : « Hydro coupe l'alimentation
électrique au Cinéma Impérial ». La
cause en est, on s'en doute, des factures depuis longtemps en
souffrance. Et le journaliste de nous rapporter la sereine
réaction de Serge Losique, qui ne voit rien là qui ne
soit pas en train de s'arranger, tout comme la demande de saisie du
cinéma : « au besoin, on peut se servir
d'une génératrice » ! Sans compter
que ce pourrait bien être avant longtemps le problème
des prêteurs ? Il faut voir le bon côté de
toute chose, surtout à trois semaines de l'ouverture du
festival 2017, avec « une programmation
extraordinaire », alors même qu'« une
solution financière est en vue ».
C'est un article apparemment anodin de la
journaliste Marie-Lise Rousseau, dans le Devoir
(3 août 2017, p. A3),
qui nous permet de comprendre enfin la situation. Non seulement
l'article est
anodin, mais je ne pense pas que la journaliste en mesure la
portée, comme
on le voit à son titre : « Le Festival des
films du monde
reste à l'Impérial » !
Évidemment que le FFMM
2017 va se dérouler au Cinéma Impérial. La
requête
de saisie est inscrite à la Cour Supérieure, mais
aucune
procédure ne sera entammée avant longtemps et on peut
compter des années, je suppose, avant d'en voir
l'éventuel
dénouement. Un avocat devrait pouvoir estimer le
délai habituel pour obtenir un jugement sur une
requête en saisie, mais il est probable que dans le cas de la
saisie d'un édifice patrimonial la réponse
sera : ça va être très long ! En
tout cas, on peut supposer que le Cinéma Impérial
sera encore longtemps administré par l'organisme à
but non lucratif qui le gère
actuellement.
Cela dit, Marie-Lise Rousseau fait un
reportage
journalistique d'une rigueur exceptionnelle, étant
donné les
questions sans réponses qui se posaient depuis l'article
inaugural de
Vincent Larouche en avril dernier, rédigé dans le pur
style des
nouveaux romanciers des années 60. Elle a tout simplement
interrogé tous les intervenants dans l'affaire et les
réponses
obtenues donnent enfin la clé de l'énigme (que
même le super
enquêteur Wallas aurait peut-être comprise, car c'est
plus simple que
de savoir qui marche sur quatre, deux et finalement trois pattes).
M.-L.
Rousseau a donc interrogé, à défaut du Sphinx,
Serge Losique
(on s'en doute), François Beaudry-Losique, le gérant
du
Cinéma Impérial, Michel Constantin, le
co-prêteur de 3,5
millions avec Denis Hébert, qui réclament aujourd'hui
4,3 millions
de dollars, avec les intérêts, et menacent de saisir
l'Impérial, et surtout Denis Coderre, le maire de
Montréal, et Luc
Fortin, ministre de la culture du Québec (qui ont eu une
rencontre
à ce sujet !). L'important, la seule chose importante
dans
l'affaire, c'est que le maire et le ministre s'engagent à
« protéger » l'Impérial. Le
cinéma
patrimonial ne saurait tomber aux mains d'intérêts
privés ! Et celui qui est aux petits oiseaux, c'est le
porte-parole,
si je puis dire, des deux prêteurs : il faut, dit-il
« une
solution pour éviter une saisie » et d'ajouter,
« notre but ultime est d'être
payé » ! Tu
parles !
La réponse aux questions que je posais
plus haut, à la lecture de l'article de V. Larouche, se
trouve dans l'article de M.-L. Rousseau, qui n'en dit pourtant rien
et n'en voit
pas le caractère spectaculaire, propre à faire la une
de son journal. C'est pourtant clair, dès que l'on comprend
que les réponses de ses informateurs ne s'additionnent pas,
mais se multiplient. La ville de
Montréal, le gouvernement du Québec et celui d'Ottawa
ont
coupé toute subvention au FFMM. Deux chics financiers les
ont donc
remplacés en prêtant une bonne partie de ce
qu'auraient
dû être les subventions au festival. Le hic
était d'exiger en garanti... l'Impérial ! Bien
sûr, en
2015 et 2016, le FFMM aura obtenu en prêts privés
beaucoup moins que
les subventions refusées, mais le festival aura
été
sauvé, comme il le sera encore cette année 2017; en
contrepartie
ce sont ces prêteurs privés qui vont empocher beaucoup
plus d'argent
qu'ils auront généreusement et judicieusement
investi, assurant la survie du festival qu'on voulait tuer.
Serge Losique a fait le travail que les
Montréalais
attendaient de lui : réaliser ses dernières
éditions du festival sans
subvention aucune. La ville de Montréal et le gouvernement
du
Québec vont maintenant en payer le prix du ridicule,
puisqu'ils devront
donner à de généreux prêteurs ce qu'ils
ont
refusé au FFMM, aux Montréalais.
Et il n'est pas dit que le
festival ne gagnera pas son procès contre la SODEC de
Monique Simard...
Les titres des articles de la Presse,
pour l'article de La Presse Canadienne, et celui du Devoir,
respectivement des 22 et 23 août disent tout, ou
presque : « Québecor vient à la
rescousse de l'Impérial » et
« Québecor règle les dettes de
l'Impérial », par Jérôme
Delgado(p. A3).
C'est très simple : l'entreprise
dirigée par Pierre-Karl Péladeau rachète la
dette de 5 millions de dollars due aux prêteurs Michel
Constantin et Denis Hébert, tandis que la Presse nous
apprend que le règlement du prêt de No Limit Loans
d'Yan Béliveau (que j'aurais cru réglé) est
aussi en cours de négociation. Le Conseil d'administration
de l'organisme sans but lucratif qui gère l'Impérial
sera réorganisé : Serge Losique en reste le
président et François Beaudry-Losique, le
gérant, tandis que deux dirigeants de Québecor en
feront dorénavant partie; ces quatre membre nommeront deux
autres membres au Conseil d'administration. Le nouveau Conseil
commencera par honorer tous les engagements déjà pris
par son gérant et notamment la tenue successive de trois
festival (le FFMM, Cinémania et le Festival du nouveau
cinéma). Il n'a été nullement question de la
gestion du FFMM de Serge Losique, apparemment, dans cette entente
sur la gérance de l'Impérial, qui sont deux
organismes complètement différents.
La question d'une éventuelle saisie,
suivie de la mise en vente du cinéma, doublée
évidemment de l'intervention des gouvernements, se trouve
donc réglée de facto, puisque Québecor
devient le nouveau créancier du cinéma et un
créancier qui compte l'exploiter de la manière la
plus efficace possible.
En revanche, du point de vue de l'analyse des
événements et des situations qui en ont
découlé, voilà un mystère qui ne sera
pas facilement résolu par les journalistes d'analyse. Les
bonnes questions se reposent-elles donc, et depuis le début.
Comment deux prêteurs peuvent-il avancer des millions au
FFMM, en sachant pertinemment qu'il lui sera impossible de
rencontrer même les intérêts du prêt. On
pouvait finalement comprendre, et tout s'expliquait (comme on l'a
lu entre les lignes de la section précédente), que
Serge Losique était de mèche avec ses prêteurs,
puisque les gouvernements seraient forcés d'intervenir et de
« couvrir » l'acheteur potentiel lorsque le
cinéma serait mis en vente pour une somme qui,
forcément, couvrirait ses dettes. C'était un bon
coup en perspective, puisque les subventions refusées
rentreraient ainsi par la porte d'en arrière !
Or, la conférence de presse de Serge
Losique, François Beaudry-Losique et Pierre-Karl
Péladeau nous informe que « c'est Québecor
qui s'est manifestée dans les jours précédant
l'entente » du 22 août, tandis que P.-K.
Péladeau « n'a pas voulu expliquer pourquoi son
soutien arrive maintenant et pas avant ». Sa
réponse laconique : c'est « un concours de
circonstances » ! (J. Delgado, le
Devoir). Et c'est l'explication qu'il faut retenir
jusqu'à mieux informé. Serge Losique et ses
prêteurs s'apprêtaient effectivement à
procéder et à faire procéder à la
saisie de l'Impérial dans quelques mois, au cours de l'hiver
2017-2018, ce qui serait évidemment facilité par la
bonne entente des intervenants ! Et voilà le
« concours de circonstances » qui permet
à l'entreprise Québecor de... prendre tout bonnement
la place de la Ville de Montréal, du Gouvernement du
Québec et de celui du Canada. C'est un bon coup. Un coup
de théâtre. Serge Losique et ses prêteurs
sortent grands gagnants de leur pari, bien différemment,
mais mieux qu'ils auraient pu l'espérer, tandis que
Pierre-Karl
Péladeau donne à son programme de restauration
des films, intitulé « Éléphant
(mémoire du cinéma
québécois) », un écran de choix,
alors même qu'il prend en main un levier d'intervention
puissant pour son implication dans la culture
québécoise.
UN ÉVÉNEMENT ? L'ouverture du
festival de Cannes ? Un événement qui
marquerait son ouverture ? Non, l'événement,
annuel, c'est l'arrivée de la journaliste du Devoir
à Cannes. C'est annuellement fabuleux.
Cela fait la première page du
Devoir. En première page du journal de
Montréal, nous avons droit au premier article de la
journaliste, dont voici la première phrase. C'est la
première phrase de son premier article en première
page du journal. Je cite : « Le joyeux bordel des
veilles d'ouverture de festival vacille au vent de la baie dans le
rouge des tapis déroulés ».
Évidemment, cette phrase inaugurale n'a absolument aucun
sens. Voici un « joyeux bordel, un « joyeux
bordel d'ouverture de festival ». Oui, c'est,
apparemment, si l'on comprend bien, une ouverture de festival de
Cannes un peu désorganisée, mais finalement bon
enfant. Sauf que l'« ouverture »
bordélique en question, « vacille au vent de la
baie ». Qu'est-ce donc qu'une ouverture qui
vacille ? Il faut comprendre qu'il y a du vent qui souffle
sur Cannes. Bon. Mais il faut savoir que tout cela vacille
« dans le rouge des tapis
déroulés » ! Cette phrase, niaise et
stupide, signifie simplement, me voilà, O. Tremblay,
grande styliste en première page de votre journal pour vous
époustoufler de niaiseries durant dix jours.
On n'y peut rien. Année après
année, on doit vivre avec ces sempiternelles chroniques
à la noix de coco en première page de notre journal
de Montréal. On va lire le lendemain (21/05/2017), au
lancement d'un film qui n'intéresse personne,
qu'« au début, c'était mal
barré ». C'est du comique titi parisien, en
première page de notre journal de Montéal. Chez
nous, on dit, en langue familière,
« c'était
mal parti », en titi parisien, c'est mal
barré. Il y a mille façons d'exprimer en
français qu'un événement commence mal. Quel
peut bien être l'intérêt de nous servir du titi
parisien ?
Alors, pour faire bonne figure, disons que
c'était mal barré avec ce compte
rendu tout ce qu'il
y a de plus positif d'un évident film pour enfant avec un
gros nonours, non, un gros cochon. La journaliste du Devoir
a beaucoup aimé cette belle fable anticapitaliste et
écologique sud-coréenne financée par Netfix.
Pendant ce temps-là, heureusement, un certain Marc Cassivi,
pourtant bien peu recommandable, reprend la
chronique sans prétention de Marc-André Lussier,
« Les Cannoiseries ». Cela se lit dans la
Presse, à Montréal.
Dans le numéro du Devoir des 19
et 20 août 2017, O. Tremblay signe, sans surprise, ce qui
paraissait son premier article sur le FFMM cette année. En
fait, la première moitié du texte correspond à
son titre : « Québec se penche sur le sort
de l'Impérial » (le Devoir, 20/08/2017,
p. C7). C'était avant le coup de théâtre
dont il vient d'être question. Il s'agit de vagues
supputations sur l'avenir du cinéma Impérial. On lit
ensuite ses impressions habituelles sur le FFMM de cet automne. Le
12 août, la Presse a dévoilé les 19
films en compétition. La journaliste dit, de la
manière la plus comique, que l'information a
été « coulée » par le
quotidien ! Alors, devinez quelle fabuleuse conclusion elle
tire de cette programmation ? Oui, il n'y a aucun film
québécois dans la compétition, de sorte que le
« volet national s'annonce bien mince ». Cela
fait trente ans qu'elle pose et répond à la question.
Cette fois-ci, c'est simple : aucun film
québécois ne sera de la compétition. Si l'on
comprend bien, cela lui fait beaucoup de peine.
En tout cas, elle fait montre d'une rare
perspicacité en déclarant que « des nuages
[sic] entourent encore la tenue de ce rendez-vous
cinéphilique, non financé par l'État depuis
2014, qui roule au petit bonheur la chance ». Il fallait
se fendre d'une longue réflexion pour en arriver à
cette conclusion pour les lecteurs du Devoir ébahis
d'une telle noire nouvelle !
On sera mieux informé par le toujours
pertinent Marc-André Lussier dans la Presse :
« FFM, mode d'emploi » (24 août), dont un
paragraphe survole ce que le journaliste a pu savoir sur
quelques-uns
des films en compétition. Et on lira le lendemain son
très pertinent compte rendu de la soirée d'ouverture
du festival, doublé d'une analyse critique du film
d'ouverture, Ana Karina : l'histoire de Vronski, par
Karen Shakhnazarov : « Ouverture du 41e FFM :
en formule... écologique ! » (la
Presse, 25 août). — M.-A. Lussier reprend la
« formule » de Serge Losique qui a
changé le tapis rouge du festival pour un tapis vert afin de
dénoncer le refus de subvention au FFMM, alors que la ville
de Montréal graisse les bolides dans une course de voitures
électriques, la Formule E. Le FFMM fait donc, contre
mauvaise fortune, bonnes économies, c'est le moins que l'on
puisse dire.
Bref, on le voit, l'article d'O. Tremblay n'a
aucune commune mesure avec ceux de la Presse. Mais ce sera
son premier et dernier texte sur le FFMM cette année.
Enfin !
Mais j'étais trop optimiste :
enfin (bis), me disais-je, enfin (ter) du « sang
neuf » au Devoir. Mais non, rien n'a
changé, au contraire, le boycottage du FFMM par le
Devoir s'est non seulement poursuivi, mais il s'est
accentué. Le journaliste Jérôme Delgado s'est
contenté de poursuivre son travail de reporter (25, 26 et 29
août, puis le 1-2 septembre), laissant sa place à
Marie-Lise Rousseau pour le compte rendu de la soirée de
clôture (le 5 septembre). Il s'agit très
ostensiblement, pour le journal, de rendre compte du FFMM 2017 en
le ravalant au niveau du fait divers. Comble de l'ironie, c'est O.
Tremblay, qui participe activement chaque année au Festival
de Cannes et à celui de Toronto, qui écrit dans sa
chronique hebdomadaire au journal : « hasard ou
miracle, la dizaine d'oeuvres que j'ai vues en compétition
n'étaient pas mal du tout » ! (chronique du
3/09/2017, p. E2). Cette phrase représente à
elle seule la politique du Devoir vis-à-vis du FFMM
2017. Accentuer le boycottage. Faire un pas de plus, c'est
logique, consisterait l'année prochaine à ne pas en
dire un seul mot. Pourquoi pas ?
En fait, c'est déjà le cas,
à partir du moment où aucun des trois critiques
cinématographiques du journal (François
Lévesque, André Lavoie et Manon Dumais) ne participe
au festival pour rendre compte de ses films, d'aucun de ces films.
Cela fait d'ailleurs partie, depuis cinq ans, de la chaîne de
démontage. Or, par hasard, elle est apparue clairement
lorsque les autorités politiques se sont mises à
l'étude du cinéma et de la télévision,
en plein FFMM 2017. C'est la ville de Montréal qui a
créé un Comité consultatif sur le
Cinéma et la production télévisuelle. La
direction en est confiée à Pierre Roy. Mais il faut
savoir que les deux premiers des seize membres du Comité
consultatif en question sont la SODEC de Monique Simard et
Téléfilm Canada. Denis Coderre, maire de
Montréal : « M. Losique a beaucoup fait pour
le cinéma, mais à un moment donné, toute chose
a une fin » ! Bref, le maire sait
déjà ce que pourra être le rapport
d'étape et le plan d'action de son Comité en ce qui
concerne le FFMM, qui pourrait peut-être jouer un rôle
en regard des diverses entreprises de production
cinématograhique à Montréal, au Québec.
Non, non. On a décidé que tel ne serait ou ne
pouvait pas être le cas. A-t-on décidé
également de ne tenir compte d'aucun des festivals de films
de Montréal ? Voilà qui serait surprenant.
Cela dit, même le directeur de la Cinémathèque
québécoise, que cela ne regarde évidemment
pas, se dit très heureux de la mort annoncée du FFMM
(le Devoir, 3/09/2017, p. B1). Il faut dire que la
Cinémathèque est grassement subventionnée par
Montréal, Québec et Ottawa. Alors, juste et
stratégique retour d'ascenseur, car il faut toujours savoir
monter sur le plateau cinématographique de la balance des
plus gros.
... Tandis que le ministre de la culture
attend toujours un plan de relance qui a déjà
été présenté au public en 2014
Le ministre de la Culture du Québec est
encore plus suave, emberlificoté par sa SODEC de Monique
Simard : « "le FFM a une riche histoire et nous
souhaitons toujours que davantage de films, québécois
et étrangers, soient accessibles au public
montréalais. Toutefois, le gouvernement [sic] demande
depuis plusieurs années au festival de lui fournir un plan
de redressement que nous attendons toujours [sic]. Tant qu'il n'y
aura pas de plan de redressement [sic], il ne pourra y avoir de
soutien gouvernemental", résume Karl Filion, attaché
de presse du ministre de la Culture et des Communications, Luc
Fortin » (le Devoir, 3/09/2017, p. B1).
Je me permets de m'adresser à l'ancien
ministre Fortin, car peut-être pourra-t-il conseiller la
nouvelle ministre, qui a étudié le chant et le piano
dans son enfance, Marie Montpetit, de sorte qu'elle ne finisse pas
elle aussi sous la botte sado-masochiste de la SODEC de Monique
Simard, sait-on jamais. Alors, je dis : mais non, monsieur
Fortin ! La SODEC de Monique Simard vous a caché que
le FFMM lui a déjà soumis un plan de redressement.
C'est Michel Nadeau qui lui a transmis son plan de
relance, sous ultimatum d'un mois, fin juin 2014. Le 2
juillet, le plan a été présenté
à la presse. Le 10 juillet, ce qui est très vite en
affaire pour des fonctionnaires, Monique Simard, dans une entrevue
à la Presse, nous a annoncé que le plan
était rejeté (sans d'aucune manière avoir
été pris en considération, c'est
évident). Voilà monsieur le ministre. Le plan, que
vous attendez toujours, a été remis. La ministre de
la Culture que vous avez remplacé, Hélène
David, ne vous en a rien dit et la SODEC de Monique Simard ne s'en
est pas vanté, bien entendu. Vous ne savez manifestement
rien de cela, mon pauvre ami.
Cela dit, peu importe, Car j'ai
été très heureux de participer au FFMM 2017,
qui s'est tranquillement déroulé au seul
cinéma Impérial, avec quelques séances au
cinéma du Parc, comme aussi, plus improvisées je
crois, au cinéma Le Dollar à Côte-Saint-Luc.
Cela a encore été, tout simplement, une belle
fête du cinéma pour les Montréalais.
J'ai vu le film qui a remporté le Grand
Prix des Amériques, ...Y de pronto el amanecer
(« Et tout à coup l'aube ») du Chilien
Silvio Caiozzi. C'est un bon choix, dans la logique du FFMM. Je
trouve toutefois que l'histoire est bien longue, se
déroulant sur trois générations, en... trois
heures. La charmante histoire d'un écrivain qui voudrait
écrire sur ses deux amis d'enfance, avec les cinquante-six
souvenirs qui vont avec. J'étais content que le festival
ait l'honneur de lui remettre son Grand Prix.
J'ai vu les vingt premières minutes
d'un navet qui a remporté un prix. C'est la preuve que tous
les goûts cinématographiques sont dans la nature des
festivals. J'ai vu un film français sous-titré en
français (les Éléphants perdus). J'ai
vu quelques films pour le seul et unique plaisir d'entendre
l'espagnol ou l'italien. Un excellent film de genre du genre (bis)
dont j'ai horreur, par les Mexicains Carlos Algara et Alejandro
Martinez Beltran, Veronica, parce que c'est mettre beaucoup
de talent et d'art à raconter une histoire sans queue ni
tête, franchement au-dessous de tout.
Mais j'ai vu deux chefs-d'oeuvre vraiment
inattendus. Le premier est un film chinois d'un très grand
réalisateur de HongKong dont je ne savais rien, Wong
Kar-wai,
Empreintes. C'est un film expérimental au sens
où il est constitué de trois ou même quatre
« courts métrages », quatre films qui se
déroulent dans un même petit village des environs de
Shangai. Je vous raconte, même la fin, parce que même
en l'ayant vu, j'aimerais le revoir, sans surprise. Trois films
complètement différents d'environ trente minutes
chacun. Le premier est désespéremment long,
puisqu'il ne s'y passe à peu près rien. Une jeune
femme fantomatique qui se déplace dans son village la nuit,
se remémorant, apparemment, son amour interdit pour son
beau-frère, alors qu'elle est jeune veuve, en butte avec sa
belle-mère, la femme forte qui gère son village d'une
main de fer dans un gant d'acier inoxydable. Images d'une
société traditionnelle. Images de nuits et de
rizières. A la fin, dès les premières
séquences du film suivant, on a compris qu'il s'agira de
décrire les rapports amoureux et sexuels de couples chinois
sur de nombreuses générations. Alors nous voici
à l'époque de la révolution culturelle, avec
un jeune couple qui doit se tenir bien tranquille et même
cacher ses amours, multipliant pourtant les frasques (j'ai
été surpris de voir qu'on pouvait se moquer de la
révolution culturelle dans un film coréalisé
entre la Chine et HongKong). Enfin, c'est l'histoire de celle
qu'on devine prostituée qui revient au village et
fréquente, dans une musique toute moderne, le Bar du
Bonheur. Après cela, le quatrième film ne dure pas
plus de six minutes, avec deux séquences en traveling avant,
en plongée et contre-plongée, dans une salle
d'audience où l'on assiste à un divorse menée
tambour battant par la jeune femme qui demande le divorse, signe
l'acte, et laisse la juge et son mari en plan. C'est vraiment
fabuleux en regard des trois histoires précédentes.
Wong Kar-wai, réussit un film expérimental, certes,
mais simplement en maîtrisant des réalisations
classiques de genres radicalement différents. Une petite
histoire de la Chine mise en scène avec poésie,
humour et réalisme.
Le second chef-d'oeuvre n'est pas à
recommander aux âmes sensibles, car il est d'une
extrême violence. Et la violence est terrible parce qu'elle
se situe au coeur d'une histoire toute villageoise, très
douce, lente. Cela se passe dans un petit village du Danuble.
C'est un film de Roumanie par Dinu Tanase qui s'intitule Frozen
Ignat, ce qui veut dire, je pense, « Embrasements
glacés » (mais je n'en suis pas certain). Une
jeune femme vient assister aux funérailles de son
grand-père.
C'est simple, très lent, je l'ai dit. On va
découvrir tout le village en dueuil, comme si le film avait
été conçu et tourné pour être
présenté au FFMM. Mais il apparaît
bientôt, à la jeune femme, que son grand-père
a été assassiné, certainement par son vieil
ami, Peté, qui justement, par hasard, est introuvable, qui
doit se cacher quelque part dans le village. — Je ne peux
pas raconter la suite. C'est elle qui est d'une violence
inouïe, filmée en couleur. J'ai oublié de dire
que le grand-père en question était boucher et qu'il
venait faire chez Peté la boucherie annuelle de son cochon.
Mais je ne dois pas oublier de dire qu'une part importante de
l'histoire consiste en une transformation psychologique importante,
constante et soutenue de l'héroïne (jouée par
une actrice toute nouvelle dans l'importante filmographie du
réalisateur, Alexandra Fasola) : elle vient assister
à de banales et tristes funérailles, alors que pour
finir elle doit écouter les conclusions d'une enquête
qu'elle n'a pas su, elle, mener à bien, par une sorte de
sympathique Simenon.
Je finis par où j'ai
commencé : j'ai vu le Retour du
sud-coréen
Chul Heo, un petit film
« charmant » (et larmoyant) nous regroupant
dans un petit café des disparus et retrouvés. J'ai
tout de suite été convaincu qu'il remporterait le
premier prix dans la catégorie des premiers longs
métrages. Je ne me suis pas trompé. Je connais mon
FFMM. Et je l'aime en plus pour ce qu'il est.
On trouvait même un film destiné
spécialement à O. Tremblay, une histoire
attendrissante pour enfants attardés (car le film ne
s'adresse manifestement ni aux enfants, ni aux adolescents). Cela
s'intitule Elvis, le retour à la maison
(Elvis walks home), un film de Fatmir Koci, d'Albanie. Je
cite notre savante critique de cinéma qui a un bon mot pour
le film dans sa chronique (où, comme on l'a lu plus haut,
elle dit en huit lignes avoir vu dix bons films dont elle ne parle
pas) : « S'offrir un film albanais sur un clone
d'Elvis en otage de guerre émeut au passage »
(le Devoir, 3/09/2017, p. E2). Hou ! là!
là! Heureux boycottage...
VI
Un festival de pur cinéma
Le festival s'est découlé du 23
août au
3 septembre 2018. Les Montréalais avaient compris qu'ils
devraient vivre
avec le mépris de leurs gouvernements, à commencer
par celui de la
ville de Montréal, pour leur festival, Mais, tant pis, car
ils ont aussi
compris qu'ils pouvaient compter sur la vitalité et
l'énergie de
Serge Losique.
Et ce sera une petite année tranquille
qui nous
conduira à la version la plus épurée jamais
produite du FFMM,
un festival du plus pur cinéma. Il y a des malheurs qui
produisent du
bonheur. Sans toutes les catastrophes produites par ses opposants
et ses
détracteurs, de parfaits imbéciles, jamais Serge
Losique, un
génie pourtant, n'aurait produit un festival minimaliste.
Il lui fallait
des bâtons dans les roues pour planer, en planifiant deux
volets du festival,
l'un à l'Impérial, l'autre dans trois salles du
Cinéma
Quartier Latin.
Quelques dates mémorables ?
5 novembre 2017. Élection de Valéry Plante
à la mairie
de Montréal.
Manon Gauthier, qui a relayé les diktats de la SODEC de
Monique Simard
à la ville, a quitté son poste au mois d'août.
Après
les élections de novembre, elle sera remplacée par
Anne-Marie Sigouin
à la Commission sur la culture, le patrimoine et les
sports.
7 décembre. Madame Monique Simard est
remplacée par Suzie
Bouchard, par intérim, à la direction de la SODEC, en
attendant la
nomination du prochain président. La SODEC n'est donc plus
dorénavant la « SODEC de Monique
Simard ». Mme
Bouchard, à la société depuis 2007, n'a jamais
protesté
contre les agissements de la SODEC de Monique Simard
vis-à-vis du FFMM. On
n'attendra donc pas de changement de politique avant la nomination
du prochain
président.
4 juin 2018. Le FFMM obtient un premier sursis, jusqu'au 22
juin, pour
régler le différent qui l'oppose à Revenu
Québec. Le
gouvernement lui réclame un demi-million de dollars en taxes
et impôts
impayés (499 469 $), soit en taxe de vente des
entrées au
Festival et en impôt retenu à la source sur le salaire
de ses
employés. Le gouvernement du Québec demande à
la cour une
injonction pour empêcher la tenue de la prochaine
réalisation du FFMM
cet automne 2018. D'ailleurs, depuis 2015, le certificat
d'inscription du
festival à la taxe de vente est révoqué, ce
que le FFMM
ignorait ou a ignoré.
Juillet. Serge Losique se présente à nouveau
en cour, sans
avocat, comme l'avait pourtant exigé le tribunal. Mais
comme il n'y a pas
d'urgence, le juge Yves Poirier accepte de reporter encore
l'injonction, Revenu
Québec et le FFMM s'entendant pour qu'un acompte ou une
garantie de
32 000 $ soit versé avant le 31 août. En
terme
légal, cela s'appelle une
« sûreté »
(Guillaume Bourgault-Côté, le Devoir, 13
juillet, p. A1
et A4). La caution est versée deux jours avant
l'échéance.
Le FFMM est mal géré et ne paye
même pas
ses impôts et les taxes ? Mais non. D'abord, Serge
Losique est assez
ratoureux pour retrouver une petite partie des subventions
auxquelles il n'a pas
droit de la part des gouvernements. Ensuite, le Gouvernement du
Québec fait
la preuve que, même sans subvention aucune depuis cinq ans,
avec
évidemment la diminution en conséquence de ses
revenus, soit du
public, soit de ses participants, le FFMM est rentable pour nos
gouvernements, le
seul Gouvernement du Québec en tirant un demi-million de
dollars sur les
trois dernières années, sans compter
évidemment tous les
revenus indirects. On peut estimer que les trois paliers de
gouvernement,
Montréal, Québec et Ottawa, doivent tirer de cinq, et
jusqu'à
dix millions de dollars, de l'événement qu'ils ne
subventionnent pas
pour des raisons de petite politique idéologique.
15 août. Publication de la programmation du FFMM sur
son site
internet.
23 août. Mention très honorable pour le
journaliste Marc-André
Lussier de la Presse qui présente un
panorama des films
en compétition pour le Grand Prix des Amériques.
Nous aurons
été de nombreux cinéphiles à relancer
son
précieux dépouillement sur l'internet pour programmer
nos choix. M.-A. Lussier
est décidément un grand journaliste
cinématographique, en plus d'être un critique
très
avisé, comme en témoignera sa critique du film
d'ouverture le
lendemain, « La persistance du samouraï »
(24
août) : tout le
monde sera d'accord pour dire que la réalisation artistique
de Daisaku
Kimura est époustouflante, avec ses images sous la pluie et
sous la neige
de scènes d'actions filmées de manière
remarquable, ses prises
de vues des paysages et des intérieurs aussi; pour cela
seulement le film
méritait d'être honoré; en revanche, question
« samouraï », la quantité de
ketchup et de jus de
tomate investie dans des combats et des meurtres sanglants tout
à fait
invraisemblables méritait, elle, les rires des spectateurs.
Cela dit, la Presse avait déja
célébré l'ouverture de la 42e édition
du FFMM avec un reportage du même Marc-André Lussier
et de Mario Girard, « Le mystère Losique :
Napoléon sans Waterloo » (18 août) :
« À quelques jours du 42e FFM, M.-A. Lussier et M.
Girard ont tenté de percer le mystère entourant son
fondateur, Serge Losique. Portrait d'un homme qui refuse
d'abdiquer et qui maintient en vie un festival dont on a
prédit la mort mille fois ».
Bon,
voilà pour la Presse. Le Devoir, pour sa
part, poursuit son
boycottage du FFMM, la couverture du festival étant
réduite aux
« papiers » de son reporter culturel,
Jérôme
Delgado, excellent journaliste par ailleurs : 24 août.
compte rendu de
l'ouverture et de l'état de la programmation du festival
(p. B2); 28
août, « Des voix à la défense du
FFM »
(p. B8).
Ce dernier article donne la parole au
président du
jury, Sylvio Caiozzi, de même qu'à deux
réalisateurs
participant au festival, Nils Olivete et Sylvain Brosset. Ils sont
tous les trois
en conflit d'intérêts, ce qui ne les empêche pas
de dire la
stricte vérité : le FFMM est le seul et unique
grand festival
à sélectionner ses films pour leur seule
qualité. Avec le
moins de fla-fla possible, ce qui, de toutes façons, est
imposé par
sa situation financière difficile, mais devient un atout
important du
festival de Montréal. « Voir ce qu'on ne voit pas
ailleurs ». Contrairement au FFMM, « beaucoup
de festivals ne
prennent pas de risque. Ça leur prend des films vus
ailleurs. Ou alors,
on doit se présenter avec un distributeur. Plus facile pour
la gestion et
moins risqué ». Conflit d'intérêts
ou pas, c'est
bizarre que ces réalisateurs disent exactement ce que
pensent — et de
plus en plus au fil des dernières années — les
cinéphiles. Bizarre de voir les soi-disant
spécialistes et critiques
se balader à Cannes et à Toronto entre leur
boycottage de ce festival
qui se déroule chez eux, à Montréal.
Oh ! Neil Amstrong
alunit par malheur à Venise, cet automne, en ouverture du
festival,
là où lady Gaga fait son entrée
cinématographique
à la Mostra. Mettez cela à Montréal et vous
verrez Mme O.
Tremblay frétiller et le Devoir en faire ses unes.
Il ne s'agit pas
là de cinéma, mais d'événements du
monde
cinématographique.
23 août - 3 septembre. Déroulement du
festival. Une grande
réussite en format minimaliste. Un festival de pur
cinéma.
Personnel. J'ai choisi cette année de
n'assister
qu'aux films en compétition, soit pour le Grand Prix, soit
pour la
Première OEuvre, au cinéma Impérial. Je n'ai
vu aucun des
cent cinquante films présentés dans trois salles du
cinéma
Quartier Latin. J'ai assisté à vingt-deux
séances. Mon
passeport m'a coûté 200 $. Chaque séance
valait donc
9 $. Chaque fois que ma séance de cinéma se
terminait à
sept heures ou plus tard, j'étais de restaurant à
Montréal,
habitant la banlieue. Et chaque fois, nos gouvernements qui
refusent
de subventionner
le FFMM en tiraient la taxe de vente.
Évaluation globale. Les
cinéphiles
étaient peu nombreux à l'Impérial, occupant
généralement le tiers des fauteuils. C'était
pour eux,
évidemment, un régal. Pas de file d'attente, une
atmosphère
bon enfant et l'accueil chaleureux des réalisateurs, acteurs
ou producteurs
qui venaient présenter leur film ou répondre aux
questions des
spectateurs. Du point de vue technique, le festival s'est
déroulé
à la perfection. Parfois, les sous-titres annoncés
en
français ou en anglais étaient en fait dans les deux
langues !
Un seul film n'a pas tenu l'affiche : le film mexicain du
réalisateur
Sergio Umansky intitulé en anglais Eight out of ten
a
été remplacé à la dernière
minute par la
projection du film allemand de Kevin et Toby Schmutzler,
Robin (Allemagne
et Afrique du Sud).
Analyse critique. Généralement,
je ne suis pas
un abonné des films en compétition pour le Grand Prix
ou la
Première OEuvre. Mais j'ai été content cette
année
d'en faire l'expérience. Voici donc l'évaluation
d'un tout simple
cinéphile. D'abord, je n'ai pas vu aucun (remarquer la
double
négation !) navet cette année. Il me faut vingt
minutes pour
savoir si je verrai la suite d'un film et, normalement,
étant donné
les genres de films que je choisis, cela se produit une ou deux
fois. Il ne m'est
jamais arrivé de quitter la salle cette année.
Ensuite, j'ai
été surpris de l'homogénéité
d'un grand nombre
de films, au moins dix, nous venant de partout au monde,
présentant des
situations familiales ancrées, en mode psycho-social, dans
des pays, des
régions, des villages manifestant la vie nationale. Et non,
ce n'est pas
toujours exotique, comme le cas des deux frères face au
mariage
arrangé (Da Fei, Chine) ou le merveilleux petit film qui
nous
présente un crime d'honneur au Cap-Vert (Francisco Manso);
c'est parfois
tout ce qu'il y a de plus « ordinaire », comme
l'histoire
amusante d'une fin de vie, l'une en Suisse (the Last Touch,
soit
« la Dernière Main » ou « la
Finition » ! de Rolf Lyssy), l'autre d'un
Écossais à
San Francisco (the Etruscan Smile de Michel Brezis). La
retraite trop
occupée d'un Japonais désoeuvré qui perturbe
toute sa famille
n'est pas mal non plus (Hideo Nakata, la Retraite). Dans un
tout autre
genre, le film d'aventures hors norme, que les adolescents
devraient adorer pour
sa maîtrise de l'action, s'intitule Mourir pour
survive (Muya Wen,
Chine, tourné à Shangai).
Le FFMM a présenté cette année un
chef-d'oeuvre. Toyon
Kyyl, « The lord eagle » ou « Le
Seigneur
Aigle », d'Eduard Novikov (Russie). Pour les images et
l'atmosphère, c'est une réalisation digne du
Cheval de Turin
de Béla Taar (2011), car si ce dernier a renoncé au
cinéma,
le cinéma, lui, n'a pas renoncé à son art de
la narration
élémentaire. Mais cette fois-ci, la narration
élémentaire n'en est pas moins d'une dynamique
implacable.
Voilà donc un vieux couple dans son isba dont le train-train
quotidien (le
ménage, les repas. la pêche, la chasse, la
relevé des
pièges) est bouleversé par un aigle qui hiverne dans
un grand arbre,
près de leur maison. Non, qui s'installe le jour de
Noël dans l'isba.
D'abord craintif, le couple s'en fait un ami, à moins que ce
ne soit lui qui
adopte le couple. Mais, pour bien dire, et c'est l'art de Novikov
digne de Taar, ce
qu'on voit ici, c'est le train-train du couple, qui ne sera pas
même interrompu
par le
passage d'arquebusiers et la venue d'un chaman. L'histoire
finira-t-elle ?
Comment donc ? Tristement ? Non, naturellement :
on ne pouvait
imaginer d'autres fins à ce chef-d'oeuvre.
Mais le FFMM 2018 a également présenté au
moins trois
très grands films. La Reine morte d'Antonio Ferreira
(Portugal) qui
entremêle trois réalisations du drame historique du
Moyen Âge,
avec un brio peu commun (j'en ai relu la pièce de
Montherlant qui n'en a pas
pâli); Pardon de Jan Jakub Kolski (Pologne) où
des parents
enlèvent le corps et le cercueil de leur fils pour le
transbahuter en train,
en charrette, puis à force de bras, jusqu'au couvent
où réside
leur second fils, pour lui donner une sépulture
chrétienne; et, pour
moi le plus grand de ces trois grands films est le Moqueur du
Christ de Jani
Bojadzi (Macédoine), Macédoine ! Il est
rare qu'une
histoire réussisse à mettre en scène une
fresque aussi
représentative d'une situation nationale, ici celle de la
Macédoine,
notamment dans ses rapports avec la Grèce. L'histoire
racontée est
aussi belle que compliquée, avec son Alexandre fils de
Lazarre,
évidemment deux Lazarre, puisque ressuscité; elle
est pourtant
simplifiée avec le personnage inoubliable de la
grand-mère, d'une
lucidité d'alzheimer.
Et le FFMM 2018 comptait encore trois autres grands films. Jim
Shoe de
Peter Sutton (USA), quatre portraits pour nous présenter la
face
cachée de Chicago, dont celui d'un riche
élégant avocat
forcé de prendre sous son aile un jeune noir au bord de la
délinquance; Chaos de Semir Aslany Ürek
(Turquie) qui
juxtapose trois portraits, trois histoires, trois
« courts
métrages », qui sont autant de réussites
narratives, avec
un grand art du suspense; Lada Kammeski de Sara Hribar et
Marko Santic
(Croatie) : cinéma au second degré, avec des
acteurs capables
de jouer l'improvisation avec brio — en effet, un
réalisateur convoque
trois vedettes à une soirée dédiée
à
étoffer son prochain film; il n'a pas encore choisi celle
de ces trois
actrices qui aura le rôle principal;
l'« improvisation »
sera de moins en moins de l'ordre de la fiction. Comme on le voit,
ces trois
grands films présentent des portraits et il était
heureux
de les voir
rassemblés au même festival.
Question cinéma-cinéma, c'est le film qui remporte
sans surprise,
pour moi, le Grand Prix des Amériques, Curtiz, de
Tamas Yvan
Topolánszky (Hongrie). Un film populaire promis à un
bel avenir.
Il raconte la « mise en scène » de
Casablanca
(1942) par l'émigré hongrois Michael Curtiz, avec
Humphrey Bogart et
Ingrid Bergman. Une belle réussite dans le genre du film
hollywoodien
rétro, cela ne fait pas l'ombre d'un doute. La preuve en
est son Grand
Prix.
Avec l'humour qu'on lui connaît, Serge Losique a
déjà dit que
son FFMM n'était pas un « festival de la
crevette ».
Il devrait acheter les droits du court métrage d'Amdrew
Gillingham
(Vancouver, Canada), Prawn. Le petit film est une
remarquable histoire de
crevettes qui viennent de la mer et y retournent. Histoire
très bien
menée, fort bien jouée et bien filmée.
L'avenir appartient
à un tel réalisateur dont la maîtrise est
indéniable.
Le FFMM devrait projeter son film chaque année, avant son
film d'ouverture,
sur le thème « le FFMM n'est pas un festival de la
crevette » !
5 septembre. Une brève anonyme d'on sait bien qui du
Devoir.
La voici :
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