Les interventions du redoutable polémiste (nous le sommes tous) restent généralement sans réplique, malheureusement, ses victimes n'éprouvant pas le besoin qu'on mesure davantage la justesse de la critique et c'est bien dommage, cela nous permettrait de rire encore un peu, car si le polémiste est intervenu, c'est évidemment que ce n'était vraiment pas drôle du tout.
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Polémiques II

Guy Laflèche,
Université de Montréal

Les Acknowledgements de maudits Sauvages
répercutés gracieusement au Québec par des maudits Français
au Festival du nouveau cinéma (2018 et 2019)

Table

  1. Maudits Français et maudits Sauvages
  2. « Territorial acknowledgement »
  3. La pastorale des notables du Festival du nouveau cinéma

  4. Et le délire s'amplifie, se poursuit

      Un Acknowledgement est un acte de contrition que l'on fait, dans les pays de colonisation anglo-saxonne, en Amérique du Nord, pour reconnaître qu'un événement, une cérémonie, une réunion, etc., se déroule sur un territoire ancestral amérindien qui n'a pas été « cédé », c'est-à-dire « acheté ». En effet, en colonisation britannique, hollandaise, etc., généralement anglo-saxonne, en Amérique du nord, le système ségrégationniste voulait que l'on achète la terre sur laquelle on établissait une habitation, une entreprise agricole, un village ou une colonie, d'où les Amérindiens étaient dès lors radicalement exclus.

      À remarquer que Manhattan a été acheté 25 $ le 24 mai 1626, de sorte qu'il ne s'agit nullement d'une terre « non cédé ». On peut s'amuser : si New York valait 25 piastres, le Québec en entier ne valait pas 30 sous. Si Champlain avait été un Anglo-Saxon avisé, il aurait fait une bonne affaire en échangeant une piastre contre quatre trente sous.

      En régime anglo-saxon, au Canada et aux États-Unis, aujourd'hui, ces actes de contrition représentent un précieux capital symbolique. Vu du Québec, on peut penser qu'il s'agit de rituels ridicules. Mais il faut comprendre que nous ne sommes pas, au Québec, de culture anglo-saxonne et que nous devons respecter les us et coutumes, les comportements, les rituels et les folklores des Canadiens et des États-Uniens, leurs populations autochtones comprises.

      En revanche, ces Acknowledgements n'ont pas leur place au Québec.

Montréal, territoire autochtone non cédé ?
Vous voulez rire ?

I —  Maudits Français et maudits Sauvages

      Oui, il faut maintenant au moins un sous-titre qui fesse fort, car autrement on entendra encore lire, partout, et jusque dans nos salles de cinéma, à Montréal, des prières stupides disant que tel festiveau se déroule ici sur des terres que l'on a volées aux Indiens. Et on ne trouvera pas plus beau veau que le Festival du nouveau cinéma (FNC). Des maudits Français qui nous lisent candidement des déclarations concoctées par des maudits Sauvages, avant la projection de films, chez nous, dans des salles remplies de Montréalais. Il y a, me semble-t-il, des limites à se laisser ainsi insulter.

      Les trois sections du texte qui s'ouvre ici ont été rédigées dans l'ordre inverse. La présente section, l'introduction, sera proprement pamphlétaire précisément parce que les deux sections suivantes étaient, disons, modérées, s'agissant de répliques polémiques, mais très mesurées, car elles s'adressaient aux auteurs des forfaits dénoncés, d'abord les notables du FNC (section III) et ensuite (section II), pour attaquer le problème à la source, aux notables municipaux de la ville de Montréal et aux notables universitaires du Québec, inspirés par des Iroquois de Kahnawake et de Kanesetake.

      En mars 2018 et novembre 2019, j'ai adressé ces deux rédactions aux journaux de Montréal, à la mairesse de Montréal, aux responsables universitaires des déclarations de Reconnaissance, aux associations militant pour l'adoption de ces reconnaissances, à plusieurs spécialistes de la Nouvelle-France, surtout aux historiens anglophones, de même qu'aux dirigeants de communautés autochtones. Soit de vingt à trente interventions impliquant souvent plusieurs personnes. Je suis intervenu deux fois, évidemment, auprès des notables du FNC, avec deux remarquables « réactions », d'abord la fameuse réplique du président Nicolas Girard Deltruc (17 octobre 2018), dont il sera longuement question plus bas, et ensuite, pour finir, l'accusé de réception du président du Conseil d'administration, Jacques Méthé (19 novembre 2019), qui va nous occuper maintenant. Conclusion : l'énergie consacrée à répliquer à des insanités qui se débitent publiquement et à contredire de grossières déclarations totalement fausses, injurieuses et insultantes, voilà ce qui est pour bien dire enregistré par un « accusé de réception » qu'on a été forcé de m'adresser. En effet, la direction du FNC n'a pas donné suite à ma demande de transmettre copie de mon texte (section II et III, ci-dessous) aux membres de son Conseil d'administration. Je pense qu'il y a là un manque d'éthique très grave de la part d'un organisme subventionné. J'ai toutefois pu rejoindre un membre du CA qui m'a donné l'adresse électronique du président du Conseil qui accuse donc réception de mon envoi, mais sans me préciser si les membres de son conseil ont bien finalement tous reçu mon texte. Le moins que l'on puisse dire est que le FNC manque de transparence dans la gestion des critiques qui lui sont adressées.

      Mais voici l'accusé de réception du Conseil d'administration du FNC :

Jacques Méthé < adresse >
19 novembre 2019
cc Nicolas Deltruc

      Bonjour monsieur Laflèche,

      Les propos de notre directeur général ou de notre directrice de la programmation auxquels vous faites référence reprennent simplement l'esprit de la politique de l'administration municipale de Montréal qui consiste en « ... la reconnaissance du territoire ancestral autochtone non cédé lors de prises de parole du maire et d'autres élus de la Ville... ». Nous ne souhaitons pas intervenir sur le fond dans ce débat qui ne relève pas de la mission de notre festival.

      Cordialement,

      Jacques Méthé

==========================================

On Nov 16, 2019, at 15:43, Laflèche Guy wrote :

      M. Jacques Méthé, président,
      CA du FNC

      Cher monsieur,

      C'est madame Verreault qui me donne votre adresse électronique. Apparemment, les membres du Conseil d'administration n'ont pas reçu mon analyse critique de la pastorale du Festival du nouveau cinéma. Le FNC, pourtant un organisme public et bien subventionné, ne répond pas aux messages. Il y a plusieurs semaines maintenant je lui ai adressé un texte critique que j'ai demandé qu'on transmettre aux membres de son CA. Il n'y est jamais parvenu.

      J'ai protesté l'année dernière, et encore cette année, devant le comportement du FNC, totalement inadéquat au Québec. Il s'agit de l'Acknowledgement qui nous est lu en début de séance de projection de film. Montréal serait un territoire amérindien non cédé. Une telle affirmation n'a aucun sens, en Amérique du nord, ailleurs qu'en milieu de colonisation anglo-saxonne. Il me semble que le FNC doit cesser ces déclarations intempestives, insultantes pour les Montréalais, infantilisantes pour les autochtones du Québec, cela ne fait aucun doute.

      Même si vous êtes au CA du FNC à titre de champion gestionnaire, peut-être ne serez-vous pas insensible à l'insulte que livre aux Montréalais la direction, et au premier chef son président, qu'on devrait renvoyer à ses cours d'histoire du Canada, à la petite école.

      Merci de faire suivre mon exposé à tous les membres du CA, qui voudra peut-être en tenir compte.

      Je vous prie d'agréer l'expression de mes meilleurs sentiments,

      __gl>-

________________________________
guy.lafleche@umontreal.ca — 514-343-6111#5474
— http://Singulier.info/ —
Guy Laflèche, professeur retraité
Département des littératures de langue française
Université de Montréal
C.P. 6128, succ. Centre-Ville, Montréal H3C 3J7


________________________________

Pièce jointe : < Montreal.pdf >

      Comme on le voit, il s'agit bien d'un accusé de réception en réponse à une lettre qui présente succinctement un petit mémoire protestant contre l'attitude du FNC. J'ai aussi accusé réception de l'accusé de réception, en espérant que les choses n'en restent pas là. Comme j'étais conciliant et diplomate, je pouvais espérer une réaction de la direction, peut-être en ces termes: « Bonjour monsieur le professeur, — Jacques Méthé nous transmet l'avis de notre Conseil d'administration. Après avoir pris connaissance de votre lettre du 16 novembre 2019 et de votre mémoire intitulé « Montréal », j'ai l'honneur de vous dire qu'en effet, l'évaluation des Reconnaissances adoptées par la ville de Montréal ne relèvent pas de notre mission, comme vous l'a déjà écrit monsieur Méthé le 19 novembre dernier. En conséquence, bien entendu, ces Acknoledgements ne seront plus jamais lus au FNC. Je tiens à vous remercier chaleureusement, monsieur le professeur, d'avoir pris la peine d'intervenir sur cette question qui relève manifestement de votre compétence et je le fais en mon nom personnel et au nom de tous les membres du CA de notre festival (qui, je vous le précise, ignoraient tous la directive que j'avais donnée intempestivement, je le reconnais, à mon équipe). Avec l'expression de mes meilleurs sentiments, — Signé, NNGGDD ».

      Évidemment, près de deux ans plus tard, à la suite de deux interventions, la situation n'est plus du tout la même. Mes interventions de novembre 2018 et de janvier 2019 s'adressaient, je le répète, à des organismes, des autorités et des personnes qui avaient la possibilité d'intervenir, notamment, excellent exemple, au FNC, pour que la politique inadéquate change. Il suit que la polémique, c'est-à-dire les répliques aux insanités, doit passer en mode pamphlétaire. Bien entendu, toute personne le moindrement intelligente pouvait comprendre le fond (muet) de mes répliques polémiques, telles qu'on les lira ci-dessous. Maintenant, ce sera explicite.

      En effet, la question qui s'est toujours posée concerne les causes, oui, les « pourquoi ». Pourquoi donc la ville de Montréal et les Universités du Québec ont-elles adopté ces stupides Acknowledgements ? Pourquoi ? Très simple : cela leur a été imposé par des maudits Sauvages. Mais pourquoi donc le Festival du nouveau cinéma insulte-t-il les Montréalais et tous les Québécois avec ces grossiers et obséquieux Acknowledgements ? Pourquoi ? Très simple : cela est l'oeuvre incontestable de péteux de broue de maudits Français, très fiers de servir les « Indiens (du Canada ou des U.S.A) » tels qu'ils les ont toujours connus sans en avoir jamais rencontré un seul (dessinés par Morris dans ses Lucky Luke).

Les maudits Français

      Des maudits Français ? Mais on n'en voit plus au Québec. C'était dans les années 1965 et 1975. Généralement des « coopérants » qui venaient ici faire l'équivalent de leur service militaire, dans les universités et les ministères. Avec de nombreux autres qui s'engageaient alors dans la restauration. Et tout le monde connaît le comportement d'un garçon de café parisien... Ils débarquaient ici exactement comme les Français se rendaient aux colonies, cinq ou dix ans auparavant, en Tunisie, surtout en Algérie, où l'on sait ce que cela a produit. Bref, c'est simple, un maudit Français, c'était un Français qui se comportait au Québec exactement comme s'il était dans une colonie française. Et tous méritaient bien leur surnom. Sauf que cela ne se trouve plus aujourd'hui. On peut certes s'amuser à taquiner quelques personnes françaises ou d'origine française, mais c'est un plaisir gratuit, car il est évident qu'ils sont chez nous, au Québec, exactement comme nous sommes chez eux, en France.

      Pourtant, Zoé Protat ne déclare-t-elle pas, dans une grande salle de cinéma de Montréal, remplie de Montréalais, que le cinéma où on se trouve, elle s'en excuse, se trouve sur un territoire qui a été volé aux Indiens ? Pourquoi ? Certes, elle est Montréalaise, elle a fait toutes ses études à Montréal et détient un mémoire de maîtrise de l'Université de Montréal dont j'ai pris connaissance et que je me promets de lire (il porte sur les hommes de fer et de marbre d'Andrej Wajda, 2017). Oui, mais son père, lui, était français. Y aurait-il là un atavisme inconscient qui ferait de Zoé Protat un renouvellement de l'ancien comportement de la race française maudite ? Cela me paraît bien peu probable, car François Protat (1945-2019) a bien fait ses études à l'École de photographie de Paris, mais il n'a pas seulement choisi le Québec en 1969, car le Québec l'a choisi pour en faire l'un de ses deux plus grands « cameramen  » (c'est-à-dire directeurs de la photographie cinématographique), à la suite de Michel Brault. Par ailleurs, il faut ajouter que « maudit Français », c'est masculin. On peut tout de même imaginer que la fille d'un Français d'origine puisse se plier facilement aux diktats d'un patron français. Car elle n'est pas la seule, à la dernière édition du FNC, à nous avoir seriné le bel Acknowledgement, puisque je l'ai entendu lire avant elle par une jeune présentatrice (sans me donner la peine de protester, tellement il était évident que la pauvre fille obéissait aux directives de la direction, avec un petit papier tremblotant qu'elle lisait difficilement).

    Car pour être un maudit Français, le bon sens le dit, il faut d'abord être un Français. Et tel est bien le cas de Nicolas Girard Deltruc. Il est né en 1976 dans la ville d'Algrange, au nord-est de la France (disons en Alsace, près du Luxembourg). C'est là qu'il a fait son lycée (1992-1995) au très chic et catholique lycée Saint-Vincent-de-Paul. Il a fait ensuite ses études supérieures à l'École nationale des Beaux-Arts de Nancy (1995-1999). Il commence sa carrière... aux colonies. À Libreville au Gabon. Il est assistant des producteurs de Dix d'Abbas Kiarostami (Iran, 2002). Il fera des bouts d'études en cinéma et en gestion (« managment ») à Québec (1998 et 2004). C'est à partir d'une expérience au Festival des films de Toronto qu'il arrive au Festival du nouveau cinéma de Montréal en 2005 et il en devient le directeur à la toute fin de l'année suivante. En pratique, il dirige le festival depuis 2007. Peu nous importe ici ses aventures très médiatisées et donc fort connues (et pourtant assez nébuleuses) au cours des dix ou quinze ans qui suivent. Le résultat est simple, clair et net : en 2018, puis en 2019, nous avons un maudit Français à la tête du FNC, capable de dire et de faire dire aux Montréalais que son festival se déroule sur une terre qu'ils ont volée. C'était d'abord un territoire ancestral volé aux Iroquois (2018), ensuite (2019) un « territoire autochtone non cédé ».

      La ville de Montréal et les universités du Québec ont évidemment subi des pressions pour adopter les fameux Acknowledgements. Cela n'est évidemment pas le cas d'un festiveau ! Alors pourquoi et comment cela s'est-il fait ? Il n'y a pas d'autres explications possibles : c'est le fait de maudits Français, d'un Nicolas Girard Deltruc qui se croit ici aux colonies et demande à ses troupes de bien vouloir faire la leçon aux autochtones (tous les Québécois) au profit de ses gentils Indiens, pour cause de « réconciliation » (sic). La vérité, c'est que le maudit Français est la marionnette de maudits Sauvages, des ventriloques qui n'en espéraient pas tant.

Les maudits Sauvages

      Il ne fait aucun doute que l'Acknowledgement a été imposé à l'administration de la ville de Montréal et, plus largement, aux universités, par les Iroquois de la région de Montréal, des activistes de Kahnawake et de Kanesetake, avec leurs nombreux sympathisants ignorants et irresponsables. On en trouvera quelques-uns identifiés plus bas. Certes, l'administration de la mairesse Valérie Plante a dû reculer un petit peu, devant l'Acknowledgement « iroquois » du maire Denis Coderre, qui n'avait manifestement aucun sens ni bon sens, faisant des Iroquois des anciens occupants de l'île, qu'ils n'ont jamais, absolument jamais habitée. On aura remplacé les Iroquois par... des autochtones. On verra combien ce compromis est ridicule, les Hochelagois, avec lesquels Cartier avaient fait alliance, ayant été massacrés par les Iroquois, comme tous les Iroquoiens du Saint-Laurent. L'île de Montréal n'aura été occupée par aucune nation autochtone avant la fondation de Ville-Marie.

      Comment expliquer que les Iroquois de la région de Montréal aient pensé nous imposer ces Acknowledgements ? Il n'y a qu'une explication et on en subit continuellement les ravages dans tout le Québec. Les Iroquois sont des Indiens du Canada. Tous les Autochtones, tous les Amérindiens du Québec sont tout naturellement québécois. Et comme tous les Québécois, ils peuvent bien être indépendantistes ou fédéralistes, mais ce ne sont pas des « Indiens du Canada ». Les Cris de l'Est, les Innus, les Naskapis, les Wendats, les Attikameks, les Algonquins, etc., ne prendront jamais leurs concitoyens du Québec en otage pour régler des problèmes canadiens. Pas même pour régler leurs problèmes au Québec ! La terrible « guerre du saumon » (1981-1982), que les Micmac (Restigouche) et surtout les Innus ont finalement gagnée, n'a jamais paralysé le Québec.

      Les Acknowledgements sont significatifs de ce comportement qu'on doit qualifier de sauvage, s'agissant du mépris manifesté systématiquement à l'égard des citoyens du Québec. Et, bien entendu, je ne parle pas des Iroquois absolument, car il faut garder le sens des proportions. Mais je ne parle pas non plus seulement des activistes iroquois fanatiques improvisés. Dès la moindre crise, on ne trouve plus de responsables à Kahnawake et à Kanesetake, mais beaucoup d'irresponsables qu'on ne peut qualifier autrement que de « maudits Sauvages », qui refusent de répondre de leurs actes devant les journalistes, la presse étant pourtant le nerf de l'action responsable. Jamais les dirigeants iroquois n'ont étudié sérieusement cette question qui peut toujours finir par dégénérer, comme dans le cas de la crise d'Oka, en criminalité (Iroquois armés, masqués et, bien entendu, anonymes). Le Québec doit prendre le contrôle de ces villages iroquois, comme c'est le cas de toutes les municipalités du Québec, car le gouvernement du Canada est manifestement incapable d'agir de manière responsable avec sa fameuse « Loi sur les Indiens ».

      Tout cela est patent de la crise d'Oka (1990) à la crise ferroviaire (2020). Dans ce dernier cas, le phénomène est d'autant plus évident que les Iroquois eux-mêmes (avec les Micmacs de la Gaspésie) ont été bernés par de petits groupes d'activistes de l'ouest du Canada, dans le cadre d'une situation complexe où ni eux ni personne ne pouvaient rien comprendre. Tout cela se passait en Colombie-Britannique (bien loin de Montréal !) où s'opposaient six chefs de villages (élus) du territoire Wet'suwet'en et un groupe indéterminé de « chefs héréditaires ». Les élus des réserves avaient négocié une entente avec la compagnie Coastal Gazlink dont le gazoduc traversera leur territoire (puits et aqueducs, réaménagement d'écoles, infrastructures diverses, investissement sociaux, notamment auprès des adolescents). La contestation des chefs responsables du territoire (et non des villages) durait depuis de nombreuses années et, manifestement, il s'agissait d'empêcher la construction du gazoduc. Et c'est ce que tout le monde et les Iroquois avaient compris. Erreur ! Les chefs héréditaires se livraient tout bonnement à une guéguerre de pouvoir qui se terminera, après un mois de perturbation, par une entente de deux pages et demie (voyez le texte de l'accord du 29 février 2020, à la suite de l'entente et du communiqué de presse du 27 février, sur le site du gouvernement fédéral) entre le Canada, la Colombie-Britannique et... un groupe d'autochtones de Wet'suwet'en à déterminer ! Les « négociations » se poursuivront au cours des six ou douze prochains mois. Voyons donc ! La désignation des porte-paroles de Wet'suwet'en ne se réalisera pas avant une décennie, bien entendu.

      Vous verrez que l'arrêt de la construction du gazoduc, le fameux pipeline de la Costal Gaslink, ne fait pas partie de l'entente. Au contraire. Sa construction se poursuit. D'ailleurs, le 13 mai 2020 la compagnie a obtenu un prêt de 500 millions de dollars afin de poursuivre ses travaux dans le contexte de l'épidémie du CoronaVirus.

      Au Québec, les Iroquois de Montréal et de Tyendinaga (à Belleville en Ontario), comme les Micmacs de la Gaspésie, ont paralysé pour rien, sans aucun profit pour personne, toutes les liaisons ferroviaires, bloquant le trajet Ottawa-Montréal, les trains de banlieue de Montréal et la circulation jusqu'en Gaspésie. Les dommages ont été considérables, des situations d'urgence ont été crées et des familles ont perdu leurs sources de revenus. Durant un mois.

      Et cela n'a qu'une explication : les Iroquois ne sont pas québécois, ce sont des Indiens du Canada, qui ont le plus parfait mépris pour leurs concitoyens. Cela se voit dans leur tactique de blocage systématique des voies de communication pour régler leur problème. Cela se voit aussi dans le tout simple fait d'insulter les Montréalais et tous les Québécois avec ces insipides acknowledgements on ne peut plus canadian.

II —  « Territorial acknowledgement »

      Considérons d'abord les déclarations symboliques de trois universités sur l'île de Montréal qui ont adopté de telles « Reconnaissances ». On oubliera donc Bishop's University de Sherbrooke et l'Université Laval de Québec, celle-là se déclarant en territoire abénaki et wabénaki (sic), et celle-ci, évidemment en territoire ancestral innu, se déclarant en territoire huron ! Dans ce dernier cas, on assiste à une amusante inversion du titre de l'ouvrage célèbre, le Pays renversé, puisque c'est Québec qui accueillera sur son territoire, en 1650, une importante communauté de Hurons chrétiens, ce qui forme aujourd'hui la ville de Lorette (Loretteville qui est maintenant un quartier de la ville de Québec). Ces aberrations, comme celles qu'on lira tout au long du présent exposé, s'expliquent du simple fait que ces Reconnaissances sont, dans leur esprit comme dans la leurs formulations, de conception exclusivement anglo-saxonne. C'est la Canadian Association of University Teachers qui en fait la promotion au Canada. Le résultat, on va le voir, est non seulement totalement étranger à la culture québécoise, mais insultant pour tous les Québécois, et particulièrement humiliant pour nos communautés autochtones.

      À Montréal, on a d'abord la déclaration de l'Université Concordia qui doit être située, en fait, à « Montreal », au Canada, et celle édulcorée, et d'autant plus comique, de l'Université de Montréal, au Québec. Celle de l'Université McGill apparaît finalement comme un tout petit fion. Comme on va le voir, ces déclarations intempestives manifestent une totale ignorance de l'histoire et de la culture du Québec, qui se sont édifiées depuis la Nouvelle-France. La colonie française s'est mise en place grâce à nos alliés, qui ont été, dans l'ordre, les Micmacs, les Innus, les Algonquins, les Outaouais, les Népissings, avec ensuite une très longue chaîne d'alliances, dont le maillon le plus important aura été, jusqu'en 1650, les Iroquoiens des Grands Lacs, d'abord et avant tout les Hurons.

      Les notables universitaires qui ont rédigé et fait adopter ces déclarations ne sauront jamais en répondre, tellement elles sont inqualifiables. Non seulement elles manifestent une grave méconnaissance de l'histoire et de l'ethno-anthropologie des Amérindiens nomades du nord-est de l'Amérique, comme de l'histoire du Québec, de la Nouvelle-France à nos jours, mais elles sont également un grave symptôme de mépris à l'égard des Québécois, les Amérindiens et les Canadiens de Nouvelle-France, puis du Canada français du nord-est de l'Amérique. Tout cela frise le racisme. D'abord à l'égard des Montréalais, et donc de tous les Québécois, dont on dénigre ainsi haineusement l'histoire vivante et prestigieuse de leur métropole, pour en faire stupidement, faussement et anachroniquement un « territoire autochtone non cédé », car nous devons être « conscients des injustices dont est parsemée l'histoire coloniale de ce lieu » (sottise textuelle); ensuite, surtout, profond mépris à l'égard de tous les Amérindiens du Québec qu'on infantilise, méprise et ridiculise avec ces « Reconnaissances ».

      Mais voici les textes incriminés.

Territorial acknowledgement, Concordia University, Montreal, Canada

      I/We would like to begin by acknowledging that Concordia University is located on unceded Indigenous lands. The Kanien'kehá:ka Nation is recognized as the custodians of the lands and waters on which we gather today. Tiohtiá:ke/Montreal is historically known as a gathering place for many First Nations. Today, it is home to a diverse population of Indigenous and other peoples. We respect the continued connections with the past, present and future in our ongoing relationships with Indigenous and other peoples within the Montreal community.

—— Traduction de l'Université :

      J'aimerais / Nous aimerions commencer par reconnaître que l'Université Concordia est située en territoire autochtone, lequel n'a jamais été cédé. Je reconnais/Nous reconnaissons la nation Kanien'kehá:ka comme gardienne des terres et des eaux sur lesquelles nous nous réunissons aujourd'hui. Tiohtiá:ke / Montréal est historiquement connu comme un lieu de rassemblement pour de nombreuses Premières Nations, et aujourd'hui, une population autochtone diversifiée, ainsi que d'autres peuples, y résident. C'est dans le respect des liens avec le passé, le présent et l'avenir que nous reconnaissons les relations continues entre les Peuples Autochtones et autres personnes de la communauté montréalaise.

      Ce texte a été composé par Shiann Wahéhshon Whitebean, Iroquoise de la ville de Kanawake, étudiante au doctorat à l'Université Concordia, pour le compte du Groupe directeur sur les devenirs autochtones. Il est daté du 16 février 2017. Cette Déclaration est accompagnée, sur le site internet de l'Université, d'un « Énoncé de reconnaissance territoriale de l'Université Concordia, située à Tiohtiá:ke (Montréal) », du Groupe directeur sur les devenirs autochtones. Ce salmigondis de niaises faussetés est donc une publication officielle par l'Université.

Déclaration de reconnaissance des territoires autochtones, Université de Montréal, Québec

      L'Université de Montréal est située là où, bien avant l'établissement des Français, différents peuples autochtones ont interagi les uns avec les autres. Nous souhaitons rendre hommage à ces peuples autochtones, à leurs descendants, ainsi qu'à l'esprit de fraternité qui a présidé à la signature en 1701 de la Grande Paix de Montréal, traité de paix fondateur de rapports pacifiques durables entre la France, ses alliés autochtones et la Confédération haudenosauni (prononciation: o-di-no-sho-ni). L'esprit de fraternité à l'origine de ce traité est un modèle pour notre communauté universitaire.

      Ce texte, sous la supervision des professeurs Jean Leclair et Michel Martin, Faculté de droit, est de Marie-Pierre Bousquet, du Département d'anthropologie. Il a été adopté par le Conseil de l'Université le 28 mars 2018. J'imagine mal mes collègues Rémi Savard ou Normand Clermont rédiger une telle déclaration pour remplacer celle de Concordia, qui devait au contraire être dénoncée, surtout d'un point de vue juridique. Montréal, un territoire « non cédé » ? L'édulcoration de déclarations totalement fausses est gravement incriminante de la part d'universitaires.

Traditional Territories

      McGill University is located on land which has long served as a site of meeting and exchange amongst Indigenous peoples, including the Haudenosaunee [les Iroquois] and Anishinabeg [des Algonquins qui se donnent aujourd'hui ce nom] nations. McGill honours, recognizes and respects these nations as the traditional stewards of the lands and waters on which we meet today.

      Les Iroquois, ni aucun Algonquin n'ont jamais sympathisés sur l'île de Montréal. Une telle affirmation est ridicule. Déclarer qu'on se rencontre aujourd'hui, à McGill University, sur la terre bénie où ces ennemis de toujours se seraient embrassés est d'une rare stupidité, d'un inqualifiable infantilisme.

      Ce texte de l'Université McGill n'est ni signé ni daté. En code source html, son copyright est de 2019. Je cite : « For many Indigenous peoples in Canada [je souligne et répète, in Canada], and increasingly in broader Canadian society, traditional territory acnowledgements are an important cultural protocol practiced at ceremonial events as a way to acnowledge and honour Indegenous peoples'connections to their ancestral lands ». Pour un Montréalais, pour un Québécois, ce commentaire parle de lui-même. Il s'agit d'un exposé anglo-saxon, canadian. À remarquer que le site qui a servi de rencontre (sic), Montréal, a été, en fait, un lieu de passage dont les données archéologiques datent de plus d'un millénaire, à ce que je sache. On n'a jamais pu localiser le site d'Hochelaga, tellement il a si bien été rasé par les Iroquois (s'agissant pourtant d'un important village fortifié d'Iroquoiens sédentaires).

      Revenons à la Déclaration de l'Université de Montréal. Bien qu'il s'agisse encore d'une édulcoration du texte adopté par l'Université Concordia, cette Déclaration n'en est pas moins totalement fausse. La Paix de Montréal n'a jamais été un événement « fondateur » de « rapports pacifiques durables » entre les Iroquois (prononciation : [irþkwa]). Et il n'y a aucune « fraternité » là-dedans, s'agissant du texte juridique d'un traité de paix entre la colonie française et ses alliés des Grands Lacs, avec les Iroquois.

      Remarquons d'abord que la Nouvelle-France, puis le Québec, a connu des dizaines, des centaines de traités avec les nations amérindiennes. Or, il y a quelque chose d'un peu ridicule à ériger la Grande Paix de 1701 en modèle de fraternité... avec les Iroquois. D'abord, si dans un formidable traité les alliés de la Nouvelle-France forcent leurs ennemis à enterrer la hache de guerre, c'est que guerres il y avait depuis longtemps; ensuite, la Grande Paix n'est qu'un épisode dans la diplomatie des alliés de la Nouvelle-France, puisque tous se retrouvent l'année suivante, 1702, dans une nouvelle situation diplomatique, à l'occasion de la seconde guerre intercoloniale en Amérique du nord. Les relations avec l'Iroquoisie vont se développer dès lors dans un tout autre contexte. Mais nos notables universitaires ont retenu ce « symbole », emprunté au document de Concordia, simplement à cause du nom de lieu de ce traité, la Paix de Montréal. Avec l'idée de paix, de pacifisme, bien entendu. Une façon toute simple d'effacer l'histoire et d'en inventer une autre, avec un angélisme sans aucun rapport avec la réalité historique et totalement décroché de notre situation historique actuelle.

      Dans le cas de la Reconnaissance de Concordia, la déclaration est appuyée par un exposé qu'on n'accepterait pas, au niveau secondaire d'un collège du Québec, sans renvoyer l'élève à ses cours d'histoire du Canada. Tout le texte est pensé dans la perspective du colonialisme anglo-saxon en Amérique du Nord, sans aucun rapport avec l'histoire du Québec. Certes, l'histoire de la colonie française, dans ses relations avec les nomades du nord-est du continent, n'aura pas été de tout repos, c'est le moins que l'on puisse dire. Mais est-ce qu'on ne pourrait pas se concentrer sur ces faits-là et s'en contenter, sans y ajouter des problèmes créés, ailleurs, par la colonisation anglo-saxonne ? Un exemple simple s'impose ici. En Nouvelle-Angleterre, puis dans tous les États-Unis, comme au Canada, le principal rapport avec les Amérindiens est le ségrégationnisme radical. On achète aux Indiens le territoire sur lequel on s'établit; les Indiens vivent de leur côté, le plus loin possible (sauf pour les visites très surveillées aux magasins de traite). Les relations s'arrêtent là, à l'exception de l'engagement des Amérindiens comme mercenaires (car on ne parle pas ici d'alliés). Bref, les territoires anglo-saxons sont réputés avoir été cédés, puisqu'ils ont été achetés; si tel n'est pas le cas, le territoire en question entre dans la nombreuse et triste catégorie des territoires « non cédés ». Au Québec, cela n'a aucun sens. Tout le monde sait, depuis la Nouvelle-France, qu'avec les Amérindiens, on doit négocier, qu'on a toujours négocié et que ce sera toujours le cas avec les communautés autochtones.

      Une autre caractéristique du document d'appui de Concordia à sa Reconnaissance, c'est son angélisme. Et sa vision folklorique de la culture amérindienne. Faire des déclarations très officielles où les autochtones sont présentés comme des « gardiens du savoir », des « gardiens des terres et des eaux », avec « fumigation de tabac », tout cela est amusant. On parle amérindien à peu près comme les petites filles parlent bébé lorsqu'elles jouent à la poupée. Non, même à Montréal les deux communautés d'origine iroquoise ne sont pas de cette trempette. Ils ont certes moins de revendications que les Amérindiens du Nord et du Grand Nord, mais ils ont des demandes très précises que nos notables universitaires édulcorent avec des affirmations symboliques totalement fausses. Voire des parades de collation des grades. À Kahnawake, le Conseil de bande demande en vain de reconstituer sa police municipale; à Kahnasetake, ce que le Conseil demande, c'est que le territoire de la communauté soit réorganisé et étendu.

      Cela dit, on trouvera dénoncé ci-dessous les absurdités qui découlent du document d'accompagnement de Concordia. Ce sont en effet ces sornettes et courbettes qui sont reprises, le plus sérieusement du monde, par nos notables. Où ? Après nos universités et l'Hôtel de ville de Montréal, on remet ça dans nos salles de cinéma ! On ne le croira pas, mais c'est bien en ouverture de projections de film au Festival du nouveau cinéma qu'on nous serine que Montréal se trouve sur une terre usurpée. Alors passons à ces notables cinématographiques.

III — La pastorale des notables du Festival du nouveau cinéma

      C'est l'année dernière, le 11 octobre 2018, à la Cinémathèque, que j'ai entendu pour la première fois le président du Festival du nouveau cinéma (FNC) nous lire un texte affirmant que le festival se déroulait sur une terre iroquoise (qu'il désignait sous le nom de Haudenosaunee, mot qu'il s'appropriait pour l'occasion) qui n'avait pas été cédée. C'était avant la projection des films Québec, créateur de mouvement, sur la danse québécoise au cinéma, et le reportage de Raymond St-Jean sur Louise Lecavalier, deux films qui n'ont aucun rapport avec les Amérindiens. Je suis alors intervenu pour demander à Nicolas Girard Deltruc qui était l'auteur de ce texte et d'où il venait. Il n'en savait rien. J'ai alors expliqué en quelque mots que ces affirmations étaient totalement fausses, l'île de Montréal n'ayant jamais été une terre iroquoise, ni agniée ou mohawk (Kahnawake, Kanien'kehaka). Il a répondu qu'il allait se renseigner. Je l'ai moi-même renseigné par courrier électronique, le lendemain 12 octobre; il m'a répondu de manière lénifiante (comme on le verra ci-dessous) cinq jours plus tard; ce à quoi j'ai immédiatement répliqué, réplique restée sans réponse. J'avais en effet découvert l'origine du texte : un torchon lu à l'hôtel de ville de Montréal sous l'administration de Denis Coderre. L'administration de Valérie Plante a depuis généralisé le texte, Montréal devenant un « territoire autochtone non cédé ». Et c'est bien la formule que vient d'utiliser la vice-présidente du FNC, Zoé Protat, directrice de la programmation, avant la projection de Blood Quantum de Jeff Barnaby, présenté au Quartier Latin, jeudi 17 octobre 2019 (l'histoire est censée se passer au village de Red Crow, chez les Micmacs de Gaspésie, bien loin de Montréal). Bref, la déclaration est passée des notables de la ville à ceux du FNC.

      Il s'agit d'une prière, d'un Acte de contrition, que l'on fait au nom des Montréalais. On s'excuse très officiellement : « Le FNC reconnaît que son festival se déroule à Montréal sur une terre amérindienne qui n'a pas été cédée ». Cette déclaration manifeste une méconnaissance des faits historiques et ethno-anthropologiques.

      Du simple et élémentaire point de vue de l'histoire événementielle, jamais l'île de Montréal n'a été un territoire iroquois. Jacques Cartier s'est rendu à Hochelaga en 1535 et a fait alliance avec les Iroquoiens qui habitaient au pied de la montagne. Ces Amérindiens, nos alliés, seront par la suite attaqués, décimés par les Iroquois, qui en traîneront un grand nombre en captivité (où quelques-uns seront suppliciés, avant que les autres ne soient adoptés); ceux qui ont réussi à s'enfuir ont trouvé refuge chez les Iroquoiens des Grands Lacs, leurs alliés et bientôt les nôtres, notamment chez les Hurons. En effet, le vocabulaire iroquoien enregistré par Cartier dans ses relations se retrouve chez les Hurons, jamais chez les Iroquois où les captifs d'Hochelaga et de la vallée du Saint-Laurent ont dû adopter la langue de leurs maîtres. Dès ce moment, l'île de Montréal est interdite de séjour sous la pression des Iroquois, qui ne l'habiteront jamais. Ce sont des sédentaires, bien installés sur leur terre, à Ossernonon, et tout au sud du lac Ontario, où leurs captifs viennent renforcer leur situation socio-économique.

      En effet, la dévastation d'Hochelaga correspond à une très vaste opération militaire qui s'est déroulée sur plusieurs décennies. Au moment où les Français reprennent pied dans la vallée du Saint-Laurent, en 1603, 1608 et 1632, tous les Iroquoiens ont disparu. Les historiens, qui ont peur des Iroquois encore aujourd'hui, s'amusent à « se perdre en conjoncture » à ce sujet. Ces Iroquoiens auraient été victimes d'épidémies ? Impossible, car les épidémies viennent des Européens et aucun n'habite la vallée du Saint-Laurent durant un siècle; en revanche, les Iroquois fréquentent les Hollandais, puis les Anglais, d'où de très nombreuses épidémies, et par conséquent les razzias de captifs, comme ceux d'Hochelaga. Les Iroquoiens auraient quitté leur terre pour des raisons climatiques, soit un refroidissement qui aurait raccourci la période propre à la culture de la terre ? Non, puisque encore aujourd'hui on cultive la même chose à Québec et à Montréal que ce que les Iroquoiens y produisaient. La cause est toute simple et Champlain l'a tout de suite désignée : les Iroquois. Ce sont des guerriers redoutables qui agissent alors, comme ils le feront toujours, selon la méthode classique d'une pierre deux coups, soit en renouvelant et en augmentant constamment leur population avec des captifs iroquoiens qu'ils peuvent intégrer facilement et, du même coup, en contrôlant tout le commerce des marchandises européennes du nord-est de l'Amérique. Il faudra la grande alliance des Algonquins, des Hurons et des Français pour briser ce monopole absolu, sans jamais pouvoir l'éliminer.

      Et c'est ainsi qu'on en vient aux affirmations saugrenues d'un Nicolas Girard Deltruc, qui s'improvise historien (message électronique du 17 octobre 2018). « Aucun traité n'atteste la cession du territoire de Montréal à la France. Il s'agit donc en effet d'un territoire non-cédé ». Textuel. « Que l'île ait été inoccupée [durant un siècle !] par les populations autochtones quand Maisonneuve vient y fonder une colonie ne créée pas pour autant une situation de "terra nulla", concepts colonial aujourd'hui en désuétude » ! D'abord, nous ne sommes pas « aujourd'hui », mais en Nouvelle-France en 1642. Ensuite, a-t-on jamais lu un argument aussi peu... ? Fonder Montréal sur une île inoccupée durant un siècle à cause de la guérilla iroquoise, cette fondation est une usurpation ? Ah ! bon. « Sur le plan historique, il est indéniable que le territoire montréalais a été séculairement habité et cultivé par des peuples de la Maison longue ». Une telle affirmation évalue d'elle-même, évidemment, les connaissances historiques de son auteur, car il faut un notable pour donner dans ces affirmations inqualifiables : « Sur le plan historique, il est indéniable que... ». Le notable devrait retourner à la petite école, à son cours d'histoire du Canada. « Les communautés mohawks de proximité [Kahnawake] sont un lien vivant avec cette grande tradition haudenosaunee à laquelle Montréal est intimement lié » ! Sortez les violons. Tu parles ! Tu causes, tu causes, c'est tout ce que tu sais faire (le perroquet Laverdure, Queneau, Zazie). « C'est donc un geste de diplomatie [sic] et de réconciliation [re-sic] qui est posé en reconnaissant cet état de fait ». Le FNC doit poser des « gestes » ? Et quel « état de fait » ? Sans compter l'inversion du raisonnement : c'est pour cause de diplomatie et de réconciliation qu'on justifie la proclamation de telles sottises. « Qu'il y ait débat entre tradition orale autochtone et histoire officielle, cela concerne les spécialistes ». Ah ! bon. Mais quel débat ? Il n'y a pas d'histoire « officielle » de la Nouvelle-France en ce qui concerne l'occupation des territoires au Québec. L'historiographie de la Nouvelle-France connaît au moins trois strates documentaires. (1) Les sources écrites, narratives et administratives; (2) les sources orales, très peu nombreuses, qu'on trouve dans les sources narratives, les relations de voyage; par exemple, j'y tiens beaucoup, la tradition amérindienne enregistre l'arrivée des Blancs, avec leurs fabuleux « canots de bois » (plusieurs récits oraux en ont été enregistrés); aussi nous nomment-ils encore aujourd'hui mishtikushu, soit à peu près « champions à travailler le bois »; fils d'ébéniste, petit-fils de menuisier, toujours habile avec ma tronçonneuse, mon égoïne et ma varlope, pour ne pas dire mon « couteau croche », je suis très honoré d'être ainsi désigné par des spécialistes depuis toujours dans le travail du bois; notre nom nous vient de la tradition orale et se trouve enregistré au lexique innu; (3) et les sources orales sont suivies des données archéologiques.

      Ici, attention. L'archéologie montre que les Iroquoiens du Saint-Laurent occupent le territoire depuis plusieurs siècles avant le séjour de Jacques Cartier. Les Iroquois n'ont rien à faire ici, les poteries de nos Iroquoiens n'ayant aucun rapport avec les leurs. Mais notre notable, lui, trouve sur l'internet une toute autre histoire, une légende urbaine qu'il présente comme une « tradition orale » ! Il s'agit d'une rumeur de Kahnawake, où quelques dirigeants propagandistes de leur bonne cause confondent depuis vingt ou trente ans les Iroquoiens du Saint-Laurent avec... leurs ancêtres.

      Justement, c'est ainsi qu'on en vient à l'affaire de la non-cession de Montréal, qui est une absurdité ethno-anthropologique. Personne ne pourra jamais nommer une seule terre, un seul territoire, qui aura été « cédé » par des Amérindiens de Nouvelle-France. Il faut rappeler d'abord que la formule nous vient du Canada et des États-Unis où, en effet, on achète les terres des Amérindiens. En Nouvelle-France, les Canadiens vivent avec (oui, « avec ») des nomades et en intelligence avec eux, en bonne intelligence, par la force des choses. Tout a toujours été négocié, accords et traités qui ne sont pas sur papier, mais qui n'en sont pas moins effectifs. Dans le grand Conseil de Tadoussac, en 1603, à la demande des Innus, Champlain promet d'ouvrir une Habitation à Québec, ce qu'il fera en 1608 et ce qui deviendra la « fondation » de Québec. Évidemment, Innus et Français y trouvent leur compte, en particulier sur un plan essentiel, l'ordre militaire. Tous ont avantage à s'organiser ensemble pour se prémunir contre les redoutables guerriers iroquois. Et c'est ainsi que les Habitations successives se feront à la demande et avec l'accord des Amérindiens : Tadoussac, Québec, Trois-Rivières et Sorel, puis... Montréal !

      Lorsque Montréal est fondée en 1642, Maisonneuve et Jeanne Mance ont évidemment l'accord de tous les alliés de la colonie. Mais ce sont surtout les Algonquins, les Outaouais, les Népissings, les Hurons et les Pétuns qui demandent aux Français de sécuriser la longue et essentielle route de traite qui conduit de la Huronie, avec ses Algonquins supérieurs, à Midland, jusqu'à Trois-Rivières, où se déroule annuellement la grande foire commerciale. Montréal se présente alors comme un rempart, mais surtout un refuge, correspondant au Fort Sainte-Marie, respectivement le point de départ et le point d'arrivée, avant Trois-Rivières, de la dangereuse route de traite, sécurisée également par des envois périodiques de soldats canadiens. Montréal est une terre qui n'a pas été « cédée » ? Vous voulez rire ? Non seulement l'île de Montréal a été un lieu interdit de séjour, par les Iroquois, durant plus d'un siècle, mais dès sa création, en 1642, le grand chef des Algonquins de l'Île (Kichesipirinis), « Paul » Tessouat, vient vivre à Montréal, avec toute sa familles et plusieurs de sa nation. Il s'installe sur la terre des Montréalistes, sécurisée militairement par Maisonneuve, sanitairement par l'Hôpital de Jeanne Mance et religieusement par les jésuites d'abord, puis les sulpiciens. Il se fait même baptiser (prenant le prénom du gouverneur). Plus encore : ce sont les Montréalistes qui céderont les terres de deux villages aux Iroquois chrétiens qu'ils accueillent sur leur territoire dans la seconde moitié du XVIIe siècle, aujourd'hui Kahnawake à Montréal, puis Kahnasetake sur l'Outaouais. Bref, tout est faux dans la pieuse déclaration de pastorale. Pire que tout, elle noircit outrageusement la réalité, car la colonie française du nord-est de l'Amérique aura été une réussite remarquable dont le Québec tire profit encore aujourd'hui. Certes, le développement socio-économique du Québec, aux XIXe et XXe siècles, aura été extrêmement dommageable pour les nations autochtones, sous la responsabilité du gouvernement fédéral du Canada, avec sa Loi sur les Indiens, mais en dépit d'atrocités et de comportements indignes, dont les Québécois d'origine européenne portent une grande responsabilité (l'affaire des pensionnats, les femmes autochtones et tous les autochtones victimes d'abus systémiques, et plus insidieusement le racisme des Blancs à la source de tous ces méfaits), bref, en dépit du pire, tous les ingrédients de bonne entente restent en place. La « Paix des braves », l'entente avec les Cris de la Baie James, en est une évidente illustration. Qui donc peut avoir intérêt à transformer les Amérindiens en victimes et les Montréalais, et l'ensemble des Québécois, en criminels ?

      C'est pourtant ce que fait l'invocation en mode d'Acte de contrition. Les notables se rendent-ils compte qu'ils insultent les Montréalais avec leur prière ? Que celle-ci soit totalement fausse et absurde, cela ne change rien à l'insulte. Et en plus, elle édulcore les revendications des communautés autochtones reposant, elles, sur des droits réels et précis.

      À qui donc, en effet, s'adressent les prières et Actes de contrition de ces notables ? Aux Amérindiens ? Oui, certains d'entre eux peuvent bien être comblés de ces courbettes, les Autochtones ne comptant pas moins de sous-doués que les autres. Mais en réalité, les notables s'adressent aux bien-pensants, pour se faire du capital symbolique. Et, bien entendu, les meilleurs, les excellents et les plus grands bien-pensants, en l'occurrence, ce sont eux-mêmes, les notables. Pourquoi donc des blancs-becs insulteraient-ils ainsi tous les Montréalais, tous les Québécois, y compris ceux des communautés autochtones, s'il ne s'agissait d'en tirer profit ?

      N'y a-t-il pas quelque chose d'hallucinant à voir des notables du FNC jouer les shérifs pour départager les bons droits des Indiens et des cow-boys, comme si notre histoire se déroulait au cinéma ?

—— Voir l'excellente analyse de François Lemieux et de Robert Comeau, Montréal n'est pas un territoire mohawk non cédé, Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, 23 juillet 2018, < ssjb.com >.

10 novembre 2019
Revu le 13 janvier 2020
Introduction du 27 mai 2020

IV — Et le délire s'amplifie, se poursuit

      En effet, depuis deux ans, le délire n'a pas cessé et s'est tout naturellement amplifié. Je vais me contenter d'en donner deux exemples, un très spectaculaire, le « Territorial acknowledgement » (car on sait maintenant qu'il s'agit d'un phénomène anglo-saxon d'Amérique du nord importé anachroniquement au Québec) du club de hockey des Canadiens de Montréal, et un exemple des plus significatifs puisqu'il est le (mé)fait d'une intellectuelle, la signature institutionnelle de la professeure Marie Martel de l'École de bibliothéconomie de l'Université de Montréal.

Les Canadiens de Montréal

      Le samedi, 16 octobre 2021, un « énoncé de reconnaissance territoriale » sera lue en ouverture du premier match de la saison au Centre Bell, comme il le sera dorénavant chaque fois que la partie de déroulera à son amphithéâtre de Montréal.

      Les Canadiens de Montréal souhaitent reconnaître les Kanyen'kehà:ka, également connus comme la Nation Mohawk, pour leur hospitalité sur le territoire traditionnel non cédé où nous sommes réunis aujourd'hui. Tiontiá:ke / Montréal est historiquement connu comme un lieu de rassemblement pour les Premiers Peuples. Aujourd'hui, Montréal accueille une population diversifiée d'Autochtones et d'autres peuples. C'est dans le respect des liens avec le passé, le présent et l'avenir que nous reconnaissons les relations actuelles que nous entretenons avec les Autochtones et les autres peuples de la communauté où nous avons le privilège de jouer depuis plus de cent ans.

C'est évidemment la première phrase de cette déclaration qui importe, car tout le reste n'exprime que de linifiantes obséquiosités dont tout autochtone le moindrement intelligent devrait être insulté. En effet, la reconnaissance territoriale tourne en acte de Reconnaissance, c'est-à-dire en une prière — et pour bien dire, en acte de contrition ! Or, l'ensemble de la déclaration a été reçu par un tollé à l'Assemblée nationale, car il y avait plus d'un an à ce moment que tout le monde avait compris au Québec que Montréal n'avait jamais été un territoire mohawk. Les dirigeants du club de hockey ont donc réécrit leur déclaration moins de quelques semaines plus tard.

      Tiontiá:ke / Montréal est historiquement connu comme un lieu de rencontre pour les Premiers Peuples. Les Canadiens de Montréal souhaitent rendre hommage à ces peuples en reconaissant que leur amphithéâtre est situé en territoire traditionnel non cédé.

Puisque le présent site internet était en place depuis plus de deux ans à ce moment, je n'allais pas encore protester contre cette terrible et terrifiante fausseté élevée au rang spectaculaire d'une déclaration périodique de notre sainte Flanelle nationale. Et comme je suis depuis mon enfance un fier partisan de l'équipe de nos Maurice et Henri Richard, Jacques Plante et Jean Béliveau, j'ai décidé d'être optimiste, pragmatique, positif, voire « pro-actif » ! J'ai donc proposé de réécrire correctement la déclaration. J'étais bien persuadé qu'on m'en serait reconnaissant. Spécialiste non seulement des Amérindiens de Nouvelle-France, mais également et surtout des guérillas et des guerres amérindiennes, j'avais évidemment l'expertise adéquate pour analyser et présenter la situation territoriale de Montréal, depuis plus d'un millénaire jusqu'à nos jours.

Reconnaissance territoriale de Montréal

      Les Canadiens de Montréal souhaitent rappeler la mémoire des habitants d'Hochelaga, le premier peuple de l'île de Montréal, qui avait fait alliance avec Jacques Cartier en 1535. Malheureusement, ils ont été détruits par la guerre et les guérillas des Cinq-Mations (les Haudenosaunee, la Confédérations des peuples aux maisons longues), de sorte que personne n'a pu se trouver, se rencontrer et encore moins séjourner sur l'île durant un siècle. Rappelons à notre mémoire Paul de Maisonneuve et Jeanne Mance qui ont fondé Ville-Marie en 1642 à la demande des Algonquins, des Outaouais, des Népissings et des Hurons, pour sécuriser la longue et dangereuse route de traite commerciale qui allait du Midland à Trois-Rivières. Il faut en profiter pour saluer les Iroquois qui ont bien voulu accepter notre hospitalité dans leurs deux villages établis sur notre territoire, Kahnawake à Montréal, en 1667, puis Kanasetake, sur l'Outaouais, en 1717.

      J'ai adressé mon texte de Reconnaissance aux dirigeants des Canadiens de Montréal par l'intermédiaire des journaux. Il n'a pas été retenu, on s'en doute, ce qui s'explique certainement du fait qu'il a été reçu comme ironique. Et c'est parfaitement exact. Sauf que les lecteurs de cet essai savent que ce n'est pas moi qui est ironique, mais l'Histoire. Mon exposé de la situation territoriale de Montréal est parfaitement juste, incontestable, et je peux le défendre point par point contre les tergiversations et savants tâtillonnages des spécialistes de la Nouvelle-France, tout aussi bien que devant les chipotages des historiens amateurs ou improvisés.

      Cela dit, il n'y a pas au Québec que des inintelligents. Dans sa chronique du Devoir, le 22 novembre 2021, Jean-François Lisée a franchement posé la question : « Territoires non cédés, faut-il céder ? ». Il dénonçait tout simplement l'insulte adressée aux Montréalais, aux Québécois, avec cette déclaration : vous habitez tous, nous dit le club de hockey, pour faire plaisir aux Mohawks, une ville, des territoires que vous avez volés ! Je l'en ai aussitôt félicité, et il a tout de suite publié le texte de ma réécriture de la Reconnaissance sur son blogue (JFLisee.org). Je dois avouer que c'était pour moi un grand coup, inespéré. J'étais bien certain et je crois toujours que le texte de ma « Reconnaissance » était parvenu à la (re)connaissance du club de hockey, de ses partisans, des journalistes, bref, de tout le Québec. Publié sur le blogue de Jean-François Lisée, lui qui est pour moi un des plus grands écrivains (politiques) du Québec. Il suffit de lire sa chronique où il a intégré mon texte pour le voir aussitôt. Et voilà pourquoi je ne reviens à tout cela qu'un an plus tard.

      Je me dis qu'en ajoutant un petit fion, peut-être que la direction des Canadiens de Montréal pourrait finir par être forcée de dire la vérité, la stricte vérité, et se trouver dans l'obligation de lire le texte de ma déclaration. Le plus drôle, dans ce cas, c'est qu'il n'y aurait plus de déclaration !

Marie Martel de l'Université de Montréal

      Voilà un petit fait, parmi bien d'autres, qui n'a rien de spectaculaire, comme celui qui vient de nous occuper. Pourtant, il est pour moi plus insidieux. Les « acnowledgements » anglo-saxons importés au Québec dans la sphère publique, cela relève tout simplement, d'abord et avant tout, de l'ignorance. Mais lorsqu'il s'agit de professeurs d'université qui reprennent à leur compte, sous l'autorité de leurs postes universitaires, les insanités déclarées publiquement par les directions de leurs universités, alors là, nous changeons complètement de niveau, pour en venir à la désinformation, puisqu'on passe de la cérémonie à l'enseignement.

      Un professeur n'a pas le droit de discréditer sa fonction pour se montrer vertueux, surtout si cela se fait sciemment, en connaissance de cause. Car j'ai écrit à Marie Martel pour lui donner l'adresse du présent site internet et je lui ai, plus tard, adressé copie de ma réécriture de la Reconnaissance du Canadien de Montréal. C'est donc très volontairement qu'elle désinforme ses correspondants, c'est-à-dire les étudiants de l'École de bibliothéconomie et des sciences de l'information (EBSI) de l'Université de Montréal, mais aussi ses propres collègues et de très nombreux bibliothécaires du Québec (tous ceux qui sont abonnés comme moi à la liste du groupe d'information L-EBSI, où elle publie régulièrement).

      Il s'agit pourtant d'une chose toute simple, sa signature institutionnelle. La voici.

Marie D. Martel (elle/she/her)
Professeure agrégée
École de bibliothéconomie et des sciences de l'information
Université de Montréal
Pavillon Lionel-Groulx, bur. C-2036
3150, rue Jean-Brillant
Tiohtia:ke (Montréal), territoire Kanien'kehà:ka non cédé

Courriel : marie.martel.1@umontreal.ca
Site web : https://martel.ebsi.umontreal.ca/
Twitter : @bibliomancienne
Instagram : @bibliomancienne
LinkedIn : https://www.linkedin.com/in/marie-d-martel-37986011/

      Je reconnais respectueusement [sic] que je fais partie du groupe ayant colonisé, sans [y] être invité, le territoire traditionnel non cédé du peuple Kanien'kehà:ka de la Confédération Haudenosaunee, des terres qui ont servi de lieu de rencontre avec de nombreux autres premiers peuples de l'île de la Tortue depuis des temps très anciens.

La tautologie « elle/she/her » appliquée au prénom « Marie » se veut un signe d'inclusion, mais il s'agit au contraire, de la part d'une universitaire, d'une marque parfaitement déplacée, incongrue, présupposant qu'un universitaire puisse être « exclusif » en regard des genres ou des orientations sexuelles de ses étudiants ou de ses collègues. Cela ne le regarde tout simplement pas et il n'a pas à afficher d'« ouverture » à ce sujet, comme si cela n'allait pas de soi. Mais on comprend qu'il s'agit d'afficher sa vertu et de se faire à bon compte du capital symbolique. Bref, la tautologie est simplement décorative, à peu près comme une médaille qui affiche ses honneurs et, dans ce cas gênant, des honneurs qu'on s'attribue.

      Mais tout le reste de la signature n'a rien d'une tautologie, s'agissant d'insultes à l'égard des Montréalais, de faussetés, de faussetés qui ont été nommément dénoncées et donc de mensonges, de sorte qu'il s'agit, du point de vue universitaire, de désinformation. Après avoir bien rigolé de ces sottises, qu'on en juge.


TdM —— TGdM