Cinquième des « Cinq
rêves »
d'André Breton
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André Breton,
Clair de terre,
recueil de poésies,
1923
V (a)
Paul Éluard, Marcel Noll (1) et moi nous
trouvons
réunis à la campagne dans une pièce où
trois
objets
sollicitent notre attention: un livre fermé et un livre
ouvert, d'assez
grandes dimensions, de l'épaisseur d'un atlas et
inclinés sur
une
sorte de pupitre à musique, qui tient aussi d'un autel. Noll
tourne les
pages du livre ouvert sans parvenir à nous
intéresser. En ce qui
me
concerne, je ne m'occupe que du troisième objet, un appareil
métallique de construction très simple, que je vois
pour la
première fois et dont j'ignore l'usage, mais qui est
extrêmement
brillant. [...]
Cette oeuvre n'est pas du domaine public et ce récit
de rêve est trop long pour être reproduit
comme une citation partielle de l'oeuvre dans le cadre d'une
utilisation équitable pour fin d'analyse, de critique ou de
recherche. Les premières et les dernières lignes du
texte vous serviront à le localiser dans l'ouvrage :
voyez les rubriques
Références et
Situation matérielle.
Nous reproduisons, à titre d'illustration, le second des
cinq rêves, le plus court :
Deuxième des « cinq
rêves » d'André Breton
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[...] Il faut que le pilote soit fou pour
renouveler
sa
prouesse si bas. Je m'attends à le voir s'écraser sur
le pont.
Mais
l'appareil s'abîme dans le fleuve et il en sort sain et sauf
un des
petits
hommes bleus de tout à l'heure qui gagne la berge à
la nage,
passe
près de moi sans paraître me remarquer et
s'éloigne dans
le
sens opposé au mien.
Notes
(1) Marcel Noll, qui vient de Strasbourg, gravite
autour de
Littérature dès l'automne 1623; il publie dans
le premier
numéro de la Révolution surréaliste le
1er
décembre 1924 et sera le gérant de la Galerie
Surréaliste
en
1926.
Variantes
(a) Le manuscrit de ce rêve (coll. Simone
Collinet)
porte une
date rayée (probablement pour indiquer qu'elle n'est pas
destinée
à la publication) : 22 septembre 1923.
(b) La collection
« Poésie » reproduit
probablement
l'original : toute habillée de blanc.
Marguerite Bonnet
rétablit le masculin, l'adverbe ne variant que devant la
consonne ou le h
aspiré.
(c) TT : « ... sans chercher à savoir
ce que Noll est
devenu,
Éluard
et moi, nous quittons alors la maison. Éluard me
demandant de
l'accompagner à la chasse. Il emporte... »
Comme on le voit la collection
« Poésie », suivant
probablement l'original, déplace les noms en apposition
(« Éluard et moi ») et fait une phrase
de ce qui
n'est
qu'une proposition participiale. Nous adoptons donc la version de
l'édition
de Marguerite Bonnet (éd. de la Pléiade,
p. 154).
Références
André Breton, Clair de terre,
précédé de
Monts de piété, suivi de le Révolver
à
cheveux blancs, et de l'Air et l'eau, Paris, Gallimard
(coll.
« Poésie »), 1966, p. 43-46.
Édition originale
André Breton, dernier des « Cinq
rêves »,
Clair de terre, Paris, Littérature (coll.
« Littérature »), 1923.
C'est le seul des cinq rêves qui était inédit
au moment
de la
publication du recueil. On verra aux variantes qu'il date
probablement du 22
septembre 1923.
Édition critique
André Breton, OEuvres complètes, vol 1, Clair de
terre,
éd. Marguerite Bonnet, Paris, Gallimard, (coll.
« Bibliothèque de la pléiade »),
1988,
p. 153-155.
Situation matérielle
Premières des vingt-six pièces du recueil, dernier
des
« Cinq rêves ».
Situation narrative
Le titre désigne explicitement « Cinq
rêves »,
tous dédiés à Georges de Chirico (Giorgio de
Chirico,
1888-1978), peintre italien d'origine grecque, très actif
à
Paris
vers 1911-1914 et dont les rapports au surréalisme, nombreux
et
fluctuant,
vont de précurseur à exclus (à partir de
1926).
L'édition originale des trois premiers de ces rêves
s'accompagnait de
la reproduction d'une de ses toiles, le Cerveau de l'enfant
(1914), que
possédait André Breton.
Bibliographie
Canovas : 94.
Alexandrian, Sarane, le Surréalisme et le rêve,
Paris,
Gallimard, 1974, p. 245-246. Alexandrian se contente
d'évoquer les
« Cinq rêves » comme illustration du
rêve-programme, mais en précisant que le
cinquième est
d'un
autre ordre : il « exprime la libido et a une
coloration
sentimentale » (p. 245).
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