I La présentation matérielle du
travail de recherche
1 Le sens et les fonctions de la
présentation matérielle
1.0 Introduction
Je suis fort aise de vous proposer ici
plutôt qu'en classe ou en amphithéâtre mon exposé
sur
« la présentation
matérielle du travail de recherche ». Cet exposé
représente la conclusion logique des séances du premier
trimestre et constitue en quelque sorte le négatif de la
séance qui ouvrira mes exposés du second trimestre, soit la
septième séance du cours,
intitulée « Les études
de genèse
et l'édition critique des textes ». Dans notre
domaine, on est d'autant plus sensible à la présentation
matérielle de nos travaux que l'étude d'un texte
littéraire commence justement par son
« établissement ».
En tout cas, avant même le début du cours, vous
attendiez cet enseignement dans l'enthousiasme et je vous devine, tous,
tout excités par le sujet. Mais que je réussisse ou
non à en faire un exposé passionnant, il faudra au moins que
je parvienne à vous convaincre de son importance. Ce sera
justement un peu plus facile de le faire par écrit. Et aussi
bien le faire dans un fichier WEB, que vous lirez à votre rythme
(le plus vite possible !), qu'il vous sera facile de consulter de
nouveau lorsque vous en aurez besoin pour ce cours et que vous pourrez
éventuellement conserver pour l'adapter à vos besoins, selon
les exigences de vos divers travaux dans l'avenir.
Cela dit, je ne désespère pas de vous
intéresser bien plus que vous ne croyez par la
matérialité du travail de recherche. Il faut
dire que je suis franchement matérialiste et que le
matérialisme, forcément, concerne toujours des questions
bassement matérielles et tend même à prouver qu'elles
jouent un rôle prépondérant dans toutes les
activités humaines. Même lorsque les travaux
portent sur le sexe des anges,
ce ne sont jamais de purs esprits qui les rédigent et les
corrigent. C'est vous et moi. Mettons qu'on
examine la chose de cette manière essentielle, dans le cas
particulier où vous vous trouvez dans ce cours : le
produit de votre travail, ce sera simplement un petit tas de feuilles
agrafé dans le coin supérieur gauche que vous remettrez
dans sa première version le 10 mars prochain et sur lequel un
correcteur mettra finalement une note. Mon objectif est de vous
prouver hors de tout doute qu'il y a une corrélation assez nette
entre la note et la qualité de la présentation
matérielle du travail de recherche. Je sens que je commence
à vous intéresser. Or je ne veux pas simplement dire
(ce dont je suis persuadé) qu'un lecteur, un correcteur ou un
éditeur est toujours influencé par la présentation
matérielle d'un travail. C'est bien plus important que
cela. Puisqu'il faut produire des citations, des notes, une
bibliographie, etc., et un texte qui les comprend, on a tout avantage
à considérer depuis le début ce travail comme un
objet matériel. Le petit tas de feuilles n'obéit pas
pour rien à des règles très strictes. Ces
règles représentent matériellement
l'information,
(l'in-formation, la « mise en forme »),
c'est-à-dire
la manière prédéterminée avec laquelle
il faudra exposer les résultats de la recherche. Ces
résultats sont déjà définis au moins par la
forme qu'ils devront prendre.
Si cela vous paraît trop abstrait, je peux vous
ramener facilement sur terre : la nature de votre
réflexion et de la recherche en bibliothèque pour un
travail donné dépend directement de la présentation
matérielle que doit avoir l'exposé de ses
résultats. Un compte rendu d'une colonne dans un journal,
une dissertation ou un dictionnaire impliquent trois activités de
recherche tout à fait différentes. C'est
évident. Alors situons maintenant la présentation
matérielle dans le processus des études
littéraires, soit dans l'ensemble de notre exposé.
1.1 L'elocutio ou la
rédaction
C'est notre septième séance. En vous
reportant au plan de cours, vous verrez que nous nous
trouvons exactement au centre de notre réflexion. Cette
séance achève la série des exposés qui
présentaient les microtechniques, les techniques et les
activités de base nécessaires à la
réalisation de toute étude littéraire, dont la
forme la plus simple et la plus générale est la
dissertation.
Et la prochaine fois, avec l'« explication de texte »,
nous
aborderons le contenu des études littéraires, à
commencer par les trois méthodes fondamentales dans notre
domaine, la stylistique, l'étude narrative et l'étude
thématique.
L'introduction la plus efficace sera ici de l'ordre de la
microtechnique : combien de temps faudrait-il
consacrer à la correction d'un texte ? La
présentation matérielle du travail de recherche, en effet,
comporte souvent une difficulté qui tient
précisément au temps qu'il faudrait y consacrer alors
même qu'il n'en reste plus et que, semble-t-il,
pressés par l'échéance et pressés de le
remettre, le travail peut nous sembler
« fini ». Pourtant, rien n'est
plus faux. L'expérience me prouve que s'il faut deux jours
pour rédiger une dissertation, par exemple, il en faudra trois
pour la corriger, en faire la mise en page et la relire jusqu'aux
ultimes corrections. Conclusion : adoptez toujours la
règle du double, c'est-à-dire que vous ne serez pas pris
de court si vous prévoyez deux fois plus de temps pour corriger
vos textes que pour les composer.
Cela signifie que la présentation matérielle
représente une étape particulière au coeur de la
dernière des trois phases de la dissertation ou de l'étude
littéraire. Du moins au sens où nous l'avons
définie. Pour nous, en effet, la dissertation est (3)
l'exposé (2) des résultats (1) d'une recherche -- (0) sur
un sujet donné, dans le cas de l'exercice scolaire (la
dissertation que l'on fait au collège, par exemple, avec son
sujet déjà traité en classe par le
professeur). Soit, dans le vocabulaire de la rhétorique
classique :
Exposé discursif = (1) inventio + (2) dispositio + (3)
elocutio.
Les trois mots latins ont donné en français:
élocution, invention et disposition, mais ils n'y ont pas
exactement le même sens.
L'inventio correspond à toutes ces techniques et ces
activités que l'on doit savoir mettre en oeuvre pour mener une
étude littéraire (l'annotation d'une oeuvre, la prise de
notes et le résumé, par exemple). C'est en particulier la
recherche en bibliothèque en vue d'établir la
bibliographie de travail qui se développe avec
l' « analyse du sujet ». L'aboutissement de la
recherche, on l'a vu à notre dernière séance,
correspond tout simplement à la mise en ordre des
résultats du travail : le plan ! C'est la
dispositio. Voici un extrait du
Discours sur le style (1753)
de Buffon, qui résume fort bien la situation où nous nous
trouvons à ce moment du travail, c'est-à-dire au point
où la recherche est achevée et le plan organisé de
manière satisfaisante, le moment de l'elocutio, le temps
de la rédaction :
« C'est faute de plan, c'est pour n'avoir pas assez
réfléchi sur son objet, qu'un homme d'esprit se trouve
embarrassé et ne sait par où commencer à
écrire. Il aperçoit à la fois un grand nombre
d'idées; et, comme il ne les a ni comparées, ni
subordonnées, rien ne le détermine à
préférer les unes aux autres; il demeure donc dans
la perplexité.
« Mais lorsqu'il se sera fait un plan, lorsqu'une fois
il aura rassemblé et mis en ordre toutes les pensées
essentielles à son sujet, il s'apercevra aisément de
l'instant auquel il doit prendre la plume, il sentira le point de
maturité de la production de l'esprit, il sera pressé de
la faire éclore, il n'aura même que du plaisir à
écrire : les idées se succéderont
aisément, et le style sera naturel et facile; la chaleur
naîtra de ce plaisir, se répandra partout et donnera de la
vie à chaque expression; tout s'animera de plus en
plus; le ton s'élèvera, les objets prendront de la
couleur; et le sentiment, se joignant à la lumière,
l'augmentera, la portera plus loin, la fera passer de ce que l'on dit
à ce que l'on va dire, et le style deviendra intéressant
et lumineux (2) ».
Ce bonheur qu'évoque Buffon est simplement l'enthousiasme qui
correspond au plaisir de rédiger une étude bien
préparée. Les corollaires sont assez
évidents : rien ne doit être plus pénible
et ennuyeux que de rédiger un travail qui n'a pas
été bien préparé et même si l'on
écrit avec facilité on sera ennuyant si l'on n'a rien
à dire. Mais il faut aussi apporter une importante
correction à l'analyse de Buffon. Bien sûr, on ne
saurait rédiger un rapport de recherche sans plan, mais il n'est
pas dit que le plan ne se transformera jamais en cours de
rédaction. Au contraire, de la même manière que
les plans provisoires permettent de relancer et d'encadrer le travail de
recherche, les diverses phases de la rédaction vont permettre de
développer, voire de réorganiser le plan, qui n'est
jamais rien d'autre, ne l'oublions pas, que la mise en ordre des
résultats de la recherche. Or la recherche se poursuit et
s'achève avec la rédaction. Il va de soi que la
séparation des trois activités de l'étude
(inventio, dispositio et elocutio) est une vue de l'esprit, mais cette
analyse permet à Buffon de bien montrer l'importance et la nature
de la troisième de ces activités. Rien
n'empêche de trouver de nouvelles idées en rédigeant
sa dissertation, mais encore faut-il en avoir pour commencer à
l'écrire !
1.2 La composition
L'elocutio, la rédaction, comprend elle aussi
plusieurs parties, techniques et méthodes. Disons trois
aspects, que l'on peut désigner de plusieurs façons.
Par exemple : la composition, l'édition et la
correction (voyez dans l'ordre les titres de nos sections 1.2, 1.4 et 1.3 pour savoir comment nous désignerons ici
ces trois activités). Écrire un texte, en faire la
mise en page, puis la mise au net, voilà encore la distinction de
trois activités qui ne se séparent pas facilement en
pratique. Puisque « la présentation
matérielle du travail de recherche », qui est l'objet de la
séance d'aujourd'hui, se trouve au centre de
la composition,
je commencerai par présenter brièvement ses deux autres
activités. Non sans avoir insisté avant sur le fait
qu'elles sont toutes deux incomparablement plus importantes.
Connaître les principales conventions de présentation
matérielle d'un travail et les appliquer rigoureusement,
voilà une simple condition préalable du moindre
« devoir » universitaire. C'est bien ce qu'on doit
au
moins exiger d'un travail de ce niveau, particulièrement dans
les études littéraires où l'on est sensible
à la matérialité des oeuvres. Bref, si un
travail est matériellement informe, si surtout il s'agit d'un
« torchon » (au sens technique du mot !), on ne se
demandera même pas s'il est bien composé et bien
écrit, puisqu'on ne le lira pas. On dira, avec raison,
qu'il est illisible, comme le manuscrit mal calligraphié.
Ce qu'on appelle spontanément la rédaction,
c'est d'abord la composition du texte. Quand et comment une
dissertation se rédige-t-elle ? Ici, il y a deux
pratiques très opposées. Or je vous ai
présenté plus haut le texte de Buffon avec
l'arrière-pensée de pouvoir illustrer la technique que je
crois la plus efficace. Elle consiste à ne rédiger
son texte qu'à la fin de sa recherche et d'une seule traite, en
trois ou quatre jours de travail pour un texte d'une quinzaine de pages,
par exemple. L'autre pratique (de plus en plus répandue
avec les ordinateurs, leurs mémoires et leurs programmes de
traitement de texte) consiste au contraire à rédiger des
fragments, des sections ou même des parties de texte qu'on ajuste
au fur et à mesure de sa recherche. C'est évidemment
rassurant pour l'étudiant qui voit son texte prendre forme
longtemps avant la date de l'échéance et qui ne craint pas
le syndrome de la page blanche ou l'anxiété de la panne
d'inspiration. En revanche, le travail de rédaction, ainsi
échelonné dans le temps, sera en fait plus
long : il faudra probablement raccourcir le texte qui aura
tendance à s'allonger par répétition et surtout par
l'expression approximative d'une pensée en cours de formation; il
faudra en harmoniser les parties ultérieurement, à
commencer par le vocabulaire qui se précise toujours au cours de
la recherche. Et pour finir, un texte fait de pièces
rapportées sera plus difficilement animé de l'enthousiasme
de celui qui tient son lecteur bien en main, sachant exactement
où il le conduit. Il suffit de relire notre
extrait de Buffon pour voir tout ce qu'il y a aussi à
perdre à la rédaction par fragments : le
plaisir de la rédaction.
Microtechnique : il arrive de plus en plus
souvent que l'on compose directement à la machine, à cause
de nos programmes de traitement de texte, sans prendre le temps de (ou
perdre son temps à !) rédiger d'abord le texte
à la plume avant de le dactylographier. C'est
évidemment beaucoup moins long. Toutefois, je suis
persuadé que la transcription à la machine d'un texte
d'abord rédigé à la plume et déjà
corrigé présente deux avantages considérables.
Premièrement, la rédaction est incomparablement
plus libre sur papier. Même si je suis bien plus vite
au clavier, le trait de plume est toujours plus efficace; c'est le
cas, par exemple, des coups de crayon avec lesquels je raye,
déplace et reformule une douzaine de fragments d'un texte trop
long avec l'idée de les reformuler plus loin selon la consigne
portée en marge. C'est physique. Deuxièmement,
l'entrée du texte manuscrit sur ordinateur, au moment de la
frappe, est l'occasion de le revoir mot à mot avec une attention
concentrée : cette relecture ne peut se faire d'un
oeil distrait et je suis bien forcé d'être attentif aux
formulations dans leurs moindres détails. Encore une
fois : c'est physique. Bien sûr, ces habitudes me
viennent de l'époque où la machine à écrire
me forçait à travailler de cette façon.
C'était la bonne. Pensez-y de la manière
suivante : s'agit-il d'aller vite et de sauver du temps ou de
bien composer ? Même chose s'il faut bien
écrire. C'est le « style ».
1.3 Le style
Le plaisir de la rédaction, c'est pour beaucoup
celui du style au sens le plus ordinaire, celui de jouer avec le
dictionnaire et la grammaire du français. On a
déjà évoqué au cours de la dernière
séance la critique cinglante de Gérard Genette à
l'endroit des prescriptions essentiellement négatives au sujet du
style de la dissertation : « l'idéal du style
dissertatif est vraiment un degré zéro de
l'écriture (3) ». N'en
croyez
rien
et admirez plutôt le style remarquable de Gérard Genette
dans cet article (à commencer par cette allusion à l'essai
de Roland Barthes !). Vous y trouverez en effet toutes les
qualités que l'on attend du style de la dissertation. Bien
sûr, une étude littéraire n'est ni un discours
politique, ni un sermon ou un éloge. Un rapport de
recherche ne saurait être écrit à
l'emporte-pièce,
pour la bonne raison que la nuance et la précision
s'y appliquent sur des faits, des faits littéraires qu'il s'agit
d'exposer, et bien rarement sur des sentiments qu'on voudrait voir
partager. Bien plus, votre lecteur se méfiera de vos
sentiments si vous les affichez ou les exprimez trop ostensiblement,
contrairement au discours ou à l'exposé oral.
Pourquoi ? Pour la simple raison que vous donnerez
l'impression d'être emporté par votre sujet, alors qu'on
vous demande précisément de le maîtriser...
N'empêche qu'il existe au moins un grand exposé
sur la dissertation qui ne s'accorde pas avec la critique de
Gérard Genette. C'est celui de Daniel Mornet qui, en 1939
pourtant, mettait l'accent sur les caractères esthétiques
propres à la dissertation, réagissant exactement dans le
même sens que Gérard Genette contre la prétendue
aridité du genre. C'est « le droit à la
fantaisie (4) ».
Déjà, en
parlant du plan, il explique comment la composition ne relève pas
seulement de la logique, mais également de l'esthétique ou
de la rhétorique entendue dans un de ses sens classiques, l'art
de persuader; aussi défend-il le droit aux « anomalies
calculées de la composition (5) »,
par
exemple, ce qui est vraiment audacieux dans un ouvrage scolaire
destiné à présenter la dissertation comme
exercice. Il en est de même pour les qualités
d'écriture qu'il propose de rechercher : à son
avis, l'aisance, le mouvement et la couleur peuvent très bien
correspondre à la surprise, à l'élégance et
à l'originalité.
Bien sûr, il faut savoir écrire correctement
pour bien écrire. Voici pourtant un exemple très
simple. Il peut arriver que le mot juste, vraiment juste, soit
tout simplement un jeu de mot. Pourquoi pas ? Comme
vous le voyez, dans ce sens, le « droit à la
fantaisie », c'est simplement le droit de ne pas être
ennuyant. N'est-ce pas la moindre des choses ?
1.4 La présentation
Les trois aspects de la rédaction, avons-nous dit,
sont la composition, l'édition et la correction. Un texte
bien composé et un texte bien écrit, ce n'est pas tout
à fait la même chose, même si l'on vient de voir qu'il
s'agit des deux aspects les plus importants de l'elocutio. En tout
cas, on peut les représenter facilement à l'aide de deux
activités vraiment différentes : dans le cas de
la composition, il s'agit d'écrire un texte, tandis que le
texte bien écrit, c'est celui qui aura été
corrigé. Dans mon esprit, il s'agit du
début et de
la fin de la rédaction. Disons le « premier
jet »
d'un côté et l'ultime relecture ou la dernière
« correction d'épreuves » de l'autre. Quelque
part entre les deux, se situe l'étape de
l'édition.
C'est ce qu'on peut appeler très simplement la mise
en page ou encore l'organisation, la configuration
éditoriale : la présentation matérielle
du travail.
De quoi s'agit-il exactement ? L'édition,
c'est un peu comme l'orthographe. Elle consiste simplement
à présenter un texte de la même façon que tous
les autres. Tous les articles d'une revue, tous les livres d'un
éditeur ou toutes les études d'un domaine donné
(mettons les études littéraires en domaine
français) se présentent sous des formes conventionnelles
ou obéissent à des règles de présentation
qui sont destinées à en faciliter la lecture. C'est
une simple question d'efficacité. Vous savez peut-être
qu'on a inventé la « lecture rapide » avec
l'imprimerie
et que sa condition optimale est l'orthographe ? C'est la
régularité typographique qui permet à l'oeil de
balayer le texte et d'en saisir l'information à une vitesse qui
n'a aucun rapport avec le temps qu'il faudrait pour
« dire »
le texte, même à un débit très rapide.
Les règles éditoriales n'ont pas d'autres fonctions.
Nous sommes d'ailleurs toujours dans le domaine de la typographie, sauf
qu'au lieu de concerner l'orthographe, nous sommes ici au niveau de la mise
en page.
J'expose d'abord un paradoxe. Il faut en effet
commencer par expliquer et même justifier les variations fort
nombreuses qu'on trouve dans les divers systèmes de règles
de présentation matérielle des études et des
travaux, non seulement selon les époques, bien entendu, mais
également selon les cultures, les domaines et les publics.
Nous sommes dans le monde des conventions et qu'y a-t-il de plus
arbitraire, injustifié et injustifiable (et, disons-le,
d'« insignifiant ») que les habitudes ?
Pourtant,
une fois acquises, nous y tenons mordicus. Elles nous paraissent
tout ce qu'il y a de plus « naturel ». Vous
trouverez
même souvent bien des gens prêts à se faire couper en
morceaux plutôt que d'en déroger. En histoire, en
biologie, en mathématique; en anglais, en espagnol, en
français; chez Gallimard, au Seuil, chez Fides, chez
XYZ; dans Voix et Images, dans la Revue d'histoire
littéraire de la France, dans Études
françaises; au Devoir, à Lettres
québécoises, à la Revue de
sémiotique; dans un cours de Robert Melançon, de
Ginette Michaud, de Guy Laflèche, on ne présente pas ses
livres, ses articles et ses travaux de la même
manière. Connaître ces variations et savoir s'y
conformer, voilà précisément une des
compétences attendues d'un spécialiste.
C'est dire que les règles de présentation
matérielle que j'expose ici, de même que les
consignes propres au FRA MILLE, n'ont rien d'universelles, bien au
contraire. Ce sont celles qui me paraissent, à
l'expérience, les mieux adaptées à notre travail et
les plus couramment adoptées.
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