El bozo
TdM Règles d'établissement Strophe 3.5 Glossaires Index TGdM
Édition interactive des Chants de Maldoror du comte de Lautréamont par Isidore Ducasse
sous la direction de Guy Laflèche, Université de Montréal
<< Chant 6, strophe 2 >>
Variantes Commentaires Notes Faurissonneries
 

P. 285
 
 

5




10




15




20




25

 
 
P. 286



5




10




15
 
 
 
 
20

 


25
 
 
 
P. 287



5




10


 
 
15




20




25

 

P. 288

 
 
5
      Avant d'entrer en matière, je trouve stupide qu'il
soit nécessaire (je pense que chacun ne sera pas de
mon avis, si je ne me trompe) (a) que je place à côté de
moi un encrier ouvert, et quelques feuillets de papier
non mâché*s (b). De cette manière, il me sera possible de
commencer, avec amour, par ce sixième chant, la
série des poèmes instructifs qu'il me tarde de produire (c).
Dramatiques épisodes d'une implacable utilité ! (d).
Notre héros s'aperçut qu'en fréquentant les
cavernes, et prenant pour refuge les endroits inaccessibles,
il transgressait les règles de la logique, et
commettait (e) un cercle vicieux. Car, si d'un côté, il
favorisait ainsi sa répugnance pour les hommes, par
le dédommagement de la solitude et de l'éloignement,
et circonscrivait passivement son horizon borné,
parmi des arbustes rabougris, des ronces et des lambrusques,
de l'autre, son activité ne trouvait plus
aucun aliment pour nourrir le minotaure de ses instincts
pervers (f). En conséquence, il résolut de se rapprocher
des agglomérations humaines, persuadé que
parmi tant de victimes toutes préparées, ses passions
diverses trouveraient amplement de quoi se satisfaire.
Il savait que la police, ce bouclier de la civilisation,
le recherchait avec persévérance, depuis nombre
d'années, et qu'une véritable armée d'agents et d'espions
était continuellement à ses trousses. Sans,
cependant, parvenir à le rencontrer. Tant son habileté
renversante déroutait*i, avec un suprême chic, les
ruses les plus indiscutables au point de vue*i de leur
succès, et l'ordonnance de la plus savante méditation.
Il avait une faculté spéciale pour prendre des
formes méconnaissables aux yeux exercés. Déguisements
supérieurs, si je parle en artiste ! Accoutrements
d'un effet réellement médiocre (g), quand je
songe à la morale. Par (h) ce point, il touchait presqu'au
génie. N'avez-vous pas remarqué la gracilité
d'un joli grillon, aux mouvements alertes, dans les
égouts de Paris ? Il n'y a que celui-là : c'était Maldoror !
Magnétisant les florissantes capitales, avec
un fluide pernicieux, il les amène dans un état léthargique
où elles sont incapables de se surveiller
comme il le faudrait. État d'autant plus dangereux
qu'il n'est pas soupçonné. Aujourd'hui il est à Madrid;
demain il sera à Saint-Pétersbourg; hier il se
trouvait à Pékin. Mais, affirmer exactement l'endroit
actuel que remplissent de terreur les exploits
de ce poétique Rocambole, est un travail au-dessus des
forces possibles de mon épaisse ratiocination. Ce bandit
est, peut-être, à sept cents lieues de ce pays (i); peut-
être, est-il à quelques pas de vous. Il n'est pas facile
de faire périr entièrement les hommes, et les lois
sont là; mais, on peut, avec de la patience, exterminer,
une par une, les fourmis humanitaires*i. Or,
depuis les jours de ma naissance (1), où je vivais avec
les premiers aïeuls de notre race, encore inexpérimenté
dans la tension de mes embûches; depuis les
temps reculés, placés*i, au-delà de l'histoire, où, dans
de subtiles métamorphoses, je ravageais, à diverses
époques, les contrées du globe par les conquêtes et
le carnage, et répandais la guerre civile au milieu (j)
des citoyens, n'ai-je pas déjà écrasé sous mes talons,
membre par membre ou collectivement, des générations
entières, dont il ne serait pas difficile de concevoir
le chiffre innombrable ? (k). Le passé radieux a fait
de brillantes promesses à l'avenir : il les tiendra.
Pour le ratissage*v de mes phrases, j'emploierai forcément
la méthode naturelle, en rétrogradant jusque
chez les sauvages, afin qu'ils me donnent des leçons.
Gentlemen (l) simples et majestueux, leur bouche gracieuse
ennoblit tout ce qui découle*i de leurs lèvres
tatouées (m). Je viens de prouver que rien n'est risible
dans (n) cette planète. Planète cocasse, mais superbe (o).
M'emparant d'un style que quelques-uns trouveront
naïf (quand il est si profond), je le ferai servir à
interpréter des idées qui, malheureusement, ne paraîtront
peut-être pas grandioses ! Par cela même,
me dépouillant des allures légères et sceptiques de
l'ordinaire conversation, et, assez prudent pour ne
pas poser... je ne sais plus ce que j'avais l'intention
de dire, car, je ne me rappelle pas le commencement
de la phrase (p). Mais, sachez que la poésie se trouve
partout où n'est pas le sourire, stupidement railleur,
de l'homme, à la figure de canard. Je vais d'abord
me moucher, parce que j'en ai besoin; et ensuite,
puissamment aidé par ma main, je reprendrai le
porte-plume que mes doigts avaient laissé tomber (2).
Comment le pont du Carrousel put-il garder la
constance de sa neutralité*i, lorsqu'il entendit les cris
déchirants que semblait pousser le sac ! (3)


1. Variantes

Corrections justifiées

285: 2-3  ... je pense que chacun ne sera pas de mon avis, si je ne me trompe... — L'adverbe de négation manquait. Voir la note (a).

286: 22  ... peut-être, il est > est-il à quelques pas de vous.


2. Commentaires linguistiques

(a) Carlos R. Mendéz est souvent le traducteur des Chants que j'aimerais pouvoir traduire à mon tour en français pour corriger sans crainte Isidore Ducasse à son juste mérite. Si no me equivoco, creo que nadie será de mi opinión, sauf erreur, personne ne sera de mon avis. Les autres traducteurs tentent de rendre la lettre du texte, avec de petites corrections. Pour ma part, je dois me contenter de corriger la dernière proposition en lui ajoutant la négation : si je ne me trompe, v. (1).

(b) La désignation du papier « non mâché » n'est pas une niaise plaisanterie, mais, comme on le voit, un hispanisme*s d'interprétation difficile. Il est significatif que les traducteurs ne savent comment le rendre en castillan, Pellegrini commentant même sa traduction : que no sea amasado (approximativement : pétri), avec en note, « papier non mâché, dice el original » ! En anglais, Alexis Lykiard traduit, sheets of unrumpled papers, ajoutant en note : « papier non mâché », another playful pun (encore un autre jeu de mot).

      Or, il se trouve que papier mâché se dit en français en espagnol, si je puis dire, papel maché (sans l'accent circonflexe, bien entendu). Ce qui donne une belle symphonie lexicale : amasado, humedicido, acartonado, arrugado et cuché !

      S'agissant d'un vocable décrivant concrètement sa rédaction, je pense que Ducasse pourrait désigner un papier « non rogné », c'est-à-dire non découpé, tout simplement. C'est le folio plié en deux, qui donne quatre pages, soit des feuillets qui peuvent être emboîtés en cahiers. — Mais notre auteur n'était probablement pas, comme moi, un fanatique de la description matérielle des livres. Finalement l'idée initiale que je m'étais faite du sens de l'expression peut encore tenir, le papier qui n'a pas été rogné et mâchouillé pour en faire, en classe, d'amusantes boulettes...

(c) Mêmes désignations confuses qu'à la strophe précédente (n. (g) et suiv.). Commencer par ce chant la série..., voilà qui paraît indiquer un projet qui ne sera pas tenu. Mais du moins on est ici au « sixième chant ». Toutefois, les « poèmes » et les « épisodes » ne désignent pas clairement ses strophes. Cela dit, la relance « notre héros s'aperçut que... », pourrait indiquer que tel est bien le cas.

(d) « Dramatiques épisodes d'une implacable utilité ! ». La phrase nominale est en apposition au complément direct de la phrase précédente, « poèmes instructifs ». L'ensemble des deux phrases constitue donc une seule phrase (segmentée), le second segment reprenant et continuant le premier. Comme on va le lire, toute la strophe est caractérisée par cette structure syntaxique qu'on n'avait jamais rencontrée jusqu'ici dans les Chants et qui se trouve au moins sept fois, dont la prochaine fois en cascade : « agents et espions étaient à ses trousses » + « Sans parvenir à le rencontrer » + « Tant son habilité déroutait ».

      Cette caractéristique stylistique très nette contredit ce qu'on pouvait déduire de la strophe précédente, qui laissait croire que les deux strophes étaient rédigées le même jour, et donc l'une à la suite de l'autre, n. (h). Bien au contraire, le changement radical du style implique une pause, de sorte que cette strophe 6.2 paraît une curieuse relance de la rédaction, comme s'il s'agissait d'une seconde « préface ». En fait, on verra qu'elle a été rédigée en premier, avant ce qu'on lit aujourd'hui en tête du Chant 6, la strophe 6.1 (voir l'introduction des notes).

(e) Un cercle vicieux ne peut se commettre qu'en logique, s'agissant d'un raisonnement circulaire. La plupart des traducteurs corrigent, dans toutes les langues : s'enfermer, tomber, s'aventurer, s'avancer dans un cercle vicieux, l'exécuter, le tracer, etc.

(f) La réussite de la figure artiste tient à la transformation du nom propre en un déterminatif, ce qui paraît naturel en castillan, qui distinguerait le personnage mythique, Minotaure, et les minotaures. Tous les traducteurs donnent, nutrir el minotauro de sus instintos perversos. Cela dit, aucun dictionnaire de la langue espagnole, ni aucun autre, ne classe le minotaure parmi ses noms communs. Ducasse aurait pourtant dû faire école.

(g) Médiocre, réellement médiocre, s'opposant à supérieur, est d'autant plus surprenant ici que le déguisement sera présenté comme génial. On comprend, évidemment, que se déguiser en grillon n'est pas du plus grand chic, mais c'est tout de même une manière vraiment géniale de passer inaperçu dans les égout de Paris. Ducasse doit rendre ici le doublet de mediocre, mediano, soit moyen, ordinaire, médiocre (ni bien ni mal, Saturne).

(h) Par ce point, hispanisme*s, en este punto, pour sur ce point.

(i) « À sept cents lieues de ce pays ». Quel pays ? Tous les traducteurs reproduisent l'inadvertance, sauf Manuel Serrat Crespo : à 700 lieues d'ici.

(j) « Au milieu ». La guerre civile se répand entre les citoyens. Tous les traducteurs corrigent.

(k) « ... des générations entières, dont il ne serait pas difficile de concevoir le chiffre innombrable ». La proposition relative se comprend, mais elle n'est pas bien rédigée. Méndez, encore lui, la réécrit correctement, en inversant le sujet et son complément : no es difícil concebir que la cifra es innumerable, dont il n'est pas difficile de concevoir que le chiffre en est innombrable. Il aurait mieux fait en changeant le substantif qui ne convient pas, comme le font... tous les autres traducteurs !, remplaçant chiffre par nombre. Les deux premiers traducteurs avaient d'ailleurs trouvé la meilleure formulation, le nombre infini (Gómez, Pellegrini).

      On ne peut pas dire qu'il s'agisse d'incorrections, mais ce sont là trois évidentes faiblesses, s'accumulant dans une seule proposition.

(l) Gentlemen : comme le fait remarquer Manuel Serrat Crespo, en note dans sa traduction, le mot anglais n'a ici aucune justification, contrairement à son emploi, strophe 6.5 (p. 304: 21), dans la lettre de Mervyn, « fils de la blonde Angleterre » (p. 290: 8). — Cela dit, son emploi par Ducasse n'est pas surprenant, car le mot se trouve partout dans les romans du XIXe siècle; on le rencontre même dans la correspondance de Flaubert ou de Mallarmé. Comme le mot « chic », qu'on a lu plus haut (p. 285: 28), le vocable « gentleman » fait partie de ce que l'on appellerait aujourd'hui le vocabulaire branché !

(m) « Pour le ratissage de mes phrases, j'emploierai forcément la méthode naturelle, en rétrogradant jusque chez les sauvages, afin qu'ils me donnent des leçons. Gentlemen simples et majestueux, leur bouche gracieuse ennoblit tout ce qui découle de leurs lèvres tatouées ». Voilà deux phrases qui ne se comprennent pas, ce qui est exceptionnel dans les Chants. On peut supposer que le ratissage*v désigne le polissage des phrases. Il sera question de phrases « passées à la filière » des métaphores (6.5, p. 301: 26), mais sans que cela puisse s'appliquer ici. Et qu'est-ce que la « méthode naturelle » ? Celle qui va de soi ? « Rétrograder » n'est jamais employé nulle part ailleurs dans l'oeuvre, mais on peut comprendre qu'il s'agit de revenir à l'expression simple et naturelle des primitifs. Mais leurs « lèvres tatouées » est un syntagme qui ne se rencontre pratiquement jamais, ni dans les oeuvres littéraires, ni dans les ouvrages d'ethnologie (quoiqu'on le trouve très exceptionnellement chez Lamartine, dans son Voyage en Orient, mais appliqué à des jeunes filles, sans aucun rapport avec le présent contexte).

      Il reste que « sauvages » et « lèvres tatouées » concordent; que tout ce qui sort de leur bouche est d'une grande noblesse, celle de gentlemen; et que c'est ce style que compte produire dorénavant le narrateur, à leur exemple.

(n) Dans, hispanisme morphologique*s pour, sur cette planète.

(o) Où se trouve donc cette preuve que rien n'y est risible ? Une troisième, puis une quatrième phrase de suite, incompréhensibles ? Heureusement, ces deux dernières phrases se comprennent littéralement. Mais l'affaire de la « planète » n'est pas très claire. Surtout qu'on se retrouve ensuite avec un « style » apparemment naïf, mais en fait profond.

(p) La phrase en question ne fait que deux propositions (« Par cela même... »). Et c'est ce que peut désigner le texte. Mais il s'agit plus probablement du développement qui commence avec « Or, depuis les jours de ma naissance... » (p. 286: 25).

      « Poser » pourrait être un verbe absolu (« prendre la pose »), mais il serait plus logique d'y voir un verbe transitif, voire un quasi-auxiliaire (ne pas poser de questions, ne pas poser comme, que...), de sorte que la phrase serait véritablement interrompue, inachevée.


3. Notes

      Sur la rédaction de la strophe, voir les notes (c) et (d). On en déduit que le style de la strophe 6.2 est radicalement différent de celui de la strophe précédente, mais également de tout ce qu'on a lu jusqu'ici. C'est l'accumulation de phrases segmentées, ces « phrases » étant suivies de phrases complémentaires, parfois de phrases nominales.

      Or, il est clair que cette strophe 6.2 a été rédigée avant la strophe précédente, la strophe 6.1. On le voit à son style, notamment sa syntaxe, car si l'on inverse les deux strophes, il apparaît que la succession des deux « styles » devient naturelle, puisque toute la suite du Chant concorde avec la strophe 6.1 (au lieu que la strophe 6.2 représente un saut discordant).

      On le voit aussi à son contenu immédiat. « Avant d'entrer en matière... », il faut ouvrir son encrier. C'est vraiment le début, car il s'agit de « commencer, avec amour, par ce sixième chant » une série de poèmes. Puis, finalement, il faut se moucher avant de reprendre « le porte-plume que mes doigts avaient laissé tomber ».

      Enfin, on le voit surtout au rôle qui sera dorénavant celui de « notre héros ». Tout le début de la strophe nous présente Maldoror, mais rien ne nous dit encore qu'il sera le héros d'un « roman ». Cela viendra avec la strophe « suivante », la strophe 6.1 !

      Pourquoi donc Ducasse a-t-il inversé ces deux strophes ? D'abord et tout simplement parce que la strophe devenue la première (6.1) présente beaucoup mieux (quoique encore approximativement, voir la note (g) de cette strophe) ce que sera le « roman » qui suit. Ensuite, certainement, parce que l'idée de la « préface » est venue plus tard et que les deux strophes (inversées) pouvaient en tenir lieu, — ce qui sera l'impression des lecteurs, au point qu'un des éditeurs ne les distingue pas très nettement (J.-P. Goldenstein).

      D'un tout autre point de vue, celui de la rédaction matérielle, l'inversion des deux strophes devrait indiquer que Ducasse ne rédige pas dans un cahier (de feuilles précollées ou attachées), mais sur des feuilles qu'il peut déplacer. Si le Chant 6 correspondait à un nouveau « cahier », alors Ducasse aurait rédigé sa strophe « 6.1 » sur un nouveau « folio » placé devant celui qu'il avait déjà utilisé, les feuilles s'emboîtant en feuillets pour former les cahiers.

(1) « Or, depuis les jours de ma naissance... ». Les lecteurs des Chants n'en seront pas surpris : la narration passe abruptement en mode « homodiégétique », pour le dire savamment. C'est Maldoror qui prend ici la parole et qui sera le narrateur de la suite de la strophe (dans l'esprit du lecteur), ce qui sera toutefois de plus en plus ambigu. En fait, avec l'expression « le ratissage de mes phrases » (p. 287 : 10), soit à peine après douze lignes, c'est l'écrivain et donc le narrateur qui reprend explicitement la plume.

(2) Tout ce qui précède immédiatement cette finale est de l'ordre de la désinvolture, on le comprend et l'apprécie (depuis la « poésie » jusqu'au fait créaturel de se « moucher »). Mais ici, le narrateur répète, finalement, qu'il va reprendre la plume (toujours avec désinvolture).

      L'auteur, et il s'agit d'Isidore Ducasse, n'a aucune idée de ce qu'il va rédiger. Il sait seulement que Maldoror sera son héros, mais ne sait peut-être pas encore que ce sera le héros d'un roman. N'est-ce pas ce que dit la strophe qui tourne autour du pot, enfilant une série de « digressions » ? Du point de vue autobiographique, c'est précisément ce qui fait la beauté de cette strophe. Trop humaine. Isodore Ducasse tergiverse..., et l'exprime nettement.

(3) L'« énigme » s'expliquera à la strophe 6.9 (l'avant-dernière strophe). Il s'agit d'une parodie des finales « énigmatiques » des romans populaires. Le mécanisme sera présenté en 6.10, n. (6). On admettra qu'il s'agit d'une réussite, car aucun feuilletoniste n'aurait pu rédiger une telle relance, d'une telle beauté, proprement surréaliste.

      La rédaction de cette énigme ici enregistre la solidarité des strophes 6.1 et 6.2, qui ont été à ce moment déjà inversées. Il suit que toutes les annonces énigmatiques auront été ajoutées à la suite de la rédaction de tout le Chant 6.


4. Faurissonneries

      Ce qui est vraiment extraordinaire, avec Robert Faurisson, c'est qu'il comprend tout. On a vu qu'il était difficile d'expliquer le passage évoquant les primitifs et leurs lèvres tatouées. Pas de problème, pour notre critique, qui joue de l'ironie gratuite : « Le style, lui aussi, tiendra les promesses du passé. Les phrases seront plus que jamais étudiées et soignées; elles seront ratissées comme les allées d'un jardin d'une harmonie toute classique, ou plutôt, elles auront la simplicité, le naturel et la majesté des sauvages, qui comme chacun sait, savent être des "gentlemen simples et majestueux" ». Et d'ajouter comme s'il s'agissait toujours des primitifs : « On a tort de se moquer des sauvages [car] "rien n'est risible dans cette planète" » (p. 149).

      Etc. Bien entendu, les nombreuses interprétations impliquées par ce commentaire ne sont pas toutes inadéquates. Mais il faut remarquer l'assurance avec laquelle elles sont assenées, sans aucune analyse.

      Sur la dernière phrase de la strophe, ce commentaire : « Maldoror vient de donner le coup d'envoi d'une des plus prodigieuses actions jamais vécues, de mémoire de romancier, de poète, et, plus généralement, d'homme. Un coup de maître : l'histoire de l'assassinat par Maldoror de Mervyn, jeune lord anglais de seize ans et quatre mois ! » (p. 149-150).

Variantes Commentaires Notes Faurissonneries
Tables du début de la présente strophe