Les interventions du redoutable
polémiste
(nous le sommes tous) restent généralement sans
réplique, malheureusement, ses victimes n'éprouvant
pas le besoin qu'on mesure davantage la justesse de la critique et
c'est bien dommage, cela nous permettrait de rire encore un peu,
car si le polémiste est intervenu, c'est évidemment
parce que ce n'était pas drôle du
tout. La formule : polémique = réplique
(pamphlétaire (sans réplique)). |
Polémiques II
Guy Laflèche,
professeur retraité,
Université de Montréal
Les aléas jetés
sur le parcours du FFMM de 2013 à 2018,
puis au lancement du GFFM en 2022
Table de la huitième section :
- VIII - Relance et renaissance de l'automne 2022
- le Global Festival des films de
Montréal
(GFFM) rend hommage au FFMM, du 25 août au 5 septembre
2022
- Olivier Du Ruisseau, 24 août
- Odile Tremblay, 25 août
- Olivier Du Ruisseau, 29 août
- Guy Laflèche, 7 mai
Le site officiel du Festival :
www.gffm1977.com
VIII
Relance et renaissance du FFMM :
le Global Festival des films de Montréal (GFFM)
Le Devoir n'est pas en reste...
Le journal de combat persiste et signe le combat à
finir :
Odile Tremblay contre Serge Losique
Sauf les bienheureux adeptes du journal
AgoraVox,
les Montréalais ont appris (très approximativement,
s'ils ne lisaient pas la Presse), le 24 août, qu'un
mini-festival présenterait à l'Impérial un
hommage
au FFMM de Serge Losique à partir du lendemain, du 25
août au 5 septembre 2022. Vingt longs métrages y
seront présentés par un nouvel organisme, le Global
Festival des films de Montréal (GFFM), le
successeur du Festival des films du
monde de Montréal (FFMM). Marc-André Lussier a
été le seul journaliste de Montréal à
présenter correctement et simplement
l'événement, dans la Presse du 24 août.
« La sélection commence avec Carmen,
présenté au FFM en primeur nord-américaine en
1983. Mettant en vedette Laura del Sol, Antonio Gadez, Cristina
Hoyos et Paco de Lucía, ce sublime film de Carlos Saura,
grand succès à l'époque, est rarement
présenté au Québec ». Le
journaliste présente succinctement les films de
l'événement, dont précise-t-il une bonne
dizaine de lauréats du Grand Prix des Amériques, ce
dont il donne quelques exemples. Il donne aussi à ses
lecteurs l'adresse du site de
GFFM où se trouve l'horaire de la programmation. Il
précise qu'André Forcier fera partie du conseil
d'administration de GFFM, dont Pierre-Henri Deleau, vedette des
directeurs du Festival de Cannes, sera aussi du Conseil. On
pouvait
lire sur le site du nouvel organisme qu'il en serait le directeur
artistique.
Ce travail d'information journalistique de
dernière heure, pour ne pas dire de dernière minute,
de Marc-André Lussier est un excellent exemple du
professionnalisme qu'on lui connaît.
Voici maintenant mon analyse de la
« situation ». Lorsque j'ai eu le bonheur et
le privilège de rencontrer Serge Losique, au printemps,
— et je vais revenir souvent sur cet événement
pour moi mémorable —, il m'a bien dit que des demandes
de subvention étaient en cours d'évaluation pour la
relance du festival par ce qui serait à l'automne le GFFM.
Je n'ai posé aucune question, mais le bon sens dit que c'est
d'abord la SODEC qui était sollicitée. S'il suit que
les subventions ont été refusées, il
suit donc que la relance du festival était impossible.
Erreur. Je ne sais pas si Serge Losique aura sept
vies, comme les chats, mais comme eux, il peut toujours
retomber sur ses pattes. Alors il fallait être
créatif pour imaginer un
mini-festival du GFFM en l'honneur du FFMM, dont il prendrait,
à l'automne
2023, la relève, ce qui serait annoncé... plus
tard !, lorsque les nouvelles subventions seraient au
rendez-vous. On appelle cela un coup de génie.
Malheureusement, si Serge Losique est un
excellent pédagogue, il n'a jamais été
conscient de l'importance des communications dans la
gérance des événements qu'il a
créés et dirigés. Il n'a jamais compris une
chose pourtant élémentaire, à savoir que le
FFMM avait besoin d'une entreprise
spécialisée pour organiser et planifier ses
entrevues, ses conférences de presse et, de façon
générale, ses rapports avec le public et, donc, les
médias. Sur ce point, c'est un cinéphile,
c'est-à-dire un innocent idéaliste qui s'imagine
qu'un film, un festival de films (!), se
« défend » lui-même. Pierrot
le fou, mettons, n'a besoin de personne, d'aucune entreprise de
communication, pour être ce qu'il est, un
chef-d'oeuvre et pour toujours. Il suffit de le projeter, si
possible sur un grand écran. Bien sûr, le fabuleux
cinéphile qu'est Serge Losique a raison et sa
politique qui dit que les films et le cinéma se
défendront bien tout seuls, aura été
très souvent d'une rare efficacité, en dépit
du fait que c'était une très mauvaise
« politique » face aux médias qui ont
finalement tué son festival, faute d'être tenus en
laisse. Si vous laissez des journalistes imbéciles (et dieu
qu'ils sont nombreux !) dire n'importe quoi — ou rien du
tout ! — de l'événement que vous dirigez,
vous prenez un trop grand risque.
Et on en trouve une parfaite illustration dans
le mini-festival de l'automne 2022. Lancé sans aucune
campagne publicitaire, annoncé aux journaux la veille de son
lancement, sans aucune conférence de presse, ni non plus de
présentation le soir de l'ouverture, ni même celle
d'aucun
film (sauf dans les rares cas où un réalisateur
québécois était en salle pour présenter
son film), le résultat a été
mathématique : l'Impérial était
désert. Bien sûr, on doit comprendre que
sans subvention et Serge Losique n'ayant plus rien à
hypothéquer, voilà un mini-festival
minimaliste ! Plusieurs des festivaliers accusaient le
coup : encore un mauvais coup contre Serge Losique et contre
notre festival.
Mais en réalité, c'était
encore et surtout un mauvais coup des journaux, de leurs dirigeants
et des journalistes. Car, en regard de l'article professionnel de
Marc-André Lussier, c'est toute la presse du Québec
qui a dysfonctionné et qui aurait besoin de
consulter ! Mais le plus grand malade est le journal le
Devoir de Montréal. Voici ses trois articles
commentés sur le lancement du mini-festival du GFFM.
| |
|
Le Festival des films du monde renaît de ses
cendres (2),
ou presque
Pour l'instant, certains cinéastes invités
craignent qu'il
s'agissent d'un canular (3)
Serge Losique, qui a tenu le Festival des
films du monde de Montréal (FFM) à bout de bras de
1977 à 2018, lance un nouveau festival, ainsi qu'une
série de projections qui doit débuter jeudi à
l'Impérial, à Montréal. Il s'agirait (4) d'un
hommage au FFM, qui fut autrefois le festival de films le plus
couru au Canada. Mais pour l'instant, certains cinéastes
invités craignent qu'il s'agisse d'un canular (5).
« C'est en ouvrant mes courriels
tout à l'heure, puis en allant sur le site Web de
l'événement, que j'ai appris que mon film serait
présenté samedi », lance le cinéaste
André Forcier, incrédule (6), en entrevue avec le
Devoir.
Intitulé « Hommage du Global Festival des films de
Montréal (GFFM) au Festival des films du monde »,
cet événement est constitué de 25 projections
— toutes gratuites — qui doivent avoir lieu dans la
mythique salle du Quartier des spectacles entre le
25 août et 5 septembre.
Le film d'André Forcier le Vent du
Wyoming (1994) doit donc faire partie de la programmation, qui
est d'ailleurs déjà détaillée en ligne
sur le site Web du GFFM. Cependant, le cinéaste n'aurait
jamais été mis au courant de l'existence du GFFM par
Serge Losique (7):
« Je ne sais pas si c'est un
canular » (8).
La série de projections à
l'Impérial serait donc un événement non
seulement en hommage au FFM, mais aussi destiné à
lancer un plus grand festival, soit le Global Festival des films de
Montréal (GFFM). Selon son site Web, c'est Pierre-Henri
Deleau, premier délégué général
de la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes, qui
en assurera la direction. Sa programmation devrait être
annoncée « plus tard », toujours selon
le site du GFFM.
M. Forcier raconte avoir
été approché par Serge Losique « il
y a environ un mois » pour faire partie du conseil
d'administration « d'une organisation à
venir », mais ne jamais avoir eu la confirmation de la
forme qu'elle prendrait. « Pierre-Henri Deleau
participait, j'ai donc accepté, ça devait être
important ».
Quant à l'événement
hommage à l'Impérial, le cinéaste ajoute que
« la programmation est très bonne »,
mais qu'il n'est « juste pas certain que les films seront
vraiment présentés » (9).
Contacté par le Devoir,
François
Beaudry-Losique, directeur général du cinéma
Impérial et fils de Serge Losique, confirme pourtant que les
projections auront bien lieu, et que c'est son père qui les
organise : « Nous avons les copies des films, tout
est prêt ». Ce dernier ne peut toutefois pas
confirmer si le plus grand festival aura lieu, ni quand.
« Je souhaite que ça fonctionne »,
ajoute-t-il (10).
Henry Welsh (11), cofondateur de l'agence de
relations de presse Ixion Communications, qui fut auparavant
directeur des communications du FFM, demeure aussi sceptique.
« Je ne sais pas si c'est un canular (12), et je me
demande bien de quelles copies des films Losique
dispose », dit-il. (13)
« La dernière fois que j'ai
parlé à Claude Gagnon, qui présente aussi un
film à l'événement, il m'a dit que lui non
plus ne savait pas que son film allait être
présenté », ajoute Henry Welsh (14). Tout
comme
André Forcier, il n'a pas été capable de
joindre Serge Losique cette semaine pour obtenir plus
d'informations (15).
« Porte-étendard culturel »
criblé de dettes (16)
« Le GFFM est le successeur naturel
du FFM, et avec la nouvelle charte et le nouveau conseil
d'administration, il poursuivra la programmation artistique du FFM.
Nous espérons qu'il aura le même succès sur le
plan national et international », peut-on lire sur le
site Web de l'événement.
Le GFFM se veut donc un hommage à
l'ancien festival de Serge Losique, qui fut, selon son site
Internet, le « porte-étendard culturel de
Montréal et du Québec » pendant
43 ans. L'événement a effectivement
été, pendant de nombreuses années, le plus
important festival de films au Canada, attirant des vedettes du
septième art telles que Claude Lelouch et Catherine
Deneuve, ainsi que des dizaines de milliers de festivaliers.
Le festival a dû prendre fin en 2018,
aux prises avec des dettes de près de 500 000 $,
comme le rapportait le Devoir (17).
—— Olivier Du Ruisseau, le Devoir, 24
août 2022
|
| |
(1) Olivier Du Ruisseau est un tout
nouveau reporter du
Devoir.
Il a fait ses études à l'Université Concordia
de Montréal, en journalisme et en cinéma. Comme on
l'a lu plus haut, la Presse a confié à
Marc-André Lussier, un critique cinématographique
chevronné, la couverture du lancement du mini-festival du
GFFM à
l'Impérial. Au Devoir, les critiques
cinématographiques équivalents sont François
Lévesque et André Lavoie. Ils se sont
écartés ou ont été
écartés (le résultat est le même) de
toute intervention sur le FFMM, pour ou par Odile Tremblay, lui
laissant toute la place. En fait, elle ne rend compte que des
festival de Cannes et de Toronto, depuis longtemps (elle qui depuis
toujours, justement, réclamait du « sang
neuf » au FFMM). Il suit que c'est elle qui
« rend compte » du festival de Montréal,
lorsqu'elle ne dépense pas son énergie à... le
boycotter ! C'est donc elle, on va le voir, qui a
géré, pour son malheur, le travail d'Olivier Du
Ruisseau. J'espère que la correction que j'infligerai
à ses devoirs lui servira de leçon : en
journalisme, on ne se laisse jamais manipuler.
(2) Très importante faute
« lexicale »
dans le titre d'un article. Une personne
décédée, un mort, « renaît de
ses cendres ». Et, effectivement, le FFMM est bel et
bien
mort pour le Devoir. Odile Tremblay a dès le
début, c'est en tête du
présent fichier, appelé la SODEC a cesser de
financer le festival et n'a cessé de travailler efficacement
avec la SODEC de Monique Simard pour le tuer. Il est donc mort.
Or, du point de vue linguistique, le FFMM n'est pas mort. Il a
été assassiné. Il ne renaît donc pas de
ses cendres : il ressuscite ! D'un mot significatif,
Olivier Du Ruisseau trahit sa pensée.
Bien sûr, on ne ressuscite pas
« ou presque » !
(3) Un canular ! D'abord, ce
sous-titre, on va le voir, est
totalement faux. Aucun cinéaste participant à
l'événement n'a jamais pensé, jamais dit, ni
même jamais évoqué l'idée que le
mini-festival de l'Impérial puisse être... un
canular ! On en aura la preuve dans la suite de l'analyse et
on saura même d'où vient cette idée
complètement sotte. Mais l'important est qu'Olivier Du
Ruisseau en fera, pour sa courte honte, le thème de tout son
article.
(4) Une bonne partie de l'article sera
écrit au mode
conditionnel. Du début à la fin de l'article, cela
consiste à mettre en doute des faits incontestables. C'est
une façon assez grossière de
discréditer un événement (!) que le reporter
nous présente à répétition comme un
« canular ».
(5) Un canular, bis. Idée ou
opinion encore
attribuée à « certains
cinéastes ».
(6) André Forcier. Le
mini-festival présente
son fabuleux film le Vent du Wyoming. Il vient de
l'apprendre, cela ne fait aucun doute. Serge Losique
n'a pas eu le temps de contacter les
cinéastes québécois dont il a programmé
les films, supposant, avec raison, qu'ils seraient bien fiers de
participer à l'hommage. Or, dans le cas d'André
Forcier, cela ne fait aucun doute, car il ouvre d'un éloge,
sur le site du GFFM, la présentation du programme du
festival. Surpris, oui, mais incrédule, c'est impossible.
Il s'agit là d'un sentiment que lui prête
manifestement notre reporter.
(7) « Cependant, le
cinéaste n'aurait jamais
été mis au courant de l'existence du GFFM par Serge
Losique ». Attribuer cette affirmation à
André Forcier est invraisemblable,
puisqu'il a rédigé et signé le chapeau de mon
article reproduit sur le site du GFFM qui, justement,
présentait la renaissance du FFMM sous la forme du
GFFM ! L'article d'AgoraVox ne lui est tout de
même pas
tombé du ciel : il lui a été
présenté par Serge Losique.
(8) « Je ne sais pas si
c'est un canular »
— André Forcier cité entre guillemets !
C'est d'une rare absurdité, car il ne pourrait s'agir que
d'une réponse à la question du reporter,
« croyez-vous que ce mini-festival soit un
canular ? ». La seule réponse possible
à cette question est simple : « d'où
sortez-vous cette idée ? Êtes-vous
complètement malade ? ». Or, c'est
là-dessus que notre reporter invente l'idée que
« certains cinéastes » croient qu'il
s'agit d'un « canular »... Le moins que l'on
puisse dire est que nous ne sommes pas ici dans les règles
du
journalisme ou du reportage, mais d'une sollicitation dont le
résultat voudrait être sensationnel : le
mini-festival annoncé à l'Impérial est un
canular !
(9) André Forcier,
toujours : « la
programmation est très bonne »,
mais qu'il n'est « juste pas certain que les films seront
vraiment présentés ». Sur quoi une telle
affirmation serait-elle plausible à la veille de l'ouverture
du mini-festival ? Si le cinéaste avait fait
une telle affirmation, Olivier Du Ruisseau aurait
dû lui en demander des explications. D'autant qu'il nous
dira, ligne suivante (!), que le gérant de l'Impérial
lui a confirmé la tenue de l'événement. On
est donc toujours en présence du thème du canular.
(10) François-Beaudry Losique
est le gérant de
l'Impérial. Il n'a aucun rapport avec le GFFM et
ne répondra jamais à aucune question à son
sujet. Il nous apprend seulement, et c'est important, que c'est
Serge Losique seul qui a programmé le
mini-festival. En plus, il est bien placé pour savoir que
les copies des films sont entre ses mains. Détail important
que l'on s'amusera à... ignorer, comme on le verra plus
loin.
Mais le plus important ici n'est pas
là, du point de vue de la rédaction journalistique.
Voilà un journaliste qui a commencé son papier (avec
son titre !) en déclarant à
répétition que le lancement du mini-festival du GFFM
était un canular. C'était le début de son
enquête. Mais son papier finit par expliquer que son
enquête lui a appris que tout cela était parfaitement
faux, puisque le gérant de l'Impérial lui a
confirmé que le festival aura bel et bien lieu et qu'il
commencera le lendemain, 25 août. Est-ce que notre reporter
ne serait pas un journaliste amateur produisant du
« papier » ?
(11) Henry Welsh. Que vient
donc faire cet individu dans
les sources d'informations d'Olivier Du Ruisseau ? Il s'agit,
évidemment, d'un « tuyau » d'Odile
Tremblay pour notre reporter qui ignore qu'il compte
pour beaucoup dans l'assassinat du FFMM, au sens de celui
« qui n'a pas porté assistance au
festival » qu'assassinait la SODEC de Monique
Simard : bien au contraire, il a démissionné du
poste qu'il occupait pour protéger ses billes. Voilà
un « homme du milieu » bien mal placé
pour répondre à des question sur la
résurrection du FFMM. Non seulement il est indélicat
de la part d'Olivier Du Ruisseau de l'interroger sur une question
dont il ne connaît forcément rien, mais le bon sens
dit qu'Henry Welsh devait s'interdire de
répondre à
quelque question que ce soit à ce sujet.
(12) « Je ne sais pas si
c'est un canular... ».
C'est la cinquième fois au moins que le reporter met le mot
dans la bouche de ses deux informateurs, M. Forcier (UN
cinéaste) et H. Welsh (un « du
milieu »).
(13) De quelle copie des vingt-cinq
films Serge Losique
dispose-t-il ?
De quoi je me mêle ? Jamais notre reporter
n'aurait dû rapporter cette question aussi insignifiante que
malveillante.
(14) C'est une faute journalistique
très grave que de
rapporter des propos qui nous sont... rapportés sur un
tiers. On peut certes s'en servir pour l'interroger, mais il ne
s'agit pas là de fait dont on puisse faire état dans
un reportage.
(15) Qui,
« il » ? Et qui s'imagine
pouvoir prendre contact avec Serge Losique la veille de l'ouverture
de son mini-festival ? Bref, double faute journalistique,
avec une faute de syntaxe qui pourrait laisser croire que... Henry
Welsh aurait pu vouloir interroger personnellement Serge
Losique.
(16) À la veille de
l'ouverture du mini-festival du GFFM,
est-ce que le moment est approprié de rappeler les
déboires du FFMM ? Ce sous-titre est malveillant.
(17) Sans référence
aucune à quelque article
du Devoir que ce soit, cela signifie simplement
« comme me l'a dit Odile Tremblay ». Qu'est-ce
que ce « près de 500 000 $ »
vient faire ici ? C'est ridicule, comme l'exprime la note
précédente. Or, notre reporter n'imagine pas que la
situation financière du FFMM n'a pas cette belle
simplicité. Ce montant pourrait correspondre aux
impôts réclamés au festival en juillet 2018,
qu'un arrangement a permis de lever temporairement. Mais la
question est liée au double procès qui oppose le FFMM
et la SODEC, elle qui a transformé une
« avance » sur les subventions à venir
en un « prêt ». Ce ne sont pas cinq cent
milles, mais des millions qui sont en cause et je me souviens que,
d'après mon analyse de l'affaire, le festival était
en excellente position pour gagner. Cela dit, Olivier Du Ruisseau,
au lieu d'écrire n'importe quoi, sur la foi d'Odile
Tremblay, au sujet d'une affaire qui traîne depuis plus de
cinq ans, serait bien avisé de passer au Palais de Justice
de Montréal pour voir où en est le dossier (il
trouvera plus haut toutes les informations nécessaires
à ce sujet, à commencer par le numéro du
dossier).
| |
|
Ce festival qui veut revivre
L'affaire semble surréaliste. Le
défunt Festival des
films du monde (FFM), mort endetté jusqu'au cou (17)
après
des déboires qui pourraient faire l'objet d'un volumineux
dossier, entend renaître sous le nom de Global Festival des
films de Montréal (GFFM) plus tard cette
année (1),
comme
le Devoir le révélait mercredi. La
résurrection éventuelle du FFM circulait entre les
branches. On n'y avait pas prêté l'oreille, la jugeant
impossible. Dans le milieu, certains crient au canular (2).
D'autres à la frime (3).
En avant-goût, un hommage au FFM est
donc accessible
gratuitement au cinéma Impérial. Dès
jeudi (4),
jusqu'au 5 septembre, 20 films déjà
projetés et primés sont proposés en
accès gratuit à l'Impérial. La nouvelle de
cette rétrospective est sortie en douce mardi sur le site
Web du GFFM, deux jours à peine avant la tenue du coup de
chapeau.
Quant au festival lui-même (5), il
serait
prévu en fin
d'année, dirigé par nul autre que Pierre-Henri
Deleau, ancien délégué général
de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, qu'on
imagine mal venir s'y casser le cou (6). Le distributeur Louis
Dussault
le précise : « Sophie Boiré,
l'épouse de Pierre-Henri Deleau (7), me demandait mercredi
ce
qui se passait à Montréal. Son mari est
hospitalisé pour une opération assez grave, et ils
ignorent ce qui se trame avec ce nouveau festival ». Tout
ça sent la manipulation désespérée
à plein nez. Deleau est un vieil ami du FFM, faut-il brandir
son nom à son insu ? (8)
De toute façon, les temps ont
changé, les habitudes
cinéphiliques [sic] aussi. Les plate-formes transforment la
donne.
Les jeunes publics regardent ailleurs. Les institutions, qui
avaient coupé les vivres au FFM, ne tendraient pas la main
à son successeur. Alors quoi ? (9)
D'ici là, l'hommage est confirmé
ces prochains jours
et la salle bouclée. Mais sous secret gardé :
plusieurs ayants droit (10) des
films à l'affiche n'avaient
pas
été mis au parfum de ces projections, du moins
à ces dates-là. Le comble : le cinéaste
André Forcier, cité en long et en large sur ce site
à coups de déclarations encensant le FFM et son
fondateur, révélait au Devoir avoir
ignoré
lui-même dans quoi il s'embarquait comme membre du conseil
d'administration. Il n'a même pas su à l'avance que
son Vent du Wyoming (1994) serait projeté samedi.
Certaines
ententes auraient été bouclées en 2021, mais
en l'absence d'un suivi, ce fut la surprise.
Les 20 films de l'hommage sont de bonne tenue.
Là n'est pas
la question (11). On avait
apprécié La fiancée
syrienne, de l'Israélien Eran Riklis, Les Plouffe, de Gilles
Carle, Carmen, de Carlos Saura, La couleur du paradis, de l'Iranien
Majid Majidi, et autres titres porteurs, dont le film de Forcier et
Kenny, de Claude Gagnon. Ces oeuvres ne seront pas projetées
en 35 mm, l'Impérial ne possédant plus les
équipements requis (12).
Ce festival, d'abord glorieux, on l'avait vu
triompher puis
plonger, après des bras de fer avec les institutions, un
manque de renouvellement et une perte de prestige. Son maître
d'oeuvre avait bien des détracteurs, des admirateurs
inconditionnels aussi, moins nombreux qu'avant.
Depuis une dernière cuvée en
2018, pas de FFM, donc,
tombé au combat. Ses dernières éditions
s'étaient déroulées sous la houle et dans
l'anarchie, avec maints employés qui couraient en vain
après leur paie et des cinéastes laissés en
plan. On savait Serge Losique en mauvaise santé et
désargenté. Puis la pandémie fit le vide.
Ce soubresaut impromptu du FFM remet en
lumière les
frictions du milieu du cinéma dans son fragile
écosystème (13).
Second revenant de la saison :
Roland Smith. L'ancien propriétaire de l'Outremont, du Verdi
et d'autres salles mythiques où il forma durant maintes
décennies des générations de cinéphiles
s'effaçait du décor.
Or donc, après deux ans d'absence
pandémique, le
voici de retour avec le Festival du cinéma
latino-américain de Montréal, présenté
au cinéma du Parc, qu'il aura en son temps dirigé.
Les hispanophones suivent son rendez-vous, comme d'autres
cinéphiles grâce aux sous-titres français ou
anglais. Il propose des oeuvres québécoises. Sauf que
cette onzième édition se déroule du
26 août au 5 septembre, à peu près
aux mêmes dates (scellées depuis plusieurs mois) que
l'hommage au FFM. « J'aurais décalé d'une
semaine, si j'avais su » clame-t-il.
Le carré de sable est petit à
Montréal. Chaque
manifestation a besoin d'air pour vivre et trouver son public. Le
Festival de films féministes de Montréal (du 7 au
10 septembre) devra se saborder après six
éditions, faute de fonds suffisants. Ça va mal partout.
L'hommage au FFM parviendra peut-être à suivre son
cours ces prochains jours, à moins d'une révolte des
ayants droit (14). Mais
l'émergence du Global Festival des
films
de Montréal à la fin de l'année semble issue
du rêve d'un président amer otage de son
passé (15).
—— Odile Tremblay, le Devoir 25 août 2022.
|
| |
(1) Il n'y a rien de
surréaliste dans la renaissance du FFMM
sous le nom d'un nouvel organisme, le GFFM. Olivier Du Ruisseau a
mal lu la page d'accueil du mini-festival et Odile Tremblay ne
comprend pas mieux cette phrase qu'on y trouve :
« la grande édition du GFFM sera annoncée
plus tard ». Le nouvel organisme est lancé avec
le mini-festival de cet automne 2022; sa « grande
édition », c'est-à-dire le festival de
l'automne 2023, sera annoncée plus tard, si les organismes
subventionnaires lui prêtent vie, évidemment. Il ne
fallait pas la tête à Papineau pour comprendre cela et
ne pas imaginer un « autre » festival qui
aurait lieu « plus tard cette
année ».
(2) Et voilà le chat du canular
qui sort de la
sacoche ! Une
pure invention d'Odile Tremblay, dont Olivier Du Ruisseau a fait le
plus sérieusement du monde le thème de son article,
la veille, comme on vient de le lire. Revoir le sous-titre de l'article !
Le vocable, « canular »,
est significativement encadré de
« surréaliste » et de
« frime ». Ces affirmations n'ont qu'un sens,
comme on va le voir clairement dans la suite de l'article :
Odile Tremblay n'est ni incrédule ni même surprise,
elle est très déçue
et même horrifiée de la résurrection du FFMM.
Elle s'y oppose explicitement, on le voit à son vocabulaire,
et non seulement elle va tout faire pour l'empêcher, mais
elle a déjà commencé avec les informations,
conseils et tuyaux refilés méchamment à O. Du
Ruisseau.
Mais par ailleurs, surtout, ces affirmations
sont fausses. Ce n'est pas vrai que la nouvelle de la
résurrection du FFMM sous le nom de GFFM
« circulait entre les branches ». D'abord
c'est moi qui ai annoncé l'événement dans un
article paru sur AgoraVox le 7 mai 2022 et la nouvelle que
j'annonçais était de première main,
puisqu'elle venait de Serge Losique lui-même. Ensuite,
l'« entre les branches » est totalement faux,
puisque l'article, comme je l'expliquerai plus loin, a
été proposé au Devoir au tout
début d'avril. Bryan Miles a refusé de le publier,
mais il serait bien surprenant qu'il n'en ait pas transmis copie
à Odile Tremblay. Bref, ce n'est pas entre les branches
qu'elle a appris, pour elle, la triste nouvelle du lancement
du GFFM quatre ou cinq mois plus tard, s'il pouvait être
subventionné.
Ces mensonges ne sont pas innocents,
évidemment, puisqu'il est impossible que j'aie lancé
un « canular » sur AgoraVox. La
vérité est qu'Odile Tremblay et le Devoir ont
été de mèche pour ne contribuer d'aucune
manière à la naissance du GFFM.
(3) Il est possible qu'en style
d'Odile, le mot « frime » ait un sens
particulier. Je me vois mal publier sur AgoraVox une
amusante et
machiavélique plaisanterie. À remarquer que
l'affirmation est attribuée aux « gens du
milieu ».
(4) « Dès
jeudi ». L'article
paraît le jeudi, 25 août, le jour de l'ouverture du
festival. Il a donc été rédigé la
veille ou plus probablement en même temps que celui d'O. Du
Ruisseau paru... la veille. Il faut faire vite, car il n'est
jamais trop tôt pour nuire à Serge Losique.
(5) Encore ! Voir la n. (1).
(6) Pierre-Henri Deleau,
« qu'on imagine mal venir s'y
casser le cou ». La remarque est
malveillante, mais surtout saugrenue. Est-ce que Serge Losique
n'aurait pas eu un coup de génie en invitant P.-H. Deleau
à préparer la relance du FFMM ? Ce n'est pas
une idée vraiment extraordinaire ? Et pourquoi donc la
vedette n'accepterait-elle pas de relever un défi
prestigieux ? Bon, d'accord, parce qu'Odile Tremblay ne veut
pas, tout simplement.
(7) C'est l'histoire de l'homme qui a
vu la femme du mari qui n'a
pas vu l'ours. Louis Dussault dirait que Sophie Boiré,
l'épouse de Pierre-Henri Deleau, hospitalisé, dirait
que. On apprend donc sans surprise que Serge Losique n'a pas
contacté P.-H. Deleau pour l'informer qu'il n'avait pas
reçu les subventions pour le faire venir à
Montréal afin de lancer cet automne le GFFM et qu'il allait
programmer lui-même le mini-festival qui allait
préfigurer l'événement, espérons-le, de
l'automne 2023.
Qui est donc Louis
Dussault ? On l'a lu plus haut, celui qui estimait
(raisonnablement) qu'une renaissance du FFMM était bien
improbable. S'il est interrogé et cité par Odile
Tremblay, cela pourrait bien être
parce que, comme elle, il n'est pas content de cette
possibilité ! Oui, je m'amuse, mais il aurait avantage
à bien dire à la journaliste qu'il ne veut plus
jamais
être désigné comme l'homme qui a vu la
femme du mari qui...
(8) « Tout ça sent
la manipulation
désespérée à plein nez. Deleau est un
vieil ami du FFM, faut-il brandir son nom à son
insu ? ». Affirmation mensongère,
malveillante et stupide. Il ne fait aucun doute que Serge Losique
a obtenu l'accord de Pierre-Henri Deleau pour prendre la direction
artistique du GFFM. On voit à quel niveau de bassesse Odile
Tremblay est capable de descendre pour écraser son
adversaire.
Mais on verra, pour finir, qu'elle peut
descendre encore bien plus bas dans l'expression de sa haine pour
Serge Losique, n. (15)
(9) Quelle belle analyse
socio-culturelle de l'univers
cinématographique québécois. Comme
généralité, c'est n'importe
quoi. Il n'y a pas de festival de films partout au monde,
même à Toronto ?
(10) « Plusieurs ayants
droit ». C'est non
seulement possible, mais c'est certain : dans l'urgence de
programmer son
mini-festival, Serge Losique n'avait évidemment pas le temps
d'informer les réalisateurs de la projection de leur film,
d'autant qu'il s'agit d'une vingtaine de films dont les
réalisateurs se trouvent un peu partout sur la
planète. Cela dit, Odile Tremblay exploite le seul
témoignage d'André Forcier, témoignage
manifestement « sollicité » par son
collègue O. Du Ruisseau, bien programmé par ses
soins et d'ailleurs peu crédible dans son ensemble, comme on
l'a vu plus haut, n. (6) et suiv.
(11) Bien au contraire, là
est la question et seulement
là. Quatre lignes de l'article sont
consacrées au contenu du mini-festival. Cela est
significatif de l'absence totale d'intérêt de la
« critique cinématographique » pour le
cinéma. Tout son article devait être consacré
à ces questions et seulement à ce sujet. La
journaliste, si elle était compétente, devait
présenter le contenu du mini-festival, dire quels films
méritaient être vus et
revus et pourquoi. Bref, elle devrait parler de ce qu'elle devrait
connaître. La question qui s'imposait pour elle, à
mon avis, est celle de savoir si la programmation du mini-festival
est représentative du déroulement du FFMM
depuis ses débuts ou si Serge Losique n'a pas choisi tout
simplement les copies des films qu'il avait sous la main (et il en
a des piles, il me l'a dit au printemps) ou qu'il pouvait obtenir
de l'Éléphant. Mais là, elle aurait dû
parler de cinéma. En ce qui concerne le mini-festival en
tant que
tel, s'il n'y a aucun tapis rouge, alors ce n'est pas trop son
affaire. Vivement Cannes et Toronto. Bref, le cinéma, les
films,
« là n'est pas la question » !
(12) Je ne sais comment expliquer
cette phrase, cette
précision. Je ne suis pas certain qu'il existe encore
à Montréal ou au Québec des cinémas qui
projettent encore des films en 35 millimètres. En tout cas,
sans y rien connaître, je ne pense pas que la collection de
Serge Losique soit encombrée des superbes bobines de
l'ancien temps. Mais peut-être s'agit-il d'une remarque
perfide à l'usage des spécialistes ?
(13) Changement de sujet ! Mais
avec encore un autre petit coup
d'épingle, à propos des dates de deux festivals.
Passons, la cour est pleine.
(14) Hallali. Appel au meurtre.
Même si le mini-festival
commence le jour même de la parution de son article, il n'est
jamais trop tard pour souhaiter que des ayants-droit s'en prennent
à Serge Losique et interrompent la poursuite de
l'événement. C'est ce qu'elle
souhaite, puisqu'elle le fantasme. Autrement, pourquoi
écrirait-elle une pareille niaiserie ? Après
tout, Odile Tremblay avait commencé son combat à
finir avec un appel au
boycottage du festival qui a été orchestré par
la SODEC de Monique Simard, un grand succès. Pourquoi pas
maintenant une « révolte (sic) des
ayants-droit » ?
(15) La mise en place et le
lancement du GFFM, cela relèverait « du rêve
d'un président amer otage de son
passé » ? Une telle sotte affirmation,
insultante, que rien dans l'article ne justifie, cela doit
être dénoncé, tellement c'est odieux. Au
Devoir elle se croit manifestement tout permis. Mais Odile
Tremblay ne comprend sûrement ni le sens ni la portée
de cette phrase de conclusion. Serge Losique n'est pas l'homme de
l'amertume, bien entendu. Battant comme jamais, il a
imaginé un montage génial pour relancer le FFMM sous
une forme qui devrait avoir tout pour plaire aux organismes
subventionnaires — si du moins ils ne sont pas revanchards,
comme Odile Tremblay (le souhaite). Avec cette dernière
phrase, on comprend que tout l'article de la journaliste distille
une pensée fielleuse, otage de son pitoyable passé,
en ce qui concerne son attitude vis-à-vis du FFMM.
J'ai toujours dit, dans mon enseignement, que
c'est après avoir bien étudié le poème,
l'essai, l'oeuvre, qu'on évalue son titre. Cela vaut,
évidemment pour un article journalistique. Si l'on relit
maintenant le titre qu'Odile Tremblay donne
à son texte, on verra qu'il est très significatif.
Depuis quatre ans maintenant, dans son esprit, le FFMM est mort;
c'est elle qui a initié l'assassinat mené par la
puissante machine de la SODEC de Monique Simard; retrait de toutes
les subventions de tous les organismes subventionnaires; les
commanditaires se sont retirés; Serge Losique n'a plus rien
à hypothéquer. Le FFMM est mort. Mais voilà
qu'un « surréaliste »
« canular » lancé pour la
« frime » voudrait que le FFMM ressuscite sous
la forme d'un GFFM ! C'est inacceptable, inadmissible !
Mon combat à finir contre le festival de Serge Losique
était fini et voilà que tout recommence...
Voilà un festival qui ne veut pas mourir, un
« festival qui veut revivre ». Et c'est
bien cette verte amertume qu'elle expose aux lecteurs du
Devoir.
| |
|
L'hommage au FFM tient le coup
L'hommage au feu Festival des films du monde
(FFM) piloté
par Serge Losique n'était finalement pas un canular, comme
certains l'avaient pourtant laissé entendre au Devoir
mercredi (1).
Ce programme de 20 projections gratuites, au
cinéma
Impérial à Montréal, a bel et bien
débuté jeudi, et se poursuivra jusqu'au
5 septembre. S'il ne connaît pas le succès
escompté, il permet tout de même aux cinéphiles
nostalgiques (2) de replonger
dans certaines oeuvres primées
au
festival, entre autres.
« J'étais tellement triste
d'apprendre que le FFM
fermait, en 2018 », raconte Yanett Rivas,
cinéphile passionnée qui fut bénévole
au festival de Serge Losique pendant de nombreuses années.
Cela fait quelques jours qu'elle assiste, enthousiaste, aux
représentations gratuites à l'Impérial.
Dimanche soir, elle semblait toutefois bien seule, alors que
seulement neuf autres personnes étaient venues assister
à la projection, dans cette salle qui peut en accueillir
plus de 800.
Le cinéaste André
Forcier (3),
qui y a
présenté son film le Vent du Wyoming (1994)
samedi,
se désole aussi de la tournure des
événements : « Il ne peut pas y avoir
beaucoup de monde quand on n'annonce pas la programmation. Serge
Losique aurait aussi dû accorder des entrevues à la
presse ».
Le Devoir a d'ailleurs tenté de
contacter le principal
intéressé au cours des derniers jours, mais n'y est
pas parvenu (4). Même le
site Web de
l'événement ne
fonctionne plus depuis au moins 24 heures (5). M. Losique
n'est pas non plus monté sur scène pour
présenter son événement jeudi, lors de
l'ouverture, devant les quelques dizaines de personnes
présentes.
Un projet de festival incertain
Ainsi, l'hommage au FFM tient le coup, mais ne
s'avère pas
à la hauteur des attentes qu'on lui portait, raconte
M. Forcier. Roland Smith, qui fut directeur de nombreux
cinémas, dont l'Outremont, dit aussi avoir été
déçu que les dates de l'événement de
Serge Losique n'aient pas été annoncées plus
tôt. Lui qui présente un festival de films
latino-américains au Cinéma du Parc en même
temps, soutient qu'il l'aurait organisé plus
tôt (6).
« C'est clair que quelque part
là-dedans, dans
l'idée de ne pas prévenir la presse, par exemple, une
stratégie était en place », affirme quant
à lui Claude Gagnon (7),
cinéaste, qui
présentera
son film Kenny (1987) vendredi. Il salue
également
l'idée de présenter une vingtaine de vieux films
gratuits, sur plusieurs jours, dans une aussi grande salle :
« Je pense qu'on n'a jamais vu ça à
Montréal, je suis complètement ébloui par
cette façon de faire ».
M. Losique avait aussi annoncé, la
semaine
dernière, son projet de mettre sur pied un nouveau festival,
intitulé Global Festival des films de Montréal
(GFFM). Cet événement, qui doit être
dirigé par Pierre-Henri Deleau, autrefois chargé de
la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes, se veut
le « successeur naturel du FFM ».
Cependant, comme l'a rapporté le
Devoir jeudi dernier,
M. Deleau n'aurait pas été mis au courant des
détails de l'événement. Aucun distributeur
contacté par le Devoir n'affirme avoir
été
contacté au sujet du GFFM. Qui plus est, le fils de Serge
Losique et directeur de l'Impérial, François
Beaudry-Losique, ne peut pas confirmer que le festival aura lieu un
jour (8).
Claude Gagnon insiste tout de même sur
l'importance qu'a eue
le FFM, qui s'est tenu de 1977 à 2018 : « Si
on arrivait à ramener le FFM dans toute sa gloire, toute la
relève en bénéficierait. Ce genre de festival
peut avoir un rôle important dans la promotion des films, et
M. Losique a eu un impact majeur sur la culture
cinématographique au Québec. Il faut le
dire ».
—— Olivier Du Ruisseau, le Devoir, 29 août
2022.
|
| |
(1) Totalement faux. Personne n'a
jamais laissé entendre
que le
GFFM ou son mini-festival était un canular. L'idée,
on le sait, est sortie de la sacoche
d'Odile Tremblay. Il s'agissait, on vient de le voir, de
dénigrer le mini-festival, dont elle réussissait
à n'en pas dire trois mots. C'est donc grâce à
elle que notre reporter avait si bien commencé à
déconsidérer l'événement.
L'article que publie maintenant Olivier Du
Ruisseau est purement, depuis son titre, une rétractation.
Il n'est pas difficile de comprendre qu'elle a dû s'imposer
à la direction du Devoir, mais le reporter n'a pas le
courage d'en prendre la responsabilité.
S'il ne lui est pas
possible de désigner la responsable du forfait, au
moins il la connaît et on peut espérer que cela lui
servira de leçon : jamais plus il n'acceptera de
relancer les rumeurs (supposées), les idées, avis ou
opinions de sa collègue. D'autant qu'il a lu la
dernière phrase de son dernier article et sait donc à
quel
niveau de bassesse elle peut descendre. Cela dit, Olivier Du
Ruisseau n'est pas blanc comme neige. Il a lu, sur le site
internet du GFFM, mon article paru sur AgoraVox le 7
mai !
Bien sûr, sa collègue ne lui a pas dit que cet article
était au Devoir au tout début d'avril. Mais
peu importe. Le reporter devait comprendre qu'il était
difficile que le lancement du GFFM, annoncé le 7 mai, soit
un canular... le 24 août.
Cela dit, il faut savoir, comme on le lira
plus bas, que le reporter n'avait pas le droit de parler ou
d'évoquer mon article d'AgoraVox, reproduit sur le
site du GFFM, pour la raison toute simple et impérative que
je suis ostracisé au Devoir, non seulement par ses
journalistes, mais depuis la haute direction.
Mais oublions tout. Présenter le
lancement du GFFM comme un canular était pour le moins
une erreur de jugement, tout le monde va s'entendre
là-dessus.
(2) Il est exact que le mini-festival
n'a pas connu le
succès que Serge Losique pouvait espérer, mais O. Du
Ruisseau, O. Tremblay et le Devoir n'ont pas beaucoup
contribué à sa promotion, c'est le moins que l'on
puisse dire. En revanche, ce festival ne s'adresse pas
à des « nostalgiques » du FFMM. Le
reporter n'a pas fait d'études en cinéma ? On
lira plus bas mon expérience de l'événement
qui aurait mérité une importante promotion et une
bonne couverture médiatique, si le Québec ne se
comportait pas avec le FFMM/GFFM comme une république de
bananes (Danièle Cauchard dixit).
(3) Décidément,
André Forcier devient la
marionnette du ventriloque. Il ne connaît rien de la
situation qui a présidé à la mise en place du
mini-festival du GFFM ? Comme je l'ai expliqué au tout
début de cette section, S. Losique n'a pas mal
géré la mise en scène de son festival :
il ne l'a pas géré du tout ! Que le festival se
déroule tout seul. Et pourquoi pas ? Personnellement
(comme tous les peu nombreux spectateurs de l'Impérial), je
ne demandais pas mieux. Certes, je comprends que les
réalisateurs auraient souhaité voir un public plus
nombreux, mais ils devaient être assez intelligents pour
comprendre la situation... déplorable, dont la
responsabilité revient entièrement aux organismes
subventionnaires. Je le répète : à mon
avis le mini-festival est la réplique de Serge Losique au
refus de subventionner le lancement prévu du GFMM. Et la
réplique était géniale en dépit d'un
déroulement qui n'a pu être à la hauteur.
(4) Comme je l'ai écrit dans
mon article d'AgoraVox, ma
rencontre avec Serge Losique, le 16 mars, était tout
à fait exceptionnelle, parce qu'il
n'accorde plus jamais d'entrevue, pour des raisons de santé.
Il me semble que cet état de fait devrait être connu
et reconnu de tous les journalistes. Il est surprenant
qu'André Forcier paraisse n'en rien savoir, d'après
notre reporter.
(5) Tout à fait exact et
déplorable, car le site
internet du GFFM était le seul contact du public avec le
mini-festival.
(6) Olivier Du Ruisseau
répète ce qu'a
déjà écrit Odile Tremblay. Est-ce que Roland
Smith a pris contact avec lui pour lui demander d'insister pour
dire qu'il n'était pas responsable de la programmation des
deux festivals aux mêmes dates ou pour protester contre Serge
Losique ?
(7) Claude Gagnon devra
reconnaître qu'il n'y avait pas de
stratégie dans l'absence de promotion du mini-festival (lors
de la présentation de son film). En revanche,
l'éloge qu'il en fait est tout à fait justifié
et les festivaliers qui ont profité de ces projections
applaudiront. Pour ma part, j'applaudis au jugement et au souhait
qu'il a présentés au reporter qui aura la bonne
idée d'en faire le dernier alinéa de son article.
(8) Ces deux alinéas, tout
comme le sous-titre de la fin de
l'article, sont l'illustration d'un mauvais travail journalistique.
O. Du Ruisseau se répète, alors qu'O. Tremblay l'a
déjà répété ! On lit donc
trois fois cette sottise de l'annonce d'un « nouveau
festival » attendu la semaine suivante, avec encore
l'histoire de l'homme qui a vu l'épouse du mari qui n'a pas
vu l'ours... Cette mauvaise analyse d'une phrase sur la
première page du site internet du GFFM finit par constituer
de la désinformation. Et c'est d'autant plus
désolant qu'il aurait suffi de poser la bonne question au
gérant de l'Impérial qui aurait aussitôt
apporté la correction requise, puisque, bien entendu, aucune
plage horaire n'est réservé au cinéma pour un
festival « en fin d'année » ! En
ce qui concerne la mauvaise question, le gérant ne peut
pas dire si le festival aura lieu « un
jour », c'est-à-dire l'automne prochain, car cela
ne le concerne pas.
| |
|
Le FFM deviendra le GFFM
——Guy Laflèche, « Le FFM deviendra la
GFFM », AgoraVox, 7 mai 2022, repris et traduit en
anglais sur le site internet du GFFM, < gffm.com >,
22 août 2022.
|
| |
L'ouverture de mon article expose comment
s'est produite ma rencontre avec Serge
Losique, le 16 mars 2022. Il s'est agi surtout
d'une rencontre improbable. J'ai écrit, à tout
hasard, au secrétariat de l'ancien FFMM. Je
posais une simple question sur l'éventuel retour du FFMM
l'automne suivant. Jamais je n'avais imaginé que
j'aurais une réponse de Serge Losique et qu'il proposerait
de me rencontrer, me disant qu'il connaissait mon journal sur le
site internet où vous me lisez actuellement. Je ne suis
pas journaliste et je
ne suis pas venu l'« interviewer ». Il
s'agissait d'une
rencontre dont il me faisait cadeau. Je n'ai même pas
pensé un instant qu'il pouvait
avoir sa petite idée derrière la tête.
Et la rencontre a été
amicale. Notre conversation, a porté
sur l'Histoire de son FFMM, à partir de mes propres
souvenirs de l'événement depuis mon adolescence. Il
m'a corrigé, lorsque j'ai dit avoir assisté à
la naissance du festival au cinéma l'Élysée,
s'agissant
plutôt d'une manifestation mise en place par Roch Demers.
J'ai donc appris beaucoup. Par exemple, je pense que je peux
révéler que c'est lui qui a donné à
Jean-Luc Godard tout le matériel qui a servi à
développer son Histoire du cinéma, m'apprenant
ainsi qu'il était l'heureux possesseur d'une impressionnante
collection de films. Vous voulez une indiscrétion ?
Pourquoi pas, puisque cela est de l'histoire ancienne. Les deux
hommes, S. Losique et J.-L. Godard, avaient signé une
entente pour la production de cette fameuse Histoire. Mais comme
toujours (je connais bien mon fameux JLG), Godard est parti avec la
caisse ! Et Serge Losique de renoncer à toute
poursuite, par admiration pour l'oeuvre du grand réalisateur
de la
Nouvelle Vague. Je dois dire « etcetera », car
ma conversation avec Serge Losique a été un beau
cadeau. Ce serait le seul profit, si je puis dire, de mon journal
à la défense du FFMM, que j'aurais été
récompensé au-delà de toute
espérance.
C'est à la fin de notre rencontre que
Serge Losique m'a présenté son projet en cours de
réalisation depuis plusieurs mois, la relance du
FFMM sous la forme d'un GFFM, dont la direction artistique serait
de Pierre-Henri Deleau. C'est l'idée
qu'il avait en tête en m'invitant à le rencontrer,
l'ultime cadeau
qu'il me ferait. Lui demandant s'il m'autorisait à
divulguer
la nouvelle, il a compris qu'il s'agirait d'un article que je
publierais sur mon site internet.
D'accord, mais la publication devrait se faire
dans la presse. Bien sûr, pourquoi pas ? C'est
toute une nouvelle. « Adressez l'article au
Devoir », me dit-il, dans un élan
d'enthousiasme, car il imagine déjà un article qui
n'est encore pas écrit en bonne place dans la presse de
Montréal pour annoncer la relance du FFMM. Je lui
ai tout de suite expliqué que c'était impossible. Je
suis ostracisé dans ce journal depuis une
éternité. Le Devoir ne publiera jamais un
texte de moi. Surpris,
Serge Losique me dit qu'il se faisait fort, lui, de faire
paraître un texte de moi au journal, dont il connaît
bien le directeur Brian Myles...
Ostracisme au Devoir
Je dois en effet expliquer l'ostracisme dont
je suis victime au Devoir pour que l'on comprenne l'histoire
de la publication de mon texte.
Rédigé, je l'ai adressé
à Serge Losique qui en est le sujet principal. Il ne m'a
proposé aucune coupure, aucune correction, aucune
réécriture, mais deux petites additions que j'ai
acceptées de bon coeur, dont la toute dernière
proposition de mon texte (sur l'enquête d'Influence
Communication). Il est certain qu'il a proposé ensuite mon
texte au Devoir et précisément à Brian
Myles.
Je savais qu'il serait refusé, même si j'en ai
finalement douté. Devant la détermination de Serge
Losique, je pouvais croire qu'un personnage, c'est le mot, aussi
important pour l'histoire du cinéma au Québec,
l'emporterait sur l'esprit revanchard du journal. Tel ne sera pas
le cas; on laissera poiroter le pauvre grand
« personnage », jusqu'à ce qu'il
comprenne que « mon » texte était
refusé.
Je ne sais pas quand l'ostracisme
du Devoir à mon endroit a commencé, de sorte
que je ne peux savoir pourquoi. Il faudrait
dépouiller l'ensemble de mes Polémiques, pour
tenter de le
deviner. Il est possible que cela remonte à 1995, du fait
que le journal ait refusé une publicité de ma maison
d'édition, ce qui constituait une incroyable censure.
Jamais avant le journal n'avait refusé une publicité,
de mémoire de journalistes... au Devoir ! Mais
en vérité, je me suis rendu compte peu à peu
que j'étais ostracisé et je sais que c'était
déjà le cas lorsque j'ai réussi à faire
paraître (par ruse !) un texte d'opinion contre le
comportement irresponsable de la Bibliothèque nationale du
Québec. La directrice des BAnQ, Lise Bissonnette (ancienne
directrice du journal), a
imposé au journal, en réplique, la publication d'un
texte diffamatoire
à mon endroit pour lequel le journal a été
blâmé par le Conseil de
presse du Québec. Une
première depuis longtemps pour le journal et probablement
la dernière à ce jour. Mais j'étais
déjà
ostracisé à ce moment. On peut lire quatre de mes
textes
d'opinion refusés par le journal sur AgoraVox. Trois
d'entre eux dénoncent le comportement malveillant du
chroniqueur Louis Cornelier attaquant sournoisement le philosophe
Michel Onfray, coupable d'athéïsme, ces attaques
prenant toujours prétexte d'ouvrages de tiers; c'est une
faute, une malhonnêteté, qu'on réprime au
collège : on n'a jamais le droit d'utiliser un livre
pour en dénoncer un autre. En ce qui concerne mon
quatrième article refusé paru sur AgoraVox, il s'agit
d'un texte que j'avais rédigé pour présenter
aux lecteurs du Devoir ma découverte de rien de moins
que les mémoires de Jeanne Mance. J'ai offert cet article
à l'occasion du 350e anniversaire de la fondation de
Montréal. Le refus de publication, sans justification,
était clairement de l'ordre de l'ostracisme. Publié
sur AgoraVox, ce petit texte journalistique m'a valu, entre autre,
la chance de participer au documentaire d'Annabel Loyola, la
Ville d'un rêve. J'ajoute que mes trois derniers livres
ont été
ignorés, par pure vengeance, alors que le journal avait
rendu compte de tous ceux que j'avais publiés
jusque-là. — Bref, voilà un lecteur du
journal, un citoyen, banni de toute intervention, et même de
toute mention, dans le journal, et le journal de se priver de ses
expertises et d'en priver ses lecteurs. Il s'agit là d'une
très grave faute d'éthique. Dans le cas d'un
journal, c'est un crime, s'agissant d'une action militante
concrète et concertée d'ordre idéologique.
Cela dit, malheureusement, la
personne
victime d'ostracisme, comme moi au Devoir, n'a
aucun autre recours que de le dénoncer, comme je le fais
ici. Et je suis bien placé pour dire que le crime est
d'autant plus insidieux que la victime mettra beaucoup de temps
à en être consciente et pourra difficilement en faire
la preuve. Je suis victime de ce comportement vicieux du
Devoir depuis plusieurs décennies et il fallait, par
hasard, l'initiative de Serge Losique pour que j'en mesure toute
l'étendue. En effet, dans mon esprit, depuis toujours,
Brian Myles était un ami. Il me devait même un scotch
et une guinness, à la suite de nos échanges, à
l'époque où j'étudiais la structure narrative
du fait divers dans mon séminaire. Je sais maintenant qu'il
est à la tête de l'ostracisme du journal à mon
endroit.
Le boycottage
Mais il n'y a pas que l'ostracisme dans cette
histoire. Il y a aussi le boycottage. Puisque j'en suis venu en
mode autobiographique, j'en donne l'exemple de mon dernier livre,
qui dénonce le style bigenre employé
systématiquement dans la sphère publique. Un
politicien ne peut plus parler des Québécois, il doit
désigner « les Québécois et les
Québécoises ». On ne peut plus dire en
français au Québec que l'Université de
Montréal compte 67 000 étudiants, non, il faut
écrire qu'elle compte 67 000 étudiantes et
étudiants, oui, « étudiantes et
étudiants », ce qui est une évidente faute
de langue. Il s'agit d'une question d'actualité très
importante, tout le monde en conviendra. Au Devoir, quatre
journalistes, contactés personnellement, ont refusé
de parler de mon livre. C'est, on le sait, l'ostracisme. Et
d'autant plus puissant qu'il est orchestré par la haute
direction.
Mais, attention,
aucun journal, aucun média n'a accepté de dire un
seul mot de cet essai. Comme je ne suis pas paranoïaque, je
ne vais pas croire que je suis ostracisé sur une si grande
échelle. Non, je n'y suis pour rien. C'est mon essai qui
a été boycotté. J'explique cela en quelques
mots. Il se trouve que le premier chapitre de mon essai
polémique sur le style bigenre explique
mathématiquement ce qu'est
la
« polémique ». Je ne vais pas reprendre
cet exposé ici, mais en donner la conclusion. La
polémique que je pratique depuis toujours, dans des livres
ou des articles, n'a rien à voir avec les
« débats » dont raffolent les
médias. Il s'agit, disons, de « polémique
radicale » qu'il faut opposer aux
« débats de salon ». Mon essai
polémique sur le style bigenre frappe de plein fouet les
féministes ou plus précisément les
« féministes de luxe ». Ce sont les
plus dangereux. Les journaux ont donc eu peur qu'ils se sentent
provoqués en parlant aussi peu que ce soit de mon essai.
Ils l'ont donc boycotté.
Voilà donc ce qui s'est passé
avec
mon texte « pamphlétaire », au sens
radical du terme, sur la relance du FFMM sous la forme du GFFM,
puisque la moitié de mon article dénonce le
comportement de la SODEC de Monique Simard, institution qui aura
été la première responsable de l'assassinat du
festival des Montréalais. Les journaux du Québec ont
donc pris peur en lisant mon texte et l'ont boycotté.
Le Devoir ayant ostracisé mon
texte
sur le projet de lancement d'un GFFM à l'automne 2022,
j'ai dit à Serge Losique qu'il serait adéquat de
le proposer à la Presse, le grand journal populaire
de
Montréal, tout indiqué pour avoir la primeur de la
relance du Festival des films du monde de Montréal. Mais
Serge Losique, qui devait s'y connaître, avait une meilleure
idée. Il m'a suggéré de l'adresser à
un certain Éric Trottier, directeur du Soleil de
Québec, qui aurait été à la
Presse un
grand défenseur du FFMM. J'étais surpris de
cette information, Éric Trottier ne figurant nulle part dans
mon journal sur le FFMM. Et c'est ce qu'il me confirmera
lui-même. En effet, après avoir reçu mon texte
et un bref exposé sur la situation, il a demandé
à me parler (20 avril 2022). Serge Losique avait raison,
l'affaire est dans le sac, le directeur du Soleil veut me
parler
de la publication de mon texte. Erreur, il ne veut pas me parler
du tout. Sur un ton de maîtresse d'école, il me
demande les coordonnées de Serge Losique et c'est tout,
répondant sèchement à mes deux ou trois
questions. Bref, il est clair qu'il refuse de publier mon texte et
veut obtenir de Serge Losique la permission de lancer la nouvelle
qu'il contient, mais rien de plus. Je l'ai envoyé promener
en lui donnant l'adresse électronique du secrétariat
du GFFM.
Et je retourne aussitôt à mon
idée initiale. Car
j'ai confiance que la Presse publiera mon texte, s'agissant
d'une
analyse pertinente et d'une nouvelle spectaculaire. J'adresse le
texte aux deux critiques cinématographiques du journal qui
sont pour moi, amateur en la matière, de grands
spécialistes. Je sais très bien qu'à la
Presse, il y a une muraille de Chine entre les journalistes et
la
direction du journal, seule responsable de la publication des
textes d'opinion. Mais je voulais suggérer au responsable
des comptes rendus à ce moment, Marius Morin, de les
contacter pour avoir leur avis. Le texte a été
boycotté par la direction.
Je l'ai donc adressé au journal
AgoraVox qui l'a publié aussitôt.
Conclusion :
mon texte d'opinion et d'information sur la relance du FFMM sous la
bannière du GFFM a non seulement été
ostracisé par le Devoir, mais également
boycotté par la presse du Québec, en tout cas par
la
Presse où il aurait été à sa juste
place. Cela dit, je n'ai pas été mécontent
du résultat. AgoraVox était le bon
média pour
lancer une nouvelle internationale. En tout cas, le GFFM en a
été très content. Et pour ma part, j'ai
été et suis bien aise qu'on sache que le
Devoir a ostracisé cet article, ce que
personne ne pourra ignorer.
|
|
Moi qui ai assisté presque tous les
jours à chacune des réalisations du FFMM depuis mon
adolescence, si je ne suis venu que trois fois à ce fameux
mini-festival en hommage à mon festival, on peut
croire que je vieillis, ce qui n'est pas faux,
mais la cause en est plutôt cinématographique.
J'avais déjà vu la majorité des films
présentés et mes évaluations ne me
recommandaient pas d'en revoir plusieurs. Je n'ai donc pas vu
vingt-cinq films en dix jours, comme j'en ai gardé le beau
souvenir annuel, mais je suis très content des quatre films
que
j'ai eu la chance de voir dans le bel Impérial où il
n'y avait aucune bousculade et où ma place
privilégiée et stratégique a toujours
été libre (premier siège de l'aile droite,
vers la quinzième rangée).
J'ai donc vu un film le premier et le dernier
jour du festival. Le film qui fermait le festival était
les Plouffe (1981) de Gilles Carle (1928-2009). Le roman
(1948)
de Roger Lemelin (1919-1992) aura été un fabuleux
succès médiatique, à la radio (1952-1955) puis
à la télévision (1953-1959), sous le titre
la
Famille Plouffe. Les émissions hebdomadaires de 30
minutes
sont pour moi un souvenir d'enfance. Roger Lemelin aura
été l'un des premiers grands romanciers populaires du
Québec; ce serait notre Balzac, s'il s'était
consacré exclusivement à la littérature.
Gilles Carle et lui seront donc complices pour rédiger
ensemble le scénario du film certainement le plus
« populaire » de G. Carle. Nous sommes
à mille lieues de la Vraie Nature de Bernadette, mais
le
réalisateur est toujours resté proche du
cinéma populaire. J'avais vu à sa sortie la version
originale du film : quatre heures ! La version de
l'Éléphant est de trois heures. Je me suis offert le
plaisir d'en revoir la première heure et je n'ai pas
été déçu, car c'était un petit
retour au « vrai » cinéma, celui de sa
jeunesse où l'on est devant l'écran pour rien
d'autres que s'amuser. Revoir ces grandes actrices de la
télévision naissante « jouer »
leur rôle, Juliette Huot, Denise Pelletier, comme
Émile Genest en Napoléon, c'était un bon coup
cinématographique de Gilles Carle qui valait bien d'y jeter
à nouveau un coup d'oeil.
Mais le premier film que j'ai vu et que je
n'aurais pas manqué pour tout l'or du monde (maman dixit),
c'est Carmen de Carlos Saura, que je n'avais jamais vu. Si
les
Plouffes ont été un grand succès populaire
au
Québec, Carmen a été un tel
succès
international. Pour moi, le chef-d'oeuvre des chefs-d'oeuvre de
Saura que j'ai vus (mais je suis bien loin d'avoir vu tous ses
films) est son Goya à Bordeaux, à cause de son
incarnation des oeuvres du peintre dans sa biographie et l'histoire
espagnole (le film était en compétition officielle au
FFMM en 1999). Maintenant, je ne saurais choisir entre son films
pictural et son film musical. Carmen a été
présentée en version française, comme on
l'attendait d'un mini-festival montréalais. Il s'agissait,
en 1983, pour le réalisateur génial et prolifique,
alors bien loin du début de sa carrière (en 1956 et
1957), de réinventer Carmen de Prosper
Mérimée (nouvelle de 1845) et l'opéra qu'en a
tiré Gorges Bizet (1875). L'originalité de Saura
consiste à ne nous présenter ni une histoire, ni un
opéra, mais la mise en scène moderne d'un
opéra « flamenco », olé !
Le film a la caractéristique d'être à la fois
très simple et grandiose, aussi bien dans sa narration que
dans ses décors, où on assiste à la
réalisation de « pratiques » de danses,
de chants et de musiques. Évidemment, on sait tous
qu'Antonio (Antonio Gadès) devient amoureux de Carmen (Laura
del Sol), qui ne l'aime pas du tout, et qu'il finira par
l'assassiner, mais cela n'a aucune importance, car on sait aussi
dès les premières images qu'on assiste à un
très beau spectacle, vraiment enlevant, et à un
chef-d'oeuvre cinématographique.
Le vendredi 2 septembre, le mini-festival
présentait un film assez peu ordinaire, que je voulais
revoir, la Constitution (Ustav
republike
Hrvatske, « la Constitution de la République
de
Croatie ») de Rajko
Grlic, grand prix du FFMM en 2016. J'aimerais bien
assister à une projection de ses onze films.
Mais le festival programmait également,
juste avant, un « petit film », croyais-je,
Kenny de Claude Gagnon. Dans les jours qui ont
précédé ma belle soirée de
cinéma, je me suis renseigné sur ce
réalisateur. J'ai été très,
très déçu, car l'internet m'a vite appris que
j'étais un parfait ignorant. Ne rien connaître de
Claude Gagnon, ne rien savoir de Kenny, cela n'a aucun sens.
J'étais à l'étranger en 1987, lorsque le film
a remporté le grand prix des Amériques, mais il a eu
ensuite tant de succès que je devais être bien
occupé pour ne pas m'en rendre compte; et le plus
important, c'est la filmographie de C. Gagnon que j'ai
ignorée durant toute ces années. Mais je ne suis
peut-être pas seul dans ce cas. Alors je vous
présente Kenny ou plus précisément
the Kid
brother en version originale (1988), mais
présenté
d'abord au Québec sous le titre le petit frère
(1987). Étant donné son
« sujet », on pourrait croire qu'il s'agit d'un
documentaire présenté sous la forme d'une fiction.
Et ce n'est pas faux, puisque l'acteur Kenny Easterday (1973-2016)
joue son propre rôle.
The Kid brother
Kenny, 12 ans, est né avec une
très rare malformation. Un cas d'agénésie.
Il s'agit de l'a-génés(i)e, un
non-développement génétique. Soit le
non-développement, chez l'embryon, d'un organe ou d'un
membre, qui peut être plus ou moins sévère et
concerner des tissus plus ou moins importants. Cela peut concerner
le développement du cerveau (l'agénèse du
corps calleux) ou la
non-apparition d'une dent. Mais dans le cas de Kenny, il s'est agi
de l'agénésie sacrée, une sacrée
agénésie, qui s'attaque au sacrum, les cinq
« vertèbres sacrées », au niveau
du bassin, et contrecarre le développement de la colonne
vertébrale. À l'âge de six mois, en deux
opérations, le bébé a été
amputé de ses deux jambes et de son bassin, ces os
étant utilisés pour refaire la base de la colonne
vertébrale. Épouvantable, évidemment.
Mais non. Si j'insiste en vous donnant ces
précisions médicales, c'est précisément
parce que le film nous présente un garçon de douze
ans qui n'a rien à voir avec un handicapé.
D'ailleurs, le film ne nous raconte ni l'histoire de Kenny, ni
même une histoire. Entre une séquence d'ouverture et
une de fermeture, si l'on veut, la stucture narrative est
constituée d'une suite arbitraire de séquences qui
dressent petit à petit le portrait du grand garçon
entreprenant, désobéissant et fonceur, avec celui de
sa famille, de quelques voisins, et même de simple rencontres
de hasard. Je vais revenir à la séquence finale.
Mais deux mots d'abord sur la séquence d'ouverture. Pour
toute personne qui ne connaît pas le
« sujet » du film que je viens de vous
présenter, cela doit être assez spectaculaire, car il
s'agit de l'apparition de Kenny. Non, ce n'est pas ce que
vous
croyez, car c'est une réussite cinématographique.
Kenny n'apparaît pas au spectateur, mais à son
frère (probablement son vrai frère aîné,
Jesse Easterdy, Jr) que la caméra suit, alors qu'il cherche
son cadet à vélo; avant qu'il le ramène sur
son vélo, c'est... l'engeulade ! Mais qu'est-ce que tu
fais ici, en banlieue de la banlieue, alors que tu n'as pas
à t'éloigner autant de la maison, et moi qui te
cherche partout, alors que toute la famille est à
table ! Et bien entendu, arrivé à la cuisine
qui sert de salle à manger, dénonciation du
frère et protestations de toute la famille contre le
délinquant. Vous comprenez qu'à partir de cette
ouverture, on oublierait complètement que Kenny est un
survivant d'une très grave et rare agénésie,
si on ne le voyait pas marcher sur ses mains, ou assez vite se
déplacer sur sa planche à roulettes.
La première caractéristique du
film est donc l'ignorance complète du
« handicap » de Kenny, par tous les personnages
(et donc les acteurs, ce qui a dû demander tout de même
une bonne « direction d'acteur »). Il faudra
attendre la toute fin du film (encore un bon succès) pour
voir des passants, probablement à Pittsburgh, se retourner,
surpris, vers Kenny marchant sur ses mains. Nous, les spectateurs
du film, on avait oublié que cela est tout de même
extraordinaire et on est surpris de leur surprise !
La cause en est qu'on prend conscience
à ce moment, si on ne l'avait pas encore
réalisé, que Kenny, dans son milieu, pour ses
voisins, à l'école, etc., est tout
simplement un garçon comme les autres, plus vif et plus
entreprenant que la moyenne, rien de plus. Or, il s'agit d'une
qualité cinématographique, car le réalisateur
a mis toute son énergie à filmer ses personnages et
leur banlieue sans aucune « recherche »; les
images sont belles, oui, mais d'une éclatante
simplicité; elles sont toujours évidentes.
Même chose, bien entendu, pour le jeu de tous les
personnages. Or, ces caractéristiques sont mises en
évidence par les séquences centrales qui mettent en
scène une équipe de télévision
française venue réaliser un reportage sur Kenny
—
que cela amuse beaucoup. Ce qui nous vaudra la scène la
plus drôle du film. L'affaire se passe au retour de
l'école, au moment où le garçon, en fauteuil
roulant, descend de l'autobus sur la plate-forme de l'ascenseur.
À ce moment, les journalistes veulent que Sharon, la
mère de Kenny l'embrasse d'une manière qui devra
satisfaire le public de la télévision
française (l'actrice Caitlin Clarke joue magnifiquement
cette scène, aussi bien que Kenny Easterday). Or, la
scène devra être reprise trois fois pour satisfaire
cette exigence ! Et c'est une réussite vraiment
extraordinaire de voir les « acteurs », nos
personnages, « jouer » cette scène
attendrissante qu'aucun des deux ne prend au sérieux,
évidemment. Mais ils finissent par la jouer à la
satisfaction des journalistes.
Le film débouche sur une
véritable séquence de
« fermeture », de sorte que le spectateur
pourra avoir l'impression qu'on lui a raconté une histoire,
ce qui n'est pas de cas, s'agissant d'un emboîtement de
portraits d'une remarquable justesse narrative. Sauf
cette dernière séquence, parce qu'elle est
psychologiquement invraisemblable, même si elle est
(heureusement pour sa crédibilité) fort bien
jouée par Kenny et sa grande soeur, Sharon Kay (par
l'actrice Liane Curtis). Celle-ci a quitté très
abruptement sa famille pour aller travailler à Pittsburgh,
apparemment à la suite d'un flirt qui a mal tourné
(avec un des membres de l'équipe de journalistes
français). Le père de la famille en est très
affecté, la
mère « comprend » la
situation; mais alors que tous les personnages connaissent la
situation en question, Kenny prend vite conscience qu'il est le
seul, lui, à tout en ignorer. C'est une très
originale escapade en ville, où Kenny va trouver sa soeur
pour avoir des explications sur la cause véritable de son
départ. Et c'est la crise de nerfs où la grande
fille, qui doit avoir au moins et plus de vingt ans, apprend
à son frère que c'est à cause de lui qu'elle
a quitté la maison : elle le déteste !
Depuis sa naissance, justement à cause de son handicap, car
c'est lui qui a retenu toute l'attention de ses parents, de toute
la famille, du voisinage, etc. Et c'est parfaitement vrai, car le
film qui s'achève en est la preuve. C'est évidemment
invraisemblable qu'une si grande fille ait continué à
développer une ranceur jalouse, jusqu'à
l'extérioriser avec une rare violence à l'âge
qu'elle a maintenant. Mais, paradoxalement, cette évidente
faille narrative sert le portrait de Kenny et de toute sa famille
et se retourne en une grande réussite. Kenny, auquel tout
depuis toujours réussit, saura qu'il n'est pas seulement,
lui, une réussite. Il aura été pour sa soeur
une catastrophe.
Dans cet essai, j'ai qualifié huit
films que j'ai vus au FFMM (de 2113 à 2018) de chef-d'oeuvre
et un autre de « petit chef-d'oeuvre ». On
sait que j'ai eu la chance d'en voir bien d'autres pour le seul
plaisir d'entendre l'espagnol ou l'italien et que certains d'entre
eux étaient bien loin du compte. Mais il s'agissait
d'illustrer de quelques exemples de quoi une tête de linotte
et une fonctionnaire assassine, avec plusieurs « gens du
milieu », privaient les Montréalais et
empêchaient la venue à Montréal de très
nombreux touristes cinéphiles. Cela dit, je ne vois pas
pourquoi je me priverais d'utiliser encore une fois ce
vocable : il ne fait pas de doute à mes yeux, comme
pour le public, qui a fait de ce film un grand succès, que
the Kid brother de Claude Gagnon est un chef-d'oeuvre de la
cinématographie québécoise.
Je l'ai découvert, comme d'autres
festivaliers l'ont aussi découvert ou revu, au mini-festival
qui aura inauguré
le GFFM. Je recopie ce qu'en disait justement le
réalisateur de ce film, comme on l'a lu plus
haut : « [Je] salue
également
l'idée de présenter une vingtaine de vieux films
gratuits, sur plusieurs jours, dans une aussi grande salle :
je pense qu'on n'a jamais vu ça à
Montréal, je suis complètement ébloui par
cette façon de faire ».
TdM
TGdM
| |