TdM Lahontan, « Lettre XVI » des Nouveaux Voyages TGdM
Analyse ethno-toponymique de la Mappa del Missisipi
Guy Laflèche, professeur retraité
Littératures de langue française
Université de Montréal
Avril 2015

Table

Analyse ethno-toponymique de la Mappa del Missisipi

    La très grande majorité des toponymes de la Mappa del rio Missisipi correspondent à des mots amérindiens, généralement des noms de tribus (nations, peuples ou clans), qu'ils nomment des lacs ou des rivières, ou encore de villages ou des groupes de villages. Ces toponymes ne désignent jamais des territoires, contrairement à la Carte générale de Canada sur laquelle la carte du Mississippi s'appuie, ce qui est déjà une importante caractéristique : la carte énumère les Amérindiens de la vallée du Mississippi sans les organiser en système, comme on le fait depuis longtemps en Nouvelle-France, jusqu'aux Illinois.

      Si la carte du Mississippi prend appui sur la carte du Canada (que Lahontan publiera en 1702, mais qu'il utilise tout au long de sa correspondance depuis au moins la Lettre VII des NV en novembre 1684), c'est d'abord parce qu'elle est une reconfiguration du haut Mississippi, qu'on y trouvait déjà sommairement représenté, mais c'est surtout parce qu'elle prolonge le cours du fleuve en dressant la carte du bas Mississippi jusqu'au golfe du Mexique sur la base de la relation de Jean Cavelier de La Salle. C'est une seconde caractérisation relative des deux cartes. Autant la carte du Canada était une source d'inspiration pour la rédaction de l'oeuvre (notamment dans le cas du chapitre inaugural des Mémoires), autant celle du Mississippi n'est qu'une illustration du journal de Jean Cavelier, qui l'inspire entièrement.

      Qui l'inspire entièrement ? C'est justement la question qui se pose, celle des sources et donc de la genèse de la carte du Mississippi, car si le journal de Cavelier en est la source principale, on va voir qu'elle n'est pas unique. D'où la question de savoir quelles sont les autres cartes ou les autres documents utilisés par Lahontan. Poser la question, on va le voir, ce n'est malheureusement pas y répondre. Pour la formuler correctement, on peut procéder en deux étapes.

      Il s'agit d'abord de dresser la liste de toutes les additions, mais également des reformulations, que l'on trouve sur le haut Mississippi en regard de la carte du Canada. Ensuite, il faudra identifier tous les toponymes du bas du fleuve qui ne se trouvent pas dans le journal de Cavalier. De façon plus générale, on en profitera pour radiographier tout ce qui s'ajoute à la Carte générale de Canada : autant celle-ci, comme on l'a vu, présente des connaissances géographiques depuis longtemps connues (et souvent même anachroniques) au moment de sa publication, autant la Mappa del rio Missisipi se voudrait tout à fait « originale », s'agissant d'impressionner le duc de Jovenazo pour vendre ses services à la couronne d'Espagne.

      Disons tout de suite que si le duc aurait bien pu être impressionné (si du moins il n'avait rien connu aux très populaires ouvrages de Hennepin, dont un sommaire des Nouvelles découvertes paraît en espagnol cette année 1699 (Relación de un pais que nuevamente se ha descubierto en la America septentrionale..., Bruxelles, Lamberto Marchant, 86 p.), les fonctionnaires de Séville ont dû être très surpris de voir figurer un lac des Apaches au nord du 71e parallèle, eux qui connaissent leurs Apaches depuis bien plus longtemps et bien mieux que les Canadiens ne connaissent alors leurs Sioux ! En tout cas, ils pouvaient se douter qu'il s'agissait d'une ruse d'Apaches de la part du baron de Lahontan. Voyons cela.

A. Toponymes du haut Mississippi

      Toutes les tribus algiques (ou algonquiennes) de l'ouest du bassin des Grands Lacs sont connues des Français au cours de la seconde moitié du XVIIe siècle (1750-1775, environ). Lahontan les connaît comme tout le monde et on les trouvait déjà situées sur sa carte générale du Canada. Il reporte donc sur sa Mappa del rio Missisipi les Sakis, les Pouteouatamis (Ceux de la place du feu), les Malominis (les Folles Avoines ou Riz sauvages), les Kikapous et les Outagamis (les Renards). Toutes ces tribus de la baie et de la rivière des Puants sont enregistrées au DBC. Ces alliés de la Nouvelle-France (particulièrement les Sakis) sont en contact régulier avec les Mascoutens, à l'ouest du Michigan, jusqu'à l'Ohio, tous adversaires des Oumamis ou Miamis, alliés, eux, des Iroquois. Figurent également dans l'alliance française les Illinois, rencontrés pour la première fois par Jolliet et Marquette en 1673. Tous ces toponymes se trouvent donc ici sans surprise.

      Même remarque en ce qui concerne le Wisconsin, l'Illinois et la Ouabach (qui devient toutefois l'Ohio) : nous sommes en Nouvelle-France, c'est-à-dire en territoire connu depuis longtemps.

      Reste à trouver où Lahontan a pris les toponymes des affluents du haut Mississippi qui ne figurent pas sur sa carte générale du Canada. Sans qu'on puisse identifier sa source, on voit que ces désignations et ces informations géographiques sont bien en-deçà de ce que l'on trouvait déjà sur la première carte de Louis Hennepin, accompagnant sa Description de la Louisiane en 1683, où elles se trouvaient à peu près toutes. En 1699, on n'en est plus là. Àl'exception, bien entendu, de la Masotanta et de son fabuleux lac des Apaches !

(1) La rivière Issati, village des Issatis (7.1). Les Issatis sont les vedettes de la Description de la Louisiane puisque c'est dans l'un de leurs villages que Hennepin a passé l'hiver 1680-1681. Ce séjour fait la matière autobiographique de son premier livre (tout le reste étant un simple plagiat de la relation inédite que Bernou avait magistralement tirée des documents relatifs aux explorations de La Salle, avant sa descente du Mississippi en 1684). C'est de ces Issatis que Hennepin a tiré ses connaissances de première main sur les Sioux de l'est du haut Mississippi (informations confirmées par Daniel Greysolon Dulhut qui explore alors la région — si, bien entendu, elles ne viennent pas de Dulhut lui-même, en France en 1681-1682, informations synthétisées par Bernou, puis recopiées et précisées par Hennepin). Voir la Description de la louisianne (DL, passim), notamment : « sur la main droite » du Mississippi, « on trouve la Riviere des Issati ou Nadoussion, estroite à son entrée, & qu'on remonte en allant au Nord environ soixante & dix lieuës jusques au Lac Buade [le lac des Mille-Lacs] ou des Issati, d'où elle prend sa source; nous avons donné à cette Riviere le nom de Saint François » (p. 201). Comparer les énumérations des Sioux de l'est dans la rédaction de Bernou (La Salle/Bernou dans Margry, 1: 481) et celle beaucoup plus précise de Hennepin, qui traduit leurs noms (DL, p. 204). Sur la carte de Hennepin, en 1683, les Issati occupent tout le territoire compris dans la fourche qui termine la représentation du Mississippi. Sur la première carte de Guillaume Delisle en 1700 (1700a), le haut Mississippi est désigné verticalement comme le Pays des Nadouessis, sans aucune autre indication sur les Sioux; la même année, sur la seconde version de sa carte (Delisle, 1700b), tout le haut Mississippi est encore désigné comme le Pays des Nadouessis, mais la dernière branche du fleuve, conduisant à ses sources sous la forme d'un trident, divise les Sioux de l'Ouest des Sioux de l'Est; toutefois, aucune tribu de la confédération n'est encore nommée, si ce n'était l'énigmatique lac des Tintons.

(2) Quatre villages de Titaos (7.1). Il s'agit des Tintons, les Tinthonha que désigne Hennepin : « Tinthonha qui veut dire hommes de Prairie » (ND, p. 204). Il les situe toutefois à l'est du Mississippi, au lac Buade, ce que tout contredit, à commencer par leur nom. Corrigeant sa première carte de 1700 (1700a), Delisle ajoutera inopinément un lac des Tintons (1700b), à l'ouest du Mississippi, au niveau du lac des Pleurs, sur le 45e parallèle, endroit qui deviendra bientôt très célèbre, avec l'invention de la rivière Longue.

      Les Sioux. Ces deux premières additions à la carte générale du Canada sont déjà très significatives. D'abord du point de vue de la genèse. La carte du Canada ignore les Sioux (désignés de manière générique plus bas, en 7.2). On peut donc être assuré que leur figuration dans le texte original de la Lettre XVI (l'épisode la l'île aux Rencontres, NV, p. 168-170) est du même ordre que la désignation des Akansas, par exemple, soit la mise en scène d'informations qui tiennent alors aux préparatifs des explorations La Salle (les Akansas, « nation si connuë de Mr de la Salle », p. 174). En effet, si les Issati apparaissent ici sur la carte du Mississippi, cette addition est la source (!) de leur désignation sur celle de la rivière Longue, la « R. Dasscious », l'affluent de l'ouest le plus au nord du Mississippi. Ensuite, toujours question de sources, les Issati et les Titaos ne paraissent pas venir directement des cartes de Hennepin (et encore moins de ses livres) précisément à cause de leur représentation rudimentaire par Lahontan comparativement à la carte de 1683.

      Dans la représentation de Hennepin, sur sa carte de 1683, les Nadouessans surplombent les Issati, à l'est, et les Tinthonha à l'ouest, soit les deux angles du triangle isocèle qui pointe vers le saut de St Antoine de Padoü. Les Sioux de l'est sont déjà fort bien représentés sur sa carte : Chongaskabé ou Nation des Forts, les Hanctons et les Oüa de Battons ou gens de Rivière, à l'est du lac Buade où conduit la rivière de St-François. Or, pour en revenir à la carte de Lahontan, il est tout de même extraordinaire de voir situés les Tintons très à l'ouest du Mississippi et les Issati sur le fleuve et à l'est. Notre baron ne peut tout de même pas savoir ce qu'on mettra plusieurs années à porter sur les cartes, et que les Sioux eux-mêmes mettront plus d'un demi-siècle à « réaliser », c'est-à-dire leur regroupement à l'ouest et à l'est du... Missouri, en trois grandes confédérations, nos Tetons à l'ouest et nos Issati (les Santee) à l'est, les Yankton du centre n'étant pas évoqués ici (voir le Handbook, 13: 152a, sur les Santee, qui regroupent les quatre tribus de l'est).

(3) La rivière des Français et trois villages de Nadouessis (7.2), affluent de l'est, puis l'affluent anonyme de l'ouest venant du lac encadré de deux villages de ces Nadouessis (7.3). Contrairement aux Issati et Titaos désignés plus haut, ce « Rio de los Franceses » vient certainement de Louis Hennepin : il a toutes les chances d'être une mauvaise lecture de la « rivière de St. François » que l'on trouve pour la première fois sur la carte de Hennepin en 1683 (« nous avons donné à cette Riviere le nom de Saint François », DL, p. 201). La déformation est-elle de Lahontan ou vient-elle de sa source ?

      Àremarquer que le saut Saint-Antoine de Pade (La Salle/Bernou dans Margry, 1: 480; DL, p. 200, et la carte de Hennepin de 1683) n'est pas porté sur les cartes de Lahontan. C'est pourtant le point central de la géographie du haut Mississippi et il le restera longtemps. Comme il s'agit du guichet d'entrée chez les Sioux de l'Est, cette lacune est significative du retard des cartes de Lahontan sur l'état des explorations et même des établissements du haut Mississippi qui ont beaucoup progressés depuis quinze ans que Louis Hennepin a nommé ce saut en 1680.

(4) La rivière du Tombeau, avec encore des villages de Nadouessis (7.4). La désignation originale de la rivière ne peut faire aucun doute, s'agissant d'un fragment narratif haut en couleur de la Description de la Louisiane (p. 199, 203-204)  : « Cette premiere Riviere est appellée la Riviere du Tombeau, parce que les Issati y laisserent le corps de l'un de leurs guerriers, mort de la piqure d'un Serpent-sonette, sur lequel je mis une couverture selon leur coûtume... » (DL, p. 199). C'est « une rivière pleine de rapides, par laquelle on peut aller au lac Supérieur, faisant route au nord-est jusqu'auprès de la source Nemitsakouat, qui tombe dans ce lac. Cette rivière a été appelé la rivière du Tombeau, à cause de celuy d'un capitaine sauvage qu'on y trouva » (La Salle/Bernou dans Margry, 1: 480); Hennepin n'a pas eu de peine à corriger cette rédaction de Claude Bernou, si la rédaction correcte n'était pas dans le manuscrit dont il a obtenu copie : « une rivière pleine de rapides, par laquelle en tendant au nord oüest on peu aller au lac de Condé jusqu'à la rivière Numissakouat qui tombe dans ce lac » (DL, p. 199). Il s'agit de la rivière qui a conduit Duluth au Mississippi dès 1679 (Delanglez, Mid-America, vol. 28 (1946), p. 164).

      Il faut rappeler que la rivière du Tombeau désigne, sur la carte générale, une rivière qui se décharge dans le lac Supérieur et qu'on rejoindrait par un portage depuis la rivière aux boeufs, ce qui sera reproduit sans sourciller sur la carte de la rivière Longue. Lahontan ajoutera simplement, les ayant découverts depuis, « deux villages de Nadouessis » à l'embouchure de... la rivière aux boeufs. La rivière des Boeufs (La Salle/Bernou dans Margry, 1: 480, DL, p. 198) n'apparaît pas ici sur la carte du Mississippi.

(5) La rivière du Charbon (7.5). Hapax (a).

      Le carbón désigne incontestablement le « charbon ». Cette rivière n'a aucun correspondant ni dans la relation, ni sur la carte de Hennepin, ni non plus dans la relation de Bernou écrite sur les lettres et mémoires de La Salle (doublés du témoignage ou d'un mémoire de Hennepin). Aucun affluent du Mississippi n'est ainsi désigné nulle part. En revanche, sa position correspond à la rivière des Boeufs des cartes contemporaines, absente de la carte de Lahontan, comme on vient de le voir.

(6) La rivière Noire (7.6). « A vingt-quatre lieuës au dessus [du Wisconsin] on trouve la Riviere noire appellée par les Nadouessious ou Islati, Chabadeba ou Chabaoudeba, elle paroist peu considerable » (La Salle/Bernou dans Margry, 1: 480, recopié dans DL, p. 197).

      Suit le Wisconsin, qui permet de rejoindre le Michigan, par la rivière des Renards et le baie des Puants, comme on l'a vu, s'agissant de la porte d'entrée principale de la Nouvelle-France à la vallée du Mississippi, du moins avant que l'Illinois ne prenne cette fonction pour ceux qui veulent descendre le fleuve.

(7) La rivière Masotanta (7.8), avec ses villages de Panassas et de Massotantas, conduisant au lac des Apaches, constitue bien entendu la configuration la plus spectaculaire des affluents du haut Mississippi. Rappelons qu'elle correspond à la rivière des Otenta de la carte générale et qu'on la retrouvera telle quelle (marquée inexplorée) sur celle de la rivière Longue. Aucun affluent de l'ouest du fleuve ne se trouvait sur la carte de Hennepin en 1683, entre le Wisconsin et l'Illinois : c'est d'ailleurs à l'Illinois, la Seignelai, que s'arrêtait sa représentation du Mississippi.

      Le dessin de la rivière correspond à celui de la rivière des Otenta sur les versions de la carte de Hennepin à partir de 1697. Si la rivière de Hennepin allait se perdre dans un lac au pied d'une chaîne de montagnes, celle de Lahontan conduit au même endroit où se dessine le grand lac des Apaches devant les mêmes montagnes. — Le « dessin » en question préfigure le cours de la rivière Longue, qui sera reporté au nord, au 46e parallèle.

      Nous sommes ici dans la logique cartographique des années 1680. La rivière des Otentas ou des Masotantas (c'est la même) correspond, dans la réalité, à l'Iowa. Ce point d'entrée de la « rivière » correspond, lui, au village illinois des Pewarea (Péoria) visité par Jolliet et Marquette en 1673. Dans l'imaginaire de Lahontan et de ses informateurs, c'est la logique géographique des Algonquins, les « nations éloignées dans les terres » que les Pewarea ont situées plus ou moins loin à l'ouest de leur village, ces Amérindiens se trouvent sur leur rivière. Et ce cours d'eau imaginaire va vite prendre le nom d'une des quatre nations les plus éloignées, celui des Otontania (d'où, par exemple, l'apparition du lac des Tetons sur la carte de Delisle, 1700b), c'est-à-dire les Sioux de l'ouest. Cela correspond, bien au contraire, dans la logique des Illinois et des Sioux de l'ouest (comme pour Jolliet et Marquette, selon la carte de Marquette, soit dit en passant), aux Moingouena sur leur rivière (la Desmoines), et aux Sioux de l'ouest sur leur rivière également, le Missouri. Dans la logique des Algonquiens et des Iroquoiens, et c'est bien entendu la logique des Canadiens, on se déplace en canots, sauf lors des circuits de chasse d'hiver. Les Sioux, et plus généralement les Amérindiens des plaines, eux, se déplacent à pied en toutes saisons (avant d'adopter le cheval dans quelques décennies) à l'intérieur des terres, puisque les buffles qu'on chasse ne suivent pas les cours d'eau, mais les traversent.

      Or, c'est dans cette région fort éloignée, au bout de cette rivière imaginaire, celle des « Otenta », région dont il ne connaît rien, que Lahontan fabule, pour se rendre intéressant auprès des Espagnols, un formidable lac des Apaches. C'était la meilleure manière de se discréditer, étant donné la connaissance aussi ancienne que précise que l'on a de ces puissants ennemis de la Nouvelle-Espagne et du Nouveau-Mexique en Espagne. Mais l'affabulation est également significative de l'expansion que l'on prête aux Espagnols les imaginant alors beaucoup trop près du sud-ouest de la Nouvelle-France, à cause des objets de traite qui y parviennent de bien plus loin que les Français ne l'imaginent.

      Après l'Illinois, on en vient au « village » des Akansa. Rappelons que ces Kaskasia ou Akamsea (un village de 74 cabanes) constituait le terme du périple de Jolliet et de Marquette sur le Mississippi en 1673 (JR, 59: 152-160). On reviendra chez les Akansa à la « fin » du parcours de Jean Cavelier (30).

(8) La rivière des Missourites (7.10). C'est le Missouri, que Lahontan reprend de sa carte générale du Canada, où la rivière se trouvait croisée avec celle des Osages, ce qu'il reportera sur sa carte de la rivière Longue. Jolliet et Marquette ont déjà décrit son embouchure en 1673 sous le nom de Peki(s)tanouï (JR, 59: 140), porté sur la carte de Marquette. Pour Tonty, c'est la rivière Emissourita (Margry, p. 595).

(9) La rivière et deux villages des Tamaroas (7.10). Les tamaroas ni aucune rivière de ce nom ne se trouve dans la relations de Jean Cavelier, mais la rivière se trouvait déjà portée sur la carte générale du Canada et se trouvera encore sur celle de la rivière Longue. Notons qu'elle se trouve sur la carte de Louis Hennepin à partir de 1697.

      Nicolas La Salle (Margry, 1: 550), Tonty (Margry, 1: 596 et 611) et Minet (p. 21 et 52) donnent la même orthographe; la Prise de possession écrit « Maroa » (Margry, 2: 187), tandis que Claude Bernou et Hennepin donnaient les deux versions. Hennepin, qui recopie de texte de Bernou (Margry, 1: 479), dit en effet qu'il a trouvé les Tamaroas en campement de pêche dès son entrée sur le Mississippi : « Le septiéme de Mars [1680] nous trouvâmes à environ deux lieuës de son embouchure [l'Illinois], une Nation appellée Tamaroa ou Maroa composée de deux cens familles. Ils voulurent nous mener à leur Village scitué à l'Oüest du Fleuve Colbert [le Mississippi], à six ou sept lieuës au dessous de l'embouchure de la Riviere Seignelay » (DL, p. 190-191). Toutefois, la carte de 1683 ne porte rien à l'ouest du Mississippi. Patricia Galloway et W. C. Foster situent leur village principal un peu au-dessous de la ville actuelle de St. Louis, de l'autre côté, à l'ouest du fleuve (Minet, p. 43, n. 32; Nicolas, p. 138).

      C'est le premier village rencontré par l'expédition de La Salle en 1682. Il est désert, car ses habitants sont alors à la chasse. On y compte 180 cabanes. Toutefois, le village, situé à sept lieues sous le Missouri, se trouve non à l'ouest, mais à l'est du fleuve (toutes les versions citées plus haut concordent sur ce point).

      On vient de le voir, sur la Carte générale du Canada, comme ce sera encore le cas sur celle de la rivière Longue, on trouve d'abord la rivière des Tamaroa un peu après l'embouchure de l'Illinois, puis, bien loin au sud, celles des Missouris et des Osages. Elles sont toutes amalgamées ici, du moins celle des Missouris et des Tamaroa, avec... les Akansa ! Il s'agit d'un fabuleux imbroglio ethnique et géographique. En effet, les Tamaroas sont de la famille des Illinois (voir l'index de Thwaites, notamment, JR, 64: 160, 268), tandis que les Osages, assimilés apparemment aux Tamaroa, de la famille siouse (Handbook, 13: 476-496), comme les Missouri (Otoe et Misouria, Handbook, 13: 447-461) et les Akansa (Quapaw, Handbook, 13: 497-514). Il suit que la carte générale et celle de la rivière Longue séparent correctement les deux tribus, leurs villages et leur « rivière », tandis que la Mappa del rio Missisipi les regroupe sur l'Arkansas. On peut y voir le premier impact de la relation de Cavelier sur le dessin de Lahontan, puisque le village Cappa des Arkansas représente l'objectif de l'expédition de survie, l'arrivée au Mississippi, l'entrée en Nouvelle-France. Cf. n. (30).

(10) Il faut rappeler que la rivière Ouabach des autres cartes de Lahontan prend ici le nom de rivière Ohio (7.11). Pourquoi ? Pour Jolliet et Marquette, qui l'ont découverte, c'était la Ouaboukigou (JR, 59: 142 et 144, portée sur la carte de Marquette). La question ne porte pas, évidemment, sur la réalité géographique que l'on mettra plusieurs décennies à représenter correctement, mais sur la désignation de l'embouchure du réseau hydrographique. Sur ses versions de sa carte de 1697, Hennepin situe sa mission des récollets à l'embouchure de la rivière « Ooyo ».

B. Toponymes du bas Mississippi

(1) Kinesta (8.2). Les Bahamos et les Quinets (PEF, 2: 331) sont des nomades en guérilla contre les Français au fort Saint-Louis. Il n'est question ni des Kinesta (b), ni de Quinets dans le journal de Cavelier.

(2) Erigona (8.2). Erigogoanna (PEF, 2: 331). Au moment du second départ vers les Illinois, les Français rencontrent une troupe de Bahamos (nomades, « ennemis » des Français), qui vont en guerre contre les Erigogoanna). Ces Erigogoanna ou Erigona ne sont jamais nommés dans le journal de Cavelier (f).

(3) Rivière de las Catias (8.3). Hapax (c).

      Catia n'est pas un mot espagnol. On s'attendrait à pourvoir lire le correspondant espagnol de la rivière aux Cannes (PEF, 2: 232; Joutel, p. 159, éd. Margry, 3: 261-262) — en espagnol, ce serait le « Rio de las Ca&ntild;ias ». —, la première rivière traversée lors des deux expéditions vers les Illinois. Àremarquer que PEF désigne deux rivières aux Cannes (ibid.) et que l'une d'entre elles aurait été renommée par La Salle, selon Joutel, la Princesse ou la Mignonne lors du second voyage. Selon Pierre Berthiaume, il s'agirait des rios Lavaca et Navidad (Cavelier, p. 180). On traverse la rivière renommée la Princesse à cinq lieues de son embouchure dans la baie de Saint-Louis. Cela dit, il n'y a aucune rivière aux Cannes dans le journal de Cavelier.

(4) Acatessos (8.3). S'agirait-il des Bracamos du journal de Cavelier ? (BNM, p. 1167). Jean Cavelier désigne ainsi les habitants du village le plus proche du fort des Français, ceux que le pseudo-Douay nomme, lui, les Quoaquis, tandis qu'il désigne les Bahamos comme une tribu nomade ennemie des Français (PEF, 2: 329). Bref, le nom des Bracamos se rapproche plus des Bahamos que des Acatessos. Il faut donc ranger l'appellation de Lahontan dans les indices des sources à trouver : où a-t-il pris ce nom ?

(5) Kouaras (8.4). Les Quaras sont situés au nord de la (première) rivière aux Cannes dans la relation du PEF (2: 332).

(6) Karacorresa (8.4). Étant donné la lecture difficile de la carte ici, il serait aventureux d'y voir le correspondant des Anachorema (PEF, 2: 332), d'autant qu'on ne trouve nulle trace des « deux » villages dans les éditions du récit de Joutel.

(7) Kanoatinoa (8.5). Sur la rivière Maligne, le pseudo-Douay situe pas moins de quarante villages de Quanoatinno (PEF, 2: 334). Pierre Berthiaume l'identifie au Colorado (Cavelier, p. 180).

(8) Ticapanas (8.6). Sur la rivière Hiens, le pseudo-Douay situe trois nations, les Taraha (les Taracas ci-dessous), les Tyakappan, dont il est question ici, et les Palonna (PEF, 2: 335), certainement les Palomas (10). On trouve des chevaux dans ces trois villages, alliés des Palaquesson (12), une tribu de dix villages, qui serait en contact avec les Espagnols.

(9) Taracas (8.7). Le toponyme ne se trouve pas dans le journal de Jean Cavelier (g) Voir en (8).

(10) Palomas (8.8). Voir en (8) ci-dessus.

(11) Rivière Quinipissa (8.8). Le toponyme ne se trouve pas dans la relation de Cavelier (h). La carte de 1697 de Louis Hennepin situe leur territoire au nord de la Sablonnière ou à son embouchure.

      « Le village principal des Quinipissa se trouvait un peu plus haut qu'à mi-chemin entre l'embouchure de la Red River et celle du Mississippi (d'après Iberbille en 1698-1702), apparemment près de la ville actuelle d'Edgard en Louisiane », soit à la hauteur de New Orleans, mais à l'ouest et au sud du fleuve, orienté ouest-est à cet endroit (Yves Goddard, Handbook, 14: 185b, ma traduction). En réalité, la situation du village est difficile à établir à cause des contradictions entre les distances et les durées divergentes des différentes versions du voyage de 1682, voire dans chacune de ces versions). Mais les cartes de 1684 par Franquelin et par Coronelli situent leur village principal au même endroit, entre Bayou Lafourche et le Mississippi (voir la confrontation des deux cartes sur cet endroit dans le Handbook, 14: 182). Cela dit, à l'ouest de New Orleans, bien entendu, aucun affluent important du Mississippi ne vient franc ouest, d'autant que le fleuve, on vient de le lire, est orienté à cet endroit dans cette direction. Il n'est d'ailleurs jamais question d'aucune « rivière » des Quinipissa dans les relations de l'expédition de 1682.

      Les Quinipissa, Kinipi(s)sa ou Tenipisa sont les seuls Amérindiens à refuser de recevoir les Français qui cherchent à se rendre à l'embouchure du Mississippi en 1682. Au retour, La Salle tente de forcer la rencontre, car il a besoin d'aide, surtout de vivres. Non seulement les explorateurs sont mal reçus, mais, campés sur l'autre rive du fleuve, ils sont attaqués au cours de la nuit suivante dans leur retranchement et, dans l'obscurité, ils tirent à l'aveugle en direction des bruits qu'ils entendent autour d'eux, pour trouver au matin, quelques cadavres (probablement deux), en plus des traces de nombreux blessés qu'ils ont manifestement faits. Évaluant leurs munitions insuffisantes (Tonty) ou voulant les ménager (Membré), les Français renoncent à l'attaque du village. Plus loin, ils seront très mal reçus des Moroa, alliés de ces Kinipissa, qui auront appris ces événements (Tonty dans Margry, 1: 604, 605-608; Membré dans PEF, 2: 235, 240-244; et Minet, 36-37, 42-45).

      Quatre ans plus tard, Henry de Tonty prendra sa revanche, au moment où il tente (en vain) de retrouver l'établissement de La Salle dans le golfe : en descendant, sa troupe passe superbement devant les villages d'où personne n'ose faire le moindre cri, tandis qu'au retour, Tonty accepte le calumet de paix que les chefs des Quinipissa sont bien forcés d'offrir à ces gens qui ont des fusils (Tonty dans Margry, 3: 553-554 et 554-558).

      Si les Quinipissa n'ont laissé aucune trace en archéologie et en ethnologie, (Galloway, Minet, p. 53, n. 55), tel n'est pas le cas en histoire et en cartographie (cf. Handbook, 14: 185). Il est d'ailleurs significatif qu'une si importante et extravagante « rivière » Quinipissa, sans aucun correspondant dans le journal de Jean Cavelier, soit ajoutée par Lahontan sur sa carte pour y ajuster des villages de son itinéraire.

(12) Palaquas, Palakea, Palakias (8.9), Alakea de Shea selon Delanglez (n. 88, Early Voyages, p. 39). Pierre Berthiaume les situe à l'est du Rio Brazo, qui correspondrait à la rivière aux Canots de Jean Cavelier (Cavelier, p. 181 et 214). Il s'agit des Palaquessons, d'après le pseudo-Douay, comptant dix villages alliés des Espagnols (PEF, 2: 335).

(13) Akas (8.10). Orphelin (m) : sans correspondant dans les relations contemporaines, bien que selon Jean Delanglez les Akas seraient les Alasky de la version de Shea (Early Voyages, p. 39, selon Delanglez, Cavelier, p. 148, n. 89). Dans son lexique des tribus amérindiennes, Pierre Berthiaume (Cavelier, p. 207) les situe sur la rivière Brazo (comme les Palaquas) et en fait l'équivalent des Aquis d'Henri Joutel (mais je n'en trouve pas d'autre occurrence que dans son énumération des ennemis des Cénis dans Margry, 3: 409, qui provient d'une note de Joutel pour Delisle). Comme ces Haquis sont les premiers ennemis des Cénis à l'est (selon le pseudo-Douay, PEF, 2: 349), il suit que les Aquis ou les Haquis ont peu de chance de correspondre aux Akas.

(14) Penoy (8.11). Orphelin (n).

(15) Sasori (8.12). Orphelin (o). Dans son analyse de l'itinéraire, Pierre Berthiaume situe leur principal village au sud de l'actuel Nacogdoches ou sur un bras de la rivière Angelina (Cavelier, p. 215).

(16) Tipoy (8.13). Orphelin (p). Pierre Berthiaume les situe au sud-ouest du Rio Brazo au Texas (Cavelier, p. 216).

      Les Amérindiens que l'on décrit comme ayant la tête plate sont généralement les Natchez que l'on situe effectivement, avec les Koroa, au sud des Taensa leurs ennemis. On croit toutefois que les Nachez étaient en 1682 la tribu dominante et que les Koroa étaient en fait un petit village de réfugiés venus temporairement du nord, où les situaient Jolliet et Marquette en 1673 (cf. Handbook, 14: 180). Ces confusions se trouvent dans toutes les relations de l'expédition de 1682, alors justement que les Natchez sont désignés très approximativement (voir le dernier alinéa du paragraphe suivant), voire incorrectement (les Nahy ou Nachy de Tonty dans Margry, 1: 603 et 609, qui les nomme bien Nachés en 1686 dans Margry, 3: 556). Mais l'important est que l'appellation Typoy est orpheline, ne se trouvant dans aucune autre relation contemporaine.

(17) La rivière Taensa (8.14). Ni les Taensa, ni une rivière de ce nom ne figure dans le journal de Jean Cavelier (i). Jusqu'à mieux informé, Lahontan a pris leur nom d'une des versions de la carte de 1697 de Hennepin. Même remarque pour les Coroa (au paragraphe suivant).

      Lors de sa descente du Mississippi jusqu'à son embouchure en 1682, La Salle est conduit chez les Taensa ou Tahensa par des Akansa, leurs alliés. Ils ont huit villages, un peu à l'écart du fleuve, sur un lac où l'on se rend par un court portage, à l'ouest du fleuve, puisqu'on navigue depuis les Akansa sur la droite (Tonty, p. 600). Le glossaire de Pierre Berthiaume, comme W. C. Foster (Nicolas, p. 30), les situe sur les rives de Lake St. Joseph, à mi-chemin de Rio Yazoo et de Saint Catherine Creek (Cavelier, p. 216).

      Tonty, tout comme Minet au retour, avec les Français qui se sont rendus à leur village principal (La Salle étant alors indisposé s'y rendra au retour), ont été très impressionnés par leurs « manières » (Minet, p. 51), leur civilisation (culte du chef, respect du feu, temple du soleil, des morts ou de la guerre, tout comme par leurs vêtements et l'architecture de leur village principal, sans compter les perles et... le sel ! qu'on trouve chez eux. La Salle renouvellera l'alliance avec eux au retour. Après les Akensa, ce sont les seconds alliés des Français sur le fleuve (Tonty dans Margry, 1: 600-602 et 609-610; Minet, p. 31-32, 48-51; et Membré dans PEF, 2: 226-230 et 246).

      La hauteur prise avec l'astrolabe situe le village principal à 31o; on se croit alors sur l'Escondito (Tonty dans Margry, 1: 602). — C'est la seule évaluation de latitude donnée avant l'embouchure du Mississippi, à 27o. Pour Jean Delanglez, c'est un degré plus bas que la position réelle du village, soit 30o (« The cartography of the Mississippi, II, La Salle and the Mississippi », Mid-America, vol. 31 (1949), p. 42).

      Patricia Galloway note que ces Taensa sont une énigme aussi bien en archéologie qu'en histoire, mais elle les croit très proches des Natchez (Galloway, Minet, p. 50, n. 46-47); le Handbook of north american Indians fera même des noms Taense et de Natchez deux synonymes (Handbook, 14: 614), ce qui est contradictoire avec les relations qu'on vient d'évoquer, les Natchez étant des alliés des Coroa, comme on va le voir au paragraphe suivant.

(18) Coroa (8.15). Le toponyme ne se trouve pas dans le journal de Jean Cavelier (j). Lahontan l'a lu sur la carte de Louis Hennepin où la rivière Hiens sépare un village de Taensa et Les Koroa, respectivement au nord et au sud de son embouchure. La rivière, on le sait, prend le nom de rio Taensa sur la Mappa.

      Dans les relations de l'expédition de 1682, les Coroa (Koroa, Corroa, Corroua) sont présentés avec les Natchez, qu'on donne comme le nom d'un de leur village, le plus au nord, tous étant ennemis des Taensa; les Français, bien accueillis en descendant le fleuve, mais très mal reçus au retour, comprendront que ce sont des alliés des Kinipissa (Tonty dans Margry, 1: 604, 608-609; Membray dans PEF, 2: 231-235 et 244-246; et Minet, p. 32-35 et 46-48).

      Le village principal des Coroa, dominant le fleuve d'une haute falaise, a été identifié par Jeffrey P. Brain au village actuel de Tiou, à l'embouchure de la St. Catherine Creek, 20 km au sud de Nachez (« The archaeology of the Tunica : Trial on the Yazoo », rapports de la National Geographic Society Research, cité par Galloway, Minet, p. 49, n. 44. et 52, n. 50; voir également W. C. Foster, Nicolas, p. 31, n. 66).

(19) Anamis (8.16). Orphelin (q) : sans correspondant dans les relations contemporaines. Pierre Berthiaume les situe à l'ouest du Rio Brazo (Cavelier, p. 208), la « rivière aux Canots ».

(20) Senis (8.17), les Cenis (Joutel, p. 150, 207 et suiv, avec une petite monographie sur eux, p. 216-230, qu'on ne retrouve pas dans l'édition de Margry), les Coenis (PEF, 2: 320-325, 344-349, 360). Àsa première tentative de rejoindre l'Illinois, les Cénis ont constitué, à proprement parler, la fin de l'expédition de La Salle en 1686, même si c'est à la nation suivante des Nasonis, que l'explorateur restera cloué deux mois par la maladie, avant de revenir au golfe du Mexique. Àsa seconde tentative, c'est tout juste avant d'arriver à ces villages qu'il sera assassiné, le 19 mars 1687 (tous les récits concordent sur ces points : PEF, Joutel, etc., bien que le journal de Cavelier situe l'assassinat à la sortie du village des Cénis, où les Français retournent ensuite). La clé de ces épisodes, c'est que les Cénis ont des chevaux et qu'ils les vendent à bon marché. D'où le retour inopiné de La Salle au fort Saint-Louis sur le golfe, d'où le nouveau départ de Jean Cavelier vers les Illinois après l'assassinat de son frère, toujours grâce à ces chevaux.

      En principe, les Cénis sont les Asinais (en anglais les Hasinais), soit les Kitsai, de la famille des Caddos (Handbook, 13: 567-571). Mais la première « désignation » qu'en produit l'auteur de l'article du Handbook of north american Indians, Doublas R. Parks (p. 567a, soit l'énumération de Joutel dans Margry, 3: 409-410), ne paraît pas pertinente en regard des très nombreuses informations des relations françaises contemporaines sur les Cénis. En revanche, il ne fait pas de doute que leur situation géographique corresponde bien à celle de ces Hasinais ou Kitsai, à l'est de la rivière Brazos et au sud de la Red River à la frontière nord de l'État du Texas (la ville de Dallas serait le centre de leur territoire : cf. la carte du Handbook, 13: 567).

(21) Nasoni, Nassonis (8.18). C'est dans leur village que se sont habitués quatre déserteurs de l'expédition lors du premier séjours de La Salle et qu'on retrouve lors de la seconde expédition, selon le pseudo-Douay (PEF, 2: 345). Comme le remarque Pierre Berthiaume, il est difficile de situer ces Amérindiens de la famille des Caddos en regard des Naansis, que Jean Cavelier confond peut-être dans la description de leurs moeurs (Cavelier, p. 212-213).

(22) Katinoy (8.19). Hapax (d). Non seulement le nom du village ne vient pas du journal de Cavelier, mais il ne se trouve dans aucune relation contemporaine.

(23) Naansis (8.20). Ce sont les habitants des deux premiers villages que la troupe rejoint et où elle séjourne après avoir quitté les Cenis et les Nasonis. Le pseudo-Douay (PEF, 2: 349) les situe toutefois dans une suite de trois nations ennemis des Cenis, les Haquis, les Naviri et eux. Joutel les désigne sous le nom d'Assonis et les décrit longuement (Joutel, p. 264-268, éd. Margry, 3: 387-401).

(24) Kadotako, Kadataco (8.21). Les Cadodaquio (Joutel, p. 281) ou Cadodaquis (Joutel, éd. Margry, 3: 395, 401); les Cadodacchos (PEF, 2: 349). C'est dans un de ces villages, que le sieur de Marle se noie un soir d'innocente baignade (PEF, 2: 341; Joutel, p. 276, éd. Margry, 3: 407).

(25) La rivière Souma (8.21). Le nom de la rivière où de Marle se noie ne figure pas dans le journal de Cavelier, ni non plus dans les relations de Joutel ou du pseudo-Douay (k).

      Les Ouma ne sont pas rencontrés par les explorateurs, en 1682, qui apprennent seulement que leur village se trouve à l'est (Tonty) dans les terres (Membré, Margry, 2: 210; Prise de possession, Margry, 2: 189; Tonty, Margry, 1: 604; et Minet, p. 35). Les Houma ou Ouma (d'où Souma) habitent 15 ou 20 lieues au nord de l'embouchure de la Red River (P. Berthiaume, Cavelier, p. 154, 158 et 214), à la frontière des états du Mississippi et de la Louisiane (Foster, Nicolas, p. 111, n. 54), soit environ 50 km au sud de la ville actuelle de Natchez (en face de Vicksburg, de l'autre côté du fleuve, à mi-chemin de Monroe et de Jackson, de la même hauteur). L'expédition de 1682 a donc passé devant leur village sans s'y arrêter, entre les Taensa (8.14) et des Quinipissa (8.8). Il faut noter, bien entendu, que les noms de ces deux dernières rivières sont également des additions de Lahontan à l'itinéraire décrit dans le journal de Cavelier. Elles viennent vraisemblablement toutes trois d'une des versions de la carte de 1697 de Louis Hennepin.

(26) Ouidachos (8.22). Sur la rivière anonyme des Kadotako, aussi bien le pseudo-Douay que Joutel énumèrent quelques tribus ou villages, mais seul le premier y situe des Ouidiches (PEF, 2: 352), avec les Natchoos et les Natchites (cf. 28 et 29 ci-dessous).

(27) Nacoas (8.22). Hapax (e). On ne trouve rien d'approchant dans les énumérations de Douay et de Joutel.

(28) Natchetos (8.22). Dans l'énumération des villages de la rivière des Kadotako, Joutel désigne bien les Nachitos (p. 278, ou Natschitos, éd. Margry, 6: 408), tandis que le pseudo-Douay prétend que les Français ont visité sur la rivière « trois Nations fameuses, les Natchoos, les Natchites, les Ouidiches » (PEF, 2: 352). Il n'y a pas un mot dans le journal de Cavelier sur ces Natchetos (l), tout comme sur les Nacoas du paragraphe précédent.

(29) Cahinio (8.23). « Aux Ouidiches nous rencontrâmes trois guerriers de deux nations appellées les Cahinnio & les Mentous [situées] à 25 lieuës plus avant tirant à l'Est, Nordest » (PEF, 2: 353). Ce sont les deux Cahinio qui seront leurs guides jusqu'à l'Arkansas. Joutel ne fait pas mention de ces Cahinio.

(30) Akansa (8.24). En réalité, les Arkansas, de la famille siouse, ont quatre villages à la jonction de l'Arkansas et du Mississippi (et quelques autres plus haut sur le fleuve et la rivière) : Otsotchoue (Uzutiuhiu), Tonginga ou Tonningua (Tonguigua) et Cappa ou Kapa (Quapaw). Joutel désigne les quatre village (Joutel, p. 306), comme plusieurs voyageurs par la suite. On trouvera l'analyse géographique, cartographique et documentaire situant ces villages au coeur de l'analyse de l'expédition de Jolliet et de Marquette par Jean Delanglez (présentant en français un sommaire de ses très nombreux articles à Mid-America à ce sujet dans Jolliet, notamment p. 199 et 203); voir la présentation systématique du Handbook, « Quapaw », 13: 497-514, et la carte de leur territoire au XVIIe siècle, p. 498.

      C'est ce dernier village, Kapa, le plus au nord des quatre villages principaux, et situé sur le Mississippi (près de Deerfield selon Foster, Nicolas, p. 28 et 140), qui constituait le but du groupe dirigé par Jean Cavelier, depuis leur départ des Cénis, après la mort de Robert Cavelier de La Salle. Et c'est là en effet que les Français trouveront Jean Couture, secondé de Charles Delaunay, auxquels Henri de Tonty a laissé la garde du magasin et le commandement du petit fortin qu'on y trouve maintenant. C'est ce village des Akansea, situé à peu près au même endroit, qui avait constitué le terme du voyage exploratoire de Jolliet et de Marquette en 1673 (JR, 59: 152; un lapsus de Marquette lui fait porter le nom illinois de Metchigamea sur sa carte). Avec La Salle, il est devenu la clé du bas Mississippi, aussi bien commercialement que « juridiquement », puisque c'est sur la grande place du village que s'est déroulée la cérémonie de prise de possession du Mississippi, avec l'accord des Arkansas (cf. le « Procès-verbal du 12-13 mars 1682 », Margry, 2: 181-185), et c'est bien ainsi que Cappa, « Akansa », est perçu par les rescapés de l'expédition : il leur reste bien du chemin à faire et le voyage jusqu'aux Grands Lacs ne sera pas de tout repos, mais ils sont maintenant en Nouvelle-France, en pays ami, bientôt chez les Illinois. Ce qui se traduit géographiquement sur la carte de Lahontan — cf. n. (9) —, puisque le journal de Cavelier n'a plus rien a lui apprendre à partir d'ici, à l'exception de la rencontre des Chicacha.

(31) Chicacha (8.25). La Salle a capturé deux Chicacha au sud de l'Ohio en 1682, croyant que leur tribu aurait pu capturer l'armurier de l'expédition, Pierre Prudhomme, qui s'est en fait égaré et qui rejoindra l'équipe plus tard sur un radeau de fortune (d'où le « fort » Prudhomme où les Français camperont dix jours).

      Àremarquer que le mémoire anonyme rapportant le journal de Nicolas de La Salle a déjà situé les « Cicaca ou Chicacha » assez loin au sud de l'embouchure de l'Ohio (Margry, 1: 551; Foster, Nicolas, p. 97-98) dans son journal, le 21 février, avant d'en avoir rencontré aucun.

      La Salle tente d'abord de rejoindre le village des Chicacha avec une partie de son équipe, mais après une journée et demie de marche, l'explorateur doit y renoncer en apprenant que le village est situé à encore trois autres jours de marche (Tonty dans Margry, 1: 597; Membray dans Margry, 2: 207; Minet, p. 25 et 52). L'on renvoie l'un des Chicacha avec des présents et l'autre accompagnera l'expédition jusqu'au rendez-vous que l'on donne aux chefs du village sur la rive du fleuve; toutefois, au-delà des Akansas, on passera sans le voir le lieu du rendez-vous caché par une grande île (Tonty, p. 600). Il ne sera pas question d'eux au retour. On déduit de ces indications que le village en question se trouve dans les terres, à l'est du Mississippi (on navigue à droite et le rendez-vous était à gauche), entre les Akansa et les Taensa, donc au sud de l'Arkansas, avant les territoires contrôlés par les Coroas (et les Natchez).

      Ce sont les seuls Amérindiens que rencontreraient les rescapés du golfe du Mexique, en 1687, mais bien plus au nord, entre les Akansa et les Illinois (on remonte le Mississippi jusqu'à l'Illinois « sans rencontrer aucune nation que les Chicacha », BNM, p. 1179). Or, cette « rencontre » correspond à un nouvel épisode, mais cette fois d'ordre historiographique. En effet, selon le récit d'Anastase Douay inventé par Valentin Leroux : quittant l'Arkansas, aurait-il écrit, « nous continuâmes donc nostre route en remontant le Fleuve par les mêmes endroits où le sieur de la Salle avoit passé autrefois quand il fit sa premiere découverte dont je luy avois souvent oüy parler, excepté que nous allâmes aux Sicacha où il n'avoit pas esté. Le Village principal, est à 25. lieuës à l'Est des Akansa, cette Nation est fort nombreuse, ils sont au moins 4 000 guerriers ayant en abondance de toutes sortes de pelleteries, les chefs sont venus plusieurs fois apporter le calumet, voulant s'allier aux François & se mettre sous leur protection, s'offrant même de venir habiter la riviere Oüabache pour estre plus proches de nous » (PEF, 2: 360-361). Pour Jean Delanglez, ce « détour » releverait de la pure invention (Delanglez, Cavelier, p. 155-156, n. 138). Cela fait peu de doute, même si l'on tient compte de la note de Joutel rapportant des propos de leurs guides amérindiens, en date du 9 août, qui paraissent être la source de l'épisode (« les Sauvages nous firent entendre qu'il y avoit une espèce de chemin conduisant à une nation, qu'ils nous nommèrent Chicacha... », Margry, 3: 468-469). En revanche, la situation du village selon Douay (au contraire de celle de Joutel et de Cavelier) correspond mieux à celle que suppose le rendez-vous raté de La Salle en 1682.

      Si ces Chicacha sont bien les Chickasaws qui joueront un rôle très important contre les Français sur le Mississippi tout au long du XVIIIe siècle, ils seraient de la famille des Moskégones (DBC); originaires ou habitants de la région des villes actuelles de Tupelo et de Pontotoc, bien loin au sud des Arkansas, même s'ils se rendent aussi loin que l'Illinois (d'après Patricia Galloway, Minet, p. 45, n. 36). Et, en effet, les Chicacha dont il est question vers 1680 se trouvent régulièrement beaucoup plus au nord, à l'est du Mississippi, au sud de l'Ohio. Dans son interprétation du journal de Jean Cavelier, comme on le voit sur sa carte, Lahontan les situe au nord de la rivière, ce qui n'est pas invraisemblable dans le cas d'un village temporaire de chasse ou de pêche, ce qu'on ne saurait déduire de la carte, bien entendu.

C. Catégorisation de toponymes : hapax, ajouts et orphelins

      L'objectif de cette catégorisation est de faire la liste des toponymes ajoutées par Lahontan au Journal de Cavelier. On fera aussi la courte liste des toponymes du journal, repris par Lahontan, mais qu'on ne trouve nulle part ailleurs.

      Tous les toponymes relatifs au Mississippi qui se trouvent dans le journal de Jean Cavelier, à la curieuse exception de la rivière aux Vaches (8.1), sont reportés par Lahontan sur sa carte. Cinq d'entre eux, les orphelins, ne se trouvent dans aucun autre document et ne peuvent donc être situés que par l'analyse de l'itinéraire présenté par le journal, ce qu'a réalisé Pierre Berthiaume dans son glossaire (Cavelier, p. 207-216), dont j'ai repris les conclusions.

      En revanche, Lahontan ajoute onze toponymes sur ce trajet du bas Mississippi (sans compter le rio del Carbon du haut Mississippi). Or, l'intérêt est que ces toponymes se divisent en deux catégories aussi intéressantes l'une que l'autre. D'une part, quatre hapax, soit ceux que je n'ai encore jamais trouvés ailleurs (et qui ne peuvent pas tous être des fautes de lecture de la carte); et d'autre part sept qui sont connus par d'autres sources. Car dans les deux cas la question se pose de savoir d'où Lahontan a tiré l'information et c'est paradoxalement pour les toponymes connus par d'autres documents que le problème est intriguant, puisqu'on a la preuve que Lahontan ne les a pas inventés, alors qu'on ne voit pas où il les a trouvés — problème qui devrait pourtant être facile à résoudre !

      L'hypothèse que Lahontan se soit aidé de la carte de Louis Hennepin de 1697 est fort plausible. Il en aurait tiré ses rivières Quinepissa (h), Taensa (i) et Souma (k) et, si tel était le cas, le dessin de sa rivière Masotanta (la rivière Otenta de Louis Hennepin), « dessin » qu'il developpera en le reportant bien au nord pour dessiner sa rivière Longue, pure invention. C'est d'ailleurs l'hypothèse qui doit être retenue jusqu'à preuve du contraire. En effet, il est certain que Lahontan connaît la carte de 1697 de Louis Hennepin, puisqu'il prend soin de la dénigrer dans sa lettre à Jovanezo présentant sa Mappa del Missisipi comme la plus « fidele » et la mieux « particularizee en toute l'Europe », disant qu'« il n'i a eu qu'un moine recollet qui s'est avisé d'en faire une tout à fait simple qu'il a dediee au roi d'Angleterr avec un livre rempli de niaiseries » (BNM, p. 1114-1115). C'est vrai. La représentation du Mississippi sur carte de Hennepin est simpliste et son livre rempli de niaiseries. Mais le petit moine n'aurait pas manqué de retourner les qualificatifs contre notre baron, s'il avait su, comme nous, qu'il utilisait sa carte pour compléter la sienne.

      Cela dit, trois (ou quatre, puisque celui de Coroa (j) se trouve également sur les deux cartes) toponymes repris ou inspirés de la carte de Louis Hennepin, avec son dessin de la rivière des Otenta, cela ne règle pas le problème de savoir où Lahontan a trouvé les autres toponymes qui ne figuraient pas au journal de Jean Cavelier et encore moins les quatre ou cinq hapax de sa carte. Il est donc certain que Lahontan a utilisé (aussi) une autre source. Laquelle ? — Pour répondre à la question, il ne faut pas oublier que Lahontan n'est pas un savant chercheur. C'est au contraire un dilettante qui va bientôt (1702) produire une oeuvre populaire géniale qui aura des répercussions dans tout le monde occidental durant plusieurs siècles. Par conséquent, la réponse à notre question ne se trouve pas dans les archives, mais dans des documents ou des cartes que tout le monde pouvait avoir sous les yeux avant 1700.

1 — Hapax

      Toponymes ajoutés par Lahontan au journal de Cavelier, qui sont sans équivalent dans les documents contemporains.

      (a) Rio del carbon (7.5)

      (b) Kinesta (8.2).
      (c) Rio de las catias (8.3).
      (d) Katinoy (8.19).
      (e) Nacoas (8.22).

2 — Ajouts

      Toponymes ajoutés, mais connus ou reconnus dans les documents contemporains.

      (f) Erigons (8.2). Il s'agit des Erigoanna nommés par le pseudo-Douay (PEF, 2: 331). Ils ne sont pas situés, mais désigné comme des ennemis de leurs voisins, les Bahamos, probablement les Bracamos de Jean Cavelier (BNM, p. 1167).
      (g) Taracas (8.7). Ce sont les Taraha du pseudo-Douay (PEF, 2: 335).
      (h) La Rivière Quinipissa (8.8). Les Quinipissa sont désignés dans toutes les relations de l'expédition de 1682. Or, Hennepin en fait l'équivalent de la Sablonnière sur sa carte de 1697, situant ces Quinipissa au nord ou à l'embouchure de la rivière.
      (i) La Rivière Taensa (8.14). Comme les Quinipissa, les Taensa sont identifiés dans toutes les relations de l'expédition de 1682. Mais les Tansea désignent un village, non une rivière sur la carte de Hennepin dont il vient d'être question.
      (j) Coroa (8.15). Les Coroa ou Koroa appellent la même observation qu'au paragraphe précédent, sauf que cette fois-ci il s'agit dans les deux cas d'un village, aussi bien chez Hennepin que sur la carte de Lahontan.
      (k) La Rivière Souma (8.21). Vraisemblablement une déformation de la « rivière » des Ouma, de l'est du Mississippi, déployée à l'ouest par Hennepin sur sa carte de 1697.
      (l) Natchetos (8.22). Henry Joutel désigne des Nachitos ou Natschitos (p. 278, éd. Margry, 6: 408) et le pseudo-Douay des Natchoos et des Natchites (PEF, 2: 352). Ils ne correspondent apparemment pas aux Natchez.

3 — Orphelins

      Toponymes du journal de Jean Cavelier, repris par Lahontan, qu'on ne trouve pas dans les documents contemporains.

      (m) Akas (8.10).
      (n) Penoy (8.11).
      (o) Sasori (8.12).
      (p) Tipoy (8.13).
      (q) Anamis (8.16).

D. Références

      On trouvera la liste des cartes étudiées ou utilisées dans l'étude bibliographique à venir. Pour les fins de la présente section, je renvoie seulement aux cartes suivantes, bien connues, que je désigne en abrégé (avec références, à titre indicatif, aux exemplaires que j'ai utilisées). Les cartes de Delisle et de Hennepin se consultent très efficacement par l'internet sur Gallica de la BNP.

      Delisle, 1700a : Guillaume Delisle, l'Amérique septentrionale, 1700, première édition, BNP, Cartes et plans, Ge.D.11685.
      ——, 1700b : l'Amérique septentrionale, 1700, seconde édition, BNP, Cartes et plans, Ge.C.7902.
      Franquelin, 1684 : Jean-Baptiste Franquelin, Carte de la Louisiane ou des voyages du Sr de La Salle, Paris, 1684 (original perdu), copie faite pour Francis Parkman, Library of Havard University, reproduction en frontispice de JR, vol. 63.
      Hennepin, 1683 : Louis Hennepin, Carte de la Nouvelle France et de la Louisiane, BNP, Cartes et plans, Ge.DD.2987.(8781).
      ——, 1697 : Carte d'un nouveau Monde entre le nouveau Mexique et la mer Glacialle. On peut confronter quatre versions de la carte datées de 1697 et 1698 dans le porte folio de Kerwin Kaufman, the Mapping of the Great Lakes in the seventeenth century, John Carter Brown Library, 1989. — Les toponymes cités ici se retrouvent dans toutes les versions.
      Marquette, 1673 : Jacques Marquette, sans titre (itinéraire du voyage d'exploration de Louis Jolliet et de Jacques Marquette), Archives des jésuites de Montréal, reproduction photographique dans JR, 59: 108/109, redessinée dans les Relations inédites de la Nouvelle-France, éd. de Félix Martin, Paris, Douniol, 1961, réimp., Montréal, Élysée, 1974, 2 vol., vol. 2, p. 372-373.

      Berthiaume, Cavelier : Pierre Berthiaume, Cavelier de La Salle : une épopée aux Amériques (récits de trois expéditions, 1643-1687), Paris, Cosmopole, 2001, 224 p. — Édition des récits de Bréhant de Galiné, d'Henry de Tonty et de Jean Cavelier, avec un sommaire critique des « aventures » de Robert Cavelier de La Salle et de son frère. Lexique des tribus amérindiennes.
      DBC : G. W. Brown, M. Trudel et A. Vachon, Dictionnaire biographique du Canada, Québec, PUL, vol. 1 et 2, 1966 et 1969.
      Delanglez, Cavelier : Jean Delanglez, the Journal of Jean Cavelier : the account of a survivor of La Salle's Texas expedition (1684-1688), Chicago, Institute of Jesuit History, 1938, 179 p. — édition du texte français et traduction annotée, précédée d'une étude critique du document.
      ——, Jolliet : Louis Jolliet : vie et voyages (1645-1700), Montréal, Granger (coll. « Les études de l'Institut d'histoire de l'Amérique française »), 1950, 435 p.
      DL : cf. Hennepin.
      Foster, Nicolas : William C. Foster, the La Salle expedition on the Mississippi River : a lost manuscript of Nicolas de La Salle, 1682, traduction de Johanna Warren, introduction et commentaire critique de W. C. Foster, Austin, Texas State Historical Association, 2003, xvi-176 p. — Le manuscrit inédit des Texas State Archives est une seconde version du texte anonyme consignant le journal de Nicolas de La Salle. La version éditée par Margry (1: 547-570) appartenait à un collectionneur privé, de sorte que le manuscrit ne peut pas être confronté à celui du Texas édité ici. Cela dit, non seulement les différences sont minimes, mais leur interprétation porte à controverse sur la chronologie de l'expédition (cf. Berthiaume, Cavelier, p. 154-155). En revanche, l'annotation, les cartes et le tableau synoptique du dernier appendice sont très précieux pour suivre l'itinéraire des explorateurs et la toponymie de leurs récits.
      Galloway, Minet : « The Minet Relation », traduction d'Ann Linda Bell et annotation de Patricia Galloway, La Salle, the Mississippi and the gulf, éd. de Robert S. Weddle, Texas A&M University Press, 1987, 329 p., p. 17-68.
      Handbook : William C. Sturtevant, responsable de l'encyclopédie, Handbook of North American Indians, Washington, Smithsonian Institution, 20 vol., vol. 13, sous la direction de Raymond J. DeMallie, 2001; et vol. 14, sous la direction de Raymond D. Fogelson, 2004. — Sauf dans les cas de citations ou d'utilisation systématique du texte, je n'identifie pas les auteurs des articles qu'on trouvera nommés dans le titre courant, en bas des pages citées.
      Hennepin : Louis Hennepin, Description de la Louisiane, Paris, Huré, 1683, 312 p.
      ——, Nouvelle Découverte d'un très grand pays situé dans l'Amérique..., Utrecht, Broedelet, 1697, 506 p., et Nouveau Voyage d'un pais plus grand que l'Europe..., Utrecht, Schouten, 1698, 389 p. — Il s'agit du développement fabuleux en deux volumes de l'ouvrage précédent, dont l'essentiel était déjà un simple plagiat d'un mémoire de Claude Bernou (la « Relation officielle », Margry, 1: 435-544), sauf les pages autobiographiques sur sa « captivité » chez les Sioux de l'Est en 1680-1681.
      Joutel : Henry Joutel, Journal historique du dernier voyage que feu M. de La Salle fit dans le Golfe du Mexique..., éd. de M. de Michel, Paris, Estienne Robinot, 1713, 386 p. — On fera attention que cette édition populaire n'est pas à proprement parler un résumé du manuscrit de Joutel et qu'on ne saurait la remplacer par la version reconstituée par Pierre Margry (au vol. 3 de sa série), à partir la version manuscrite originale malheureusement tronquée. Il est préférable de confronter les deux versions souvent divergentes.
      JR : Reuben Gold Thwaites, the Jesuit Relations and allied documents..., Cleveland, Burrows Brothers, 1896-1901, réimp., New York, Pageant Book, 1959, 73 vol.
      Lahontan, BNM ou NV et MA : désignent l'OEuvre complète de la BNM en 1990 ou respectivement les Nouveaux Voyages (1702) et les Mémoires de l'Amérique septentrionale (1702) de Lom d'Arce de Lahontan, cités dans l'édition originale, dont on retrouve la pagination dans la BNM, OEuvres complètes, édition de Réal Ouellet, avec la collaboration d'Alain Beaulieu, Montréal, PUM (coll. « Bibliothèque du nouveau monde »), 1990, 2 vol. de pagination continue, 1474 p.
      MA : cf. Lahontan.
      Margry : Pierre Margry, Découvertes et établissements des Français dans l'ouest et dans le sud de l'Amérique septentrionale (1614-1698), Paris, D. Jouaust, 1876, réimp. New York, AMS Press, 1974, 6 vol.
      Minet : Voyage fait du Canada par dedans les terres allant vers le sud dans l'année 1682, manuscrit inédit des Archives publiques du Canada, 61 p. — Voir Galloway.
      NV : cf. Lahontan.
      BNM : cf. Lahontan.
      PEF : Valentin Leroux (paru sous le nom de Chrestien Leclercq), Premier Établissement de la foi dans la Nouvelle-France, Paris, 1691, réimp. sous le titre Histoire des colonies françaises et les fameuses découvertes depuis le fleuve S. Laurent, la Loüisiane et le fleuve Colbert jusqu'au golphe Mexique, Paris et Lyon, Amaulry, 1692, 2 vol. — C'est au second volume que Valentin Leroux, édite et réécrit des textes qu'il attribue (faussement) aux récollets Zénobe Membré et Anastase Douay. D'une part on connaît aujourd'hui les auteurs de plusieurs des textes réécrits, tandis que d'autre part on reconnaît facilement la plume du récollet janséniste. — Si je précise que je cite le « pseudo-Douay » (ce sont les chap. 24 et 25 de l'ouvrage), c'est qu'Anastase Douay n'est pour rien dans ces textes, notamment dans le chap. 25 qui lui est explicitement attribué, contrairement aux textes de Zénobe Membray, du moins pour le chap. 22 qui est manifestement de sa main, le chap. 23 étant une transcription sous son nom d'une relation de Claude Bernou, dont une lettre de Membré est l'une des deux sources principales.

 
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