Théophile Gautier,
« La pipe d'opium »,
conte,
1838
La pipe d'opium
L'autre jour, je trouvai mon ami Alphonse
Karr (1) assis sur son divan, avec une bougie
allumée, quoiqu'il fit grand jour, et tenant à la
main un tuyau de bois de cerisier muni d'un champignon de
porcelaine sur lequel il faisait dégoutter une espèce
de pâte brune assez semblable à de la cire à
cacheter; cette pâte flambait et grésillait dans la
cheminée du champignon, et il aspirait par une petite
embouchure d'ambre jaune la fumée qui se répandait
ensuite dans la chambre avec une vague odeur de parfum oriental.
Je pris, sans rien dire, l'appareil des mains
de mon ami, et Je m'ajustai à l'un des bouts; après
quelques gorgées, j'éprouvai une espèce
d'étourdissement qui n'était pas sans charmes et
ressemblait assez aux sensations de la première ivresse.
Étant de feuilleton (a) ce jour-là, et n'ayant pas le loisir
d'être gris, j'accrochai la pipe à un clou et nous
descendîmes dans le jardin, dire bonjour aux dahlias et jouer
un peu avec Schutz (2), heureux animal qui
n'a d'autre fonction que d'être noir sur un tapis de vert
gazon.
Je rentrai chez moi, je dînai, et
j'allai au théâtre subir je ne sais quelle
pièce, puis je revins me coucher, car il faut bien en
arriver là, et faire, par cette mort de quelques heures,
l'apprentissage de la mort définitive.
L'opium que j'avais fumé, loin de
produire l'effet somnolent que j'en attendais, me jetait en des
agitations nerveuses comme du café violent, et je tournais
dans mon lit en façon de carpe sur le gril ou de poulet
à la broche, avec un perpétuel roulis de couvertures,
au grand mécontentement de mon chat roulé en boule
sur le coin de mon édredon.
Enfin, le sommeil longtemps imploré
ensabla mes prunelles de sa poussière d'or, mes yeux
devinrent chauds et lourds, je m'endormis.
Après une ou deux heures
complètement immobiles et noires, j'eus un rêve.
— Le voici :
Je me retrouvais chez mon ami Alphonse Karr,
— comme le matin, dans la réalité; il
était assis sur son divan de lampas jaune, avec sa pipe et
sa bougie allumée; seulement le soleil ne faisait pas
voltiger sur les murs, comme des papillons aux mille couleurs, les
reflets bleus, verts et rouges des vitraux.
Je pris la pipe de ses mains, ainsi que je
l'avais fait quelques heures auparavant, et je me mis à
aspirer lentement la fumée enivrante.
Une mollesse pleine de béatitude ne
tarda pas à s'emparer de moi, et je sentis le même
étourdissement que J'avais éprouvé en fumant
la vraie pipe.
Jusque-là mon rêve se tenait dans
les plus exactes limites du monde habitable, et
répétait, comme un miroir, les actions de ma
journée.
J'étais pelotonné dans un tas de
coussins, et je renversais paresseusement ma tête en
arrière pour suivre en l'air les spirales bleuâtres,
qui se fondaient en brume d'ouate, après avoir
tourbillonné quelques minutes.
Mes yeux se portaient naturellement sur le
plafond, qui est d'un noir d'ébène, avec des
arabesques d'or.
À force de le regarder avec cette
attention extatique qui précède les visions, il me
parut bleu, mais d'un bleu dur, comme un des pans du manteau de la
nuit.
« Vous avez donc fait repeindre
votre plafond en bleu, dis-je à Karr, qui, toujours
impassible et silencieux, avait embouché une autre pipe, et
rendait plus de fumée qu'un tuyau de poêle en hiver,
ou qu'un bateau à vapeur dans une saison quelconque.
— Nullement, mon fils,
répondit-il en mettant son nez hors du nuage, mais vous
m'avez furieusement la mine de vous être à
vous-même peint l'estomac en rouge, au moyen d'un bordeaux
plus ou moins Laffitte,
— Hélas ! que ne dites-vous
la vérité; mais je n'ai bu qu'un misérable
verre d'eau sucrée, où toutes les fourmis de la terre
étaient venues se désaltérer, une école
de natation d'insectes.
— Le plafond s'ennuyait apparemment
d'être noir, il s'est mis en bleu; après les femmes,
je ne connais rien de plus capricieux que les plafonds; c'est une
fantaisie de plafond, voilà tout, rien n'est plus
ordinaire ».
Cela dit, Karr rentra son nez dans le nuage de
fumée, avec la mine satisfaite de quelqu'un qui a
donné une explication limpide et lumineuse.
Cependant je n'étais qu'à
moitié convaincu, et j'avais de la peine à croire les
plafonds aussi fantastiques que cela, et Je continuais à
regarder celui que j'avais au-dessus de ma tête, non sans
quelque sentiment d'inquiétude.
Il bleuissait, il bleuissait comme la mer
à l'horizon, et les étoiles commençaient
à y ouvrir leurs paupières aux cils d'or; ces cils,
d'une extrême ténuité, s'allongeaient Jusque
dans la chambre qu'ils remplissaient de gerbes prismatiques.
Quelques lignes noires rayaient cette surface
d'azur, et je reconnus bientôt que c'étaient les
poutres des étages supérieurs de la maison devenue
transparente.
Malgré la facilité que l'on a en
rêve d'admettre comme naturelles les choses les plus
bizarres, tout ceci commençait à me paraître un
peu louche et suspect, et je pensai que si mon camarade Esquiros
le Magicien (3) était
là, il me donnerait des explications plus satisfaisantes que
celles de mon ami Alphonse Karr.
Comme si cette pensée eût eu la
puissance d'évocation, Esquiros se présenta soudain
devant nous, à peu près comme le barbet de Faust qui
sort de derrière le poêle (4).
Il avait le visage fort animé et l'air
triomphant, et il disait, en se frottant les mains :
« Je vois aux antipodes, et j'ai
trouvé la Mandragore qui parle » (5).
Cette apparition me surprit, et je dis
à Karr :
« Ô Karr ! concevez-vous
qu'Esquiros, qui n'était pas là tout à
l'heure, soit entré sans qu'on ait ouvert la porte ?
— Rien n'est plus simple,
répondit Karr. L'on entre par les portes fermées,
c'est l'usage; il n'y a que les gens mal élevés qui
passent par les portes ouvertes. Vous savez bien qu'on dit comme
injure :
Grand enfonceur de portes
ouvertes ».
Je ne trouvai aucune objection à faire
contre un raisonnement si sensé, et je restai convaincu
qu'en effet la présence d'Esquiros n'avait rien que de fort
explicable et de très légal en soi-même.
Cependant il me regardait d'un air
étrange, et ses yeux s'agrandissaient d'une façon
démesurée; ils étaient ardents et ronds comme
des boucliers chauffés dans une fournaise, et son corps se
dissipait et se noyait dans l'ombre, de sorte que je ne voyais plus
de lui que ses deux prunelles flamboyantes et rayonnantes.
Des réseaux de feu et des torrents
d'effluves magnétiques papillotaient et tourbillonnaient
autour de moi, s'enlaçant toujours plus inextricablement et
se resserrant toujours; des fils étincelants aboutissaient
à chacun de mes pores, et s'implantaient dans ma peau
à peu près comme les cheveux dans la tête.
J'étais dans un état de somnambulisme complet.
Je vis alors des petits flocons blancs qui
traversaient l'espace bleu du plafond comme des touffes de laine
emportées par le vent, ou comme un collier de colombe qui
s'égrène dans l'air.
Je cherchais vainement à deviner ce que
c'était, quand une voix basse et brève me chuchota
à l'oreille, avec un accent étrange : —
Ce sont des esprits !!! Les écailles de mes yeux
tombèrent; les vapeurs blanches prirent des formes plus
précises, et j'aperçus distinctement une longue file
de figures voilées qui suivaient la corniche, de droite
à gauche, avec un mouvement d'ascension très
prononcé, comme si un souffle impérieux les soulevait
et leur servait d'aile.
À l'angle de la chambre, sur la moulure
du plafond, se tenait assise une forme de jeune fille
enveloppée dans une large draperie de mousseline.
Ses pieds, entièrement nus, pendaient
nonchalamment croisés l'un sur l'autre; ils étaient,
du reste, charmants, d'une petitesse et d'une transparence qui me
firent penser à ces beaux pieds de jaspe qui sortent si
blancs et si purs de la jupe de marbre noir de l'Isis antique du
Musée (6).
Les autres fantômes lui frappaient sur
l'épaule en passant, et lui disaient :
« Nous allons dans les
étoiles, viens donc avec nous ».
L'ombre au pied d'albâtre leur
répondait :
« Non ! je ne veux pas aller
dans les étoiles; je voudrais vivre six mois
encore ».
Toute la file passa, et l'ombre resta seule,
balançant ses jolis petits pieds, et frappant le mur de son
talon nuancé d'une teinte rosé, pâle et tendre
comme le coeur d'une clochette sauvage; quoique sa figure fût
voilée, je la sentais jeune, adorable et charmante, et mon
âme s'élançait de son côté, les
bras tendus, les ailes ouvertes.
L'ombre comprit mon trouble par intention ou
sympathie, et dit d'une voix douce et cristalline comme un
harmonica :
« Si tu as le courage d'aller
embrasser sur la bouche celle qui fut moi, et dont le corps est
couché dans la ville noire, je vivrai six mois encore, et ma
seconde vie sera pour toi ».
Je me levai, et me fis cette
question :
À savoir, si je n'étais pas le
jouet de quelque illusion, et si tout ce qui se passait
n'était pas un rêve.
C'était une dernière lueur de la
lampe de la raison éteinte par le sommeil.
Je demandai à mes deux amis ce qu'ils
pensaient de tout cela.
L'imperturbable Karr prétendit que
l'aventure était commune, qu'il en avait eu plusieurs du
même genre, et que j'étais d'une grande
naïveté de m'étonner de si peu.
Esquiros expliqua tout au moyen du
magnétisme « Allons, c'est bien, je vais y aller;
mais je suis en pantoufles...
— Cela ne fait rien, dit Esquiros, je
pressens une voiture à la porte ».
Je sortis, et je vis, en effet, un cabriolet
à deux chevaux qui semblait attendre. Je montai dedans.
Il n'y avait pas de cocher. ù Les
chevaux se conduisaient eux-mêmes; ils étaient tout
noirs, et galopaient si furieusement que leurs croupes
s'abaissaient et se levaient comme des vagues, et que des pluies
d'étincelles pétillaient derrière eux.
Ils prirent d'abord la rue de
La-Tour-d'Auvergne, puis la rue Bellefonds, puis la rue Lafayette,
et, à partir de là, d'autres rues dont je ne sais pas
les noms.
À mesure que la voiture allait, les
objets prenaient autour de moi des formes étranges :
c'étaient des maisons rechignées, accroupies au bord
du chemin comme de vieilles filandières, des clôtures
en planches, des réverbères qui avaient l'air de
gibets à s'y méprendre; bientôt les mai-sons
disparurent tout à fait, et la voiture roulait dans la rase
campagne.
Nous filions à travers une plaine morne
et sombre; le ciel était très bas, couleur de plomb,
et une interminable procession de petits arbres fluets courait, en
sens inverse de la voiture, des deux côtés du chemin;
l'on eût dit une armée de manches à balai en
déroute.
Rien n'était sinistre comme cette
immensité grisâtre que la grêle silhouette des
arbres rayait de hachures noires : pas une étoile ne
brillait, aucune paillette de lumière n'écaillait la
profondeur blafarde de cette demi-obscurité.
Enfin, nous arrivâmes à une
ville, à moi inconnue, dont les maisons d'une architecture
singulière, vaguement entrevue dans les
ténèbres, me parurent d'une petitesse à ne
pouvoir être habitées; la voiture, quoique beaucoup
plus large que les rues qu'elle traversait, n'éprouvait
aucun retard; les maisons se rangeaient à droite et à
gauche comme des passants effrayés, et laissaient le chemin
libre.
Après plusieurs détours, je
sentis la voiture fondre sous moi, et les chevaux
s'évanouirent en vapeurs, j'étais arrivé.
Une lumière rougeâtre filtrait
à travers les interstices d'une porte de bronze qui
n'était pas fermée; je la poussai, et je me trouvai
dans une salle basse dallée de marbre blanc et noir et
voûtée en pierre; une lampe antique, posée sur
un socle de brèche violette, éclairait d'une lueur
blafarde une figure couchée, que je pris d'abord pour une
statue comme celles qui dorment les mains jointes, un
lévrier aux pieds, dans les cathédrales gothiques;
mais je reconnus bientôt que c'était une femme
réelle.
Elle était d'une pâleur exsangue,
et que je ne saurais mieux comparer qu'au ton de la cire vierge
jaunie, ses mains mates et blanches comme des hosties se croisaient
sur son coeur; ses yeux étaient fermés, et leurs cils
s'allongeaient jusqu'au milieu des joues; tout en elle était
mort : la bouche seule, fraîche comme une grenade en
fleur, étincelait d'une vie riche et pourprée, et
souriant à demi comme dans un rêve heureux.
Je me penchai vers elle, je posai ma bouche
sur la sienne, et je lui donnai le baiser qui devait la faire
revivre.
Ses lèvres humides et tièdes,
comme si le souffle venait à peine de les abandonner,
palpitèrent sous les miennes, et me rendirent mon baiser
avec une ardeur et une vivacité incroyables.
Il y a ici une lacune dans mon rêve, et
je ne sais comment je revins de la ville noire; probablement
à cheval sur un nuage ou sur une chauve-souris gigantesque.
Mais je me souviens parfaitement que je me trouvai avec Karr dans
une maison qui n'est ni la sienne ni la mienne, ni aucune de celles
que je connais.
Cependant tous les détails
intérieurs, tout l'aménagement m'étaient
extrêmement familiers; le vois nettement la cheminée
dans le goût de Louis XVI, le paravent à ramages, la
lampe à garde-vue vert et les étagères pleines
de livres aux angles de la cheminée.
J'occupais une profonde bergère
à oreillettes, et Karr, les deux talons appuyés sur
le chambranle, assis sur les épaules et presque sur la
tête, écoutait d'un air piteux et
résigné le récit de mon expédition que
je regardais moi-même un rêve.
Tout à coup un violent coup de sonnette
se tu entendre, et l'on vint m'annoncer qu'une dame désirait
me parler.
« Faites entrer la dame,
répondis-je, un peu ému et pressentant ce qui allait
arriver ».
Une femme vêtue de blanc, et les
épaules couvertes d'un mantelet noir, entra d'un pas
léger, et vint se placer dans la pénombre lumineuse
projetée par la lampe.
Par un phénomène très
singulier, je vis passer sur sa figure trois physionomies
différentes : elle ressembla un instant à
Malibran, puis à M..., puis à celle qui disait aussi
qu'elle ne voulait pas mourir, et dont le dernier mot fut :
« Donnez-moi un bouquet de violettes » (7).
Mais ces ressemblances se dissipèrent
bientôt comme une ombre sur un miroir, les traits du visage
prirent de la fixité et se condensèrent, et Je
reconnus la morte que j'avais embrassée dans la ville
noire.
Sa mise était extrêmement simple,
et elle n'avait d'autre ornement qu'un cercle d'or dans ses
cheveux, d'un brun foncé, et tombant en grappes
d'ébène le long de ses joues unies et
veloutées.
Deux petites taches rosés empourpraient
le haut de ses pommettes, et ses yeux brillaient comme des globes
d'argent brunis; elle avait, du reste, une beauté de
camée antique, et la blonde transparence de ses chairs
ajoutait encore à la ressemblance.
Elle se tenait debout devant moi, et me pria,
demande assez bizarre, de lui dire son nom.
Je lui répondis sans hésiter
qu'elle se nommait Carlotta (8), ce
qui était vrai; ensuite elle me raconta qu'elle avait
été chanteuse, et qu'elle était morte si
jeune, qu'elle ignorait les plaisirs de l'existence, et qu'avant
d'aller s'enfoncer pour toujours dans l'immobile
éternité, elle voulait jouir de la beauté du
monde, s'enivrer de toutes les voluptés et se plonger dans
l'océan des joies terrestres; qu'elle se sentait une soif
inextinguible de vie et d'amour.
Et, en disant tout cela avec une
éloquence d'expression et une poésie qu'il n'est pas
en mon pouvoir de rendre, elle nouait ses bras en écharpe
autour de mon cou, et entrelaçait ses mains fluettes dans
les boucles de mes cheveux.
Elle parlait en vers d'une beauté
merveilleuse, où n'atteindraient pas les plus grands
poètes éveillés, et quand le vers ne suffisait
plus pour rendre sa pensée, elle lui ajoutait les ailes de
la musique, et c'était des roulades, des colliers de notes
plus pures que des perles parfaites, des tenues de voix, des sons
filés bien au-dessus des limites humaines, tout ce que
l'âme et l'esprit peuvent rêver de plus tendre, de plus
adorablement coquet, de plus amoureux, de plus ardent, de plus
ineffable.
« Vivre six mois, six mois
encore » était le refrain de toutes ses
cantilènes.
Je voyais très clairement ce qu'elle
allait dire, avant que la pensée arrivât de sa
tête ou de son coeur jusque sur ses lèvres, et
j'achevais moi-même le vers ou le chant commencés;
j'avais pour elle la même transparence, et elle lisait en moi
couramment. Je ne sais pas ou se seraient
arrêtées ces extases que ne modérait plus la
présence de Karr, lorsque je sentis quelque chose de velu et
de rude qui me passait sur la figure; j'ouvris les yeux, et je vis
mon chat qui frottait sa moustache à la mienne en
manière de congratulation matinale, car l'aube tamisait
à travers les rideaux une lumière vacillante.
C'est ainsi que finit mon rêve d'opium,
qui ne me laissa d'autre trace qu'une vague mélancolie,
suite ordinaire de ces sortes d'hallucinations.
Notes
(1) Alphonse Karr (1808-1890), ami de Gautier,
connu de ses lecteurs. Le nom propre donne un caractère
autobiographique et réaliste à l'anecdote.
(2) Schutz, plus précisément
Freyschutz, est bien le nom du terre-neuve de Karr.
(3) Le Magicien (1838) est en effet le roman
d'Alphonse Esquiros (1814-1876), encore un ami de Gautier, ce qui
continue d'accentuer le caractère autobiographique et
réaliste du conte.
(4) En fait, il faut comprendre que c'est
Méphistophélès qui sort de derrière le
poêle où Faust avait envoyé son barbet :
le diable, dans un nuage, lui apparaît sous les traits d'un
jeune étudiant (première partie, scène 3,
« Cabinet d'étude »).
(5) Les éditeurs Marc Eigeldinger et Peter
Whyte s'accordent pour dire que la réplique évoque la
chanson de Michel dans la Fée au miettes de
Nodier : « Je suis la mandragore, / La fille
des beaux jours qui s'éveille à l'aurore / Et
qui chante pour toi ».
(6) Cette Isis ne se trouve plus au Louvre :
la recherche de Marc Eigeldinger auprès des responsables du
Louvre mène à la sculpture d'A.-G. Grandjaquet,
aujourd'hui à Fontainebleau.
(7) Maria Félicia Garcia, dite la Malibran
(1808-1836), inspiratrice de Musset dans ses « stances
À la Malibran » (1836);
« M... » désigne Marix, soit
Joséphine Bloch (1825-1891); tandis que celle qui ne voulait
pas mourir, et dont on rapporte le dernier mot, est
vraisemblablement Anne-Catherine Cide (-1836).
(8) Le prénom finira par évoquer
Carlotta Grisi, qui danse à Paris à partir de 1636
déjà et qui sera justement blessée d'un clou
au talon. Gautier parlera d'elle en dans la Presse en 1840
et la rencontrera l'année suivante. Cela dit, la vedette du
conte présente la déesse comme une chanteuse, non
comme une danseuse.
Variantes
(a) « Être de
feuilleton », cela peut signifier qu'il s'agit d'un jour
où il faut rédiger ou rendre un feuilleton; mais on
pourrait croire également que cela désigne la
nécessité d'aller au théâtre pour rendre
compte du spectacle. En tout cas, la notation est de forme
autobiographique, désignant l'activité du
journaliste, alors qu'on lit son conte dans un feuilleton.
Références
Théophile Gautier, « La pipe d'opium »,
Tous les contes fantastiques, Paris, Néo, 1990,
p. 76-82.
Édition originale
Théophile Gautier, « La pipe d'opium »,
la Presse, 27 septembre 1838.
—, « La pipe d'opium », la Peau de
tigre, Paris, Souverain, 1852, vol. 3, p. 213-243.
—, « La pipe d'opium », Romans et
contes, Paris, Charpentier, 1863, p. 415-427.
Édition critique
Théophile Gautier, « La pipe d'opium »,
éd. de Peter Whyte, Romans, contes et nouvelles,
éd. de Pierre Laubriet, Paris, Gallimard (coll.
« Bibliothèque de la pléiade »),
2002, 2 vol., vol. 1, p. 729-738.
Édition commentée
Théophile Gautier, « La pipe d'opium »,
Récits fantastiques, éd. Marc Eigeldinger,
Paris, Flammarion (coll. « GF »), 1981,
p. 151-162.
Situation matérielle
Le petit conte correspond pratiquement au
rêve. Il est reproduit en entier ici.
Situation narrative
Le « rêve », le
« rêve d'opium », qui joue de
l'hallucination induite par la drogue, correspond en fait à
un délire fantasmagorique, de l'ordre de la rêverie
éveillée, servant de cadre à une histoire
fantastique.
Bibliographie
Voir la bibliographie du « Rêve
d'Onuphrius ».
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