L A   B R O U I L L O N N O L O G I E

TdM


Guy Laflèche, Université de Montréal

TGdM

Laflèche Grésillon Biasi Cerquiglini Goldin BIBLIOGRAPHIES

  1. TdM
  2. Introduction
  3. Sommaire
  4. Historique

Table des matières
Introduction, sommaire et historique


1  —  T a b l e   d e s   m a t i è r e s


2  —  Introduction

   Des universitaires qui ignorent tout des études de genèse, c'est évident, fondent ce qu'ils appellent avec la plus parfaite inconscience la « génétique », la « critique génétique », la « critique génétique du manuscrit moderne », la CGMM. Cela se passe à l'École Normale supérieure et au Centre National de la recherche scientifique, à Paris, autour de 1975. Ces fonctionnaires s'appellent Louis Hay, Jean-Louis Lebrave, Michel Espagne. Au cours des années suivantes, Almuth Grésillon va prendre la tête de ce mouvement. Moins de dix ans plus tard, en 1982, on aura fondé l'Institut « Textes et Manuscrits modernes », l'ITEM. Encore un peu plus de dix ans, et Almuth Grésillon publie, en 1994, le manifeste de l'école, sous forme de « manuel » : Éléments de critique génétique : lire les manuscrits modernes (PUF, 1994).

   Tout cela est une sinistre farce. Oublions tout de l'ITEM. Ne pensons qu'aux universitaires, professeurs et chercheurs (surtout de jeunes chercheurs), qui auront été complices et victimes de cette pseudo-science. Personne ne saurait douter, évidemment, que l'étude bibliographique, la paléographie ou l'analyse des fontes, des encres et des papiers constituent d'importants domaines du savoir au service des études génétiques. Car tout le monde sait que les études de genèse des oeuvres d'art, et en particulier des oeuvres littéraires, ont aujourd'hui une histoire deux fois centenaire en domaine français. Il suffit pourtant de lire les Éléments de critique génétique (portant sur les « manuscrits modernes », c'est-à-dire des brouillons !) pour comprendre que les adeptes de la CGMM ignorent tout de ces travaux, ignorent tout de l'étude bibliographique, de la paléographie et de l'analyse scientifique des fontes, des encres et des papiers, comme du traitement des fonds d'archives, au sens le plus élémentaire du terme. Leur manuel, en tout cas, fait preuve de remarquables ignorances dans tous ces domaines.

   Je fais donc le compte rendu de ce beau manuel. Plus encore : j'en tire un sottisier qui met au jour la phraséologie insipide de l'école. Et je montre mot à mot que les comptes rendus pro domo sont de la même eau. Je fais plus. Je présente la bibliographie des travaux de la CGMM pour l'opposer à celle des études de genèse littéraires. La conclusion qui s'impose, année après année, est que la CGMM est une école, une chapelle, un tout petit et très pauvre chapitre.

   Le présent fichier est en place depuis 1997. Et je m'étais déjà amusé avant, comme on le verra, à prendre contact avec l'ITEM pour proposer à Genesis ma parodie du « Manuscrit de Phèdre ». Qu'est-ce que cela signifie, à votre avis ? — Que la CGMM, qu'on enseigne dans nos universités, est une sinistre farce, je le répète. Et si la Farce vous intéresse (et celle-ci est digne des sujets de Molière), ce qui n'est pas pour me déplaire puisque c'est moi qui tient le bâton, vous avez devant vous tout un fichier ou un gros livre pour rigoler, certes, mais également pour vous interroger et peut-être, avec moi, contribuer dorénavant à dénoncer cette pseudo-science sans aucun avenir.

   La bouffonnerie des théoriciens de l'école a bien assez duré.

   Après trente ans de carrière dans un silence critique total, les fonctionnaires et adeptes de la CGMM doivent maintenant répondre de leurs prétentions. Depuis 1997, depuis vingt ans, le présent « brouillon » les acable, tout simplement parce que mes questions sont aussi pertinentes que mes critiques inéluctables. Si tel n'est pas le cas, je suis bien prêt à corriger, soustraire ou réécrire tout ce qu'on trouvera d'inexact dans ce fichier, tout ce qui est faux, voire simplement injuste. Cela dit, je ne suis pas naïf : les tenants et adeptes de la CGMM ont quelques sottisiers à colliger ! Sans compter que depuis dix ans, ils doivent avoir de bonnes raisons d'ignorer mon travail... Nous ne voudrions pas être à leur place, n'est-ce pas ? — dans leurs petits souliers.

   Mais il n'y a pas que la rigolade dans la vie. Il faut également être positif : en rejetant et en dénonçant une pseudo-science, la CGMM, non seulement nous devons faire la promotion de la critique génétique (étude de genèse, celle des projets, des avant-textes, des brouillons et des manuscrits et éditions des oeuvres littéraires), qui est l'une des sciences fondamentales des études littéraires, mais on peut également contribuer à la naissance d'une science nouvelle, la brouillonnologie. C'est aussi amusant qu'excitant.


3  —  Sommaire

    Les spécialistes : en êtes-vous ? Si tel est le cas, vous pourrez radiographier rapidement ces documents pour en tirer les conclusions qui s'imposent : l'analyse critique de la CGMM qui sévit depuis près de trente ans et la mise en place de la brouillonnologie, la science des brouillons et des avant-textes.

    L'argument critique essentiel de notre travail est le suivant : il n'y a aucune homologie nécessaire entre l'oeuvre et ses brouillons. En plus, la plupart des manuscrits et la très grande majorité des brouillons ne nous renseignent nullement sur la genèse des textes et fort peu sur les mécanismes et les micro-techniques de la rédaction; or, la connaissance des techniques de rédaction n'a par ailleurs aucun impact sur l'analyse des textes ou des oeuvres littéraires d'abord parce qu'il s'agit de pratiques individuelles et ensuite parce leur sens et leur intérêt se trouvent dans leur objet, le brouillon.

    Bref, tout ce que peuvent m'apprendre les brouillons de Madame Bovary appartient à ces brouillons (ce sont les habitudes de rédaction de l'auteur) et nullement au roman que Flaubert a publié. Cela est vrai du moins chaque fois que la production n'est pas impliquée par l'oeuvre elle-même !

    Soyons clair et ironique : s'il s'avérait que Flaubert n'aurait jamais pu produire son roman sans perdre son temps à fignoler des brouillons, alors et alors seulement ces brouillons pourraient nous servir à étudier son oeuvre, et dans ce cas, bien entendu, ses brouillons seraient inclus dans l'oeuvre. Ce n'est évidemment pas le cas, contrairement aux textes automatistes, ceux de l'Oulipo ou celui, par exemple, de William Burroughs, Naked Lunch, sans qu'il soit nécessaire d'avoir aucun « brouillon » de ces oeuvres pour le savoir. Autrement, l'étude de la production d'une oeuvre n'a absolument aucun impact sur son analyse et rien à voir en particulier avec sa valeur littéraire.

    Cela dit, rien n'empêche que l'on s'intéresse aux brouillons, bien au contraire. Encore faut-il commencer par admettre qu'il s'agit des déchets des oeuvres réalisées ou au contraire des embryons et foetus des oeuvres avortées. Alors avis aux sublimes amateurs de « manuscrits modernes » : l'objet de la brouillonnologie, ce sont les bavures de l'écriture.

    On trouve dans le présent dossier :

Le manuscrit de Phèdre

    Il s'agit sous forme parodique d'une caricature de la CGMM, la phraséologie qui sévit depuis plus de trente ans chez les théoriciens de l'ITEM.

Le compte rendu critique du manuel de CGMM d'Almuth Grésillon

    Paru en 1994 aux Presses Universitaires de France sous le titre Éléments de critique génétique : lire les manuscrits moderne, par Almuth Grésillon, le manuel des adeptes de la CGMM est à mourir de rire. Il valait bien qu'on invente un nouveau concept pour rendre compte d'autant de sottises. C'est l'humour blanc. Le sottisier en propose des exemples vraiment hilarants.

    Si l'on me trouvait cruel d'éreinter ce manuel et d'épingler les spécialistes de la CGMM, en prétendant qu'il s'agissait là d'insignifiances qui ne valaient pas qu'on s'en préoccupe, alors on n'oubliera pas que l'imposture s'enseigne très sérieusement dans nos universités, où l'on en fait des mémoires et des thèses, alors qu'on n'en connaît jamais d'autres critiques que celle du suave Michel Espagne.

    Il me semble qu'il était grand temps de porter un coup décisif dont l'école ne se relèverait pas. J'ai fait mon possible, en toute honnêteté ! Et remarquez bien que j'attends toujours la réplique...

Le compte rendu critique du traité de CGMM de Pierre-Marc de Biasi

    Après le manuel, voici le compte rendu du traité de CGMM et une belle occasion de river le clou des théoriciens de l'école, dont Pierre-Marc de Biasi, du CNRS, s'est fait le porte-parole. La Génétique des textes est un petit livre scolaire paru chez Nathan en 2000 (collection « Nathan Université »). Alors que je croyais m'ennuyer, je me suis au contraire beaucoup amusé. Si le manuel de l'école manque singulièrement de logique, c'est le contraire qui se produit avec leur traité, une surenchère de la logique, comme on la trouve chez les enfants de quatre ans : c'est même la forme particulière que prend ici l'humour blanc propre aux adeptes de la secte et à leurs théoriciens — la logique de plastique.

Critique de l'Éloge de la variante

    Pour donner toutes les chances à la CGMM, il restait à l'envisager à partir d'un point de vue qui lui serait éminemment favorable. C'est ce que j'ai fait en étudiant le meilleur ouvrage théorique ayant largement contribué à justifier ces concepts, le populaire petit essai de Bernard Cerquiglini intitulé Éloge de la variante.

    C'est encore un massacre. Un massacre de la CGMM en tout cas. En effet, si l'analyse montre que l'essai de Cerquiglini est novateur, elle montre aussi que sa rhétorique issue de la CGMM tient du sophisme brillant propre à le discréditer.

Etude génétique et brouillonnologie : Jeanne Goldin et les brouillons de Madame Bovary

    Conclusion. Présenter le travail scientifique de Jeanne Goldin dans l'ensemble des travaux sur les brouillons de Madame Bovary est certainement la meilleure façon de conclure sur une image concrète de la brouillonnologie. On s'amuse encore, certes, mais foin de la CGMM, sauf à la présenter pour ce qu'elle est, une pseudo-science, en regard de l'étude scientifique des brouillons. La

b-r-o-u-i-l-l-o-n-n-o-l-o-g-i-e.

   

Bibliographies

    Suivent les bibliographies :

(1) L'étude de la genèse et la critique génétique

    Chrono-bibliographie des présentations et des études théoriques de la genèse des oeuvres littéraires.

(2) Jalons des études de genèse

    Chrono-bibliographie des travaux les plus représentatifs des études de genèse. En réalité, si j'espère avoir regroupé ici les exemples les plus significatifs, il est clair que ces travaux sont innombrables, à tel point que peu d'oeuvres littéraires y échappent, comme on le voit des études classiques gréco-latines ou bibliques jusqu'aux travaux en cours sur les oeuvres de Joyce, Beckett, Céline ou Simon. Non seulement il n'y a aucune raison de limiter ce dépouillement aux auteurs modernes dont on possède des « avant- textes », mais ce serait là une absurdité : les matériaux des études de genèses sont depuis toujours multiformes et par définition aléatoires. Ceux-ci, les papiers, brouillons et manuscrits de quelques auteurs dits « modernes » ne sauraient constituer un champ de recherche particulier et encore moins définir une méthode d'analyse autre que celle que nous connaissons depuis fort longtemps. Ce sont les études génétiques.

(3) Critique de la CGMM

    Présentation des quelques rares voix critiques dans le « silence critique » dont on a entouré la CGMM de l'ITEM du CNRS de Paris, un phénomène exceptionnel vraiment passionnant. Il tient largement à l'institutionalisation de l'école.

(4) La CGMM

    Chrono-bibliographie des ouvrages et recueils de la CGMM. Ces « travaux », lorsqu'ils échappent aux travaux pratiques de la brouillonnologie (qui consistent généralement à éditer des brouillons et des manuscrits), sont des recueils où les adeptes de l'école se publient entre eux. Pour le contenu, si je puis dire, la CGMM n'est qu'une science du brouillon qui ne se connaît ni ne se reconnaît elle-même. C'est au fil des exposés théoriques qu'on voit se développer la pseudo-science et comme telle une sinistre imposture intellectuelle.

(5) Les éditions et les brouillons

    Quelques éléments d'une bibliographie des travaux pratiques de la brouillonnologie proprement dite, soit les études et les éditions des brouillons.


4  —  Historique

    Le présent dossier a été mis en orbite le 20 septembre 1997.

    Le compte rendu critique du manuel d'Almuth Grésillon, avec le beau sottisier qu'il se mérite, est publié le 12 octobre 1998.

    L'analyse de l'essai de Bernard Cerquiglini s'ajoute au dossier le 8 juin 1999.

    Le premier état de la bibliographie des études de genèse est du 10 mai 2000. Il avait été préparé au cours de l'été 1997 avec la collaboration de Noële Racine et Laurence Viry. Quatrième mise à jour : 20 novembre 2005.

    Le compte rendu critique de la Génétique du texte de Pierre-Marc de Biasi est publié le 15 janvier 2006.

    15 décembre 2017. Depuis quinze ans, je me suis contenté de répondre aux nombreux lecteurs de cet ouvrage électronique qui ont pris contact avec moi au sujet de la brouillonnologie. J'ai précisé souvent que ce n'est pas moi qui serais jamais brouillonnologue : j'ai inventé le nom de la science qui était déjà le fait de nombreuses éditions de brouillons, présentés comme tels. On voit cela en bibliographie (Jacques Scherer, 1947, Jean-Pierre Richard, 1961, par exemples, alors que la CGMM n'était pas encore de ce monde). C'était bien suffisant. Je me proposais seulement de présenter le travail de Jeanne Goldin, précisément parce qu'il s'agit d'une remarquable étude des brouillons de Madame Bovary, comme celles qui ont précédées, qui échappait complètement à la phraséologie de l'École, qui pourtant sévissait au même moment. Et voici que je présente maintenant le nouveau chapitre promis, avec même une petite étude de brouillonnologie. Le présent ouvrage électronique est maintenant complété, si je puis dire, avec cinq noms propres : Laflèche (la parodie), Grésillon et Biasi (les deux théoriciens vedettes de la pseudo-science), Cerquiglini (un propagandiste de bonne volonté qui n'en peut mais) et Goldin (enfin ! une brouillonnologue). Avec, pour finir, une chorégraphie des chaises de Gustave-Eugène Ionesco Flaubert !

   Il faut savoir finir en beauté. Je crois vraiment que c'est fait. La CGMM ne s'en relèvera jamais, même si ce sera encore long avant de la voir déclarer forfait et passer à la brouillonnologie, bien entendu, mais le plus comique sera maintenant de voir patiner les adeptes de la pseudo-science.

      Les fichiers de ce répertoire ont été revus et corrigés en mars 2018. Il ne s'agit pas d'une correction d'épreuves, bien entendu, mais d'une lecture cursive propre à rendre le répertoire fonctionnel. Je n'ai évidemment pas complété les bibliographies rétrospectives, qui, telles quelles, remplissent amplement leur rôle, montrer que la critique génétique est au moins centenaire en domaine littéraire, tandis que la CGMM est une Immaculée Conception de l'ordre de la mégalomanie. En revanche, j'ai présenté les ouvrages que je n'avais pas encore eus en main au moment de leur inscription. C'est le cas, par exemple, du petit livre de Jean Pommier. La seule bibliographie qui restera toujours ouverte est celle de la critique de la CGMM. Elle vient justement d'être complétée (Brouillons d'écrivains, 2001).

    À suivre ? Pour s'amuser encore, pourquoi pas.

< guy.lafleche@umontreal.ca >


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