Des universitaires qui ignorent tout des
études de
genèse, c'est
évident, fondent ce qu'ils appellent avec la plus
parfaite
inconscience
la « génétique », la
« critique
génétique », la « critique
génétique du manuscrit moderne », la
CGMM. Cela
se passe
à l'École Normale supérieure et au Centre
National de la
recherche scientifique, à Paris, autour de 1975. Ces
fonctionnaires
s'appellent Louis Hay, Jean-Louis Lebrave, Michel Espagne. Au
cours des
années suivantes, Almuth Grésillon va prendre la
tête de
ce mouvement. Moins de dix ans plus tard, en 1982, on aura
fondé
l'Institut « Textes et Manuscrits modernes »,
l'ITEM.
Encore un peu plus de dix ans, et Almuth Grésillon publie,
en 1994, le
manifeste de l'école, sous forme de
« manuel » : Éléments de
critique
génétique : lire les manuscrits modernes
(PUF,
1994).
Tout cela est une sinistre farce. Oublions tout de
l'ITEM. Ne
pensons qu'aux
universitaires, professeurs et chercheurs (surtout de jeunes
chercheurs), qui
auront été complices et victimes de cette
pseudo-science.
Personne ne saurait douter, évidemment, que l'étude
bibliographique, la paléographie ou l'analyse des fontes,
des encres
et des papiers constituent d'importants domaines du savoir au
service des
études génétiques. Car tout le monde sait que
les
études de genèse des oeuvres d'art, et en particulier
des
oeuvres littéraires, ont aujourd'hui une histoire deux fois
centenaire
en domaine français. Il suffit pourtant de lire les
Éléments de critique génétique
(portant sur
les « manuscrits modernes »,
c'est-à-dire des
brouillons !) pour comprendre que les adeptes de la CGMM
ignorent tout de ces travaux,
ignorent
tout de l'étude bibliographique, de la paléographie
et de
l'analyse scientifique des fontes, des encres et des papiers, comme
du
traitement des fonds d'archives, au sens le plus
élémentaire du
terme. Leur manuel, en tout cas, fait preuve de remarquables
ignorances dans
tous ces domaines.
Je fais donc le compte rendu de ce beau manuel. Plus
encore : j'en
tire un
sottisier qui met au jour la phraséologie insipide de
l'école.
Et je montre mot à mot que les comptes rendus pro
domo sont
de la
même eau. Je fais plus. Je présente la bibliographie
des
travaux de la CGMM pour l'opposer à celle des études
de genèse littéraires. La conclusion qui
s'impose,
année après année, est que la CGMM est une
école, une
chapelle, un tout
petit et très pauvre chapitre.
Le présent fichier est en place depuis 1997.
Et je
m'étais
déjà amusé avant, comme on le verra, à
prendre
contact avec l'ITEM pour proposer à Genesis ma
parodie du
« Manuscrit de Phèdre ».
Qu'est-ce que cela
signifie, à votre avis ? — Que la CGMM, qu'on
enseigne dans nos
universités, est une sinistre farce, je le
répète. Et
si la Farce vous intéresse (et celle-ci est digne des sujets
de
Molière), ce qui n'est pas pour me déplaire puisque
c'est moi
qui tient le bâton, vous avez devant vous tout un fichier ou
un gros
livre pour rigoler, certes, mais également pour vous
interroger et
peut-être, avec moi, contribuer dorénavant à
dénoncer cette pseudo-science sans aucun avenir.
La bouffonnerie des théoriciens de
l'école a bien
assez
duré.
Après trente ans de carrière dans un
silence critique
total, les
fonctionnaires et adeptes de la CGMM doivent maintenant
répondre de
leurs prétentions. Depuis 1997, depuis vingt ans, le
présent
« brouillon » les acable, tout simplement parce
que mes
questions sont aussi pertinentes que mes critiques
inéluctables. Si
tel n'est pas le cas, je suis bien prêt à corriger,
soustraire
ou réécrire tout ce qu'on trouvera d'inexact dans ce
fichier,
tout ce qui est faux, voire simplement injuste. Cela dit, je ne
suis pas
naïf : les tenants et adeptes de la CGMM ont quelques
sottisiers
à colliger ! Sans compter que depuis dix ans, ils
doivent avoir
de bonnes raisons d'ignorer mon travail... Nous ne voudrions pas
être
à leur place, n'est-ce pas ? — dans leurs petits
souliers.
Mais il n'y a pas que la rigolade dans la vie. Il
faut
également
être positif : en rejetant et en
dénonçant une
pseudo-science, la CGMM, non seulement nous devons faire la
promotion de la
critique génétique (étude de genèse,
celle des projets, des avant-textes, des brouillons et des
manuscrits et éditions des oeuvres littéraires), qui
est l'une des sciences
fondamentales des
études littéraires, mais on peut également
contribuer
à la naissance d'une science nouvelle, la brouillonnologie.
C'est
aussi amusant qu'excitant.
Les spécialistes : en
êtes-vous ? Si
tel est
le cas, vous pourrez radiographier rapidement ces documents pour en
tirer les
conclusions qui s'imposent : l'analyse critique de la CGMM
qui
sévit
depuis près de trente ans et la mise en place de la
brouillonnologie,
la
science des brouillons et des avant-textes.
L'argument critique essentiel de notre travail est le
suivant : il n'y a aucune homologie nécessaire entre
l'oeuvre et
ses
brouillons. En plus, la plupart des manuscrits et la très
grande
majorité des
brouillons ne nous renseignent nullement sur la genèse des
textes et
fort
peu sur les mécanismes et les micro-techniques de la
rédaction;
or,
la connaissance des
techniques de rédaction n'a par ailleurs aucun
impact sur
l'analyse des textes ou des oeuvres littéraires d'abord
parce qu'il
s'agit
de pratiques individuelles et ensuite parce leur sens et leur
intérêt
se
trouvent dans leur objet, le brouillon.
Bref, tout ce que peuvent m'apprendre les brouillons
de
Madame Bovary appartient à ces brouillons (ce sont
les habitudes de rédaction de l'auteur) et nullement
au
roman que Flaubert a publié. Cela est vrai du moins chaque
fois
que la production n'est pas impliquée par l'oeuvre
elle-même !
Soyons clair et ironique : s'il s'avérait
que Flaubert n'aurait jamais
pu
produire son roman sans perdre son temps à fignoler des
brouillons,
alors et alors seulement ces brouillons pourraient nous servir
à
étudier son oeuvre, et dans ce cas, bien entendu, ses
brouillons seraient
inclus
dans l'oeuvre. Ce n'est évidemment pas le cas,
contrairement aux textes automatistes, ceux de l'Oulipo ou celui,
par
exemple, de William Burroughs, Naked Lunch, sans qu'il soit
nécessaire d'avoir aucun « brouillon »
de ces oeuvres
pour le
savoir.
Autrement, l'étude de la production d'une oeuvre n'a
absolument aucun impact sur son analyse et rien à voir en
particulier avec sa valeur littéraire.
Cela dit, rien n'empêche que l'on
s'intéresse aux
brouillons, bien au contraire. Encore faut-il commencer par
admettre
qu'il s'agit des déchets des oeuvres réalisées
ou au
contraire
des
embryons et foetus des oeuvres avortées. Alors avis aux
sublimes
amateurs
de « manuscrits modernes » : l'objet de
la
brouillonnologie, ce sont les
bavures de l'écriture.
On trouve dans le présent dossier :
Le manuscrit de
Phèdre
Il s'agit sous forme parodique
d'une caricature de la CGMM, la phraséologie qui
sévit depuis
plus de trente ans chez les théoriciens de l'ITEM.
Le compte rendu critique du manuel de
CGMM d'Almuth Grésillon
Paru en 1994 aux Presses Universitaires de France
sous le titre
Éléments de critique
génétique : lire
les manuscrits moderne, par Almuth Grésillon, le manuel
des
adeptes de la CGMM est à mourir de rire. Il
valait bien qu'on invente un nouveau concept pour rendre compte
d'autant
de sottises. C'est l'humour blanc. Le sottisier en propose des
exemples
vraiment hilarants.
Si l'on me trouvait cruel d'éreinter ce manuel
et
d'épingler
les spécialistes de la CGMM, en prétendant qu'il
s'agissait
là d'insignifiances qui ne valaient pas qu'on s'en
préoccupe, alors on n'oubliera pas que l'imposture
s'enseigne
très sérieusement dans nos universités,
où l'on
en
fait des mémoires et des thèses, alors qu'on n'en
connaît
jamais d'autres
critiques que celle du suave Michel Espagne.
Il me semble qu'il était grand temps de porter
un coup
décisif
dont
l'école ne se relèverait pas. J'ai fait mon possible,
en toute
honnêteté ! Et remarquez bien que j'attends
toujours la
réplique...
Le compte rendu critique du traité de
CGMM de Pierre-Marc de Biasi
Après le manuel, voici le compte rendu du
traité de
CGMM et une belle occasion de river le clou des théoriciens
de l'école, dont Pierre-Marc de Biasi, du CNRS, s'est fait
le porte-parole. La Génétique des textes est
un petit livre scolaire paru chez Nathan en 2000 (collection
« Nathan Université »). Alors que je
croyais m'ennuyer, je me suis au contraire beaucoup amusé.
Si le manuel de l'école manque singulièrement de
logique, c'est le contraire qui se produit avec leur traité,
une surenchère de la logique, comme on la trouve chez les
enfants de quatre ans : c'est même la forme
particulière que prend ici l'humour blanc propre aux adeptes
de la secte et à leurs théoriciens — la logique
de
plastique.
Critique de l'Éloge de la
variante
Pour donner toutes les chances à la
CGMM, il restait à
l'envisager à partir d'un point de vue qui lui serait
éminemment favorable. C'est ce que j'ai fait en
étudiant le
meilleur ouvrage théorique ayant largement contribué
à justifier ces concepts, le
populaire petit essai de Bernard Cerquiglini
intitulé Éloge de la variante.
C'est encore un massacre. Un massacre de la CGMM en
tout cas. En effet, si l'analyse montre que l'essai de Cerquiglini
est
novateur, elle montre aussi que sa rhétorique issue de la
CGMM tient du sophisme
brillant propre à le discréditer.
Etude génétique et
brouillonnologie : Jeanne Goldin et les brouillons de
Madame
Bovary
Conclusion. Présenter le travail scientifique
de Jeanne Goldin dans l'ensemble des travaux sur les brouillons de
Madame
Bovary est certainement la meilleure façon de conclure
sur une image concrète de la brouillonnologie. On s'amuse
encore, certes, mais foin de la CGMM, sauf à la
présenter pour ce qu'elle est, une pseudo-science, en regard
de l'étude scientifique des brouillons. La
b-r-o-u-i-l-l-o-n-n-o-l-o-g-i-e.
Suivent les bibliographies :
(1) L'étude de la
genèse et la critique génétique
Chrono-bibliographie des présentations et des
études théoriques de la
genèse des oeuvres littéraires.
(2) Jalons des études de
genèse
Chrono-bibliographie des travaux les plus
représentatifs des études de genèse. En
réalité, si j'espère avoir regroupé ici
les exemples les plus significatifs, il est clair que ces travaux
sont innombrables, à tel point que peu d'oeuvres
littéraires y échappent, comme on le voit des
études classiques
gréco-latines ou bibliques jusqu'aux travaux en cours sur
les oeuvres de Joyce, Beckett, Céline ou Simon. Non
seulement il n'y a aucune raison de limiter ce dépouillement
aux auteurs modernes dont on possède des « avant-
textes », mais ce serait là une
absurdité : les
matériaux des études de genèses sont depuis
toujours multiformes et par définition
aléatoires. Ceux-ci, les papiers, brouillons et manuscrits
de quelques auteurs dits « modernes » ne
sauraient constituer un champ de recherche particulier et encore
moins définir une méthode d'analyse autre que celle
que nous connaissons depuis fort longtemps. Ce sont les
études génétiques.
(3) Critique de la
CGMM
Présentation des quelques rares voix critiques
dans le « silence critique » dont on a
entouré la CGMM de l'ITEM du CNRS de Paris, un
phénomène
exceptionnel vraiment passionnant. Il tient largement à
l'institutionalisation de l'école.
(4) La
CGMM
Chrono-bibliographie des ouvrages et recueils de la
CGMM. Ces
« travaux », lorsqu'ils échappent
aux travaux pratiques de la brouillonnologie (qui consistent
généralement
à éditer des brouillons et des
manuscrits), sont des recueils
où les adeptes de l'école se publient entre eux.
Pour le contenu, si je puis dire, la CGMM
n'est
qu'une science du brouillon qui ne se connaît ni ne se
reconnaît elle-même. C'est au fil des
exposés théoriques qu'on voit se développer la
pseudo-science et comme telle une sinistre imposture
intellectuelle.
(5) Les éditions et les
brouillons
Quelques éléments d'une bibliographie
des travaux
pratiques
de la brouillonnologie proprement dite, soit les études et
les
éditions
des brouillons.
Le présent dossier a été mis en
orbite
le 20 septembre 1997.
Le compte rendu critique du manuel
d'Almuth Grésillon, avec le beau sottisier qu'il se
mérite,
est publié le 12 octobre 1998.
L'analyse de l'essai de Bernard Cerquiglini s'ajoute
au
dossier le 8 juin 1999.
Le premier état de la bibliographie des
études de
genèse est du 10 mai 2000. Il avait été
préparé au cours de l'été 1997 avec la
collaboration de Noële Racine et Laurence Viry.
Quatrième mise à
jour :
20 novembre 2005.
Le compte rendu critique de la
Génétique du texte de Pierre-Marc de Biasi est
publié le 15 janvier 2006.
15 décembre 2017. Depuis quinze ans, je me
suis contenté de
répondre aux nombreux lecteurs de cet ouvrage
électronique qui ont pris contact avec moi au sujet de la
brouillonnologie. J'ai précisé souvent que ce n'est
pas moi qui serais jamais brouillonnologue : j'ai
inventé le nom de la science qui était
déjà le fait de nombreuses éditions de
brouillons, présentés comme tels. On voit cela en
bibliographie (Jacques Scherer, 1947, Jean-Pierre Richard, 1961,
par exemples, alors que la CGMM n'était pas encore de ce
monde). C'était
bien suffisant. Je me proposais seulement de présenter le
travail de Jeanne Goldin, précisément parce qu'il
s'agit d'une remarquable étude des brouillons de Madame
Bovary, comme celles qui ont précédées,
qui échappait complètement à la
phraséologie de l'École, qui pourtant
sévissait au même moment. Et voici que je
présente maintenant le nouveau chapitre promis, avec
même une petite étude de brouillonnologie. Le
présent ouvrage électronique est maintenant
complété, si je puis dire, avec cinq noms
propres :
Laflèche (la parodie), Grésillon et Biasi (les deux
théoriciens vedettes de la pseudo-science), Cerquiglini (un
propagandiste de bonne volonté qui n'en peut mais) et Goldin
(enfin ! une brouillonnologue). Avec, pour finir, une
chorégraphie des chaises de Gustave-Eugène Ionesco
Flaubert !
Il faut savoir finir en beauté. Je crois
vraiment que c'est fait. La CGMM ne s'en relèvera jamais,
même si ce sera encore long avant de la voir déclarer
forfait et passer à la brouillonnologie,
bien entendu, mais le plus comique sera maintenant de voir patiner
les adeptes de la pseudo-science.
Les fichiers de ce répertoire ont
été revus et corrigés en mars 2018. Il ne
s'agit pas d'une correction d'épreuves, bien entendu, mais
d'une lecture cursive propre à rendre le répertoire
fonctionnel. Je n'ai évidemment pas complété
les bibliographies rétrospectives, qui, telles quelles,
remplissent amplement leur rôle, montrer que la critique
génétique est au moins centenaire en domaine
littéraire, tandis que la CGMM est une Immaculée
Conception de l'ordre de la mégalomanie. En revanche, j'ai
présenté les ouvrages que je n'avais pas encore eus
en main au moment de leur inscription. C'est le cas, par exemple,
du petit livre de Jean Pommier. La
seule bibliographie qui restera toujours ouverte est celle de la critique de la CGMM. Elle vient justement
d'être complétée (Brouillons
d'écrivains, 2001).
À suivre ? Pour s'amuser encore, pourquoi
pas.
< guy.lafleche@umontreal.ca >
|