/La réplique
El bozo
TdM Encore un autre chapitre du feuilleton universitaire TGdM

La réplique
 

Réplique au compte rendu (2017)
de Thierry Trouscaillon Davo
de l'Université de Reims

      Mon prochain livre est sous presse. Il s'agit d'une étude littéraire de l'oeuvre de Lahontan. Je dois ensuite en achever et en corriger un autre, sur l'invention d'esclaves aux Amérindiens de la Nouvelle-France qui n'en ont jamais faits, ni jamais eus. C'est un petit travail urgent, car je ne peux laisser diffamer une civilisation remarquable sur ce point, alors que je suis spécialiste en ce domaine et que j'ai déjà étudié la question. Voilà pourquoi je suis bien éloigné, depuis quelques années et pour quelque temps encore, de mon travail d'édition passionnant de l'oeuvre complète d'Isidore Ducasse, intitulée el Bozo, la moustache de Lautréamont. Mais entre la publication de mes deux nouveaux livres, j'y reviens « momentanément », pour évaluer « quelle chose » est la plus difficile à comprendre au sujet d'« autrui ». Il s'agit de moucher l'auteur d'un prétendu compte rendu critique d'el Bozo qu'on m'a signalé il y a quelques mois, un compte rendu qui se situe au coeur d'un torchon insipide se présentant comme une analyse des travaux sur l'hispanisme dans les Chants de Maldoror. J'en profiterai pour répondre ensuite à une section du dernier livre de Jacques-André Duprey sur la biographie d'Isidore Ducasse. La section sur l'hispanisme dans les oeuvres de Ducasse où mon travail sur el Bozo me paraît mal évalué, ce qui me désole, parce que j'ai beaucoup d'admiration pour ce spécialiste des rapports entre les Français et Montevideo et l'Uruguay. Mais cela n'a rien à voir avec la catastrophe qui va m'occuper d'abord, soit la saloperie, l'exposé imbécile, le torchon et le gribouffonnage, et plus stupide encore (comme on le lira au fin mot de cette réplique), de Thierry Trouscaillon Davo, professeur de l'Université de Reims.

      Cela s'intitule « L'idiolecte lectoral : lectures bilingues des Chants de Maldoror », par Thierry Davo. Et cela est publié dans un recueil des Éditions et des Presses universitaires de Reims, la Langue du lecteur, sous la direction de Christine Chollier, Marie-Madeleine Gladieu, Jean-Michel Pottier et Alain Trouvé (2017, 256 p., p. 101-114). On trouve le recueil et donc l'article sur l'internet à < books.openedition.org/epure/1881 > (1881 ou 1830). Je le renomme donc Thierry Trouscaillon Davo. Un ou deux lecteurs ne connaissent pas Trouscaillon ou ne le remettent pas ? Papossib ! C'est le grand rôle du petit flic dans Zazi, dans le métro, de Queneau. Pour finir, Marceline, oh !, celui-là ! m'inspirera tout doucement le dernier mot de ma réplique, le seul qui convienne. Mais faut pas sauter les étapes et passer de l'église de Saint-Vincent-de-Paul au Panthéon et de la Sainte-Chapelle jusqu'Aux Nyctalopes, car il y aura massacre, tranquillement, du début à la fin. Ce sera terrible et je pense, malheureusement, que le professeur T. Davo aura de la difficulté à s'en remettre et j'en serais désolé si tout n'était de sa faute. Il n'a jamais rien écrit sur l'hispanisme où que ce soit et surtout pas sur l'hispanisme dans les Chants de Maldoror; pour lui, Isidore Ducasse (qu'il nomme toujours « Lautréamont », comme dans l'ancien temps) est encore celui des surréalistes. Alors, de quoi je me mêle avec un pamphlet contre el Bozo ? Il sera donc massacré. Tant pis. Comme le dit Zazi à la veuve Mouaque, il n'avait qu'à s'occuper de ses fesses.

      Mais si j'explique d'abord le fait que je ne pouvais laisser déprécier les collaborateurs d'el Bozo, je trouve mon compte à répliquer au torchon que j'aurais bien aimé laisser sans réplique, car c'est une occasion d'exposer la nature, les objectifs, les caractéristiques et même les qualités de mon travail, alors que l'édition critique des Chants de Maldoror est maintenant achevée, avant de reprendre la suite de l'édition, avec celle des Poésies. Après tout, si les analyses critiques d'el Bozo sont bienvenues et pourront, j'espère, être aussi utiles qu'appréciées, il faut empêcher que d'incompétents imbéciles puissent dénigrer le travail injustement.

      Je commence tout de suite : notre Trouscaillon est un salaud. En effet, à la première lecture de son torchon, j'avais décidé que je n'y répliquerais pas. Je ne vais pas m'abaisser à ramasser des crottes du chien policier d'un flicard sur le trottoir des publications de l'Université de Reims. Mon cul ! Mais en gambergeaillant, au cours de ma correction d'épreuves, je me suis rappelé un passage assez dur à respirer qui disait, je cite, « bien qu'entouré d'hispanophones — argument qu'il utilise pour se prévenir [sic] contre les critiques — », etc. Oui, il faut tout un salaud pour lancer une accusation pareille, gratuite, sans l'ombre d'une justification, les collaborateurs en question n'étant même pas identifiés, alors qu'ils le sont, nommément, en tête d'el Bozo. Et un salaud de la pire espèce, puisqu'il publie et est publié sous la caution d'une revue universitaire et dans un numéro cautionné par quatre professeurs de l'Université de Reims, comme on vient de le lire.

      Mes trois premiers collaborateurs, aujourd'hui décédés, ont été d'abord mon collègue d'études hispaniques de l'Université de Montréal, Felix Carrasco, et ensuite les deux traducteurs des oeuvres de Ducasse, qui ont les premiers pris contact avec moi et se sont offerts à collaborer à l'analyse des hispanismes dans les Chants, Manuel Serrat Crespo et Ángel Pariente. La première à s'impliquer dans ce travail, m'obtenant copie de la traduction de Gabriel Saad que je connaîtrais plus tard, a été une Uruguayenne installée depuis plusieurs années à Montréal, Norma Davies. Mon collègue Felix Carrasco a revu mot à mot la toute première version de l'index des hispanismes. Je lui dois des corrections, des précisions et d'importantes reformulations, dont je rends compte dans l'édition du Chant premier, puisque c'était au tout début de mon travail, alors que mon analyse était encore peu assurée. D'ailleurs, il a été le tout premier à m'encourager et, surtout, à me rassurer : étudier les hispanismes des Chants en confrontant leurs traductions en espagnol, était de bonne méthode.

      J'ai moins échangé avec les traducteurs Gabriel Saad et Ana Alonso, mais ils m'ont été très précieux sur des questions précises. Ces traducteurs d'Isidore Ducasse sont des artistes, des écrivains et des poètes, qui ont mis la pratique de leur langue maternelle, leur talent et leur temps au service d'un petit travail qui ne serait pas ce qu'il est devenu sans eux. C'est à Manuel Serrat Crespo qu'est dédié le travail d'édition sur el Bozo, car périodiquement mais souvent, au moment où je me consacrais à temps plein à ce travail, nous pouvions échanger quotidiennement durant plusieurs semaines. Qu'un salaud vienne déclarer que mes collaborateurs n'ont servi qu'à me prémunir contre les critiques, on comprendra que c'est inacceptable et que l'affreux Thierry Trouscaillon Davo, ce salaud, doit être mouché.

      Je dois donc présenter cet article à la noix de coco d'une belle noix ! Il se divise en trois parties. D'abord une longue mise en place insipide où il est vaguement question du bilinguisme d'Isidore Ducasse, ensuite un dénigrement systématique d'el Bozo et, finalement, une enfilade d'anecdotes sans aucun autre intérêt que de cacher que notre Trouscaillon n'a rien à dire, n'ayant jamais mené aucune analyse sur les Chants de Maldoror et ses hispanismes, infligeant ses affligeantes intuitions sur... trois hispanismes qu'il n'étudie d'aucune manière.

      Disons d'abord que l'auteur ne peut justifier une étude sur une question « de néant », qui ne se pose pas, parce qu'elle n'a pas de sens. C'est « la langue du lecteur ». Je ne dirai rien du recueil d'articles en question, m'étant bien gardé d'en lire aucun autre. Dans le cas qui nous occupe, la langue des Chants de Maldoror est le français, qu'elle soit mâtinée d'hispanismes (sans compter le caractère approximatif de ce français), cela n'y change rien. La langue du lecteur n'a, par définition, rien à voir avec le texte qu'il lit, langue qu'il doit savoir lire et apprécier, c'est le bon sens qui le dit. Autrement, il lira le texte en traduction. Et sur ce point, il suffit de lire le titre de l'article de Thierry Davo pour comprendre avant toute lecture que son thème n'a aucun bon sens. L'« idiolecte lectoral », ce syntagme défie l'entendement, tandis que les « lectures bilingues » d'un texte, cela est surréaliste, voire dadaïste. Tout cela est d'ordre professionnel (« universitaire »), destiné à justifier la publication de l'article au recueil des Presses de l'Université de Reims; c'est tout ce que l'on peut comprendre. Pour l'exposé de la « thèse », il tient en vingt lignes, deux au début de l'article et une demi-page à la fin, enrobant un article qui mêle deux questions différentes, le bilinguisme de l'individu Isidore Ducasse et les hispanismes dans son oeuvre la plus importante, les Chants de Maldoror. Bref, oubliez l'« idiolecte lectoral » et les « lectures bilingues ». S'il s'agissait d'opposer des « lectures » de l'oeuvre de Ducasse, en ce qui concerne l'étude de son hispanisme, voilà qui est fort mal venu : « Laflèche pense que Lautréamont, bien que bilingue, est avant tout hispanophone et que les Chants de Maldoror ont été pensés en espagnol et "mal traduits" en français ». Cette idée vient de la présentation d'el Bozo où j'explique ma découverte de l'hispanisme dans les Chants après plus d'un an de leur étude grammaticale et stylistique quotidienne, ce que T. Davo cite à sa première note, après l'avoir généralisée de manière ridicule. J'écris : « d'un seul coup, les premières pages du deuxième chapitre du "roman" que l'on trouve au dernier chant (6.4) m'ont apparu comme la mauvaise traduction française d'un roman espagnol. Les hispanismes y sont si nombreux et si évidents que je pouvais croire à une parodie » (ce sont les lignes qui précèdent l'exposé de ma découverte). Cela dit, même ridiculisée, la conclusion d'el Bozo s'y trouve : l'oeuvre d'Isidore Ducasse est pensée en espagnol avant d'être rédigée en français. La cause en est, ce que n'a pas retenu notre dénigreur, que Ducasse n'est pas « bilingue », s'agissant d'un « parfait bilingue ». C'est le cas particulier des enfants qui, à l'âge de cinq ou sept ans, parlent deux langues. Montréalais, je connais bien cette situation psycholinguistique, celle de locuteurs qui devront faire des efforts considérables pour maîtriser l'une de leurs deux langues qu'ils choisissent d'adopter dans leur art ou leur profession.

      Toute la première des trois parties de la tartine de T. Davo montre qu'il n'a pas profité de l'enseignement d'el Bozo sur ce point. Cette première partie de son article consiste à répéter le travail inaugural essentiel d'Emir Rodríguez Monegal et de Leyla Perrone-Moisés, en 1983 (en français à Paris, dans Poétique, et en espagnol à Mexico, dans Vuelta). Bizarrement, T. Davo attribue ce travail au seul E. R. Monegal, alors qu'il est un des deux auteurs, ignorant que le travail d'E. R. Monegal a été rédigé, publié et relancé par sa collègue L. Perrone-Moisés en 1995 (avant d'être repris et vulgarisé une nouvelle fois, par elle seule, en 2001). La disparition élocutoire de l'héroïne d'el Bozo est stupéfiante dans un exposé sur la découverte du bilinguisme d'Isidore Ducasse.

      L'essentiel de cette première partie de l'article est une fricassée qui, pour l'essentiel, répète en 2017 ce qu'E. R. Monegal et L. Perrone-Moisés avaient déjà exposé en 1983 ! La situation a pourtant considérablement changée en près de quarante ans. Pour T. Davo, Isidore Ducasse est toujours un auteur dont « on sait peu de chose », et de patiner sur cette « absence d'information ». Il ne connaît pas les études biographiques de François Caradec (1970) et de Jean-Jacques Lefrère (1977 et 1998) ? Non, il en est encore à la situation où l'on se trouvait en 1983, voire à l'époque des surréalistes dont il nous ressort des anecdotes d'Aragon et Breton imaginant Ducasse en... versificateur ! (mais je ne sais d'où il tire l'anecdote). Et le comble de l'humour blanc, notre Tartampion découpe des alexandrins dans un extrait des Chants (1.8, p. 20-21; mais copiant à la suite deux supposés « alexandrins » pris des p. 219 et 144, comme s'ils faisaient parties du même extrait). Or, on peut le faire cet « exercice » dans n'importe quel article du Monde, en comptant les syllabes. Mais notre Trouscaillon ne sait pas que le vers blanc de la prose n'est pas une question de syllabes, mais de rythme et donc d'accentuations; ce « vers » doit absolument être très clairement dénoté, avant d'être simplement connoté, ce que l'on ne trouvera pas en français avant Flaubert. Et on ne trouve rien de tel chez Ducasse. — Et T. Devo de conclure de son petit exercice, le plus sérieusement du monde, qu'Isidore Ducasse pense (ses alexandrins !) en français, car en espagnol, les alexandrins n'ont pas douze, mais quatorze pieds ! Et cela publié dans une revue des Éditions et des Presses universitaires de Reims.

      Mais ce n'est pas tout : T. Davo nous recopie exactement les idées de l'article de 1983, avec les mêmes exemples. Depuis toujours, répète-t-il, on avait ignoré que Ducasse, d'origine Montévidéenne, était bilingue, de sorte qu'à cause de son espagnol, il faisait des fautes en français qui étaient, en réalité, des décalques de l'espagnol, sa « langue seconde ». Preuve : les critiques grammaticales de Robert Faurisson et de Michel Charles, comme on le pensait en 1983. On sait aujourd'hui, fréquentant el Bozo, que c'est faux. Jamais ces deux critiques n'ont fait d'analyse stylistique ou grammaticale de l'oeuvre de Ducasse, aucun des deux, ni personne d'autre, avant la mise en place d'el Bozo; durant un siècle, personne n'a été conscient du fait pourtant sidérant que Ducasse n'écrivait pas correctement en français.

      Et de nous relancer l'affaire de l'ex-libris rédigé en espagnol par Ducasse en tête du second volume de la traduction de l'Illiade par José Gómez Hermosilla, qui comprend trois fautes d'orthographe (propriedad, tambiem ou en tout cas tambien sans son accent, et avril — pour propiedad, también et abril : cf. Antécédents). L'analyse de l'ex-libris se trouve dans les deux versions de l'article de 1983 et en tête du livre de 1995. Le problème, c'est que T. Davo invente une supposée analyse « où Rodrígez tourne et retourne cet autographe [...] qui laisse croire que l'espagnol de Ducasse serait approximatif, calqué sur le français. Pas du tout, soutient Rodrígez Monegal, qui analyse la presse uruguayenne de l'époque et démontre que l'espagnol parlé et écrit à Montevideo dans ces années-là était un incroyable sabir, résultat du cosmopolitisme d'une ville [etc.]... Ducasse à ses yeux ne s'exprime pas dans un mauvais espagnol, il s'exprime en fait dans un dialecte, le dialecte montévidéen de ces années-là ». Si je souligne la conclusion ridicule de ce supposé « résumé » , c'est tout simplement parce que c'est faux. Jamais E. R. Monegal et L. Perrone-Moisés ne font cette analyse, ni en 1983, ni en 1995. Ce n'est pas vrai. Cette analyse est copiée sur les résultats du travail de recherche de Jacques-André Duprey, illustrant de quelques exemples amusant les hispanismes dans le Patriote français de Montevideo (ce qu'on trouve d'ailleurs résumé dans le livre de 1995, Lautréamont austral, p. 71-74, analyse correctement attribuée à J.-A. Duprey). Mais cela ne concerne ni la rédaction en espagnol des Montévidéens et encore moins l'ex-libris de Ducasse. La conclusion d'E. R. Monegal et L. Perrone-Moisés, en 1983, comme en 1995, est claire, même si les auteurs n'insistent pas sur ce point, bien entendu : Isidore Ducasse ne connaît pas son orthographe en espagnol, même s'il le parle couramment. Il suit qu'il n'a jamais fréquenté l'école en langue espagnole au cours de son enfance en Uruguay, ce qui aurait d'ailleurs été surprenant. Question : pourquoi donc T. Davo nous invente-t-il ce dialecte espagnol d'une langue écrite montévidéenne ? Oui, notre Trouscaillon étale ses cartes, avant de lancer la seconde partie de son article, pour bien établir sa compétence flicarde.

      Mais ce n'est pas tout. Le critique littéraire nous sert deux petites tartines sur l'hypothèse des fréquentations sud-américaines de Ducasse à Paris, à partir de l'hypothèse fort bien explorée par Michel Pierssens, comme on la trouve partout présentée, et sur el Bozo d'ailleurs. Le travail de recherche est si bien mené qu'il conduit à un évident non-lieu : rien ne confirme de telles fréquentations de Sud-Américains par Ducasse à Paris, pas même l'essai de Maria Helena Barrera-Agarwal sur la poétesse Dolores Veintimilla (nommée par Ducasse dans ses Poésies), dont M. Pierssens a rendu compte dans les Cahiers Lautréamont l'année même de sa parution en 2015. Mais les deux petites tartines nous intéressent parce que notre critique littéraire nous régurgite des informations connues de tous ceux qui s'intéressent à Ducasse depuis dix ou vingt ans, mais sans s'interroger sur l'affaire. On comprend que M. Pierssens soit très intéressé par son hypothèse, mais il me semble qu'après toutes ces années, T. Davo devrait se demander, « et puis après ? ». Quel intérêt peut présenter cette question d'histoire littéraire, déjà bien posée et résolue ? Il ne fait aucun doute que Ducasse parle espagnol. On n'a donc pas besoin d'ajouter sur ce point son éventuelle fréquentation des Sud-Américains de Paris. Mais, attention, les deux petites tartines à ce sujet conduisent T. Davo à nous présenter un Michel Pierssens champion des études hispanistes d'Isidore Ducasse. « Je lis Lautréamont, je n'y vois pas les mêmes hispanismes, ni les mêmes non-hispanismes [sic] que Pierssens, Rodríguez monegal [sic] ou Guy Laflèche » ! Michel Pierssens n'a jamais étudié ni le bilinguisme de Ducasse comme E. R. Monegal et L. Perrone-Moisés, ni non plus comme moi les hispanismes des _Chants de Maldoror_. D'ailleurs, et c'est le comble, Alain Trouvé, dans son « Avant-propos » scolaire du recueil, nous présente l'article de T. Davo en trois phrases, la première fausse (et les deux autres insipides, insignifiantes et incompréhensibles), et la voici : « Thierry Davo, revenant à la suite de Pierssens, Rodríguez et Laflèche sur la langue des Chants de Maldoror, met en évidence la pratique, de la part d'Isidore Ducasse, d'un français imprégné des structures de l'espagnol parlé en Uruguay » !

      Voilà. Tout est prêt pour l'entrée en scène de Thierry Trouscaillon Davo, dont le seul objectif est de dénigrer le travail publié sur el Bozo. Et cela commence mal, car notre Trouscaillon prouve vite qu'il ignore tout de la nature de ce travail. N'est-il pas évident qu'il s'agit d'une édition critique de l'oeuvre complète d'Isidore Ducasse, édition critique achevée en ce qui concerne les Chants de Maldoror ? Et que c'est cette édition qui sert de cadre à l'étude de l'hispanisme et des hispanismes de l'oeuvre ? L'édition critique comprend quatre sciences des études littéraires, (1) l'étude bibliographique; (2) l'analyse stylistique et textuelle (d'où l'étude des hispanismes pour les Chants), dont l'étude des variantes, pour l'établissement du texte; (3) la recherche et l'analyse des sources (avec l'étude des citations, allusions, etc.); (4) la genèse de l'oeuvre (planification, rédaction et réédition). Á cela s'ajoute l'étude de la réception, de la fortune de l'oeuvre et de ses lectures. Comme j'ai réalisé neuf éditions critiques de textes de la Nouvelle-France sur une quarantaine d'années, je sais un peu de quoi je parle, et on peut être assuré que ma dizième édition, qui porte elle sur un texte moderne, les Chants de Maldoror, sera une réalisation bien informée dans ce domaine (voir le sommaire de mon expérience à ce sujet : « L'édition critique / les éditions critiques : le protocole immuable de réalisations chaque fois incomparables », Port Acadie, numéro sur l'édition critique, Université de Moncton, nos 20-21, 2010-2011, p. 29-42, présentation des éditions critiques sur el Bozo, p. 36-37).

      On aura donc droit à deux petits exposés inadéquats impliquant l'édition critique, l'établissement du texte et l'étude de ses sources. « Les critères d'établissement du texte laissent songeur : Laflèche établit une liste des "coquilles" qu'il corrige ». Suivent trois exemples d'évidentes fautes qu'il n'analyse pas, affirmant péremptoirement que ces « coquilles » ne sont pas avérées. Et il invente « une longue liste d'imparfaits de narration [qui sont] remplacés par les passés simples » (sans donner aucun exemple, alors que je précise au contraire que je ne remplace l'imparfait par le passé simple, ou inversement, que « lorsque l'emploi d'un temps pour l'autre est pratiquement impossible en français », s'agissant d'évidentes fautes ou maladresses morpho-lexicales). Pour savoir de quoi il s'agit, il faut se reporter aux Règles d'établissement. On y trouve d'abord les règles d'uniformisation et de modernisation typographiques, de même que la liste des fautes d'accord de type morphologique. Toutes ces fautes sont par définition insignifiantes et doivent donc être corrigées dans une édition critique au service du texte, de son auteur et de ses lecteurs. Á plus forte raison pour les Coquilles et fautes de composition typographiques évidentes. Suivent pour finir environ deux cents Corrections justifiées. C'est de ces 200 analyses grammaticales que T. Davo tire trois « coquilles » qu'il affirme ne pas être « avérées ». Qu'on en juge : 2.10, p. 102:12; 3.1, p. 141:16; et 3.1, p. 147:22. Cette dernière liste correspond donc, on le voit, à deux cents commentaires grammaticaux, au fil de l'édition critique. S'il affirme que tout cela le « laisse songeur », on doit savoir qu'un tel jugement, sur trois exemples non avérés, n'a pas sa place dans un compte rendu universitaire. Et, sur ces trois exemples non analysés, trois coups de sifflet du grand petit flic Trouscaillon, d'affirmer que « le français, pour Laflèche, c'est exclusivement son français. Attitude quelque peu contestable en général, et surtout lorsque l'on parle le français du Québec... ». On croirait lire un « Maudit Français » au Québec dans les années soixante, ces snobs qui jugeaient de haut notre parlure, en pétant plus haut que le trou, comme on le dit dans mon français. La suite de la dernière phrase ajoute : « ...et que l'on travaille sur l'espagnol d'Uruguay », ce qui est encore une sottise qui sera retenue et mise en relief par Alain Trouvé, tel qu'on l'a lu plus haut. En effet, de quel « espagnol d'Uruguay » s'agit-il ? Jamais les hispanismes d'Isidore Ducasse ne dénotent aucun trait du castillan parlé en Uruguay, ni même dans tout le Cône sud. Et T. Davo ne saurait en donner aucun exemple, puisqu'il n'y en a pas : il s'agit pour le Maudit Français de couvrir sa remarque intempestive et raciste, me prêtant ingénument son attitude flicarde à partir, je le répète, de trois coups de sifflet.

      Avec cet exposé inadéquat qui ignore, c'est le cas de le dire, les règles de l'établissement scientifique du texte de l'édition critique, un second développement, sur les sources du texte à l'étude, va nous amuser. L'exposé s'ouvre avec la phrase suivante : « "la Moustache de Lautréamont" se veut la première édition critique scientifique des Chants et comprend plusieurs sections : le texte [sic], tout d'abord, puis les annotations, une série d'articles de Laflèche sur les sources de Lautréamont que lui seul aurait vues — Dante, Milton, Goethe, mais aussi Martín Fierro et el Matadero, deux classiques de la littérature argentine du XIXe siècle ». Modeste précision d'abord : el Bozo ne présente pas la première édition critique de l'oeuvre d'Isidore Ducasse, mais la seconde, après celle de Pierre-Olivier Walzer dans la « Bibliothèque de La Pléiade » en 1970 et mise à jour en 1988. Comme on le voit, T. Davo ne sait pas trop ce qu'est une édition critique, de sorte qu'il n'a pas retenu ce que j'ai dit plusieurs fois au cours de mon édition critique des Chants. Modestes prétentions ensuite. Premièrement, à cause même de mon étude systématique au fil de l'édition sur el Bozo, j'ai été le premier à pouvoir présenter rigoureusement les « sources d'inspiration » des Chants de Maldoror, Dante, Milton et Byron (et non Goethe), tous lus par Ducasse pour lancer ses Chants en traductions françaises, traductions que j'ai précisément identifiées, en plus d'en tirer les conclusions essentielles à l'étude littéraire de l'oeuvre. Mais voir aussi la liste complète des sources des Chants, Liste des sources textuelles avérées.

      En ce qui concerne Martín Fierro de José Hernandez et el Matadero d'Esteban Echeverría ma critique sera encore plus acerbe. D'abord, modeste précision et prétention. C'est moi qui ai trouvé que la petite nouvelle d'E. Echeverría, l'Abattoir, était la source de l'épisode de « l'abattoir » de la strophe 6.9, personne d'autre. Que notre tartampion fasse des gorges chaudes à ce sujet (« articles de Laflèche sur les sources de Lautréamont que lui seul aurait vues »), il en est pour ses frais avec sa malveillance. Par ailleurs, le petit roman pamphlétaire, qui a été rédigé en 1839, ne sera publié qu'un an après les Chants, soit en 1871. Cette découverte est extrêmement importante, aussi bien en ce qui concerne les sources des Chants (car ce petit roman est sa seule et unique source de langue espagnole), comme aussi pour la biographie des Ducasse, père et fils (puisque la découverte spectaculaire prouve que le père avait une copie manuscrite de l'inédit dans sa bibliothèque et qu'il en a amusé son fil dans sa petite enfance). J'ai étudié cela dans la note (4) de la strophe 6.9.

      Dans le cas du Martín Fierro, notre critique serait déjà mort si le ridicule tuait ! Premièrement, l'essentiel, le chef-d'oeuvre ne peut être une source des Chants, puisqu'il n'a été publié qu'en 1872, trois ans après les Chants de Maldoror où l'on ne trouve donc aucune évocation du roman versifié de José Hernandez. En revanche, il est clair que le jeune Ducasse et le grand romancier poétique partagent une culture folklorique et une même imagination qui est celle, mythique, de la vie gauchesque de la pampa. On en trouvera l'analyse à la fin de mon étude des sources d'inspiration des Chants, Martín Fierro et l'Abattoir. Ah ! vous attendiez le « deuxièmement » ? essentiel aussi, mais pour évaluer la culture littéraire du professeur d'études hispaniques de l'Université de Reims. Je répète la fin de l'extrait cité plus haut, « Martín Fierro et el Matadero, deux classiques de la littérature argentine du XIXe siècle » ! Comment peut-on ainsi mettre sans raison sur le même pied un chef-d'oeuvre universel et une amusante petite bluette ? Le moins que l'on puisse dire est que T. Davo n'a pas une connaissance correcte des sources des Chants, ni de la littérature d'Argentine. En tout cas, il ne sait pas l'essentiel, à savoir que les Chants de Maldoror n'ont aucune source de langue espagnole, sauf ce souvenir d'enfance de la lecture, avec son père, d'un percutant petit pamphlet politique. Aucune oeuvre de langue et de culture espagnoles ne se trouve évoquée dans les Chants.

      Comme on l'a vu, Thierry Trouscaillon Davo est déjà entré en scène avec ses trois coups de sifflet déclarant que trois petites fautes corrigées, avec justification à l'appui, n'étaient pas des fautes, etc. Alors voici encore trois coups de sifflet de notre flicmane, exeuprès pour décourager les fanatiques de « Lautréamont » de fréquenter el Bozo qu'il n'a pas lui-même beaucoup fréquenté. Il commence.

Autrui, « rapaces amateurs de la viande d'autrui »

      Coup de sifflet. « Un exemple, ils sont nombreux, de la dérive dont est victime Laflèche, en voyant de l'espagnol partout, est de considérer comme un hispanisme l'utilisation du mot "autrui", du fait qu'en espagnol il existe un mot "ajeno", dont la fréquence d'emploi est beaucoup plus grande qu'en français ». Qu'est-ce qu'il ne va pas chercher ! Jamais sur el Bozo il n'est question de la fréquence de l'adjectif « ajeno », ce n'est pas vrai. Autrui ou plus précisément d'autrui est une fois et une seule fois un hispanisme dans l'expression « la viande d'autrui ». C'est le 23e hispanisme lexical de leur liste alphabétique, qui précise que le vocable est employé une fois dans un sens espagnol et deux fois dans son sens français. Le glossaire des hispanismes présente la seule occurrence de sens hispanique restée dans les Chants (une autre ayant été soustraite à la seconde édition du Chant premier), s'agissant d'une désignation, dans la strophe 4.5, « d'oiseaux rapaces, amateurs de la viande d'autrui ». Je ne l'ai pas étudiée de près, car l'hispanisme est évident, même s'il « est d'interprétation difficile », comme je l'écris. Cinq fois dans les Chants, Ducasse écrit correctement « des autres », équivalent de l'espagnol « de lo demás », mais ici il emploie incorrectement d'autrui. En français, le pronom indéfini, autrui, doit nécessairement s'opposer nommément à une « personne » et plus généralement à un pronom personnel. En emploi absolu, on dira « le bien d'autrui », ce qui indiquera qu'il n'est pas le bien de tout autre (le mien, le nôtre, le tien, etc.). En emploi syntagmatique, on dira, par exemple, que vous ne devez pas faire à autrui ce que vous ne voulez pas qu'on vous fasse. Cela signifie que si les rapaces sont amateurs de la chair d'autrui, cela implique qu'il ne sont pas amateurs de « leur » chair, ce qui est absurde. On est donc devant une faute de français et cela n'est pas surprenant. La strophe 4.5 où Maldoror décrit son reflet sur le mur de sa chambre est improvisée et, comme je l'explique en tête de mes Commentaires linguistiques, cette improvisation est explicitement dénotée par le lexique et la syntaxe, avec des phrases alambiquées où le sens finit par se perdre.

      Les fautes de toutes sortes sont donc nombreuses tout au long de la strophe, comme on les trouve identifiées dans mes Commentaires linguistiques. Et c'est le cas de ces rapaces amateurs de la chair d'autrui. Or, il se trouve que cette faute est entraînée par le bilinguisme d'Isidore Ducasse, s'agissant d'un hispanisme, même s'il est, je le répète, d'interprétation difficile en français. La preuve s'en trouve dans les traductions espagnoles, car tous les traducteurs, à deux exceptions près, donnent ces rapaces comme « aficionadas a la carne ajena » (Gómez, Pellegrini, Álvarez Ortega, Serrat Crespo et Alfonso; les deux autres traducteurs donnent des équivalents parfaitement recevables en castillan : « carne de lo demás », Pariente, et « carne del prójimo », Méndez, qui tente comme toujours de rester proche du texte français, ce qui est ici une demi-réussite, « amateur de la chair de son prochain » ! — on trouve les références à ces traductions en bibliographie). C'est la formulation de l'ensemble des traducteurs que Ducasse avait en tête, rendant incorrectement, dans ce contexte, l'adjectif ajeno, par son sens espagnol, « d'autrui » (« que pertenece o corresponde a otro, "no debes desear les bienes ajenos" », — Clave). L'expression est correcte en espagnol, mais pas en français, comme je l'ai déjà expliqué. Et l'hispanisme, qui n'a qu'une seule occurrence dans les chants, est d'autant plus exceptionnel que Ducasse utilise partout ailleurs aussi bien le pronom indéfini autrui que la locution des autres, dans leurs sens français. Voilà ce que dit succinctement mais précisément l'entrée autrui du glossaire qu'on ferait bien de relire avant de revenir au coup de sifflet flicardiaque.

      Car dès qu'il a repris sa respiration, Trouscaillon souffle dans son sifflet à s'en époumoner avec ces quelques mots de sa finale : « ... considérer comme un hispanisme l'utilisation du mot "autrui", du fait qu'en espagnol il existe un mot "ajeno", dont la fréquence d'emploi est beaucoup plus grande qu'en français ». On sait déjà que c'est faux, je l'ai dit. Suit la fameuse rallonge du coup de sifflet : « Á cette aune, André Chénier, Jules Romains, Stendhal, Proust et Clémenceau pensaient en espagnol ». Et d'ajouter en note (no 22) : « Auteurs ayant utilisé le mot "autrui" selon les toutes premières lignes du Trésor de la langue française » ! La première fois qu'on lit cette phrase et sa note, on n'en croit pas ses yeux, papossib ! yémalad ? < TLFi > est la version électronique du dictionnaire réalisé sous la direction de Paul Imbs (édité de 1971 à 1994). Le dictionnaire classe 17 exemples de l'emploi du vocable (avant les données spécialisées); notre critique ne choisit pas les « toutes premières lignes » de l'entrée, mais les exemples nos 1, 7, 3, 9 et 8. Incidemment, la première ligne de l'entrée pose ce que j'ai expliqué plus haut : « autrui, pron. indéf., A. — un autre, les autres, l'ensemble des hommes par opposition au moi du locuteur et en exclusion de ce moi », ce qui dit bien que la « chair d'autrui » s'oppose à ma, sa chair, ce qui implique négativement le rapace en « amateur de sa chair », expression absurde, on le sait.

      Mais le comique de l'affaire ne se trouve pas au TLF, mais dans le fait de sortir n'importe quel dictionnaire pour y trouver le vocable... « autrui ». En effet, toute personne qui a un peu fréquenté el Bozo connaît la nature et la définition de l'hispanisme lexical. C'est simple. Il s'agit d'un vocable français employé dans un sens espagnol. Un vocable français ! Il suit que les 294 hispanismes lexicaux identifiés à ce jour dans les Chants, comme « autrui », vont se trouver dans n'importe quel dictionnaire du français. « Á cet aune », s'essouffle Trouscaillon, tous les auteurs qui utilisent ces mots pensent « en espagnol » ?! Voilà peut-être une belle déconnance d'humour blanc, mais Queneau ne perd pas de vue le sifflet et de préciser que Trouscaillon « était en train de secouer le dit objet pour l'assécher de toute la salive qu'il y avait déversée », car on attend impatiemment les deux autres grands sifflements.

Quelle chose était le/la plus facile à reconnaître...

      « Laflèche voit également une preuve selon lui [sic] de la maladresse de Lautréamont à chaque périphrase [sic] qui aurait pu être remplacée par une formulation plus condensée ». Écrire « quelle chose » au lieu de « ce qui », n'est pas une périphrase. « Une phrase comme "souvent, je me suis demandé quelle chose était la plus facile à reconnaître : la profondeur de l'océan ou la profondeur du coeur humain !" est considérée par Laflèche comme une preuve que Lautréamont est avant tout hispanophone, en raison de sa maladresse [sic] (lui aurait dit autrement). On touche là aux limites de la démarche de Laflèche, puisque, justement, la langue espagnole est extrêmement réticente à utiliser le mot cosa, "chose" ». Ouvrez n'importe quel dictionnaire de l'espagnol et vous verrez qu'il sera aussi prolixe que le français sur le vocable cosa/chose; alors sur quoi repose l'affirmation qu'on vient de lire ? La parenthèse, « lui aurait dit autrement », est incongrue, aucun francophone n'écrira jamais une expression d'une telle lourdeur, surtout pas dans une strophe comme celle de l'Éloge à l'océan, un éloge ostensiblement dithyrambique.

      Justement, l'évaluation de cet hispanisme doit commencer par sa mise en situation. L'édition de la strophe 1.9 sur le Vieil Océan identifie quatorze hispanismes. Quelle chose, dans la phrase « souvent je me suis demandé quelle chose était LA plus facile à reconnaître... », est enregistré comme un hispanisme morpho-syntaxique (que T. Davo ramène incorrectement au vocable « chose »). Je mets LA en relief, parce que le pronom souligne la faute de français (il suffit de le lire ou de l'entendre, pour comprendre que cela n'est pas français, évidemment). L'analyse constate d'abord l'incorrection grammaticale en français. Et l'on peut remarquer que Gómez ne craint pas de la traduire littéralement en espagnol : « con frecuencia me he preguntado cual era la cosa más fácil de reconocer : ¡ si la profundidad del océano o la profundidad del corazón humano ! »; on va vite comprendre pourquoi. En effet, nous sommes dans une phrase interrogative ou semi-interrogative. Les traducteurs en espagnol choisissent parfois le pronom interrogatif « si » (Pellegrini, Serrat Crespo et Pariente, mais également Saad, qui élimine la complétive, pour ne garder que la principale), comme on le ferait en français (« je me suis souvent demandé s'il était plus facile de... »); mais trois autres (Álverez Ortega, Alonso et Méndez) traduisent plutôt la phrase avec le typique pronom-adjectif interrogatif castillan, qué (soit le pronom relatif passe-partout que, avec son accent orthographique en tête de l'interrogative), ce qui donne la phrase que Ducasse a bien entendu à l'esprit et que Gómez retraduit littéralement en espagnol, soit : « me he preguntado qué era más fácil... ». D'où la transposition de l'hispanisme morpho-syntaxique en français, « quelle chose était le plus facile... » au lieu d'écrire correctement en français, « ce qui ». Á remarquer en passant que c'est un problème que rencontrent les hispanophones avec notre expression très fréquente, « qu'est-ce qui ? » (rare en espagnol), alors qu'ils ont « qué ? » à l'esprit.

      On remarquera que Ducasse réécrit correctement la phrase quelques lignes plus bas : « oui, quel est le plus profond, le plus impénétrable des deux : l'océan ou le coeur humain ? ». Si un élève de sept ou huit ans écrit « souvent je me suis demandé quelle chose était LA plus facile à (re)connaître... », il est évident que son professeur le corrigera. Mais cela ne risque pas de se produire : jamais un francophone ne fera une telle faute de français, s'agissant d'un hispanisme que seul un hispanophone pourrait avoir à l'esprit. Voilà les points mis sur les i. Et voilà pour le second coup de sifflet de Trouscaillon. Un simple hispanisme aussi facile à expliquer (revoir le glossaire !) qu'à comprendre. Il n'y avait pas de quoi grimper dans les rideaux. Mais, avec cette anodine incompréhension, voilà qu'« on touche là aux limites de la démarche de Laflèche... ». On aura vu limites plus catégoriques, s'agissant d'une faute d'analyse et d'une crise de nefs de T. Davo.

Momentanément

      « De quel droit... ». C'est un coup de sifflet de Trouscaillon dans son grand rôle de petit flic. De quel droit ! Remarquons que l'analyse linguistique et grammaticale qui s'énonce par un « de quel droit » porte à rire. Et ici, on peut regretter que notre sifflard n'ait pas ouvert à nouveau son fameux TLF. Il y aurait lu, tout bonnement, « momentanément, adv. d'une manière momentanée, pour un petit espace de temps ». Il s'agit du sens de l'adverbe, comme de l'adjectif, en français moderne, du XVIIe siècle à nos jours. Je vais le répéter deux ou trois fois, car il faut couper un très fort et très long coup de sifflet.

      « De quel droit affirme-t-il [c'est de G. Laflèche dans el Bozo qu'il est question] que, dans l'incipit des Chants, Lautréamont a écrit "momentanément", mais que ce n'était pas "momentanément" qu'il voulait dire ? Et d'où lui vient cette idée saugrenue qu'en espagnol "momentáneamente" signifie "soudain" ? ». — « Momentáneamente : 1. inmediatamente, sin detención alguna; [ce sens ancien n'existe plus en français depuis le XVIIe siècle; son emploi en ce sens par Ducasse, en plein XIXe siècle, est un hispanisme]; 2. por muy breve tiempo », Academia. Quand le Trésor de la langue française et le Dictionnaire de l'Académie royale espagnole disent exactement la même chose, il est saugrenu de se demander « de quel droit !? » je ne pourrais pas les répéter. D'ailleurs, tous les dictionnaires espagnols et français enregistrent exactement ce que l'on vient de lire, les deux sens de l'adverbe espagnol et le sens unique de l'adverbe français.

      Il faut le situer l'adverbe en cause dans son contexte, s'agissant de la première phrase des Chants de Maldoror. C'est la strophe 1.1. « Plût au ciel que le lecteur, enhardi et devenu momentanément féroce comme ce qu'il lit, trouve, sans se désorienter, son chemin abrupt et sauvage, à travers les marécages désolés de ces pages sombres et pleine de poison... ». Le texte est parfaitement clair et de toute beauté, en dépit de son premier hispanisme, surprenant en français, puisque l'adverbe est employé fautivement, comme on le lit au glossaire des hispanismes.

      Dans le glossaire, je n'ai pas cru nécessaire d'analyser la question, car l'hispanisme est évident et la faute tout autant, s'agissant d'un « hispanisme » au sens premier, la faute que commet spontanément un hispanophone en français. Mais l'analyse n'en est pas moins intéressante. L'adjectif et l'adverbe avaient en français les deux sens qui sont restés dans leur équivalent espagnol, soit « subitement » et « momentanément, pour un instant ». C'est seulement ce second sens qui est resté en français moderne, à partir de la Renaissance. Au Moyen Âge, momentain signifiait d'abord et surtout « soudain », avant de prendre le nouveau sens de « passager », « pour un moment ».

      Il n'est pas difficile de comprendre que ce n'est pas ce sens français de l'adverbe, mais bien son sens hispanique qui correspond à l'adverbe à l'ouverture des Chants. Que lit-on ? Le narrateur espère que son lecteur devienne ou sera devenu d'un seul coup (momentanément = « soudain ») féroce comme ce qu'il va lire; il ne le sera donc pas « momentanément » ! « pour un instant », puisque ce sera au moins pour la durée de sa lecture, si ce n'est pour toujours.

      Il est intéressant de constater que sur sa faute d'analyse, d'un coup de sifflet (« de quel droit » !?), notre Trouscaillon prend le ton mielleux du grand rôle pour se livrer à toute une série d'insultes et d'amalgames. J'aurais une connaissance de l'espagnol « extrêmement ingénue », « livresque » (fondée sur mes « dictionnaires, dont nous savons tous qu'ils sont imparfaits » !), « péremptoire ("tel mot n'a pas d'équivalent en espagnol") » « et curieusement jacobine [sic] pour un Québécois... ». Il faut vraiment bien jouer le rôle de Trouscaillon s'adressant circonspectueusement à Zazi pour réussir à accumuler autant d'accusations et d'insultes à partir de l'adverbe « momentanément » mal analysé en contexte. Or, ce n'est pas tout, je privilégierais le dictionnaire Robert (où ça ?) en lieu et place du Littré (qui figure dans ma bibliographie), qui serait plus approprié pour un auteur du XIXe siècle. Aucun exemple d'analyse, évidemment : « bien des bizarreries des Chants de Maldoror se voient dissipées si, au lieu du Robert, on utilise Littré... ». Est-il, non pas honnête, mais simplement intelligent de faire une telle affirmation sans donner aucun exemple de ces nombreuses « bizarreries » ? « Il n'utilise pas non plus de dictionnaires d'américanismes : c'est, pour lui, Madrid qui, après lui [sic], décrète ce qui est Espagnol [sic, pour la majuscule] ou ne l'est pas ». Le Robert, le Littré, les dictionnaires d'américanismes, désignés sans aucun exemple, cela n'a aucun sens. Ce ne sont que forfanteries et insultes gratuites.

      Voilà donc trois hispanismes avérés et bien analysées, « autrui » pour ajeno, « quelle chose ? » pour quién ? et « momentanément » pour momentáneamente. J'insiste sur le fait qu'on vient de lire trois analyses. S'il dénie et dénigre ces trois hispanismes de trois coups de sifflet, notre Trouscaillon n'en propose aucune analyse. Ce ne sont qu'affirmations, intuitions et dénigrements. Il faut reprendre sur ce point toutes les affirmations insolentes de T. Davo : « un exemple, ils sont nombreux, de la dérive dont est victime Laflèche, en voyant de l'espagnol partout... »; la démarche à identifier les hispanismes est intéressante (!), « seuls ses excès la dénaturent et l'anéantissent » !, « prisonnier de son défi, qui consiste à trouver le plus d'hispanismes possible... ». Et de finir en comparant mon travail sur les hispanismes des Chants de Maldoror avec la recherche des anagrammes de Saussure, citant longuement Starobinski. Cette comparaison qui se veut malveillante est tout simplement stupide : les anagrammes que le fondateur de la linguistique moderne croyait voir dans la poésie latine n'existaient pas. Les hispanismes des Chants de Maldoror sont avérés et incontestables. Il s'agit d'une sotte comparaison que rien ne justifie.

      L'exposé statistique identifie actuellement plus de 400 hispanismes lexicaux et syntaxiques, tandis que les hispanismes morphologiques sont innombrables, puisqu'on en trouve à toutes les pages. Mais Thierry Trouscaillon Davo ramène tout ce travail à trois coups de sifflets. Trois. Et l'on vient de voir que ces trois hispanismes sont bel et bien avérés. Alors ? Cela signifie que notre critique n'a pas encore compris la nature des dix opérations menées sur el Bozo depuis trente ans. Je dirai, pour qu'on voit bien la différences entre les affirmations intempestives de notre critique et mon travail, que la toute première de ces opérations, comme on le voit, aura été l'analyse grammaticale de chacune des soixante strophes des Chants. C'est le point de départ de la recherche des hispanismes et de l'étude de chacun d'entre eux. Si l'on n'est pas capable de comprendre que l'interrogative « quelle chose est la plus facile à comprendre... » n'est pas français, on ne trouvera jamais les hispanismes des Chants et on ne comprendra pas qu'il s'agit bien là d'hispanismes. Or, il se trouve que je suis linguiste et grammairien du français de par ma formation (Université de Montréal et de Strasbourg, puis École Pratique des hautes études de Paris, avec de nombreuses recherches et publications dans ce domaine : Mallarmé : grammaire générative des « Contes indiens », Presses de l'université de Montréal, 1975; « Étude de psycho-systématique sur les valeurs aspectives des temps du passé en français », Revue des langues romanes, 60: 2, 1973, 365-389; etc. ! cf ma bibliographie). Évidemment, l'étude grammaticale, puis stylistique, comme je viens de les mener, cela ne s'improvise pas à coups de sifflet. Je ne suis pas un génie, cela ne fait aucun doute, mais que l'on ne trouve aucune qualité au travail mené sur el Bozo et qu'on se livre à son dénigrement systématique, sans qu'aucune de ces critiques ne puisse être retenue, voilà qui est pour le moins suspect. Bref, T. Davo carbure au mépris, avec un texte insipide, dont il n'y a rien à retenir, pas une seule critique à évaluer, ni même à discuter, ce qui est rare dans un texte paru dans une revue universitaire. Mais il y a encore pire. Et c'est le dénigrement gratuit visant à discréditer la personne d'un chercheur, ce qui sera la conclusion de cette réplique, que résumera son dernier mot.

      Mais il faut encore exécuter la troisième et dernière partie de l'article de T. Davo. C'est à peine deux pages, mais elles sont vraiment indigestes. Il commence par nous répéter qu'il ne trouve pas les mêmes hispanismes que Pierssens (qui n'en a jamais évoqué un seul), Rodríguez Monegal (sic, on le sait !) ou Guy Laflèche dans « Lautréamont ». « Et j'y trouve d'autres hispanismes [remarquer le pluriel !] qui me semblent flagrants, mais peuvent aussi bien ne pas en être, tel que "moi qui ne suis encore rien dans ce siècle, tandis que vous, vous y êtes le Tout" de la lettre de Ducasse à Victor Hugo. Je vois, là, dans cette utilisation du pronom personnel, obligatoire en espagnol lorsque "tout" est complément d'objet direct, une trace d'hispanité, lorsque ma collègue Yveline Riottot y voit une manière parfaitement française de dire à Hugo qu'il est un dieu ». D'abord, il n'y a là aucun pronom personnel, mais un simple article défini; à remarquer aussi que « le Tout » n'est pas complément, mais attribut; ensuite, l'article défini n'est pas moins de rigueur en français qu'en espagnol lorsque le vocable est employé comme substantif; enfin, le vocable qui s'écrit « touts » au pluriel a tendance à prendre la majuscule au singulier s'il vise à proclamer la grandeur d'une chose ou d'une personne. Bref, interrogée abruptement dans une rencontre de corridor de l'Université de Reims, Yveline Riottot manifeste une parfaite maîtrise du français. Question : mais pourquoi donc T. Davo nous sort-il un tel exemple... de la correspondance de Ducasse ? Il n'en trouve pas dans les Chants qui ne seraient pas encore consignés sur el Bozo ? Réponse : il veut faire son fin finaud, tout simplement.

      Et de poursuivre, « dans le même ordre d'idée » ! Il nous présente le vocable alpargata, à l'origine abarca, « sandale », aujourd'hui « espadrille », d'origine pré-romaine, vocable hispano-arabe, ce dont T. Davo ne nous dit rien. Non, il nous présente la grosse bourde d'un dictionnaire d'équatorianismes qui présentait le vocable comme tel, avec une définition qui lui paraît bizarre (« chausure de toile à semelle de corde », ce qui définit bien l'espadrille). Et de se demander « en tant que co-auteur du Diccionario de hispanoamericanismos no recogidos por la Real Academia » combien de telles bévues doivent s'y trouver. L'anecdote est risible, sans aucun rapport avec l'hispanisme dans les Chants, tandis qu'elle permet de glisser une belle petite note autobiographique. Or, elle est fausse : T. Davo n'est pas du tout le « co-auteur » du dictionnaire édité par Renaud Richard (Madrid, Catedra, 1998, 2006 : voir le compte rendu critique de Mauricio Fuenzalida, Onomazeim, no 4, 1999, p. 497-517). Il compte parmi sept collaborateurs qui ont dirigé des étudiants français pour réaliser l'ouvrage.

      Et de conclure (!) par un exposé autobiographique (« traducteur depuis vingt-neuf ans... »), évoquant les innombrables idiolectes de l'espagnol et du français, pour tenter de justifier le titre de son article, pour finir sur une évidente sottise : « on lit un texte dans la langue qu'on veut » ! Voilà qui est vide de sens. Voilà l'affirmation d'un professeur qui ne sait pas lire, c'est bien le cas de le dire !

      Bref, on le voit, la première et la troisième parties de son article n'ont pas de rapport avec son sujet, constitué de la partie centrale et qui consiste à dénigrer sans raison le travail réalisé sur el Bozo. Or, ce dénigrement ne se fait pas tout à fait sans raison, puisqu'il s'agit de diffamer un chercheur. Pourquoi donc ? Seul T. Davo peut répondre à la question, probablement avec l'aide d'un psychologue, voire d'un psychanalyste. En effet, son texte n'est pas seulement une saloperie insultant gratuitement les collaborateurs d'el Bozo et un torchon qui critique sans s'appuyer sur aucun fait linguistique ou grammatical probant ce travail de recherche sur l'hispanisme et les hispanismes dans les Chants de Maldoror, car il est animé par une évidente malveillance. Un petit exemple très simple pour commencer la démonstration. T. Davo dit en passant que les analyses d'el Bozo se répartissent en dix glossaires. Personne d'autre que lui ne pouvait présenter le travail sans énumérer ces glossaires, bien entendu; aucune analyse compétente ne peut s'en tenir au nombre de glossaires, c'est évident. Mais alors, pourquoi passer sous silence l'armature même du travail ? La raison en est très simple. L'énumération des glossaires montre l'ampleur, et j'ajouterais, à mon avantage, l'évidente ampleur colossale du travail de recherche et d'analyse, mené sur une trentaine d'années. Bref, le moins que l'on puisse dire en ce qui concerne l'évaluation d'el Bozo, c'est que le professeur ne sait pas lire.

      « C'est sur un site internet, "la Moustache de Lautréamont" que l'Universitaire canadien Guy Laflèche expose les fruits de ses recherches. C'est, avoue-t-il, qu'aucune revue n'a accepté de les publier ». Tout dans ce petit extrait transpire le fiel. Un site internet, ce n'est pas une publication importante ? Cela doit être précisé ? Comment donc une revue aurait-elle accepté de publier un travail en cours depuis trente ans ? De quoi s'agit-il, exactement ? T. Davo saute sur un os qu'il applique à el Bozo, voire à tous mes travaux. Il s'agit d'un des six annexes qui accompagnent l'édition critique des Chants, les Sources d'inspiration des Chants de Maldoror. Le chapeau de l'article s'intitule « Un article partout refusé ». L'article m'a été demandé par Ricard Ripoll en 2003 pour un numéro de la revue Barcarola de Barcelone qu'il préparait sur « Lautréamont ». C'est un collègue à qui j'avais proposé de lire mon article, qui a forcé R. Ripoll à refuser l'article et, par la même occasion, ma participation au colloque qu'il préparait à Barcelone pour l'Association des ducassologues. Il faut bien protéger sa carrière universitaire, lorsqu'on est à la merci des membres d'une association qui finance votre colloque. La cause de l'intervention malveillante du collègue, c'est tout simplement que mon article dévoilait qu'el Matadero d'Esteban Echeverría était la source de la strophe 6.9 des Chants. Lui, ne l'avait jamais vu, ce qui, semble-t-il, l'a piqué au vif. J'étais fier de mon article et j'aurais voulu, à cette époque, le voir paraître pour faire la promotion de mon travail. Mais il a été refusé par trois revues. Je suis finalement heureux qu'il se trouve sur el Bozo, où les lecteurs sont bien placés pour en juger la pertinence et l'importance qui ne font aucun doute. Il suffit de relire l'affirmation intempestive de T. Davo pour voir qu'elle n'a aucun sens. Manifestement, le professeur ne sait pas lire.

      Toujours à mon propos, abruptement : « la petite maison d'édition qu'il a fondée, et où il publie ses ouvrages, s'appelle "Éditions du Singulier" ». Est-ce que vous comprenez le dénigrement ? Oui, l'affirmation est abrupte et hors propos. Sans compter qu'elle ne précise pas que j'ai également publié cinq de mes livres dans trois autres maisons d'édition. Mais la précision incomplète n'a aucun rapport avec el Bozo ou l'étude des hispanismes. Il s'agit toujours de discréditer sans raison un chercheur, sans rien dire (et probablement sans rien savoir) de la maison d'édition en question, sauf qu'elle est « petite ». Oui, elle ne compte que seize livres. T. Davo aurait voulu que je fonde une grande et une grosse maison d'édition ? Il ne sait ni ne devine pourquoi cette maison d'édition a été fondée. Et je rappelle que par deux fois, le professeur précise que je parle le français du Québec, ce qui ne paraît pas non plus très positif. Mais l'important ici est que ces deux « précisions » prouvent que le professeur ne sait pas lire, ne lit pas, car autrement il se serait un peu renseigné à ce sujet, sur le Singulier et sur le français parlé au Québec. Ah ! c'est vrai, ce sont ses derniers mots : « on lit un texte dans la langue qu'on veut » ! Comme les informations sur le Singulier et le français du Québec se trouvent globalement en français, T. Davo a dû choisir de les lire dans quelques mauvaises langues (de je ne sais quels lecteurs), « puisqu'on lit un texte dans la langue qu'on veut », pour répéter sa sottise.

      Oh ! j'oubliais le sommet de la turpitude. « Précisons que Laflèche est le seul universitaire de l'Université de Montréal, où il a enseigné de 1973 à 2011, à s'être vu refuser au moment de sa retraite le statut de professeur émérite ». C'est totalement faux et cette phrase accumule de nombreuses accusations gratuites. D'abord, on ne m'a pas refusé l'éméritat, parce que je ne l'ai pas demandé; il s'agit d'un grade honorifique accordé à certains professeurs au moment de leur retraite. Ensuite, déclarer que je suis le seul professeur retraité de l'Université de Montréal (!) à qui on a « refusé » ce grade honorifique est totalement stupide et n'a même aucun sens. L'affirmation est si grosse qu'elle est grossière ! Nous sommes actuellement dix-neuf professeurs retraités du département des Littératures de langue française de l'Université de Montréal. Huit d'entre eux ont reçu le grade honorifique de professeur émérite. On est donc onze à ne pas l'avoir reçu, de sorte que je suis loin, bien loin d'être le seul, comme le dit fautivement et avec une évidente malveillance T. Davo. Mais le malveillant professeur d'Université ne dit pas d'où il sort cette information. Elle vient du dernier des vingt-quatre chapitres de mes Polémiques, intitulé Vulgarités (il s'agit d'un clin-d'oeil qui implique la littérature et la culture québécoises). Ce petit texte polémique proteste contre le mécanisme d'attribution dans mon département de l'éméritat. En plus du mien, pourtant bien modeste, je donne l'exemple de quatre grands professeurs de mon département (Réginald Hamel, Georges-André Vachon, Bernard Dupriez et Jean Larose) qui n'ont pas, comme onze des retraités actuels, obtenu le grade honorifique. Bien entendu, mon enseignement et mes travaux témoignent de facto que j'aurai été émérite, comme ces quatre grands professeurs. Mais la question n'est pas là. Ce que je dénonce, c'est le processus présidant à l'octroi de la distinction qui dépend exclusivement du directeur du département, sans aucun mécanisme de consultation et d'évaluation. C'est, bien entendu, du pur népotisme, car on peut malheureusement se douter que les huit professeurs émérites actuels de mon département étaient sans aucun doute des amis du directeur au moment de leur retraite. Il est clair que tel n'était pas mon cas. Comme on le voit, T. Davo n'a rien compris de cela. Manifestement, le professeur ne sait pas lire.

      Cela dit, si le professeur ne sait pas lire, il accumule ainsi des affirmations totalement fausses destinées à dénigrer non seulement un travail d'analyse et de recherche, mais d'abord et avant tout l'auteur de ce travail, le chercheur, moi. La direction de mon département m'aurait refusé le grade de professeur émérite et à moi seul; plusieurs de mes livres sont parus à ma petite, toute petite maison d'édition, le Singulier; beaucoup de mes travaux et, en particulier, el Bozo ont paru sur l'internet et non couchés sur papier; et, ces travaux, aucune revue n'aurait accepté de les publier ! Il n'est pas besoin d'être très intelligent pour comprendre que ces accusations, totalement fausses, ne visent qu'à me discréditer personnellement et que, même si elles étaient vraies !, elles n'ont rien à voir avec l'évaluation d'aucun travail de recherche de ce professeur, notamment celui d'el Bozo. Il n'y a qu'une explication, toute simple, à ce comportement caractériel maladif. T. Davo ne joue pas seulement les salauds et le parfait crétin produisant une saloperie et un vulgaire torchon. Il joue magistralement et avec brio le rôle des trous du cul. Résultat ? Une merde.

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Guy Laflèche
2 août 2024




La mise au point

Une critique anodine au sujet d'el Bozo,
par l'important chercheur montévidéen Jacques-André Duprey,
partiellement connue par un résumé de Kevin Saliou
dans les Cahiers Lautréamont (2019).

      Il existe en effet une deuxième et dernière critique sur l'étude des hispanismes dans les Chants sur el Bozo. Elle est à la fois publique et curieusement condidentielle. Elle est de l'Uruguayen Jacques-André Duprey, dans sa biographie et son étude littéraire de Ducasse et ses oeuvres, ouvrage intitulé Lautréamont uruguyo, vol. 1, Biografía de Isidoro Luciano Ducasse, 1846-1870 (Montevideo, El Bichito, 2013, 306 p.). En fait, les Ediciones del Bichito ne répondent pas lorsqu'on les interroge sur cette oeuvre; l'ouvrage ne se trouve ni à la Bibliothèque nationale de Montévidéo, ni à celle de Buenos Aires, ni apparemment dans aucune bibliothèque universitaire d'Amérique du Sud, ni celle du Mexique, ni celles d'Amérique du nord, ni nulle part en Europe, sauf... magiquement, à la Bibliothèque Nationale de France !

      L'ouvrage n'est donc connu que par le résumé (car il ne s'agit pas d'un compte rendu) qu'en donne Kevin Saliou, qui a eu la chance extraordinaire de recevoir l'ouvrage en cadeau, de son auteur, lors d'un passage en Uruguay : « Lautréamont urugayo » (les Cahiers Lautréamont, nouv. série, no 1, p. 79-97). Autour de la page 125, l'ouvrage contient une section ou quelques pages sur l'hispanisme d'Isidore Ducasse. En voici le résumé de K. Saliou, que je commenterai ensuite, en l'annotant.

Duprey propose encore un relevé nuancé et raisonné des hispanismes de l'oeuvre, distinguant les hispanismes pleins, indéniables et grammaticalement incorrects dans la langue française, des hispanismes partiels, manières confuses de s'exprimer qui produisent un effet d'étrangeté (1). Mais, s'apposant à Guy Laflèche qui voyait des hispanismes à toutes les pages (2), Duprey explique : « en général, les analystes qui ne parlent pas espagnol ont tendance à voir dans l'oeuvre d'Isidore plus d'hispanismes qu'il ne s'en rencontre (3) » (p. 125). Avec justesse, il fait également remarquer que dans les Poésies (4), où Ducasse se présente comme un écrivain français (5), on ne trouve guère de ces tournures hispanisantes, alors que l'expression confuse (je reprends le terme employé par Duprey) demeure. Duprey rappelle que le principal apport migratoire à Montevideo, pendant l'enfance du poète, fut le français, et ensuite l'italien (6). On parlait donc en Uruguay un langage hybride mêlant espagnol, français et italien. François Ducasse (7) pouvait lire alors un large choix de journaux en français, édités sur place, si bien que les hispanismes d'Isidore ne sont vraisemblablement pas une création originale, consciente (8) ou inconsciente, mais bien la manière dont le français se parlait à Montevideo (9). Ils révèlent moins des traits de sa personnalité ou de son caractère (10). En France, les Pyrénées constituent une barrière naturelle qui a freiné les contaminations linguistiques dans la région de Tarbes ou de Pau (11). Durant ses années d'études, Isidore a été contraint d'oublier sa fréquentation de l'espagnol pour adopter le français plus correct qu'exigeait de ses écoliers l'enseignement des lycées impériaux (12). Sa pratique du latin aura achevé de brouiller les cartes, si bien qu'il est difficile de déduire aujourd'hui ce qui est un hispanisme dans l'oeuvre de ce qui est un latinisme (13).

—— Kevin Saliou, article cité résumant le livre de Jacques-André Duprey, p. 86-87.

      Évidemment, on ne peut tirer de conclusions définitives sur un résumé de l'ouvrage de J.-A. Duprey, avant de l'avoir eu en main. Mais il est fort probable que le résumé de K. Saliou ne trahisse pas le texte, de sorte que les critiques et commentaires qui suivent devraient être pertinents. Dès que j'aurai pu lire l'ouvrage, c'est mon propre résumé, avec citations et exemples à l'appui qu'on trouvera ici, ou plus probablement un compte rendu critique du moins de la section du livre consacrée à l'hispanisme.

(1) Départager des hispanismes « pleins » et « partiels  » n'a évidemment rien de nuancé ni de raisonné, car ce n'est pas approprié et à plusieurs niveaux. D'abord il faut distinguer les diverses formes linguistiques des hispanisme, car les hispanismes morphologiques et à plus fortes raisons syntaxiques sont incontestables par définition et ce sont ces hispanismes qui affectent le plus profondément la texture des Chants : au théâtre, les Chants devraient être lus avec l'accent espagnol. Voir le fichier « locutions et tournures syntaxiques ».

      J.-A. Duprey doit prendre en considération les seuls hispanismes lexicaux. Or, il suffit de se reporter au glossaire du présent fichier pour comprendre que les hispanismes lexicaux ne s'analysent nullement en deux catégories qu'on pourrait désigner comme « plein » ou « partiel ». Il faut d'abord considérer deux axes de l'analyse, l'analyse lexicologique d'un côté, l'analyse contextuelle de l'autre. En effet, à partir du moment où un hispanisme lexical est identifié, il faut évaluer ses occurrences. S'il s'agit d'un hapax, un vocable qui ne se présente qu'une fois, ou d'un vocable de très basse fréquence, une analyse du type de celle proposée par J.-A. Duprey serait possible, si du moins il s'agissait de la majorité des cas. Or, beaucoup d'hispanismes lexicaux, comme on le voit au glossaire, ont des fréquences moyennes, élevées ou même très élevées. Dans tous ces cas, une analyse en mode binaire n'est pas appropriée, ni même possible. Il faut d'ailleurs distinguer deux situations très différentes. Soit un vocable présente une signification hispanique pour une partie donnée de ses occurrences, et une autre partie parfaitement conforme aux emplois français; soit encore (et c'est le plus fréquent) une série d'occurrences qui se distribuent, en contexte, entre des occurrences d'emplois parfaitement français et d'autres radicalement hispaniques, ou « plus ou moins », c'est-à-dire que les emplois sont gradués et à tel point qu'il est parfois difficile de situer sur l'échelle un emploi particulier. Il y a même quelques cas où un emploi d'un vocable « est » ou plutôt « paraît » parfaitement français, alors que l'étude des autres occurrences du vocable prouve hors de tout doute que le vocable en question n'a pas ce sens « français » pour son auteur ou dans le contexte et que le comprendre ainsi trahit le texte. Dès lors, on comprend vite que ce ne sont pas les vocables qui nous intéressent dans l'analyse de l'hispanisme lexical, mais bien leurs contextes et chacun de leurs contextes.

      On comprendra qu'il n'est probablement question que des hispanismes lexicaux dans l'ouvrage de J.-A. Duprey, et non des hispanismes morphologiques, ou des hispanismes syntaxiques. Or, il se trouve que les hispanismes conjuguant la morphologie, la lexicologie et la syntaxe produisent des expression, des propositions et des phrases que J.-A. Duprey comprend parfaitement bien. Mais il ne sait pas et ne peut savoir qu'aucun francophone ne peut rien y comprendre. Le plus important apport d'el Bozo, la moustache de Lautréamont aura été de mettre sous les yeux des lecteurs francophones une centaine de segments des Chants qui ne se comprennent pas en français. Désignés sous le nom de « locutions et tournures syntaxiques », voilà certainement l'apport le plus important du travail. Il ne s'agit évidemment pas de traduire ces expressions, mais d'indiquer aux francophones qui lisent les Chants ce qu'elles signifient « en espagnol dans le texte » !

      En ce qui concerne l'hispanisme dans son ensemble, rien n'empêchera, évidemment d'en proposer une évaluation globale; on en trouve une première évaluation dans le fichier, « L'hispanisme dans les Chants de Maldoror », avant qu'on puisse l'établir de manière plus rigoureuse. Mais, comme on le voit, ses résultats ne peuvent s'exprimer en quelques classes ou catégories, car nous sommes en face d'une symphonie sémantique. Une bonne façon de procéder serait probablement de prendre cette idée au pied de la lettre et d'affecter chaque vocable d'un indice qui représentera ses variations en contexte.

      Encore un mot pour finir cette première note : il faudra voir quelle référence à mes travaux se trouve à la page 125 de l'ouvrage de J.-A. Duprey et à sa bibliographie. Normalement, c'est l'adresse < Singulier.info/ma > qu'on devrait y trouver. Chose certaine, comme on le voit ici, l'analyse qu'on commence à lire ne rend pas compte correctement et rigoureusement de mon travail.

(2) La formulation du résumé est évidemment incorrecte. D'abord, on ne doit pas parler au passé, car mes fichiers sont toujours en cours d'élaboration; ensuite, je le répète, il faut savoir, ce qu'on lira peut-être dans le livre, de quels textes de moi dont on parle; enfin, je ne « trouve » pas des hispanismes à toutes les pages, car il «  s'en trouve » à toutes les pages. C'est un fait.

      J'ai déjà exposé clairement la procédure qui me permet, en une sériede dix opérations, d'éditer chaque strophe et de débusquer ses hispanismes. Après analyse ou après l'évaluation de mes intervenants (dont Manuel Serrat Crespo aura été le plus important), il m'est arrivé d'en soustraire. Mais l'inverse a été beaucoup plus fréquent : dans l'étude d'une strophe donnée, j'identifie un hispanisme (le plus souvent lexical) et je me rends compte qu'il se trouvait déjà dans une ou plusieurs strophes déjà éditées et que je ne l'avais pas vu. Il est donc très probable que de nombreux, très nombreux hispanismes échappent encore à mes analyses. Et dire que J.-A. Duprey me reproche... (voir la note suivante !).

(3) Cette affirmation (une citation) appelle plusieurs protestations. D'abord, les analystes en question, évidemment, c'est moi (car J.-A. Duprey serait bien en peine de nommer un seul autre analyste sur la question); or, cet analyste parle espagnol et, surtout, le lit couramment depuis au moins 55 ans. J.-A. Duprey veut dire, probablement, que je suis francophone; que ma langue maternelle n'est pas l'espagnol. C'est parfaitement exact. Mais J.-A. Duprey ne sait pas en tirer les bonnes conclusions. Premièrement, aucun hispanophone ne trouvera jamais d'hispanismes dans un texte français, c'est impossible. Est-ce que J.-A. Duprey aura trouvé des hispanismes que personne d'autre n'avait vus avant lui ? Voilà qui serait très surprenant, s'il ne s'agit pas d'hispanismes qu'il connaît déjà. Il faut donc un francophone qui maîtrise très bien l'espagnol, mais nécessairement un francophone, pour faire cette analyse. En plus, ce francophone doit bien connaître sa grammaire du français et, surtout, l'avoir revue souvent et récemment. L'idéal, évidemment, je n'y suis pour rien, car cela se trouve facilement, est qu'il soit, comme moi, linguiste et grammairien de la langue française.

      En ce qui concerne le fait que je trouverais plus d'hispanismes qu'il ne s'en trouve dans les Chants parce que je suis francophone (voir note précédente), l'affirmation n'a pas de sens et relève du dénigrement gratuit. Ou bien j'identifie les hispanismes qui se trouvent dans le texte, ou l'on montre qu'ils n'en sont pas. Et la discussion est ouverte depuis plusieurs décennies sur el Bozo, édition interactive des Chants de Maldoror. Or, je l'ai dit en ouvrant le présent fichier, c'est la double attitude inverse qu'on rencontre, celle, absurde, des francophones sans aucune connaissance de l'espagnol qui refusent de voir la réalité (en triturant parfois le français); mais l'attitude contraire est encore plus fréquente et désolante, celle d'hispanophones qui refusent absolument de voir un hispanisme qu'on le leur signale en affirmant (généralement à grands coups dedictionnaires) que cela est... parfaitement français !

(4) L'édition critique des Poésies viendra bientôt ici. Mais il ne faut pas beaucoup de perspicacité pour avoir l'intuition que la réécriture de travaux scolaires et de textes français comprendra beaucoup moins d'hispanismes que les Chants. D'autant que l'objectif évident d'Isidore Ducasse était alors de « pratiquer » son français.

(5) Ducasse a toujours été et s'est donc toujours présenté comme un « écrivain français ». Un écrivain français d'origine montévidéenne, ses lecteurs le savent tous depuis la dernière strophe du Chant premier. Cela n'a aucun rapport (voir la note précédente) avec le fait qu'on trouve plus ou moins d'hispanismes lexicaux dans les Poésies.

(6) À partir de cette phrase, J.-A. Duprey va donner dans la « critique littéraire » et plus précisément dans l'ordre des exposés de la peudo-science qu'on pratique au collège, c'est-à-dire l'« histoire littéraire ». Même si l'exposé jusqu'ici était bien éloigné des rapports de recherche (scientifiques, évidemment) des études littéraires, on va assister maintenant aux dérives approximatives se rapportant vaguement au « sujet », l'hispanisme d'IsidoreDucasse.

      À Montévidéo, l'immigration est largement française et italienne durant l'enfance d'Isidore. Donc ! « On parlait donc en Uruguay un langage hybride mêlant espagnol, français et italien ». Il s'agit là, évidemment, d'une pure fabulation, d'autant que cette immigration est récente. Chacun parle sa langue maternelle on ne peut plus correctement. S'il s'y mêle des gallicismes, par exemple, lorsqu'un adulte francophone s'exprime en espagnol, d'abord ce sera exceptionnel et ensuite cela ne porte pas à conséquence, évidemment.

(7) François Ducasse a une formation en pédagogie, il détient son diplôme de l'École Normale de Pau et a été instituteur de 1829 à 1839, durant dix ans. On l'imagine assez mal baragouiner le français de son fils.

      Mais le problème inverse est beaucoup plus important. La langue « maternelle » d'Isidore Ducasse est le castillan, celui de ses niñeras et de ses amis d'enfance, ceux du voisinage et des jeux; la langue qu'il maîtrisera toujours parfaitement bien à l'oral. Sa langue « paternelle » est le français, mais il est fort probable que son père doivent lui parler parfois en espagnol lorsqu'il s'agit de se faire bien comprendre rapidement. On ne sait rien de ce que son père à pu lui enseigner ou lui faire enseigner du français avant son départ pour la France à treize ans. Chose certaine, il ne tient ses hispanismes en français ni de son père, ni du parler des Français de Montévidéo. Sa prononciation du français doit être marquée d'un fort accent espagnol. En tout cas, les Chants prouvent qu'à treize ans il baragouinait le français et que son apprentissage aux lycées de Tarbes et de Pau n'a pas été de tout repos, ni produit tous les résultats escomptés. Mais lui et son père doivent être fiers et assez content (respectivement) du résultat, puisque le voilà écrivain français à Paris !

(8) Imaginer un instant et le moindrement que les hispanismes des Chants puissent être une création « consciente » relève du pur délire. La formulation négative n'en est pas moins amusante, puisqu'elle est proprement absurde.

(9) On a compris que cette « conclusion » est également absurde. La question qui se pose est de savoir pourquoi J.-A. Duprey invente une telle hypothèse. Lorsque je pourrai avoir son texte sous les yeux, il est probable que je puisse montrer que son objectif est de minimiser l'importance des hispanismes dans l'oeuvre de Ducasse et d'en dénigrer l'étude. Pourquoi ?

(10) Sic !

(11) L'enrobage géographique et linguistique est surprenant.

(12) Du point de vue linguistique et grammatical, ces années de lycées correspondent tout simplement à son apprentissage du français et, surtout, du français écrit. Il n'y a aucune raison d'enrober cela dans une analyse de la situation du français en France...

(13) Dans l'étude mot à mot des Chants, du début à la fin, je n'ai jamais trouvé un seul latinisme. Sauf erreur, on n'y trouve pas même un seul mot latin. Isidore Ducasse n'a évidemment aucune culture latine, Rome et son empire, ni sa littérature, n'occupent aucune place dans son oeuvre, et il est même curieux que l'enseignement scolaire des études latines n'ait eu absolument aucun impact sur son oeuvre.

      Je crois que la conclusion provisoire de la note (9) confirme celle de la note (1), avec l'affirmation saugrenue suivante : « il est difficile de déduire aujourd'hui ce qui est un hispanisme dans l'oeuvre de ce qui est un latinisme » ! Cette pure invention ne peut avoir d'autres buts que de confondre son lecteur. Pourquoi ?

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